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Marité de Vos K
27 novembre 2010

Le Ça qui pousse.

Ils réclament l'existence.

Tous venus droit d'un manuscrit que j'ai laissé de côté parce que. Mais ils ne sont pas d'accord.

Ils suppliaient, je faisais silence, ils exigeaient, je ne bougeais pas, ils habitèrent mes rêves, je les négligeais.


Aujourd'hui ils sont venus en personnes, je ne peux différer.

Je n'ai plus la main ni la tête à ça, ils ont pris leur destinée en main.

Voici Schlomo qui s'annonce, avec ses attributs, l'appareil à pulsions, son chien, lui-même.

Schlomo le Kosto et le chien Marlène.   


Shlomo_et_Marl_ne

Et voici que l'appareil à pulsions me dit, existant du seul fait qu'il est visible, vois, je suis de  ce peuple que tu prétends oublier, je suis le Ça-Qui-Pousse.

 

Le__a_qui_pousse


Voyez La Grande Chignole
Vilebrequin du peuple des Moyens.

 

- Pfff, je me dis, Pfff pensé-je, est-ce qu'ils vont tous venir devant moi pour exister vraiment ?

Une voix lointaine, mélange de Marguerite D. et de Paulette Dolstein, avec dans la voix et un ton  couleur de "tu le savais, je te l'avais dit", cette voix-là dit:

- Tu n'en sortiras pas sans douleur.

En fond sonore bruisse la belle harmonie de Ceux de l'Appartement, Louise, Léon, Astrid, Troudy, Dolstein, Mani, Rachel, Albert, Alice, la petite fille du Père Lachaise, Plidec Storma, Antonin, la Chimère, Tatave, et encore et encore et encore et tous.

- Qu'est-ce que j'peux faire ? Chais pas quoi faire ! Qu'est-ce que j'peux faire ? Chais pas quoi faire ! Qu'est-ce que j'peux faire ?

- A-COUCHE!!! ACCOUCHE! ACCOUCHE.

 

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17 novembre 2010

Lizzie

Alors il y a cette Lizzie, Lizzie Je-ne-sais-qui, à qui j'ai promis ce quelque chose, enfin, alors, euh...

- Alors quoi ? Alors quoi ? Dites-le, mince alors, pourquoi je saurais pas, hein ? Pourquoi je saurais pas qui je suis ?

- Je préfèrerais laisser venir ça tranquillement, je préfèrerais ne pas dire n'importe quoi, c'est à dire que je préfèrerais ne pas m'en remettre à la vérité, je préfèrerais inventer.

- Mais je m'en fiche moi, de ce que vous préférez ou pas, je veux savoir, tout, tout de suite !

- Oh alors, tant pis, ce sera la vérité.

Lizzie s'est assise, puis elle s'est levée, elle allait d'une pièce à l'autre, elle tournait en rond, puis elle s'est rassise, elle attendit la suite.

Elle était surexcitée et moi j'étais mal à l'aise.

J'aurais voulu avoir le temps de lui inventer une vie qui la satisfasse, dans laquelle elle se sente exister, du sur mesure, au lieu de quoi, pour cause d'urgence, je devais procéder sans distance, sans fards.

Bon, je me suis dis, c'est elle qui l'a voulu.

J'étais de mauvaise foi, Lizzie n'a rien voulu, elle ne peut rien vouloir, elle n'est qu'un personnage de papier.

Et ça me dérange que ça me dérange mais c'est comme ça, je peux la recevoir, je peux l'agréer mais la vie que je peux lui offrir ne vaut pas tripette pour ce qu'elle ne viendrait pas de mes tripes, ces tripes particulières, blotties dans la boîte crânienne, faites de tuyaux soudés, de circulations invisibles productrices d'étincelles aléatoires.

Lizzie donc, espérait, patiente à présent, touchante, elle attendait de naître.
Est-ce que je serais capable d'aller au delà de la vérité pour lui ouvrir les portes ?

- Premièrement, tu ne t'appelles pas Lizzie, ton vrai nom c'est...

- Elizabeth !

- Pas du tout. Tu t'es appelée Jacqueline Banault, tu vivais dans une cité d'urgence de la banlieue de Paris.

Tu voulais être comédienne mais là où tu vivais, les  filles ne devenaient pas comédiennes.

