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Marité de Vos K
4 janvier 2014

Grincheux

Il n'est pas dupe,  c'est de lui qu'il s'agit, il est le seul curé des environs, plus personne pour servir la messe ou la dire à sa place ni avec lui.

Ce n'est pas vrai qu'il sente le pet, il n'est pas si jaune ni bilieux, il n'était pas toujours de mauvaise humeur avant.

Avant, avant, ça fait longtemps, ça fait longtemps que l'époque où on le respectait a disparu.

Il se demande parfois si ça va revenir, il caresse l'idée de lancer un mouvement intégriste, d'être sauvage lui aussi, de trouver des martyrs.

Ce n'est pas vrai qu'il ait fait des enfants à qui que ce soit, il a toujours respecté à la lettre son serment de chasteté, un engagement est un engagement.

Tout ça est très injuste et surtout c'est ridicule, il ne peut même pas s'offrir à la vindicte en saint glorieux, Père Phouettard en majesté !

Mais qui est donc la Blanche-Neige des tracts ?

Il ne sait plus rien, ils ne se confessent plus,  heureusement qu'il y a la télévision, les reportages, les émissions sur la vraie vie, sinon il ne saurait plus rien des gens.

Quand même, c'est rigolo cette histoire, ça le fait rire finalement, sa petite robe noire... C'est bien trouvé.

- Bonjour mon Père.

Melle de Lhéry ne s'attendait pas à croiser le Père Phouettard un jour de semaine. Et il ricane, de qui se moque-t-il, oui, il éclate de rire, ça alors. Elle doute, et si ce n'était pas lui le héros du numéro 4.

- Mais alors, murmure-t-elle, alors qui ?

– 4 –

Grincheux

Il était une fois un trou du cul qui enfilait chaque matin sa petite robe noire pour aller au turbin.

Il était maigre comme un clou, jaune et blet, il sentait le pet.

Comme il passait son temps à engueuler le monde on l’appela Grincheux.

Ses parents n’eurent pas besoin de le marier pour se débarrasser de lui parce que la mère Léglise le prit comme gigolo.

Il habita la sacristie, il fit de suite un bon corbeau, qui fréquente sa garçonnière en sort flapi de la cafetière.

Comme il était vicieux, il se farcissait Blanche-Neige dans le confessionnal, ce qui ne porte pas à conséquence, car, comme chacun sait, Blanche-neige est une putain de grosse salope.

Il n’a pas d’enfants et tout le monde s’étonne que ses neveux lui ressemblent tant alors qu’il n’a ni frère ni sœur.

- 4 dit Dolstein en ouvrant sa boîte aux lettres, elle a vaguement guetté le facteur et puis elle est passée à autre chose et voilà le numéro 4. Elle soupire, tant qu'il écrit, ça va, ça va encore. Mais jusqu'où ça va aller ?

 

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3 janvier 2014

Il était une fois...

Melle de Lhéry clopinant jusqu'au Petit Renard se réjouissant au point que chacun s'en avise, c'est un tableau nouveau.

Chemin faisant elle lit le dernier tract du Corbeau, les deux premiers ont été déposés au Petit Renard, le troisième, elle l'a trouvé dans sa boîte à lettres.

– 3 –

Prof

Il était une fois une va-de-la-gueule.

Comme elle était chiante ses parents la nommèrent Prof.

Elle lisait sans les comprendre des tonnes de livres qu’elle revendait au prix du neuf à des plus cons qu’elle.

Quand elle devint pubère ses parents voulurent se débarrasser d’elle. Ils tentèrent de la marier mais le dernier connard célibataire n’était pas assez babache pour s’y coller.

Tous les matins elle se regardait dans la glace et pourtant elle se trouvait belle. 

Des suites d’une mauvaise chute elle tomba invertie.

Pour occuper ses nombreux loisirs, elle se mit en ménage avec Blanche-Neige, ce qui ne porte pas à conséquence, car, comme chacun sait, Blanche-Neige est une grosse salope.

Elles se disputèrent et se foutirent sur la gueule : le secret ne fut pas gardé  mais tout le monde se fichait royalement de ces deux traînées.

Elles n’eurent pas d’enfant, et c’est pas plus mal parce qu’il leur aurait sûrement ressemblé.

Melle de Lhéry y mettra le temps qu'il faut, mais elle saura qui est qui, elle saura tout.

Elle en rit toute seule devant Le Petit Renard, elle rit tellement qu'elle ne peut plus s'arrêter, pourtant, il y a à Batbourg quelqu'un qui ne trouve pas ça drôle.

