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Marité de Vos K
29 septembre 2010

Etre (con) ou ne pas

Je me suis levée cette nuit pour éteindre la lumière dans l'entrée. Au moment où je réalisais que j'étais dans le noir, que j'allais devoir retourner me coucher à tâtons, quelqu'un a allumé le bureau.

- Ah Monsieur Troudy, merci pour la lumière.

- Je vous en prie.

- Et Léon?

- On ne se voit plus. Léon n'était pas vraiment mon chien.

- Oui, moi aussi j'ai dû admettre ça.

- Léon n'est plus un chien et je ne suis plus un être secoué dans le vide. Nous changeons tous, le monde change.

- Euh oui.

Je suis mal à l'aise avec ce nouveau Troudup, je ne veux pas m'avouer que je préférais l'ancien, vulgaire, stupide,  avec son Léon que je comprenais mieux que lui.

Il me regardait avec un sourire que je ne parvenais pas à interpréter, quelque chose de désabusé mais qui questionnait en même temps, très étrange. Il m'a dit,

- Moi aussi je me dis parfois que la vie était plus simple autrefois, j'étais un homme facile à comprendre n'est-ce pas, facile à nier. On pouvait me repousser sans difficulté et je l'ai fait longtemps, mais voilà, j'ai changé.

C'est lui qui lit dans ma tête! J'allais lui poser la question, par où regardez-vous chez moi?

Il a disparu en disant:

- par les portes, n'est-ce pas, on entre. Et on sort.

Je constate que je comprends mieux la connerie que l'intelligence. Je suis vexée.

Troudup est devenu quelqu'un en s'échappant et je n'ai pas le mode d'emploi pour le récupérer.

Est-ce que je l'avais créé con pour le posséder ?


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25 septembre 2010

Dans le noir on voit mieux

- Alors quoi? dit-il et je réponds

- Quoi alors?

Il répète et je ne peux rien répliquer. J'attends.

Il dit Marité voyons, tu sais bien que je ne suis pas ce que tu crois.

- Oui, je réponds, à tout hasard, parce qu'il faut répondre à cette question.

- Alors pourquoi cette posture ?

- Euh, ben, parce que, euh.

J'allume la lumière et je ne comprends plus rien.

- Wouah! Wouah! qu'il fait et ça ne me dit rien du tout, hein.

Dans le noir je voyais mieux, alors j'éteins et j'entends.

- Je ne suis pas celui que tu crois.

- Ben non.

- Et pourtant tu persistes.

- Ben oui.

J'en ai marre
, je vais me coucher.

C'est qui alors si ce n'est pas Léon?

En me rendormant j'ai attrapé la réponse, mais je ne rêvais pas, sa voix m'a réveillée,

- Dans la réalité, tu sais.

Je me suis entendue répondre,

- Evidemment oui je le sais, tu es Frédéric.

Mais Léon alors,
 c'est qui?


16 septembre 2010

Vision périphérique

Décidément, mon divan attire.

- Qu'est-ce que vous faites-là?

- Je ne sais pas.

- Quand même, c'est chez moi et c'est mon salon, c'est mon divan.

Le type est ahuri c'est vrai, l'air de ne pas savoir ce qu'il peut bien faire chez moi, sur mon divan, etc.

- Vous êtes venu comment?
 
- Chais pas.

- Par où êtes-vous entré?

- Chais pas.

- Vous habitez où?

- Hein?

- Vous venez d'où? De quel manuscrit enfin !

Rien de rien, il ne sait rien du tout.
Je devrais le reconnaître ce bonhomme, il vient forcément de quelque part chez moi, d'un roman, d'une pièce, d'une nouvelle, d'un texte que j'ai écrit.

- Aidez-moi un peu, je lui demande, vous vous appelez comment?

- Jacquot, je m'appelle Jacquot.

- Jacquot comment?

- Jacquot c'est tout.

- Comment voulez-vous qu'on s'en sorte! Donnez-vous un peu de mal quoi!

-  Non mais c'est le comble alors! C'est vous qui ne faites pas votre boulot et c'est moi qui doit rattraper le coup! Non mais je rêve!

-  Quel boulot? Qu'est-ce que j'aurais dû faire que je n'ai pas fait?

- Me dessiner mieux, me donner une identité, un nom de famille, une adresse, une couleur de cheveux, un physique, de quoi faire une existence, merde!

- Débrouillez-vous, servez-vous !

