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Marité de Vos K

12 avril 2010

Alzheimer

Je voudrais comprendre, je voudrais savoir, qui sont ces gens, ces femmes en blanc, en bleu, ces hommes en costumes.
Savoir qui je suis, et si je suis un numéro, quel numéro ?

Dans ma tête tout se bouscule, où sont mes enfants, est-ce que j’ai des enfants ? Ils viennent me voir, je ne les vois pas, ils sont petits, ils sont grands, leurs prénoms c’était quoi 

Mon mari qui va qui vient, je sais qu’il est mort, pourquoi vient-il me voir, il s’assoit là, il attend. Il attend que je comprenne ce qui m’arrive ?

Mais je ne sais rien, je ne sais pas où passent les choses, où se pensent ces choses, je suis dans cette pièce, c’est une pièce ?

Télévision ? C’est comme ça que ça se prononce ? Ça bouge là-dedans, il y a du monde, ça rentre, ça sort

Quand est-ce que je vais échapper à  cet endroit qui me plonge dans le noir et qui m’empêche d’exister

Je m'appelais Hélène, je crois

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11 avril 2010

Lady Cochonne a mal au coeur.

Louka.

La Taulière a des malheurs, elle devrait en faire un livre ou une pièce de théâtre. On pleurerait avec elle, oh la pauvre, comme elle est bien malheureuse, la vie est dure et tout ce genre de choses.
Moi aussi j'étais comédienne, moi aussi j'ai appris à tout recevoir, moi aussi j'étais perméable et facile à émouvoir mais aujourd'hui, je suis blindée, plus besoin de compagnie pour pleurer sur ma vie.

Alice surmonte sa discrétion, il faut qu'elle se manifeste, elle a besoin de dire son mot sur l'Amour

Alice

Pauvres vous, Louka, Marité et les autres,  on vous a aimées, on ne vous aime plus, mal de chien!
J'ai quitté ma famille pour le bureau, je quitte le bureau pour un studio et maintenant la vie est belle, quand je quitte le boulot, c'est pour un trois pièces, je ne me me plains pas.

Mais pour le reste excusez-moi, cherchez une autre épaule, moi je vis seule depuis toujours, je ne suis pas compréhensive.

Je n'ai pas eu de chagrin d'amour, pas les moyens, je n'ai jamais eu d'amour.

Sous le regard de personne, je ne me lamente pas devant le miroir, je ne pose pas les Questions, qui est la plus belle? Qui va m'aimer?

Personne ne va m'aimer et n'importe qui est la plus belle.
Je suis moche, je vis seule, personne ne m'aime et je ne pleure plus.

10 avril 2010

Le Marché

Fabienne Berman

J'aime bien aller sur le terrain un jour comme aujourd'hui, soleil radieux, chaleur diffuse, air limpide.

Je me suis installée derrière la tour de guet du douzième siècle, à l'entrée du marché de Jolibourg,  pour attendre Marianne Defair, c'est ma préférée.

La crise est arrivée jusqu'ici, a pensé Marianne D. en passant devant un étalage de chefs de projet en solde, mais qui fait des projets aujourd'hui?

Comme prévu, elle a acheté les premières fraises de la saison, un chou fleur, des carottes.
Elle a pensé, tiens, je vais faire une jardinière, elle a donc pris aussi des navets, des oignons nouveaux, des petits pois, un peu de grenaille de Noirmoutiers.

Je me suis postée derrière l'étal de la vendeuse d'herbes, près du Camelot.
Il parle très fort, bouge la tête, les bras,
remue de l'air, il retient un bel attroupement, il vend à tour de bras. 

Paulette Dolstein, un peu en retrait prend des notes, elle est aujourd'hui sur chalandise et stratégie primaire et moi, sur mon sujet favori: résistance ou étanchéité. 

Avec un peu de mal, Marianne D. a réussi à s'approcher, elle voulait ,à l'évidence, voir ce qu'il vendait, ce qui est impossible, la consigne étant que le produit doit être invisible: Le Camelot vend des "trucs et des machins" en sacs thermocollés.

- A chacun selon ses moyens! Des surprises, des surprises! Que des bonnes surprises!

Jésus Christ dît à ses Apôtres:
Tout pour moi, rien pour les autres!

Et ben ici c'est l'contraire!
Tout pour vous! Tout pour vous!