- Trois, dit Dolstein.

 

25 décembre 2013

Et quoi et qui et comment et pourquoi.

Si ça se trouve se dit Léon, personne n'en pense rien.

Même si ça se trouve, ils l'ont pas lu, ou si ça se trouve y en a que deux. Ou trois. Il suffirait de les intercepter.

Ce matin Léon est mal dans sa peau, c'est la première fois qu'il affronte ses limites. Léon est un chien qui parle, qui boit et qui pense. C'est un chien philosophe, à l'occasion chien policier, c'est un chien de sa chienne, ça oui, mais Léon, Oh ! Léon ! Léon ne sait pas lire.

Au Petit Renard les paris sont lancés, qui c'est Blanche Pute, et Atchoum, c'est qui ?

Et qui c'est qui les écrit les machins anonymes ? Et si c'était vrai, et si ça se trouve c'est vrai, et c'est vrai d'ailleurs tout le monde le sait.

Tout le monde sait quoi ?

Tout le monde sait que Blanche Pute est une pute, que Atchoum est un gros mou, pi qu'il est p'tit comme nain.

D'un coup, tous les regards se tournent vers la porte qui vient de s'ouvrir, et aussitôt tout le monde détourne les yeux, faisant semblant de rien. Louise Kowski est entrée, c'est la flic de Paris.

On s'demande, se demandent en silence tous les piliers de bars, les buveurs occasionnels, les joueurs de baby foot, les fumeurs dehors et même Garance et Anne-So venues tout droit de La Bernique.

Elles se demandent ce qu'elles fichent là et comment elles y sont arrivées et où elles sont, parce qu'elles ne viennent pas d'un manuscrit, elles, elles viennent du vrai monde de la vraie réalité.

Tous les autres se demandent ce qu'ils se demandent, ils sont interloqués par ce point d'interrogation qui s'est planté dans leurs têtes à cause de ces tructs, ces tracts qu'ils ont reçus hier et ce matin dans leurs boîtes aux lettres. C'est quoi, c'est qui, qu'est-ce que c'est ? Et pourquoi ? Et ce matin c'est Noël, y a pas d'courrier normalement, et pis, et pis...

Numéro 2 lit Dolstein. Elle ne se pose pas de question, ça fait bien longtemps que pour elle il n'y a plus de pourquoi.

– 2 –

Atchoum

Il était une fois un gros connard flasque. Sa voix coinçait comme une grille rouillée, il avait les yeux couleurs d’huître, il marchait comme le canard gras dont le ventre traîne par terre pendant que son derrière sifflote, la tête en l’air.

Comme il poissait tout le monde avec ses postillons chiasseux, on l’appela Atchoum le Mouligasse. 

Entre deux éternuements il chipotait les gros seins de Blanche-Neige, ce qui ne porte pas à conséquence, Blanche-Neige étant, comme chacun sait, une  salope.

Un jour sa voix de grille rouillée mua et bien qu’il persista à postillonner les alentours ses parents purent enfin le marier et se mettre à l’abri de la pluie.

Comme il n’avait pas le choix, il épousa une grenouille qui ne se transforma jamais en femme. 

Il entretint son ménage avec l’argent des impôts et des associations.

Il n’eut pas d’enfant et c’est tant mieux.

 

24 décembre 2013

Un Conte pour Noël

- Quand même, dit Nono, faire ça à Noël, c'est pas cool.

- Tu causes anglais maintenant ? dit Léon venu sans Troudup boire une gamelle d'eau.

- Ben, répond Nono, pourquoi tu dis ça ?

- Cool c'est de l'anglais.

- De l'anglais, ça m'étonnerait, cool, c'est cool c'est tout, hein! dit Nono à la cantonnade, faire ça à Noël quand même eh ben, c'est pas, c'est pas, eh ben, eh ben... Ah! Tu vois c'que tu fais, hein ? 

Léon soupire et lape.

- Le fait est, dit Jacques Laprune, le maire de Batbourg, le fait est. Je vais être obligé de prévenir la gendarmerie.

Oui, le fait est que le tract anonyme remue le village:

– 1 –

Blanche-Pute et les sept brêles 

Il était une fois une salope.

Elle avait la peau très blanche, les lèvres rouge vif et les yeux noircis de khôl.

Comme elle avait un cœur de glace, on l’appelait Blanche-Neige, mais Blanche-Pute aurait été mieux.