Il y a eu un garçon, puis un autre et plein d'autres, tu as eu beaucoup, beaucoup d'enfants.

Des filles exclusivement.

Parce qu'ils te jugeaient incapable (et le fait est que tu l'étais, incapable), les sevices  (il semblerait que le manque de r pour services soit un lapsus mais je me demande) sociaux te les enlevaient tout juste nées.

Elle me regardait toujours, des larmes coulaient doucement sur son visage lisse, elle avait les yeux vides, elle n'avait plus qu'une seule dimension, plate.

J'ai pensé elle est en train de fondre, elle va redevenir la fille de papier.

Est-ce que je pouvais dire sa vérité à mademoiselle pâte à papier ?

Tu n'existes pas, tu es une ébauche, tout juste assez formée pour figurer dans des romans médiocres et servir de pantin à des auteurs en mal de personnage?

Est-ce que j'en étais si sûre ?

Avec le doute enfin jaillit la lumière et je vis et je sus qui elle était, vraiment.

- Mademoiselle, je lui ai dit, arrête de te morfondre et écoute-moi bien, maintenant, je vais te dire la vérité. Voilà ce qui s'est passé: Jacqueline a disparu, elle était trop malheureuse, mais son rêve n'a pas disparu, lui.
Tu es ce rêve, cette Lizzie qu'elle rêvait d'être, c'est toi, mais...

- Quoi, mais quoi ?!

- Mais tu es une parmi les autres. Toutes les filles de Jacqueline sont un éclat. Tu dois les retrouver toutes, et alors seulement, vous formerez ensemble le rêve complet et tu-vous deviendrez une, complète, une grande comédienne et d'abord, une femme, une vraie.

- Vous m'aiderez ?

Et oui, j'allais l'aider, la clarté jaillissante de sa réalité m'avait prise par surprise, je l'avais adoptée, elle avait ranimée en moi cette Jacqueline malheureuse.

Pfff. Je n'avais pas besoin d'être une autre encore.

- Je vais te dire ton nom secret, il est ta certitude et ton vaisseau insubmersible: tu t'appelles Jeanne.

Elle a repris couleurs et volume et s'est évaporée en rêvant vers sa quête, et moi, j'ai remisé ma baguette magique et mon costume de marraine fée, et j'ai pensé à cette Jacqueline B. des Emouleuses, qui voulait être comédienne.

 

16 novembre 2010

Dehors !

- Je ne suis pas accueillante ?

- On peut le dire ! râle une certaine Lizzie sortie tout droit d'un roman d'amour de bas étage, le roman, pas l'amour. Alors ça oui, ça c'est sûr, je suis venue dans cet Appartement, que soi-disant c'était entrée libre et cinéma permanent, et vous me mettez dehors ?


- Oh que oui ! De-hors !

L'Appartement ouvert à tous ? Mais pas du tout, absolument pas, l'Appartement est ouvert à qui je vœux, non mais!

Je sais que tout va et vient, que je suis soumise à la loi de la vie, tout circule et tout pénètre, bleah !, mais pas n'importe qui si je m'en aperçois à temps.

- Rentre chez toi, Lizzie Je-ne-sais-plus-qui, retourne Ici faire ton numéro.
Mais pas chez moi.
Non, pas chez moi.

Sale affaire.

Est-ce que je serais poreuse ?
Il faut remplir avec les petits Autres.
Les Autres, oui, justement qui se bousculent à mes portes et que je contiens.
A tort.

C'est leur tour, les nouveaux Autres doivent entrer, et les familiers, revenir.

- Heps! Heps heps heps !...

Lizzie est revenue, elle dit

- Je suis parmi les Autres, hein! Sinon, sinon, je ne serais pas là. Et d'ailleurs, je suis revenue n'est-ce pas, alors pas la peine de faire la mégère, je suis chez moi ici, autant que les autres.

Zutalors, que je me dis, plutôt que merdalors pour changer. Mince de truc, elle a raison, si elle est ici c'est qu'elle peut y être.

Autrement sinon elle n'eut pût y pénétrer.

Que faire, que faire?

Lui écrire une histoire ? L'installer dans un (autre) personnage ?

- Voilà! s'exclama Lizzie, voilà exactement pourquoi je suis venue, même si je ne le savais pas, c'est ça exactement!

