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Marité de Vos K

24 mars 2010

Les parents

Marité

Judas a raison, le chemin ouvre dans les deux sens.
Mani, qui est un homme du 9ème siècle passe la tête dans cette porte. Le Blog est trop loin de lui, il demande que je traduise, je me mets au clavier et ce sont mes parents qui s'engagent dans le passage ouvert.

Mes parents
n’utilisent pas de kleenex, ils se mouchent dans un mouchoir en tissu, ils le lavent et s’en resservent. Les torchons trop vieux deviennent des chiffons avec lesquels on frotte le fond des cocottes grasses, le dessous des pots de fleurs, l’extérieur des bouteilles d’huile.

Ma mère fait des confitures en été pour les manger l'hiver,
elle met des écorces d’orange à brûler sur la cuisinière, elle se frotte les doigts dans les vieux citrons pressés.
Mon père aime le mou de veau en ragoût et la tétine qui est de la mamelle de vache, ma mère y met du persil et un filet de citron.
Mes parents ne mangent pas le pain frais, ça fait gonfler l’estomac, le pain rassis est bon pour la santé.
Ma mère donne le pain dur et les épluchures aux poules et aux lapins, les tripes de volailles au chien.

Mes parents parlent en ancien francs, ma mère dit qu’elle compte chaque sou. Les sous, c’est avant les anc
iens francs.

Mes parents éteignent la lumière en quittant une pièce, ma mère fait  une grande vaisselle dans une petite bassine, elle ne gaspille pas l’eau chaude pour rincer deux verres.

Ma mère ne met pas l’essorage, ça froisse le linge, elle n’utilise pas le sèche linge, ce n’est pas la peine.

Ma mère a toujours cette veste de sa mère, presque neuve comme la veste de costume de mon père, puisqu'il ne l’a plus mise depuis trente ans.

Elle refond les morceaux de bougies, elle les met de côté pour plus tard, quand elle aura des mèches, mais elle ne trouve jamais de mèche à récupérer.

Ma mère ne jette pas les sacs en plastique, ni les sacs en papiers, ni aucun sac, mon père ne jette pas les bouts de ficelles, il dit licelfoc sinon ça porte malheur, ni les sacs de jute,  les bouteilles en plastique, les clous tordus, les vis rouillées, il s’en sert.

Aujourd'hui je vais chez Emmaüs pour ces vieilles choses qui me rappellent mes parents.


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23 mars 2010

judas

Judas

- Tu crois que c'est toi qui poses, que tu commandes, que tu choisis? Mais tu sais que ça n'est pas comme ça que ça se passe. Je suis Judas et tu ne t'attendais pas à moi.

- Non, je ne savais pas que tu prendrais une majuscule ni une place dans l'Appartement.

- Et tu te demandes qui je suis.

- Oui, non, j'ai l'habitude de recevoir sans me poser d'abord la question des origines.

- Tu crois avoir la réponse.

- Pas du tout.

- Tu dis tout est "Là", dans ta tête.

- Ah oui, ça oui.

- Tu crois que ta tête est propriété privée, tu y mets ce que tu veux, inventions, souvenirs, apports  innés et acquisitions...

- Je ne savais pas que je croyais ça, mais oui, tu as raison. Judas. Tu dois me trahir?

- Trahir, grand mot, non, je vais faire mon boulot.

- Qui est?

- Je suis le passage, une voie d'échappement, une voie de contemplation, je suis l'écran de  l'ordinateur, je suis l'œilleton qui mène à ta tête, je suis Judas, le brave gars, Judas le lisse, Judas le doux, Judas le discret.

- Un passage a plusieurs sens.

- Ce qui entre peut sortir.

Et bien sûr! s'exclament quelques-uns des Gens, Louka rit, Mademoiselle de Lhéry soupire, Fabienne Berman ricane, d'autres s'insurgent qui, par méfiance, n'étaient pas venus se dire.

C'est par par le Judas que ça passe, ce n'était pas moi.


Je n'avais jamais vu ma tête comme une limite, ou un poulailler dont je serais le renard?

22 mars 2010

Lundi 22 mars 2010

Mais je ne suis pas un journal s'insurge Le Blog.

Et moi qui me demande où sont les Gens de l'Appartement?
Personne aujourd'hui, mais moi seule ici, Marité de Vos, celle qui écrit.

