Pas de saints chez moi.
- Eh bien, dit Dolstein, en voilà des histoires pour une histoire qui n'est qu'un roman familial. Finalement.
- Finalement quoi?
Dolstein va et vient dans l'Appartement, elle a trié les Michels, remis les (é)mois en ordre et monsieur Troudy respire un peu mieux aujourd'hui.
- Qu'est-ce que vous voudriez y faire, ma chère, les conventions, les us et coutumes, le réel ne va pas disparaître sous prétexte que vous voudriez l'Appartement en dehors de tout, protégé des influences dont vous ne voulez pas.
- Tout est possible ici, c'est l'Appartement.
- Vous ne pouvez inventer ce qui existe déjà. Vous élisez un des mondes possibles et vous voudriez en même temps profiter des autres.
- C'est exactement ça. Et je vais continuer.
Parce que moi, voyez-vous, me suis-je répondue à moi-même, laissant Dosltein en dehors de moi, moi voyez-vous ma chère, je n'ai pas peur de mes mois, je ne crains pas ma foule, je m'y retrouve, moi, figurez-vous.
Et non seulement je m'y retrouve (parce que j'y suis n'est-ce pas) mais encore j'aime y être perdue.
J'ai cru, autrefois, devoir abandonner tout mes petits autres, mais pas du tout, je fais ce que je veux ici.
Dolstein ne s'est pas laissée mettre à la porte de ma tête, elle se fiche de toute exclusion, c'est Dosltein ça, nulle part présente, partout chez elle.
Elle m'a répondu par ma voie intérieure, là où j'étais, tranquillement à l'abri de son écoute primordiale, en train de me causer:
- Toute liberté a un prix. Si vous ne faites pas vous-même le tri, il se fera sans vous.
Il n'y avait rien à répondre à ça, bien sûr, un soupir peut-être, un sourire?
Alors je suis allée me faire cuire un flan.
- Paulette, ça vous dit une part de flan?
- Sans vanille alors.
Car, si Paulette aime le flanc, elle est allergique aux arômes, naturels comme surnaturels.