Tous les gars autour d’elle tiraient la langue comme des malades et son père ne pouvait pas l’empêcher d’aller courir le gueux. Sa mère était partie depuis longtemps, la belle-mère devait supporter cette putain d’emmerdeuse.

Comme ils ne savaient plus quoi faire, ils décidèrent de marier la gamine. On chercha un pauvre gars qui ne connaisse pas Blanche-Neige et son feu au cul.

Quand la môme l’apprit, elle se tira dans la forêt de Rambouillet dans un bordel clandestin tenu par sept frères. 

Ils la mirent au boulot et elle rapporta gros.

Elle n’eut jamais d’enfant.

 Paulette Dolstein finit son café sans rien dire, comme d'habitude, pas étonnée d'être la seule à avoir relevé que le tract portait le numéro 1.

 

26 juin 2010

Plus tard

En plein midi radieux, dans le soleil d'été, quelqu'un vient dans l'Appartement pour se dire, qui apporte avec lui un vent froid étreignant tous ses habitants, mais qui s'échappe vite par nos ouvertures géographiques.

- C'est vous? Jacques Laprune?

Je ne suis pas sûre que ce soit lui, je ne le vois pas, puis je l'entends, c'est bien lui: Jacques Laprune, maire de Batbourg.

Je croyais que je ne sentirais plus rien, je croyais qu'après c'était terminé, qu'il n'y aurait pas de "plus tard".

Pourtant je sens le vent, il me rafraîchit, je sens l'odeur froide de l'eau des arroseurs automatiques qui se mettent en marche, dans les jardins de Batbourg, avec  le jour qui se lève.

Je sens l'odeur du soleil, je n'avais jamais senti ça.

Voilà qu'il m'est venu un après qui m'apporte ces secrets-là.

Les odeurs que je ne percevais pas, je les sens, les sons que je n'entendais pas, je les entends, et dans ma tête en direct, des sensations étrangères me parviennent.

Les fleurs de Michel Misère ont pour lui des couleurs nouvelles, je vois comme il voit jusqu'à leurs  fines racines dans la terre, chaque gouttelette d'humidité qui forme les nuages de son ciel définitif, à travers sa serre je la vois comme lui.

Je sens ce que sens Fabiola, loin, loin, je pense les pensées du Léon.

Oh! Je sens tant de choses et tant et tant, malgré que mon cerveau pourrisse,  parce que je suis mort et que la décomposition me mange à toute vitesse.

Et cette chose qui me possède me dit:


Tu vas t'emputréfier, tes fluides pestilentiels

s'écoulant lentement nageront dans les flots

vibrants jaillissant des autres morts.

Tu disparaîtras de l'esprit et du cœur des

hommes et jamais, jamais tu ne perdras

la conscience d'être.


- Ah, gémit ce qui subsiste de ce Jacques, c'est donc ça l'Enfer?


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18 mars 2010

Big Sister?

Marcel Bondiou

Qu'est-ce que c'est que cette histoire, en 1970? A Batbourg? Comment imaginer une chose pareille!
Je me serais rendu compte si j'habitais le village du Prisonnier, non?

- Hello number Six!
- Hello number  Zero!

Je n'aurais pas imaginé Paulette Dolstein dans le rôle de Big Sister.
Je n'en reviens pas, j'aurais vu! J'ai peint tous les paysages de Batbourg, les jardins de Batbourg, les maisons de Batbourg, jusqu'aux poules et aux chiens de Batbourg, même le Léon je l'ai peint, j'aurais vu les trucs des films de science-fiction, les antennes, les surveilleurs, je sais pas moi, ça sent quelque chose, non? Il y a des couleurs spéciales?

Il y a bien eu ces gens qui faisaient la queue jusqu'à la salle polyvalente, un jeu  télé peut-être? Ils gagnaient des maisons... Pierre Laprune ne savait pas quoi répondre, et  c'est le maire, mais bon... c'était bizarre, mais de là à croire à des histoires de, comment elle dit  Paulette? Panel captif?
Faut être un peu siphonné du bocal quand même.

Ah, je ne me suis pas présenté : Marcel Bondiou, peintre, paysagiste jusqu'à la série de crimes de l'Apocatastase, comme dit Louka, et maintenant, peintre  en mort fraîche, j'ai trouvé ma voie, fini le paysage, je suis le roi du cadavre.