Le fait est que s'ils ne viennent pas, ils m'obligent à parler:

Je suis l'Appartement, je suis celle qui coud, celle qui cuisine, celui qui boit, celle qui donne des leçons, je suis le chien, je suis Louka, Troudup, Léon, Alice, et tous ceux à venir.

Leur pays natal est le manuscrit dans lequel ils sont nés, où leurs vies se poursuivent.
Ces textes seront mis en ligne dès que je saurai comment les faire entrer dans Le Blog sans l'envahir.

J'ai posé un judas qui regarde à l'intérieur, Le Blog n'est pas l'exposition de l'œuvre mais l'endroit où ça se fabrique. A la question récurrente: Où allez-vous chercher tout ça? je réponds par son truchement, Là, dans ma tête.

Je prétendais ne pas le dire, je prétendais ouvrir la visite sans guide, mais aujourd'hui, parce qu'ils ont décidé de ne pas venir, dégoûtés par ma lâcheté, mon silence qui est un  mensonge de fond sur  leur existence,  ils décident de leur raison d'être et gagnent leur liberté.
 
S'ils sont contraints à être des personnages qui vivent selon ma Loi dans les textes où je les ai fait naître, ils sont dans Le Blog les Gens de l'Appartement.

Ici, ils font ce qu'ils veulent, disent ce qu'ils veulent, viennent quand ils veulent.
Ici, nous sommes à égalité, j'ai besoin d'eux autant qu'ils ont besoin de moi..

La vérité les a ramenés, je les entends qui reviennent.


21 mars 2010

Poudre d'homme

Alice

J'ai acheté en promotion une boîte d'homme en poudre.

J'ai acheté l'eau conseillée
.
J'avais le choix entre soufrée et non soufrée, minérale et déminéralisée.
J'ai hésité.

Une fois réhydraté, mon homme en poudre était spongieux, transparent et flou.


Je lui ai donné un prénom, c'était sur la notice,
Kévin ou Jérémy, en espérant que ça lui donnerait du caractère.

J'ai été déçue. 


Le modèle Etienne ou Octave m'aurait peut-être mieux convenu.

Le jour du printemps, je fais toujours un achat d'impulsion.

Et après, je regrette.

20 mars 2010

Modes d'emploi

Rachel Z.

Je signe d'un Z qui veut dire Zukolowsky.
Je peux faire comme tout le monde et me présenter dans les formes, je suis, donc, Rachel Z.

Je suis de la cohorte des Gens de l'Appartement, j'écris des modes d'emplois pour gagner ma vie.
Je veux être écrivain, j'écris des romans, des histoires, je me demande si je ne devrais pas changer de métier, je crains d'attraper le style mode d'emploi et de ne pouvoir m'en défaire.


J'ai mis le tableau d'Ensor par impulsion l'autre jour, c'est tellement fort quand tout est dit dans une image, dans un mot, la perfection de l'expression concise, ah la la, je ne connais rien de mieux.
D'ailleurs j'arrête là.

Je colle en dessous un exemple de ce que j'ai à "mettre en forme" (ah! ah!), vous comprendrez à quoi s'appliquent mes doutes, et mon temps, by the way...

La meilleure chose dans le Viagra c’est l’assurance qu’on peut «voler en pilote automatique». Affaibli on découvert le pot aux roses, le pénis reste prêt, même si on arrête (les enfants frappent à la porte de la chambre à coucher, le chien aboye, le condom glisse). Quand on prend le Viagra, ça peut être une grande surprise pour un partenaire. Un conseil: ne lui dîtes pas que vous prenez le Viagra, le jugement féminin porté sur soi-même est aussi vulnérable que le nôtre.

Pénis des Meilleurs

Aussi Un Petit Homme Devrait Avoir Une Grande Taille

Mon Pénis Me Demande de Danser! Profitez de la Suite!

Je Secouer Mon Pénis! Il Semble Erotique!

Jouer Cricket votre Pénis

Je Masquer La Plus Flèche Dans Mon Slip!

Hein! Du style, y en a. Le traitement de texte affiche "Ajuster les colonnes", je pouffe, c'est nerveux.

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19 mars 2010

Le chou confit

Alice

Ce matin, j'ai fait partir le chou confit, ça embaume.
Certains trouvent l'odeur tenace, désagréable et populaire. Ils disent populaire en se bouchant le nez.

