Un, deux...treize, cinquante-trois, quatre-vingt-dix--sept...
- Kévin Hyckse.
- Hein ?
- Je suis Le Recenseur.
- Ah oui, je lui tends la feuille couverte de signes. C'était un peu juste je lui dis, parce qu'il y a du monde ici.
- Fallait me dire, j'ai des fiches annexes.
- Oh alors, il faut peut-être recommencer.
- Oui, qu'il dit, faut tout refaire au propre, je ne peux pas rendre ça.
La feuille est illisible, on dirait une écorce desséchée, mais j'avais mis tout le monde il me semble.
- Ah oui, dit une voix inconnue, et moi, hein, j'y suis ?
- Ça dépend, je réponds, vous êtes qui ?
- Oh mère ingrate, oh la vache, renier sa créature à la première rencontre, putain, merde, c'est pas bien.
- Troudup a un fils ?
- Hein ? Quoi ? J'ai rien fait dit Troudup, il parle en dormant.
- Je suis Mandrake, dit l'inconnu.
- Ah oui, Mandrake. Vous êtes gonflé ! Je ne vous ai même pas encore écrit, faut pas exagérer, attendez d'exister avant de vous plaindre.
Il se trouve que Mandrake est prévu dans Bourg-Les-Nains, un manuscrit presque bientôt terminé, mais enfin, pas encore.
- Ben c'est qui alors, s'il n'existe pas, demande Kévin Le Recenseur, c'est qui le type-là que vous dites qu'il est pas encore là ? J'y comprends rien moi.
- Et moi alors, dit un drôle de corps à l'accent slave.
Il parle mal mais il a du mérite, étant donné qu'il n'a pas de tête, à faire valoir son existence.
Il lui manque aussi un bras ou deux mais ce n'est pas ce qui gêne le plus pour parler. Lui aussi il arrive de Bourg-Les-Nains.
Je crois qu'il est temps de finir leur histoire, ça déborde.