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Marité de Vos K
21 juillet 2010

CA, CE, Etc.

Ils se sont réunis en Comité et Conseil.

Ils ont décidé de s'offrir les vacances.

Un peu de vacance.


Je leur ai donné du champ ils me donnent de l'air.


Les Gens de l'Appartement (dont je suis) l'ont voté
à l'unanimité.

Nous avons replié les volets intérieurs en bois, fermé la porte à clé, éteint le gaz et décidé de passer du temps les uns sans les autres.

Est-ce concevable, est-ce réalisable...

Serait-ce bien cette création d'un vide et son occupation qu'on appellerait communément des vacances?


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20 juillet 2010

Qu'Annah lise

Quand Albert Zukolowsky est apparu, à la suite de tous les autres, je me suis demandée ce qu'il allait bien pouvoir me demander.

Voyons, voyons, pensé-je, quel peut bien être le souhait qu'un psychanalyste voudrait emporter en vacances ?

J'ai cherché, je n'en avais aucune idée.

Il me regardait, la tête penchée, avec dans les yeux la lueur psy, cette attention de tout l'être qui vous dit, je suis là, vous pouvez parler, vous pouvez dire tout ce qui vient, ce temps est à vous.

- Certes, répondis-je à son silence, mais c'est vous qui venez me demander quelque chose, pas moi qui viens vous consulter.

Il m'a souri et vraiment, c'était surprenant, son sourire partait de la tête alors que le sourire standard, comme chacun le sait, vient de l'intérieur de la poitrine, passe derrière la trachée, remonte le long de la gorge et fuse par les coins de la bouche, mais pas de derrière le crâne pour traverser par l'intérieur de la tête, ça m'a presque donné la migraine.

- Enfin Albert, c'est à vous de me dire ce que vous souhaitez que je rectifie pour vous.

Il m'a semblé qu'il faisait non, non, de la tête alors qu'il n'avait pas bougé du tout. D'un seul coup, j'ai compris,

- Albert, ce n'est pas possible. Vous ne souhaitez pas que je commence une analyse avec vous.

Son sourire s'est élargi, rassemblant les éclats chaleureux du sourire de tout le monde, me confirmant ce que je ne voulais pas croire.

- Mais enfin Albert, on ne fait pas une analyse avec un personnage !

- Est-ce que nous ne sommes pas tous des personnages.

Albert Z., la cinquantaine, psychanalyste freudo-lacanien, fils de son père, frère de Rachel et de Braise avait parlé.

Et la question valait que je me demande si le personnage que je ne souhaitais pas être n'allait pas entamer une analyse avec le personnage qu'il était.

 

19 juillet 2010

La Grande Vadrouille

- Nous,  les Gens de l'appartement, nous sommes réunis ce jour, ou cette nuit, bon, et nous avons pris la décision de partir en vadrouille.

- Oui, mais... et ils m'interrompent aussitôt.

- Pas de mais qui tienne, plus de mais, restons-en à oui.

J'ai fini ma phrase malgré leur opposition ferme à toute objection

- ... où est la vadrouille?

Ah oui alors, c'était une bonne question, mais une objection trop raisonnable.  Léon, l'expert du sujet, a donné la réponse, il connait la chanson.

- La vadrouille est partout, la vadrouille est nulle part.

- Oui! Oui! Oui! entonnèrent-ils tous d'une même voix, et moi avec, entraînée par leur élan, partons en quête de La Grande Vadrouille.

Puisqu'aussi bien c'est la saison des estives et des changements de rythme, je partirai, moi aussi, par les chemins, par les trains et les voitures, mais pas par les avions c'est comme ça, et je trouverai La Voie de la Vadrouille.

Bref, je pars en vacances.

Mais je ne peux pas finir ma valise tout de suite ainsi que je comptais faire parce que Dracula me dit

- Avant de partir, ne pourriez-vous procéder à un léger ajustement ?

- Lequel ?

- Ne pourriez-vous, je vous prie, et là il a souri, ça faisait froid au cou, changer cette petite chose: je souhaiterais supporter la lumière du jour.

-  C'est trop dangereux, je ne peux pas faire ça.