Le chou, je l'aime sous toutes ses formes, blanc, vert, frisé, camus, la recette d'aujourd'hui est au chou blanc.

- Couper un oignon jaune en lamelles pas trop fines.
- Le mettre à dorer dans une cocotte en fonte avec de la graisse de canard, ou d'oie.
- Ajouter le chou blanc en lamelles pas trop fines
quand l'oignon est presque grillé.
- Remuer pour faire remonter l'oignon au dessus, puis bien mélanger.
- Ajouter les graines de six ou sept gousses de cardamome verte, un piment oiseau écrasé, les queues émincées  finement de quelques branches de persil plat et d'une botte entière de coriandre fraîche.
- Saler si on veut, ça n'est pas obligatoire.
- Laisser confire à feu très doux pendant le temps que vous voulez, mais au moins une heure.

On peut y ajouter d'autres légumes émincés pas trop fin, on peut y mettre d'autres épices, celles qu'on aime, mais attention aux associations malheureuses. Par exemple, je n'aime pas le laurier avec le gingembre,  c'est une question de goût, bien sûr.

C'est comme dans la vie, il y a des mélanges douloureux.

19 mars 2010

Cohabiter avec La Mort ouh! ouh!

Marité

Pfff... C'est ce qui vient en premier: Pfff...

Je me demande si c'est le sujet qui plombe ou la façon d'en parler ou la façon de  lire, mais Paulette, pfff.
Ah! Voilà: tu es con,  tu dis pfff... tu es con.

C'est un sujet sur lequel on est censé admirer sans toucher la pensée qui se pose dessus, prier à genoux devant les bougies allumées, longues comme des cierges, mais pas de la même couleur pour ne pas avoir l'air soumis, ou con.

La Mort! La Mort ouh! ouh! ouh! Sujet tabou universel, que personne n'y touche.

A dix-sept ans, je vivais aux Emouleuses, je suis partie quelques jours chez la marraine de Cendrillon,  Liliane, une tante intelligente et généreuse.
Elle a ouvert son bureau de
 psychiatre analyste, elle m'a dit, tu prends ce que tu veux, elle est sortie.

Les murs étaient couverts de livres. Quand je dis couvert de livres ce n'est pas un cliché, il y avait dans cette pièce, une grande table, une chaise, un fauteuil près d'un divan étroit, et quatre murs de livres, je n'avais  jamais vu ça.
Un titre s'est détaché des autres: La Mort. Je l'ai pris.
Un vrai livre qui me dirait Tout: mon souffle s'est ralenti, mon estomac s'est crispé, j'ai lu la première phrase:
Personne n'a l'expérience de la mort.
Je l'ai relue, très troublée:
Personne n'a l'expérience de la mort.
J'en avais appris assez, je l'ai remis avec ses pairs.

Personne n'a l'expérience de la mort. Ni toi Paulette.
Quand elle chausse son masque de vieux sage ça m'énerve, elle a 80 ans, mais heureusement
elle n'est pas sage.

Heula ça schnie! Alice a cuit son chou confit, ça sent fort, mais c'est bon d'être dans la tripe.

18 mars 2010

Big Sister?

Marcel Bondiou

Qu'est-ce que c'est que cette histoire, en 1970? A Batbourg? Comment imaginer une chose pareille!
Je me serais rendu compte si j'habitais le village du Prisonnier, non?

- Hello number Six!
- Hello number  Zero!

Je n'aurais pas imaginé Paulette Dolstein dans le rôle de Big Sister.
Je n'en reviens pas, j'aurais vu! J'ai peint tous les paysages de Batbourg, les jardins de Batbourg, les maisons de Batbourg, jusqu'aux poules et aux chiens de Batbourg, même le Léon je l'ai peint, j'aurais vu les trucs des films de science-fiction, les antennes, les surveilleurs, je sais pas moi, ça sent quelque chose, non? Il y a des couleurs spéciales?

Il y a bien eu ces gens qui faisaient la queue jusqu'à la salle polyvalente, un jeu  télé peut-être? Ils gagnaient des maisons... Pierre Laprune ne savait pas quoi répondre, et  c'est le maire, mais bon... c'était bizarre, mais de là à croire à des histoires de, comment elle dit  Paulette? Panel captif?
Faut être un peu siphonné du bocal quand même.

