Marité et Rachel L.
Je n'arrivais pas à me rendormir. Dans l'entrée j'ai trouvé Rachel, qui ne dort jamais dans le temps de tout le monde, je me suis assise à côté d'elle.
- Tu as oublié de signer hier.
- Il faut mettre le nom?
- C'est l'espace de tous dans l'appartement, si tu ne mets pas ton nom on ne saura pas qui parle.
- Je m'en fiche.
- Pas les autres, je crois.
- Dans la colonne de gauche j'ai vu mon nom, en jaune clair.
- ça s'appelle un tag, je n'ai pas réussi à créer une nouvelle catégorie, je ne sais pas, d'ailleurs, si c'est la bonne solution.
- Je déteste les listes.
- Je voudrais que chacun ait son espace dédié, que chacun ait son nom.
- ça oui. Mais je ne veux pas mon nom sur une liste.
Rachel Lehmann déteste les listes, elle a ses raisons mais c'est son histoire. A elle de décider d'en parler ou pas. Je savais qu'il y aurait des tiraillements, des contradictions dans l'usage du blog, mais pas si vite, pas pour des choses anodines comme un nom sur une liste, il faut bien des noms.
La simplicité n'est pas là où je crois.
Je me suis rendormie. Ce matin il fait très beau, plus personne dans l'entrée, je fais du café, personne dans la cuisine, dans la pièce où j'écris, personne, je suis seule dans l'appartement plein de monde.
Cet après-midi j'ai rendez-vous avec des femmes que je ne connais pas, qui ont, comme moi, mis leurs noms sur une liste. Je fais partie d'un groupe sur le Net, nous serons onze à partir d'un point commun, la couture japonaise.
Chiffons, couture, inconnues, je m'échappe, mais je suis occupée par les noms sur des listes.
Il faut bien des noms, il faut bien des listes?