Surprises, surprises! Les vraies aubaines! De la surprise à 1 euro, à 2 à 5 à 10 euros, à 30, à 50, tout pour vous!
Cette pôv' petite dame a 20 centimes dans son petit porte monnaie, mais qu'il est mignon, mais qu'il est mignon, le tout petit porte monnaie de ma petite vieille ! Zyva Mamy,  allez, allez, no souçaï, elle a vingt centimes, c'est bon, y'en a, y'en a, de la surprise à 20 centimes!
En veux-tu en voilà! N'en veux-tu pas, n'en voilà quand même!

Vive la liberté, vive le marché, ici c'est la démocratie, y'en a pour tout le monde, de la grande, de la moyenne, de la petite consommation!

Aux gros moyens, les gros sacs, aux petits les petits sacs, zéro sou, zéro sac! Pas de malaise! ici tout le monde est content!

Y' en a pour tout le monde! pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!
Il déraillait, mais l'expérience était bouclée, on était en fin du marché, plus qu'à remballer le Camelot dans sa boîte, avec ses "machins et ses trucs".
Puis débriefing à l'Usine, Albert, Paulette et moi: la Sainte Trinité de Transmen Geneticks....

Moi, je devais finir Marianne D. avant de rentrer.
J'ai noté qu'elle repartait, assourdie, elle est retournée à sa voiture un peu ébranlée, mais elle n'avait rien acheté.

Cette femme est une mine, il semble qu'elle ne réponde à aucun stimuli, c'est un sujet remarquable pour la consommation de  marge, d'autant qu'elle est  classée en +++. J'ai eu du nez en la préemptant, mais la chance fait partie du talent.

Je l'ai suivie de loin jusqu'à Batbourg, elle a rentré la voiture dans le garage, elle ne ressortira plus aujourd'hui, je suis rentrée à l'Usine.

9 avril 2010

N'importe qui

Marité

Cancer?  Non mais dis-donc, n'importe qui entre ici ?!

C'est pour ça qu'on met des verrous sur les portes, des codes, des interphones, pour ça qu'un jour j'habiterai un cinquantième étage sans ascenseur,  pour décourager les indésirables, y compris moi quand je n'aurai plus la force de monter ni de descendre pour acheter de quoi manger.

Je m'attendais à un commentaire du Sida: Coucou Cancer!
Salut les Copains! mais non.

Je m'attendais à un commentaire de Frédéric, comme Salopard! mais non.

Je m'attendais à un soutien ou à des excuses du Concierge.

Mon Sur Moi toujours prêt à censurer ne m'a envoyé aucun signe, ne m'a pas recommandé de ne pas ouvrir ma porte à n'importe qui.

Je m'attendais à être protégée malgré moi par quelqu'un, enfin, Quelqu'un qui de près comme de loin, veillerait sur moi.

Seule donc, face à cette saloperie de Cancer et tant pis, sans bouclier je l'affronte pour le foutre à la porte:
Salopard! Pourriture! Raclure d'Enfer! Assassin! Hypocrite Larve!
Retourne à tes origines térébrantes, dévore-toi toi-même !

Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur toi un déluge de feu!... etc. etc.

Je ne devrais pas le tutoyer, mais on se connait bien, il est entré dans la famille et prétend aujourd'hui en faire partie:
Je ne veux plus te voir chez moi, tu as déjà presque tout mangé.

8 avril 2010

Hop! Hop! Hop!

Moi je ne dis pas mon nom d'entrée, j'aime le suspense, j'aime trop la vie pour gâcher ses surprises.

C'est drôle d'entrer ici par la grande porte, je suis plutôt du genre discret moi, en général j'arrive sans m'annoncer, et puis doucement je me rassure et une fois au grand jour, je m'épanouis!

J'ai une grande qualité, je suis très sociable, je me plais avec tout le monde, je n'ai pas d'idéal ni d'a priori, franchement, pas l'ombre d'un soupçon de racisme ou de quelconque discrimination, j'aime les gens, tous les gens.
J'aime l'humanité, oh oui! Oh oui je l'aime, sans elle, je ne serais rien, partout j'ai ma place.

Je suis une bonne nature, je me satisfais de peu mais de beaucoup aussi, vraiment facile à vivre tant que ça dure, parce que vous savez ce que c'est, les relations humaines, qui peut dire c'est pour toujours?
Mais je ne me lasse jamais, jamais je ne désespère, toujours je repars au contact.