Ah, je ne me suis pas présenté : Marcel Bondiou, peintre, paysagiste jusqu'à la série de crimes de l'Apocatastase, comme dit Louka, et maintenant, peintre  en mort fraîche, j'ai trouvé ma voie, fini le paysage, je suis le roi du cadavre.

18 mars 2010

Le jeu de la mort 2

Paulette Dolstein

Je suis Paulette Dolstein, 80 ans, psycho-ethno-socio -logue ou -ïaque, etc.

J'ai consacré ma vie à la pratique assidue de la psychiatrie clinique, j'ai commencé comme ortophoniste à Batbourg, et bien que je fasse partie des Gens de l'Appartement,  j'y réside toujours.

Je suis une observatrice discrète, et je serais fort étonnée que vous me rencontriez souvent dans Le Blog, mais le sujet Jeu de la Mort m'arrache à ma réserve.

On peut trouver paradoxalement rassurant qu'après un jeu de la mort hier, il y en ait encore un aujourd'hui, la mort qui continue à jouer, c'est encore de la vie.

J'entends dire que l'homme est faible, qu'il ne sait pas résister à l'autorité des instances extérieures et que nous devons veiller à ne pas nous laisser dominer.

Une expérience mise en œuvre dans le cadre de mes recherches m'amène à voir les choses autrement.

Quand, dans les années 70, j'achetai Batbourg* avec mes associés de Transmen Geneticks, nous étions visionnaires, le village-témoin était un modèle courant pour la vente de maisons de promoteur, pas pour les tests grandeur nature sur panel captif.
J'ai pu vérifier ce qui était à l'époque une intuition.

Monsieur T., sujet lambda, fut gratifié d'un matériel expérimental parfaitement inconnu à l'époque, un ordinateur incorporant une webcam de très bonne qualité impossible à éteindre.
Il était ravi de se voir en permanence dans la partie droite de l'écran géant.
La seconde semaine il fit passer son image dans la partie gauche.
La troisième semaine il commença à s'agacer.
Il atteint le seuil de l'intolérable à la fin de la quatrième semaine.
La cinquième semaine il décida d'évincer le personnage omniprésent, il l'insulta, le frappa, il le blessa avec des lames de rasoir.
La sixième semaine, après un court séjour à l'hôpital de Batbourg, il retrouva le type face à lui, avec ses pansements frais.
Rien à faire, pensa-t-il, il s'incruste, les grands moyens s'imposent.
Je mis fin à l'expérience avant la fin de la semaine sept.

L'être humain est sa propre instance, il crée l'autorité dont il a besoin pour faire le mal quand il en a besoin.
Quand les pulsions sont lâchées,
rien ne l'arrête, ni morale, ni principe, ni même sa propre vie.

: L'homme n'est pas mauvais, il est con, intrinsèquement, ontologiquement, biologiquement con.

* Note de l'auteur: Batbourg III relate cet épisode et pourra être visité quand Le Blog sera tout à fait ouvert.


17 mars 2010

Les Gens de l'Appartement

Rachel Zukolowsky

ensor_retrato Paulette Dolstein et Marianne Defair ont sans doute leurs raisons de se présenter à coup de "C'est tout. Et pis ça suffit comme ça", moi ça me gave, mais puisque c'est la mode de se présenter au Blog en métaphore, genre chacun sait c'qu'i sait et chacun se démerde, voilà mon "pis c'est tout" à moi.

C'est un portrait des gens de l'Appartement, c'est pas exactement ça, mais y a d'ça. (Y a de la pomme aussi).

Ensor est belge comme notre logeuse, alors il y a sûrement un rapport entre son tableau du carnaval et le défilé des Gens dans Le Blog...

Moi, je me vois très bien derrière le masque blanc aux cheveux orange du troisième rang, le regard plié en portefeuille d'après la fête... Mais en vrai, je suis pas mal du tout.

Bonjour les Gens pas de l'Appart'!

Moi c'est Rachel Zukolowsky.

 

 


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  • Ce blog reçoit les GENS DE L'APPARTEMENT, qui arrivent tout droit des manuscrits où ils sont nés. Les textes d'où ils viennent seront mis en ligne dès que les aspects techniques de leur diffusion seront réglés.
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