Solufactions
Ils ne sont pas solubles.
Ni dans l'eau ni dans l'air, même quand il fait très chaud.
Ils voyagent librement et ne me demandent plus de leur montrer le chemin pour sortir de l'Appartement.
Je me demande si je ne les ai pas croisés, si je ne les croise pas rue Saint Malo, place des Lices, dans le marais, autour du BHV, rue Violette à Forcalquier, dans le restaurant de Norbert, In Vino.
Est-ce que ça n'est pas Ces Dames, que j'ai aperçues hier chez IKEA ? Et au loin vers la Place de la Concorde, les silhouettes floues de Marianne et Lili ? Et Troudup sans Léon, il me semble, maraudant hier autour de La Bernique ?
Je me demande si j'ai la trouille qu'ils s'en aillent.
Et s'ils vont revenir.
Je me demande si ce sont mes amis, des relations, mes enfants ou rien du tout.
Il fait si chaud, je me liquéfie.
Je suis soluble dans la chaleur, de l'air, du feu, de la lave, moi je vais disparaître et me défaire, mais pas eux.
Et dans la chaleur mes questions mêmes s'évanouissent en vagues brûlantes avant de s'éparpiller.
Il fait si chaud qu'elles ne s'évaporent pas, l'humidité les retient.
Je crains que mon corps malgré ses os durs ne soit point thermocompétent et que là-haut dedans, ça ne chauffe trop, sans savoir si je dispose d'une soupape à vapeurs.