Soupir
Marité
- Quoi?
- Hein?
- Ben oui, quoi?
- Quoi quoi?
- Dracula!
- Quoi Dracula?
- Dracula et toi! Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qui s'est passé? Laisse-moi voir si tu as deux trous rouges au côté droit.
- L'essentiel est invisible pour les yeux.
- Oh ça va, ne me prends pas pour une imbécile. Alors? Alors!
- Il dit tu es mon miroir. Je dis tu es Dracula, et si tu veux tout savoir, je ris! Dracula! Et quoi encore? Satan? Dieu? Il est dingue ce type, c'est tout.
- Je suis déçue.
- Tu as tort, j'adore les dingues.
Oui déçue, je n'en sais pas assez! Je veux connaître l'histoire, les détails, les mouvements, et là, rien, rien du tout.
Ils me mettent dans la posture de l'écrivain concierge, débusqueuse de ragots, fouilleuse de poubelles.
- Allez quoi, Braise, dis moi quelque chose.
Elle rit.
- Je te préviens, si tu ne dis rien, je te balance dans une autre histoire.
- Mais mas chérie, c'est trop tard.
- Qu'est-ce qui s'est passé?
- Dans ce couloir, là où Celle-qui-crochète a pendu son plaid en formation, son Frankenstein, pour le composer,
je le regarde en face, il me regarde en douce. Voilà où nous en sommes. C'est plein de feu et de respiration, la tension monte...
- Et?
- Et je ris, je montre mes dents, il sourit, il cache les siennes.
Elle s'est arrêtée là, je ne l'ai pas vue partir.
Je suis allée à l'endroit, ce couloir où ils ont été là.
J'ai cherché une trace, leur ombre incrustée sur le mur, rien.
Mais des babouches?
Braise! Tu veux jouer Cendrillon?
Vraiment non, Cendrillon et Dracula, c'est ridicule.
Ou bien elles sont à lui, ces chaussures rouges. Ou à n'importe quel passant de l'Appartement.
Peut-être miennes, je suis si désappointée que je ne reconnais plus rien.
Soupir.