Par dessus tête
Robert Dieu
Depuis que j'habite l'Usine, dans Batbourg III, j'ai perdu de vue mes activités antérieures. Je suis un autodidacte, et un pragmatique, c'est à ce titre que je suis un des fondateurs de Transmen Genetiks. Je sens les tendances, j'ai des idées applicables immédiatement, c'est ma qualité, Berman et Dolstein y collent des théories. Le trou, c'est pas un sujet!
- Vous pouvez toujours en rire, Robert, dit Fabienne Berman, mais Le Trou est universel, dans toutes les langues, dans toutes les cultures nous retrouvons le Trou.
- Absolument, dit Paulette Dolstein, Le Trou touche à tout, du plus trivial au métaphysique, car en effet, au commencement était Le Trou.
Quand je vois ce qu'elles font avec un pauvre trou, ça m'amuse, c'est tellement simple, un trou, à quoi bon en faire une philosophie.
Est-ce que je pense à ça? Ah oui, tiens, je pense que voilà une chose qu'on ne peut pas vendre, tout le monde en a. Et puisque tout le monde en a, tout le monde a les mêmes besoins, occuper le trou, soigner le trou, décorer le trou. C'est ça, la Loi du Trou, l'offre et la demande.
J'ai vendu beaucoup de ces objets qu'on commande par correspondance et qu'on reçoit sous paquet discret.
J'ai vendu beaucoup de ces choses inutiles, de mon point de vue, mais indispensables à mes clients.
J'ai vendu aux hôpitaux des anus artificiels, ah tiens, oui, j'ai vendu des trous, ah! ah! j'ai même vendu des trous!
- Pour moi, dit Bruno Ragazzi, le banquier des Transmen, les trous ne sont pas un sujet de plaisanterie, je dois les gérer, les évaluer, les combler. Nous sommes soumis à la tyrannie des trous.
- Oui, dit Dolstein, et nous y finirons tous.
- De profundis, conclut Dieu