- Rappelez-vous, dit-il d'une voix d'outre-tombe (et oui), que vous pouvez tout. Dans le même temps que vous me ferez tolérant aux rayons du soleil, faites-moi  végétarien.

- Que cela soit écrit et que cela soit accompli (comme dit Yul Brunner dans les Dix Commandements). Et hop, je l'ai fait.

Alors, ça a été le défilé, pour l'Albert d'Alice j'ai créé une voiture neuve, confortable avec le budget qui va avec, pour Troudup j'ai créé des alcools sans gueule de bois, Braise m'a rappelé que je lui devais un grand rôle, ah oui, il va falloir, Jésus m'a demandé des apôtres, ah oui, je me souviens, j'avais promis d'y penser.

Marianne m'a prise à part, elle voulait que je la change en femme heureuse,

- Je ne sais pas faire ça,

- Alors faites-moi gaie.

J'ai fait Marianne gaie, j'ai fait Paulette Dolstein optimiste (bien qu'elle ne m'ait rien demandé),  j'ai fait Robert Dieu rigolo, j'ai fait Louise Kowski amoureuse, j'ai fait le Nono du Petit Renard bavard, j'ai fait Fabiola aimable.

Et ça continue, Joseph veut un micro climat sur ses terres, Seth veut parler toutes les langues, Rachel Zukolowsky veut rencontrer Rachel Lehmann qui veut revenir en chair et en os,

- Je ne veux plus être un fantôme.

Et le défilé continuait, alors j'ai dit, stop!

- Voilà du papier, voilà des crayons et voilà le clavier, choisissez où et comment vous voulez écrire votre demande. Tout le monde sera servi par ordre d'entrée en scène.

Quand je suis partie, ils commençaient tout juste à écrire, écrire, écrire.

Il est dit, dans une histoire Yiddish, qu'au Jour du Jugement, chacun se présentera devant Dieu, lui dira sa maladie et en sera délivré, afin que dans sa résurrection, il soit en parfaite santé.

Tous seront guéris, sauf les imbéciles, car ils seront les seuls à ne savoir dire leur mal.

Et moi qui ne demande rien et me suis inscrite sur aucune liste, je crains d'être cette imbécile qui ne saurait pas dire sa maladie.


18 juillet 2010

Oh! Oh! Oh!

- Qu'est-ce qui sort de la cheminée?

- Pas la fumée en tout cas, dis-je.

- Hello! Hello! C'est le Père Noël.

- Je vous ai reconnu Troudup, malgré votre déguisement, et la surprise de vous trouver à jeun pour la seconde fois depuis que je vous connais.

- Mmmm, c'est Léon ? dit-il en regardant sévèrement le Léon qui, il est vrai, est piteux. Sa panoplie de renne n'est pas très convaincante.

- Non, non, lui réponds-je, c'est vous que j'ai reconnu. Depuis quelque temps vous êtes  plus quelqu'un qu'autrefois, ça vous rend plus présent.

- Les séances avec le docteur Dolstein me donnent des fondations. Je ne sais pas si c'est si bien, finalement. Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée.

Il s'assoit posément sur le fauteuil de bureau, pose son chapeau rouge et blanc sur la table et dépouille Léon de ses bois en cartons et du nez rouge de Rodolphe.

Et puis il soupire.

Je suis déstabilisée par ce Troudup nouveau.

- Vous ne vous sentez pas en progrès?

- Qu'est-ce que c'est le progrès? Si c'est aller de l'avant, je ne sais pas, si c'est bouger oui, ça bouge.

- Vous devenez plus intelligent, c'est ça le problème?

- Exactement. Avec l'intelligence vient la lucidité. Quand j'étais l'autre, je n'avais aucun doute, j'étais heureux dans mon brouillard. Quoi qu'il arrive, j'avais la clé du bonheur, un séjour au Petit Renard et hop tout s'illuminait.

- On ne peut pas revenir en arrière, c'est la rançon de la connaissance.