- C'est facile à dire hein, mais moi, je ne suis pas le sujet central, moi, je ne suis pas le héros, ni la sœur du héros, ni son père, j'habite loin du bourg moi, je suis le secondaire du dernier rang, le ixième, je suis personne! J'ai même pas de texte, il m'arrive rien. Vous m'avez planté là, pour tenir le décor, je tiens à peine debout!
Voilà ce que je fous sur votre putain de divan sans savoir comment j'y suis arrivé ni par où je suis passé!

- Mais vous savez pourquoi finalement.

Il s'est tu brusquement, saisi. Ouf!
 
- Ce qui vous manque, mon cher, je ne l'ai pas.

- Quoi? Je vais rester le Personnage Inconnu alors?

- Comment saurai-je ce que vous ignorez, c'est vous le personnage pas moi.

- Et ben, conclut-il en croisant les bras, on n'est pas sortis de l'auberge.

En silence j'ai noté, auberge, auberge... Où ai-je donc installé une auberge?

15 septembre 2010

Quoi ?

- Ouah! Ouah!!

- Quoi?

- Wouah wouah wouah!!!!

- Hein?

- Wououououah!! Wouhhh!

- Désolée Léon, mais je ne comprends pas.

C'est lui ou c'est moi?
Léon est triste. Il ne remue pas la queue, il ne se gratte pas, il me regarde
, les yeux humides.

Comme un chien.

- Voyons, Léon, ne le prenez pas comme ça, vous êtes un chien n'est-ce pas.

Il me jette un regard que je ne sais pas interpréter, méchant? Déçu? et il s'éloigne, la queue molle, la laisse traînant derrière lui, veuve de son Troudup.

Mais il revient, frétillant, il se couche sur le divan, et il attend, la truffe au vent, goguenard.

Hop, hop, hop, que j'me dis, c'est la rentrée, les affaires reprennent...


11 septembre 2010

Plagiat

N'écris pas, n'apprenons qu'à mourir à toi-même
ne demande qu'à toi, qu'à toi si tu aimais...

Monsieur Troudy est en forme, bronzé, mince et sobre.

- Dites-donc, Monsieur Troudy, vous plagiez Marcelline Desbordes-Valmore,ou bien?

- Ou bien. Ce n 'est pas un plagiat c'est un hommage.

- Maizaki?

- A vous bien sûr, vous l'hôtesse, vous l'asile. Je me suis dit qu'il fallait vous conforter. J'ai beaucoup réfléchi cet été, j'avais du temps. L'ivresse, voyez-vous, n'est pas tant une intoxication du corps qu'un détournement de cerveau.
Dans l'alcoolisme comme dans tout excès, le temps disparaît, et sans le temps, pas de distance, sans distance, pas de regard.

- Ce sont les derniers mots de Léon, que vous ne buviez plus. Il a dit ça et puis il est retourné à la chiennerie ordinaire.

- Comment faire autrement? Léon est un chien.
Je n'absorbe plus l'alcool par la bouche mais par mes autres attributs, la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher, l'alcool est en moi, il est mon horizon, il irrigue ma vie, je ne saurais m'en passer.

Intriguée par cette transformation radicale, j'ai du mal à nommer cet homme nouveau. Il  faudrait un autre nom.

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9 septembre 2010

Noël! Noël!

Shana Tova dit Rachel Lehman et bon, oui, Shana Tova réponds-je, et c'est une bonne façon de revenir.

Ils ne sont pas tous rentrés de leur vacance.

Certains sont perdus dans les grèves du Nord, sur les plages vides, dans les ciels qui s'embrument en frontière de Cévennes, ils errent, c'est par choix.

Léon aboie que son Troudup est dans une phase nouvelle mais ne veut pas donner de détail.
Léon ne parle plus ma langue ou c'est moi qui ne l'entend plus de cette oreille?

Que s'est-il passé durant l'été?
Qu'est-il arrivé?

Je le saurai en lisant les prochains épisodes.

Pour l'heure, me dis-je, contente-toi de l'actualité du jour: Shana Tova.

Prépare cette journée qui va venir à te demander ce que tu as fait de ton temps.

Oui, oui, oui, ne finasse pas à coup de citations, de Où suis-je et qu'ai-je fait, ou que dois-je faire encore.

Non, non, non, toi aussi tu es sortie de l'été autrement que tu n'y es entrée et il va bien falloir que par ces Voies Obscures tu te donnes des nouvelles.

Sinon il va t'arriver de la famille...


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Marité de Vos K
  • Ce blog reçoit les GENS DE L'APPARTEMENT, qui arrivent tout droit des manuscrits où ils sont nés. Les textes d'où ils viennent seront mis en ligne dès que les aspects techniques de leur diffusion seront réglés.
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