- C'est ça quoi ?

- Un rôle, un personnage, un vrai, une femme en chair!

Des commandes à présent ! Mais on se demande qui commande ici ?

C'est Nous, répondit la rumeur harmonieuse de tous mes habitants.


11 novembre 2010

Art Kaïque

Une bande de gamins s'est éparpillée dans l'Appartement, des fillettes, des garçonnets, des nourrissons, des filles et des garçons de toutes couleurs, de toute origines, de tous genres,  avec lunettes, qui en couches culottes, qui en langes, sanglés comme autrefois, d'autres bébés tout nus.
Il y a des fillettes aux nattes si serrées qu'elles tirent leurs yeux vers les tempes, d'autres aux cheveux noués de satin pâle, avec des franges, sans franges.

Est-ce ma partie K qui se manifeste avec fra-K ?

Que non, ça vient de plus loin, car il y en a une, plantée devant moi, que je reconnais .

Elle a les cheveux courts, en vrac, un pantalon de garçon, de grosses chaussures de montagne, elle a un pull en V trop grand, un col blanc douteux là-dessous, elle a le regard triste et le sourire franc,  c'est moi à dix ans.

- D'où est-ce que vous sortez tous?

- Ben, on vient de ton rêve de cette nuit.

- Ah! C'était vous ces colonies d'enfants abandonnés que je devais convoyer je ne sais où, remettre à des gens dont je ne savais pas ce qu'ils feraient de vous. C'est vous la honte et la peur?

- Ah, non, dit-elle, pas la honte, pas la peur, nous sommes ceux d'avant.

- Ceux d'avant quoi?

- Ceux d'avant ceux de ton rêve, nous sommes tes archaïques, des ancêtres bénins.

Elle ne sait pas ce qu'elle dit cette petite moi, ancêtre bénin, c'est joli mais ça n'a pas de sens.

- Ce que tu ne comprends pas peut avoir du sens, me répond-elle.

J'oublie toujours que dans l'Appartement n'importe qui peut lire mes silences sans obstacle.

- Je ne suis pas n'importe qui me rappelle moi.

Et elle enchaîne pour m'expliquer, puisqu'il faut m'expliquer ce que je sais déjà puisqu'un de mes moi le sait.

- Nous sommes bénins, nous ne transmettons aucune des conséquences que nous portons Nous  ne sommes que des passeurs de relais, nous avons disparu dans les adultes que nous sommes devenus.

- C'est bien facile ça, vous n'êtes pas que des supports, vous vous êtes faits aussi. Ne fais pas l'innocente.

Elle me regarde avec ses yeux tristes, je lui ai parlé comme à une adulte elle ne peut pas comprendre.

- Bien sûr que je comprends, je me demande qui est cette personne que je suis devenue. Tu as oublié qui tu es?

- Non, je soupire, non je n'ai rien oublié, mais j'ai parfois envie de ne rien savoir. C'est qui tout ce monde?

- Tu n'as qu'à leur demander.

Ils m'ont répondu en rafale, il y avait là Michel Troudy, Mani, Rachel Z. et Rachel L. les Albert, Alice, Paulette Dolstein, Suzanne Troudy, Frida, Louise Kowski, Astrid T., Jacques L., Robert Dieu, Bruno Ragazzi, Léon, et tous les autres. La cohorte de mes personnages, enfants, bébés, certains dans plusieurs étapes. Frédéric était le plus nombreux, avec mes moi aussi.

- Qu'est-ce que ça veut dire?

Leur réponse n'a été que leurs yeux vides fixés sur moi, et tout de même, la compassion d'un moi.

La Marité de dix ans m'a dit, si tu veux vraiment savoir, pense à autre chose. Ou revient demain, si on est encore là, peut-être qu'on pourra se dire quelque chose ?

Un embryon de réponse (ah, m'a soufflé un moi nourrisson) a filé dans un coin de mon cerveau, aussitôt évaporé, dont je n'ai retenu que ces mots obscurs: un numéro de sens.

 

9 novembre 2010

Beuhhh

Et bien ça n'était pas une bonne idée, rien d'autre à dire.

Nous en avons tous mangé, tous les parfums, tous les arômes et vraiment ça sentait bon.

Mais ça n'était pas une bonne idée, voilà, que voulez-vous que j'en dise, rien d'autre, pas une bonne idée.