- La punition, oui. Mais, dit-il brusquement réjoui, il y a encore de l'espoir, je ne sais pas ce que je suis venu foutre ici ni où j'ai trouvé cette houppelande ridicule et j'ai une forte mais alors très forte envie d'aller m'en jeter quelques-uns dans le gosier. Allez hop, Léon, c'est reparti, en avant la musique!

Ils sont repartis tous les deux et moi je me demande ce qui m'a pris de tenter, et en vain, de me faire de Troudup un père consolateur.


17 juillet 2010

Colère

- Faites quelque chose! me dit Braise abruptement.

- Que dois-je faire? Qu'ai-je oublié que je devais faire?

Elle, d'habitude plus réservée, gardant l'expression des émotions pour la scène, est très émue, ses yeux brillent de larmes. Agacée que je ne comprenne pas, elle doit se dominer pour ne pas pleurer.

Elle prend une profonde respiration et me dit en articulant un peu trop, pour dominer son trouble,

- Bernard Giraudeau aujourd'hui, après Laurent Terzieff ! Vous attendez quoi pour leur redonner vie?

- Ah, cela. J'ai de la peine autant que vous, autant que vous je suis révoltée par le départ de ceux-là, mais Braise, je n'ai aucun pouvoir sur la réalité.

- A quoi serviriez-vous sinon?

- A rien de plus que vous, Braise, je vis la peine avec le reste.

- C'est tout?!

- C'est tout.

- Vous pourriez leur créer des vies.

- Rien.

- Vous savez quoi? Vous devriez nous oublier, si vous ne pouvez que rien, personne n'a besoin de vous.


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16 juillet 2010

Réalité

Elles sont toutes là, venues spécialement, certaines des Voies Obscures, mais aussi Hannah, et la plupart venaient du Journal, dans une grande maison où l'on en attendait une venue de très loin.

Toutes sont les femmes de la famille.

Un grand oiseau a cogné à la fenêtre, immense aigle, fatigué, déplumé, est-ce que c'était elle? On a ouvert la baie mais le grand oiseau est reparti.

Non, ça n'était pas elle.

Tous les cousins sont arrivés en jeunes gens dissipés.

Je ne connais pas cette maison qui est La Maison de  ma Famille, elle est vendue, cette grande fête est la dernière.

J'étais là, venue de loin dans tout mes états, en bébé, en petite Thé, en jeune fille, en cousine, en fille, en sœur et toutes les autres, c'est mon anniversaire.

Jeannette était belle, bien habillée et fardée comme une vedette de cinéma d'autrefois.

Jeannette qui fut secrétaire, chef de service, actrice occasionnelle, je me souviens de sa casquette quand elle était taxi, de son beau visage, de son sourire, de ses yeux clairs.

Jeannette m'a donné une liste pour  y mettre mon nom et le moyen de m'appeler quand elle voudrait, mais aussi quand moi je voudrais.

- Quand tu veux, ai-je dit, je suis toujours libre pour toi.

J'ai compris à son sourire qu'elle n'était pas cette Jeannette mais aussi  l'Ange Heurtebise qui viendrait me chercher.

Il aurait fallu que je porte les vêtements posés au pied du lit, il aurait fallu que je me coiffe des couronnes de feuilles, que je me maquille, il aurait fallu que je dise oui à tout ça, et que je chante.

J'ai dit non et je me suis réveillée, entière et seule dans l'Appartement.


15 juillet 2010

Crapauds, vipères, and so on.

- Les héros négatifs, dit Paulette Dolstein, ne sont ni des paradoxes ni des oxymores. Ce sont des personnalités clivées, non par leur besoin ou leur pathologie mais par ceux de leurs contempteurs.

- Je ne comprends rien, dit Troudup, allongé sur le divan, Léon en train de copiner avec les grands chiens noirs de la Dame.

- Cela n'a aucune importance que vous ne compreniez rien, cela en aurait, par contre, que vous compreniez.

- Wohou, grommelle-t-il, je vais finir par en avoir marre vous savez.

- C'est le travail de la cure mon cher, quand vous en aurez fini de ne rien comprendre, vous comprendrez.

- Et ça me fera une belle jambe.

- Vous ne viendrez plus.

- Je serais guéri?

- Il faudrait d'abord que vous soyez malade.