Je suis plein de vitalité, je suis gai, exubérant, je foisonne, je suis gorgé d'énergies, vraiment.

Je ne comprends pas pourquoi je suis si mal aimé, mais c'est comme ça, la vie est injuste.
Tant pis, je la prends comme elle est, je suis un gars optimiste, pour moi, tout va toujours bien.

Allez,  je peux vous le dire, de toute façon, une fois que vous saurez mon nom, je suis sûr que vous me reconnaitrez!

C'est moi! Le Cancer! Le vrai, le frais, l'universel, l'incontournable Cancer!


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7 avril 2010

Journées portes ouvertes

Marité

Seule aujourd'hui.

Les morts sont merveilleux, ils vous appartiennent pour toujours, Frédéric ne me quitte pas, mais il sort trop rarement de sa Réserve.

Certains de Batbourg sont venus, mais pas tous.
Monsieur Troudup, Léon, Suzanne, Denise de Lhéry, Astrid, Paulette Dolstein, Marianne, Alice,
Rachel Zukolowsky des Voies Obscures, Fabienne Berman, Louka est venue, de passage à Batbourg, Rachel Lehman de Pessah,  ah oui, Joseph de La Greffe est passé aussi, mais d'autres non, qui me manquent comme une famille aimée trop éloignée.

Ce sont eux qui décident, comment les inviter mieux que je ne l'ai fait en ouvrant les portes de l'Appartement?
Les ouvrir plus grandes?
Organiser une réception?

Braise, Hugo, Albert, Fabiola, ces Dames de l'ABB, le Marcel de madame Pons-Lévy, les avatars de moi disséminés dans les mots et les histoires, la Manu et le Michtot d'Ascendant Cancer, Léa, Popaul, Martin et Kowski, le restaurant bizarre, et tant d'autres, tous les autres.

Ils sont mon sang, ils irriguent ma vie, ils me manquent...

Ah! J'entends des voix, des bruits!

Ils se manifestent, mes Idiots, mes Crétins, mes grands et mes petits, mes Issus, mes étranges, mes familiers, ceux que j'ai inventés, ceux qui se sont imposés,  enfin! les voici, ils trépignent derrière leurs portes! Enfermés dans les pages closes de leurs manuscrits, ils manifestent leur volonté:

- Mets les textes en ligne! Mets-nous sur la route!
- Ouvre le réseau! Ouvre! Ouvre! Ouvre!

De l'air, c'est tout ce qu'ils demandent, mes Impatients, et moi, je les ai rangés, à l'abri du monde, à l'abri de tout, l'Egoïste est triste.

Ouvrir mes portes en ouvrant les leurs, mettre en ligne leurs résidences
, les manuscrits où ils vivent leur histoire.
Ils recevront et me rendront visite.

Je suis muselée par mon incompétence technologique, il me faut sortir de cette impasse qui transforme Le Blog en porte coupe feu, qui s'ouvre dans un seul sens et se referme sèchement, sur mes doigts parfois.


6 avril 2010

Vent noir

La porte qui s'ouvre je m'y engouffre, c'est ma porte, je fonce.

Je ne sais pas comment je suis encore là, je suis morte, c'est un fait, je  suis là c'est un autre fait.

J'ai reçu une éducation bourgeoise, très stricte, à une époque où on ne plaisantait pas avec l'éducation des jeunes filles, je vais donc me présenter dans les règles:

Bonjour, je suis Rachel Lehmann.

J'ai 23 ans, c'est définitif depuis 1943.

J'habite un tableau dont je descends, le soir de Pessah, pour rappeler à cette idiote de Marité K que j'existais.

Depuis que je suis morte je suis devenue mauvaise, je ne suis pas d'accord, je râle, je sors de mon trou pour la secouer.

Elle n'est pas au meilleur de sa forme ces jours-ci, ça m'arrange plutôt, son état du moment  me donne beaucoup de place.

Je ne suis pas fière de moi. Je suis en contradiction totale avec tout ce qu'on m'a appris.  Premièrement je suis morte, ce qui est déjà un scandale en soi, ensuite je suis agressive alors que j'ai  été très bien élevée, et enfin, je hante, ce qui est très incorrect dans mon milieu.

J'ai dit il y a longtemps à la locataire en titre de cet Appartement, que j'attendais d'elle qu'elle m'écrive. Je l'ai suffisamment envahie pour qu'elle s'en acquitte dans "Pessah", mais elle traîne, elle chipote, ce Pessah m'anime en miniature. Pour me donner de l'espace, il suffirait d'y mettre Fin.