Analyser la chose, je ne sais pas où ça peut mener.


Sur le fond je pense que nous avons eu tort de mélanger ce qui ne devait pas l'être, du flan réel dans des estomacs imaginaires, ça n'a pas donné le résultat escompté.


Nous sommes tous dépités, ou épuisés, ou vidés, ou un peu triste.


Demain nous aurons digéré tout ce flan, beurk, tout ce flan.

Le flan ce n'est pas si bon, c'est flasque et tremblotant, c'est pâle et mou.

Demain, demain ?


Demain, voyons, demain j'écrirai, voilà, oui, j'écrirai au lieu de cuisiner des mots qui ne finissent pas dans les bons registres.

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8 novembre 2010

Du flan !

- Ouais, ouais, du flan, on veut du flan on en veut tous!

- Ouais, ouais, du flan, du flan ! Du flan maintenant !

Oh ben dis-donc je me dis, qu'est-ce qui se passe donc ici ?

- Il se passe, répond Léon, il se passe que l'automne tourne à l'hiver.

- Oui, renchérit Braise, Dracula la tient par la taille, oui, oui et oui, nous voulons un foyer, du feu dans la cheminée et du flan dans les assiettes.

Et moi je me dis tiens, tiens, voilà que je comprends de nouveau le Léon ?

Je le regarde à la dérobée, en me demandant pourquoi je fais ça à la dérobée, il n'y a rien à voler et personne ne me regarde en biais pour vérifier si je regarde les gens dans le bon sens.
Donc, je jette un œil au Léon et lui, voilà-t-y donc pas qu'il me renvoie un clin d'œil moqueur.

Ah! Je comprends, c'est ce Léon qui dans la vraie réalité de là-maintenant est en vérité Frédéric.

Bon, si j'étais dans un roman normal et pas dans un blog littéraire, je me laisserais aller à écrire : Là-dessus je me suis réveillée et tiens donc, j'étais endormie et tiens donc encore, tout ça n'était qu'un rêve, Braise, Dracula, Léon, moi, et les autres qui sont peut-être tous là, il y a du monde jusque dans le couloir, je ne les vois pas tous, alors peut-être ils sont tous là.

Ils sont tous là donc et je ne dors donc absolument donc point.

Je suis en pleine donkitude, l'ânerie m'anime ? Alors quoi ? Quoi et r'alors quoi?

- Alors, dit Paulette Dolstein, allez donc faire du flan au lieu de métaphysiquer dans le vide.

J'ai mis le lait à chauffer.

- Et n'oublie pas la fleur d'oranger a dit Braise et Dolstein grommelait que tout le monde savait qu'elle ne tolérait pas la fleur d'oranger.

Léon m'a conseillé de faire du flan nature à côté et les commandes ont jailli,

- Chocolat ! Café ! Vanille ! Verveine ! Violette ! Praliné !

Je faisais celle qui était mécontente de toutes ces demandes, n'empêche, ça sentait bon dans l'Appartement et tout le monde était là à attendre son flan préféré.


2 novembre 2010

La Carte est le Territoire

Mais qu'est-ce que c'est ?

Sur mon clavier une enveloppe à mon nom.
Mais qu'est-ce que c'est ?
Mais qu'est-ce que c'est ?

Une enveloppe piégée ?
Que dois-je faire ?

Je suis comme une poule devant le couteau, ou bien je suis le couteau et la poule me scrute, ses petits yeux ronds tournant en gidouille pour m'hypnotiser.

Qui a déposé cette enveloppe ? Tant pis, j'ouvre.

Il y a dedans une carte avec un trajet surligné en rose fluo, la carte d'un monde inconnu.

Et un billet d'avion ? de bateau ? de train ? ou de Montgolfière, de rêve ou de n'importe rien que je ne connais pas.

Je n'ai jamais vu ce genre de ticket, mais je suis loin d'avoir tout vu.

Je suis censée faire un aller retour [ Appartement - tnemetrappA ]

Ben tiens, ça c'est signé Dolstein.

Je n'avais jamais songé  qu'elle pût m'écrire.

On voit qu'elle est vieille, non que son écriture soit faible ou tremblée, mais elle est
tracée au porte-plume trempé dans  l'encrier, avec des pleins et des déliés.
L'encre est violet foncé. C'est très joli.