17 mars 2010

Le jeu de la mort

Télérama pose cette question "La télé fait-elle de nous des bourreaux?" à propos de l'émission de ce soir Le jeu de la mort, où des candidats à un jeu télévisé en tuent d'autres à coups de décharges électriques. Parce qu'ils donnent de mauvaises réponses.

C'est l'application d'une étude sur la soumission à l'autorité.

Je ne crois pas que la télé fasse quoi que ce soit de nous, sinon peut-être des légumes, mais la soumission à l'autorité, oui.
Je vois une autre dimension qu'à l'expérience américaine, fondée sur les travaux de Hannah Arendt sur le nazisme, dans le fait que les crimes soient télévisés, que les candidats-criminels le sachent et que ça ne suffise pas à les arrêter.
Des millions de témoins ne les arrêtent pas.

En 1945 l'excuse la plus répandue au laisser-faire de l'extermination était qu'on ne savait pas, comme si, dans le cas où "On" aurait su, "On" n'aurait pas permis ça.

La preuve est faite par cette émission, le savoir et la certitude que l'acte sera connu n'arrêtent personne.

C'est tout.
Je suis Paulette Dolstein, et tout comme Marianne D. je considère que ce qui est au dessus suffit pour une présentation.

15 mars 2010

Ah tiens, Frankenstein!

Louka

Mon enquête rassemble des tableaux vivants de cadavres en scène. Morceaux de bout, oui.
Rien que dimanche, sept victimes! Alors oui, c'est la méthode Frankenstein, un vrai conte de fée pour adultes.

Je ne quitte plus Batbourg ces temps-ci, c'est là que ça se passe, la sale affaire bien crade que je dois éclairer, je suis un soleil.
La Taulière se croit originale avec sa puzzlemamie, mais c'est l'histoire du monde qu'elle raconte.

- Qu'est-ce que tu crois Louka? Je la connais la vieille, vieille histoire du monde: Au commencement tout était Tohu et Bohu.
- Alors pourquoi tu joues les naïves ou les chochottes, hein? Vas-y, dis ton truc, et après, va jouer dehors.

Louka et moi, nous sommes très proches.
Ah ben, oui, La Taulière et moi, on peut dire qu'on est très proches.

- J'aimerais que tu ne m'appelles pas la Taulière, ça fait sous-maîtresse de bordel, on se croirait dans un polar des années 50.
- J'adore les années 50.
- Moi aussi. Appelle-moi autrement.
- Ah mais d'accord, Marité, c'est toi qui commandes, tu es La Taulière.
- Pffff.

Je suis partie, j'aime bien Louka mais elle est têtue, rancunière, avec une mémoire de comédienne.
Je m'en suis rendue compte grâce à elle, les bons flics et les bons comédiens ont les mêmes qualités.
C'est un très bon flic.

Ah oui, je suis un bon flic, une bonne comédienne, une bonne personne. Depuis que je suis flic, je suis têtue pour les autres, les victimes n'ont pas le choix, les morts ont peu de moyens d'action, voyez-vous, il doivent compter sur les vivants.

Je suis à fond pour la théorie d'Origène d'Alexandrie, classé hérétique par l'armée des Certains., il professait que même Satan aurait droit à la Rédemption au bout du bout de l'histoire des Hommes.
Mon interprétation est que même les cons ont droit à la justice, et ça tombe bien, parce qu'à Batbourg, les cons, on les solde en masse, il y a surproduction.
Pour cette enquête, ma résidence, c'est *L'Apocatastase des cons, on m'y trouve à toute heure.
Ensuite, j'irai sans doute faire un tour à Bourg-les-Nains où c'est le contraire: démesure de QI.

 

* Note de l'auteur: L'Apocatastase des Cons pourra être visitée quand Le Blog sera tout à fait ouvert.

 

5 mars 2010

Louka

Louka

Je m'appelle Louise Kowski, on dit Louka, je ne suis plus comédienne, je suis inspecteur de police, mais j'habite toujours ici.

Le blog, c'est un besoin de tout le monde même si c'est la Taulière qui chapeaute cette initiative parce que c'est elle qui a les papiers, son nom sur le bail quoi. Mais on est tous partants, c'est pourquoi je commence aujourd'hui, même si je n'ai pas grand chose à raconter étant donné que je suis sur une enquête assez crade et que je dois trier les infos qui peuvent passer par ici. Mais ça viendra.

J'aurais peut-être dû commencer par dire "bonjour les connectés" mais je ne suis pas une personne polie, alors, salut, à plus.

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Marité de Vos K
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