- Je ne suis pas malade?

- A vous de voir.

- Et c'est reparti !

Carabosse, confortablement installée dans le lustre du cabinet de consultation de Dolstein écoute attentivement. Elle comprend, elle.

C'est simple de son point de vue, elle est moche, elle est vieille, elle fait peur aux adultes comme aux enfants et elle a du temps: elle est la méchante.

C'est pourquoi elle organise des séminaires auxquels assistent de belles assemblées.

Pour la dernière édition, on a projeté en ouverture Le Magicien d'Oz, un  grand drame sorcier. On a pu remarquer la présence des sœurs de Cendrillon, Anastasie et Javotte, de la belle-mère de Blanche-neige, d'Eponine et Azelma, Artémise et Cunégonde, les sœurs Fenouillard (qui ne sont pas à proprement parler des héroïnes négatives), de goules et de vampires et, discrète note masculine, le Génie de la lampe d'Aladin entouré de quelques effrits des Mille et Une Nuits.

On a pu entendre des oratrices comme la femme de l'Ogre du Petit Poucet, la Reine des Neiges de Kay et Gerda ou la sorcière gastronome de Hansel et Gretel.

Tous ces négatifs officiels ont discouru sur la Psychanalyse des Contes de Fées, de Bruno Bettelheim, la nouvelle cuisine et les sortilèges alternatifs.

Ils ne sont pas d'accord entre eux, mais intervenants et participants s'entendent sur l'injustice du jugement toujours renouvelé et toujours critique sur leurs personnes.

- Les siècles passent et rien ne change, résume Dolstein, invitée d'honneur, ce qui prouve l'ouverture d'esprit de Carabosse, une humaine en guest star, tout le monde n'en a pas.

- Ben oui, approuve l'andouille qui n'a pas su contrecarrer le sort de Carabosse sur la Belle au Bois Dormant. Je suis trop sévèrement jugée alors que j'ai fait de mon mieux avec des moyens de débutante. Mais personne ne connait mon nom, ça laisse un peu d'espoir.

- Pourquoi, lance Carabosse à la tribune, n'avons-nous pas droit à la compassion, à la pitié, à la rédemption ?

- Rédemption mon cul, répond Zazie, vous êtes trop moches et trop vieux.

Elle inaugure cette année le Café  Sorcellerie sur le thème retournement de situation.

Chez les HN (Héros Négatif) on veut savoir comment cette sale gosse a réussi à figurer en personnage sympathique alors que c'est une teigne mal élevée. Le portrait craché, et ce n'est pas une image, de Carabosse enfant.

Troudup s'en fout, il s'est endormi comme d'habitude.

Quelqu'un au fond de lui protège sa relation avec Dolstein-maman, et pour ça, comme elle vient de le rappeler, il n'a qu'une seule solution, ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, s'échapper bien avant d'être sur le point de comprendre quelque chose.


14 juillet 2010

Les ci devants

Comme ils sont tous en goguettes, en embuscades, en arrière, en avant, n'importe où sauf ici, avec moi dans l'Appartement, je décide de commencer une nouvelle dynastie grâce au réseau.

Vive le Net !

Sur un site très ouvert, je choisis des personnages, ils ont déjà leurs rôles et je ne prends pas n'importe qui.
Des rois, des reines, des magiciens, des héros, des chevaliers, quelques dames d'honneur.

Du beau monde, vraiment.

Fi des habitants de lotissements, des représentants de commerce, traductrice, inspecteur de police, médecins, comédiennes et autres psy, halte aux ménagères, infirmières, barmen, gondolières et autres livreurs et vendeurs à domicile, non, non, ça suffit comme ça, j'ai choisi le haut du panier.

Ils se sont présentés dans leur ordre d'arrivée, c'était pas mal du tout, ils ont joué leur partie sans s'opposer en rien à mes volontés.

Ma tentative de putsch n'a pas été une réussite.
J'ai perdu.

J'ai fumé un cigarillo tout
en réfléchissant, le bruit de mon souffle rejetant la fumée faisait pff, pff, comme si je me fichais bien du pouvoir créateur, alors que pas du tout.