La carte est belle aussi, beaucoup de couleurs éteintes, des fleuves, des montagnes, de la mer, de la plage, des noms ordinaires et poétiques, Littoral, Autoroute du Réel, Province de l'Imaginaire, Frontière du Symbolique.

Il y a des instructions pour la Douane, un Visa de la Réalité sur un passeport de Passante.

Il y a un "Manuel de survie dans l'Inconscient": Le Gros Malin, éditions Sommes Attiques.

Dolstein est contente, elle a réussi son coup, je l'entends rire depuis Batbourg.

H
umour Lacaniaque.

Je fais la poule et j'introjette par la fenêtre le vieux couteau sans manche dont j'ai perdu la lame.

Mais je garde la Carte et le Manuel.


1 novembre 2010

Jour de fête

- Et maintenant ?

- Hein?

Frédéric me cueille en pleine décomposition restructurante, j'écoute France Inter explorer La Famille: recomposée, décomposée, monoparentale, pluriparentale, exoparentale.

- A quand la famille unipersonnelle, dit Frédéric, et il répète: Et maintenant ?

- Ah ça va, tu dis quoi là ? Et maintenant, que vais-je faire de tout ce temps... c'était quoi après? Il chantait quoi Bécaud après ?

- Oui, dit Frédéric, maintenant c'est après en fait. Le temps du maintenant ne dure pas assez longtemps, le temps de le dire on passe tout de suite d'avant à après.

Je suis embrouillée, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qu'il dit, et cette tenue ! Il est en suaire ?

- Et quoi? Que qui? C'est quoi que tu dis ? Frédéric !

Il ricane, je le trouve un peu tendu, sec, qu'est-ce qui se passe.

- Qu'est-ce qui se passe Frédéric?

- Et ben, c'est mon jour, je suis venu te dire que j'suis parti, tu te souviens des jours anciens

- et tu pleures, tu suffoques, tu gémis

- maintenant qu'a sonné l'heure...

- Revoilà le maintenant de tout à l'heure.

- Oui, oui.

- Tu dis n'importe quoi, tu es parti depuis longtemps.

- Cinq ans.

- Ce jour n'a pu finir.

- Ce temps s'est enfui.

- S'enfuir n'est pas disparaître, le fait est que tu es toujours là.

- Tu es réaliste.

- Pourquoi aller chercher je ne sais où des explications tarabiscotées alors que nous avons une réponse simple et cohérente: si tu étais "parti" tu ne serais plus là.

- La logique, c'est implacable.

- Tu peux te moquer, ça ne change rien, tu es là.

Il a enlevé son drap blanc et je l'ai retrouvé en lui-même, grand, les yeux bleus, les cheveux  châtain clair plus denses et plus long qu'avant le jour du maintenant, le sourire et tout lui pétillant.

- Tu es content de toi, c'est ça ?

- A moitié. Je pensais te foutre la trouille, je ne m'attendais pas à ce que tu me reconnaisses tout de suite sous mon déguisement de fantôme.

- Je n'ai même pas vu que tu étais déguisé, je t'ai reconnu sans te voir.

Des Lointains, on a entendu la voix de Dolstein qui gueulait, furieuse:

- La mort c'est la fin de tout ! Arrêtez de nier la réalité, il est Mort, MORT, Il-n'est-pas-là !

- Et avec qui je cause alors? lui a lancé Frédéric.

Après un silence furieux on a entendu un bruit abyssal avec échos et réverbérations du son comme dans les films d'épouvante.

C'était le bruit métaphysique de la porte de l'inconscient de Dolstein qu'elle nous claquait au nez, et on a pris une crise de rire.

- C'est le jour des morts aujourd'hui, a dit Frédéric, calmé.

- Il n'y a pas de quoi rire, a ajouté Pierrot dit Pierrot Taille de guêpe, dit Pierrot la Tendresse, dit Papa dans certain milieu composé, vous chiez dans la colle tous les deux.

Le fou-rire nous a emportés.

- Bonne fête les morts !


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Marité de Vos K
  • Ce blog reçoit les GENS DE L'APPARTEMENT, qui arrivent tout droit des manuscrits où ils sont nés. Les textes d'où ils viennent seront mis en ligne dès que les aspects techniques de leur diffusion seront réglés.
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