Grève de moi
Marité
Ils s'en fichent pas mal, tous, de la grève, des services publics, de la vie quotidienne des gens, des vrais gens, des faux, des travailleurs et des salaires, des chômeurs, des retraites, des SDF.
Ils s'en fichent, ils voyagent sans autre moyen de transport que des connexions neurologiques, ils se nourrissent de leurs imaginaires, emprunté au passage aux miens, eux-mêmes empruntés à tous, en direct où en souvenir de cette vie où d'autres, de plusieurs générations avant, après...
Ils n'ont besoin que de l'existence d'un monde où se mouvoir, les Gens de l'Appartement sont anarchie et individualisme.
Ils n'ont aucune solidarité, ils n'apportent rien au monde que leur image qui ne se reflète dans aucun miroir ni aucun événement.
Les Gens de l'Appartement ne sont d'aucune société que la leur, volatile et changeante.
Aujourd'hui, comme les autres jours, ils vont et viennent, seuls ou en cohorte, ils ne lisent pas les informations, ils s'en créent à mesure, si ça les arrange.
Moi je ne suis pas comme eux, mais je les entends s'insurger et se moquer.
- Ah oui, pas comme nous?
- Qu'est-ce que tu crois être Marité de Vos K? Qu'est-ce que tu crois être d'autre que nous?
- Tu n'es pas provisoire? Tu n'es pas invention? Tu n'es pas volatile?
Et je dois d'admettre qu'ils ont raison, je ne suis rien d'autre qu'eux, animée des mêmes indifférences, des mêmes incapacités à penser le monde.
Oui, il y a grèves aujourd'hui, ici, en France, et ici à Paris je ne sais pas si le métro sera là.
Je ne m'en fiche pas mais s'il n'est pas là, quoi de neuf?