Cohabiter avec La Mort ouh! ouh!
Marité
Pfff... C'est ce qui vient en premier: Pfff...
Je me demande si c'est le sujet qui plombe ou la façon d'en parler ou la façon de lire, mais Paulette, pfff.
Ah! Voilà: tu es con, tu dis pfff... tu es con.
C'est un sujet sur lequel on est censé admirer sans toucher la pensée qui se pose dessus, prier à genoux devant les bougies allumées, longues comme des cierges, mais pas de la même couleur pour ne pas avoir l'air soumis, ou con.
La Mort! La Mort ouh! ouh! ouh! Sujet tabou universel, que personne n'y touche.
A dix-sept ans, je vivais aux Emouleuses, je suis partie quelques jours chez la marraine de Cendrillon, Liliane, une tante intelligente et généreuse.
Elle a ouvert son bureau de psychiatre analyste, elle m'a dit, tu prends ce que tu veux, elle est sortie.
Les murs étaient couverts de livres. Quand je dis couvert de livres ce n'est pas un cliché, il y avait dans cette pièce, une grande table, une chaise, un fauteuil près d'un divan étroit, et quatre murs de livres, je n'avais jamais vu ça.
Un titre s'est détaché des autres: La Mort. Je l'ai pris.
Un vrai livre qui me dirait Tout: mon souffle s'est ralenti, mon estomac s'est crispé, j'ai lu la première phrase:
Personne n'a l'expérience de la mort.
Je l'ai relue, très troublée:
Personne n'a l'expérience de la mort.
J'en avais appris assez, je l'ai remis avec ses pairs.
Personne n'a l'expérience de la mort. Ni toi Paulette.
Quand elle chausse son masque de vieux sage ça m'énerve, elle a 80 ans, mais heureusement elle n'est pas sage.
Heula ça schnie! Alice a cuit son chou confit, ça sent fort, mais c'est bon d'être dans la tripe.