Moi, je ne vis pas dans un placard en attendant les jours meilleurs, je suis dans un tableau qui bouge, qui porte mon nom inscrit sur une plaque de cuivre:

Rachel Lehmann - Paris 1920 - A. 1943   

C'est bien fait si je remplis sa tête dans ses jours de vent noir, mais ça ne tient qu'à elle, qu'elle écrive le mot fin, elle sera débarrassée de moi.

5 avril 2010

Rencontre du troisième type

Le Coach

Quand je suis arrivée pour mon cours de gym, Le Coach regardait le Blog, assez étonné:

- Y a du monde ici! Faut venir en salle, on peut organiser des séances hommes/femmes, ou par âge, ou par niveaux, voilà, on a le choix, hommes/femmes, jeune/vieux, en forme/pas en forme.

- Et pour les cardiaques ? demanda Suzanne Troudy.

- Y a des cardiaques?

- Je sais pas.

- Ben alors?

- Y en a peut-être.

- Et pour mon chien?

- Hein?!

- Le Léon, i' pourra venir?

- Je travaille pas pour les chiens, mais vous, monsieur?

- Troudup.

- Ça vous ferait du bien.

- Je vais nulle part sans Léon.

Le Coach se tourna vers moi, désemparé, il vient depuis des semaines et c'est la première fois qu'il les rencontre.

Je suis partagée, que dire?

- Ne vous inquiétez pas, ils sont imaginaires?
Alors qu'il leur parle.

Ou bien,
- Ne vous inquiétez pas, ils ne font que passer par votre intermédiaire, mais ils sont, euh... ils ne sont pas, euh...

Pfff.

Je n'ai rien dit, j'ai fermé le Blog.

Ils ont grouillé dans la machine, ça frétillait, l'écran faisait des vagues, j'ai dit c'est le soleil, un écho de voix mêlées grésillait, j'ai dit c'est l'électricité statique et j'ai commencé les échauffements.

4 avril 2010

Philosophie de comptoir (des dindes)

Marité

Ignorance comme credo? Comme vous le dites, Paulette, n'exagérons
rien.
Et comme on dit chez Don Camillo, ce ne sont que quelques mots, Monseigneur.

J'ai rapporté une réponse qui m'a sauté au cerveau, je n'ai pas dit que la Vérité venait de me cueillir dans ses bras chitineux.

Pour décrire mieux la chose puisque chose il y a et qui provoque quelques commentaires, mon Ignorance (la mienne, n'est-ce pas) peut se définir, par mon intermédiaire soyons précis, comme
le Je ne sais rien et le Presque quoi de Yankel

4 avril 2010

Croire à quoi?

Marité

Astrid?!
Oui, je croyais sans y penser que les poissons venaient, aussi, du frigo, ok, j'avoue que j'ai eu tort, ils viennent (aussi) d'ailleurs.

OK, vous venez tous d'ailleurs que de moi, et moi aussi je viens d'ailleurs, et quoi encore?
Si je crois à ci ou à ça? Qu'est-ce que ça fait en qui je crois, en quoi?

Mais Astrid a posé ces questions, et sous la Halle Martenot, à la pêche aux livres ce matin, au coeur d'un océan de livres poussiéreux, tordus, malheureux, une réponse rassurante est venue.
 
Astrid, je dispose d'un vaste espace que je ne remplirai jamais, où crépitent des milliards d'impulsions électriques qui allument ce qu'on appelle la pensée ou l'âme ou ce qu'on veut.
C'est le lieu merveilleux où git, mollement allongée, mon incurable, incroyable, profonde, profonde Ignorance.
Voilà à quoi je crois aujourd'hui fermement: je crois en mon Ignorance.

Cette certitude m'habite, moi, ma tête, et un peu encore autour de moi me faisant une lumineuse aura d'Idiotie.

Ainsi mon centre toujours vide est ouvert à des nuées d'âmes, de pensées, de personnes, d'images, d'histoires. Un vent intérieur les anime, les attire, les entrechoque, les absorbe et les éjecte, tout vient s'y baigner, s'enliser, s'envoler, se poser le temps d'une becquée, d'une sieste ou d'un rêve.

Alors d'accord, Astrid, vous avez raison.
Mais moi non plus je ne viens pas du frigo.

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Marité de Vos K
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