13 juillet 2010

R'évolutes partent en fumée

Ils sont surexcités par le feu d'artifice.

- Mais il n'y a pas de feu d'artifice ?

Il va y en avoir un, ça suffit à mettre des bulles dans toutes les têtes.

Moi je dis que les bulles dans le cerveau anévrisent.

- Oh, dit quelqu'un (mais qui?), pourquoi rabats-tu la joie ?

Je reconnais la voix, c'est moi qui cause.

Le 13 juillet ici, c'est donc bal, bal, artifices, fêtes et joie populaire.

- Belle occasion, dit Dracula, d'honorer le sang, têtes tranchées, têtes aux bouts des piques, révolution !

- Que oui, dit le Troudup, le peuple souverain s'avance.

Troudup est à jeun, que se passe-t-il ? J'entends le silence de Dolstein car son sourire vient jusqu'à moi, Paulette en Joconde dit comme elle sait faire, sans rien révéler, que Troudup est capable d'être un autre que ce lui-là.

- Qu'est-ce vous croyez, aboie Léon (quoi? Hein? Léon aboie?), que nous resterons tous ce que nous sommes ?

- Non, non, non, dit Astrid Tayeurt, la révolution c'est pour tout le monde.
Les planètes nous engouffrent dans leur mouvement, ça tourne, ça vire et nous changerons tous.

Parce que demain c'est 14 juillet, ils sont tous en suspension, le monde va changer de face, ceux qui ne sont rien seront tout (qu'ils disaient).

Dracula prétend qu'il ne craint plus le jour, Braise est d'accord avec lui, Alice et son Albert ont mis des chapeaux de paille, Marianne est en bain de soleil, Batbourg rutile, les Voies Obscures térébrantent, La Bernique hurle, Noé navigue en pleine lune, Bienvenue à la Fabrique est sur le point d'avoir son Frédéric et l'Appartement presque moi: tous mes pays trépignent.

Rachel Z. traduit le sentiment général, demain est un autre jour.

Je sais d'où vient l'embrouille, l'orage de la nuit a détrempé les rêves, ils sont délavés, lourds de nuages crevés, et depuis ce matin je ne sais pas qui je suis.

Que leurs volontés soient fêtes: Bingo !


12 juillet 2010

On dirait Marlène et Gabin

- Très cher, dit Braise, très tendue, à la momie qui l'accompagne, vous êtes sûr?

- Oui, répond une voix sourde sous les bandelettes, je veux voir ce que vous voyez.

- Jamais vous ne verrez  ce que je vois.

- Je sors c'est tout.

- Dracula, ce n'est pas prudent.

- En effet,  c'est ainsi que je survis depuis quelques siècles.

- Vraiment, dit Braise, c'est stupide de votre part.

- Non, non, vous aviez raison, je ne sais pas de quoi je parle, je suis confit dans mes habitudes de rapace nocturne. Je vais voir le plein jour et je pourrai juger.

- Je vous le dis encore, c'est un risque inutile.

- Je suis couvert jusqu'aux yeux, jusqu'à des lentilles au cas où je perdrais mes lunettes de soleil.

- Et vous êtes ridicule en homme invisible.

Dracula éclate de rire, la dispute tourne à l'amusette

- Parce que je suis déguisé? Vous voilà bien casanière ? Ridicule ?

Braise le regarde longuement et lui dit de sa voix de tragédienne blessée, celle de Phèdre qui ne veut pas avouer à Œnone qu'elle aime Hippolyte, celle d'Andromaque, cette emmerdeuse, quand elle imprèque sur la tombe d'Hector:

- Très cher, je regrette chaque mot de cet entretien, c'est moi qui suis stupide, et ridicule.
Comme vous je dors le jour, je vis la nuit.
Je vous en prie, quittons ce malentendu, rentrons chez vous.

- Sans que jamais Drakul ne puisse voir le jour?

- Que le jour recommence et que le jour finisse
   Sans que jamais Drakul par le soleil périsse

- Racine pour moi, même massacré, c'est trop d'honneur.

Mais Braise a gagné, ils sont repartis vers la nuit.


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Marité de Vos K
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