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Marité de Vos K
monsieur troudy
29 septembre 2010

Etre (con) ou ne pas

Je me suis levée cette nuit pour éteindre la lumière dans l'entrée. Au moment où je réalisais que j'étais dans le noir, que j'allais devoir retourner me coucher à tâtons, quelqu'un a allumé le bureau.

- Ah Monsieur Troudy, merci pour la lumière.

- Je vous en prie.

- Et Léon?

- On ne se voit plus. Léon n'était pas vraiment mon chien.

- Oui, moi aussi j'ai dû admettre ça.

- Léon n'est plus un chien et je ne suis plus un être secoué dans le vide. Nous changeons tous, le monde change.

- Euh oui.

Je suis mal à l'aise avec ce nouveau Troudup, je ne veux pas m'avouer que je préférais l'ancien, vulgaire, stupide,  avec son Léon que je comprenais mieux que lui.

Il me regardait avec un sourire que je ne parvenais pas à interpréter, quelque chose de désabusé mais qui questionnait en même temps, très étrange. Il m'a dit,

- Moi aussi je me dis parfois que la vie était plus simple autrefois, j'étais un homme facile à comprendre n'est-ce pas, facile à nier. On pouvait me repousser sans difficulté et je l'ai fait longtemps, mais voilà, j'ai changé.

C'est lui qui lit dans ma tête! J'allais lui poser la question, par où regardez-vous chez moi?

Il a disparu en disant:

- par les portes, n'est-ce pas, on entre. Et on sort.

Je constate que je comprends mieux la connerie que l'intelligence. Je suis vexée.

Troudup est devenu quelqu'un en s'échappant et je n'ai pas le mode d'emploi pour le récupérer.

Est-ce que je l'avais créé con pour le posséder ?


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11 septembre 2010

Plagiat

N'écris pas, n'apprenons qu'à mourir à toi-même
ne demande qu'à toi, qu'à toi si tu aimais...

Monsieur Troudy est en forme, bronzé, mince et sobre.

- Dites-donc, Monsieur Troudy, vous plagiez Marcelline Desbordes-Valmore,ou bien?

- Ou bien. Ce n 'est pas un plagiat c'est un hommage.

- Maizaki?

- A vous bien sûr, vous l'hôtesse, vous l'asile. Je me suis dit qu'il fallait vous conforter. J'ai beaucoup réfléchi cet été, j'avais du temps. L'ivresse, voyez-vous, n'est pas tant une intoxication du corps qu'un détournement de cerveau.
Dans l'alcoolisme comme dans tout excès, le temps disparaît, et sans le temps, pas de distance, sans distance, pas de regard.

- Ce sont les derniers mots de Léon, que vous ne buviez plus. Il a dit ça et puis il est retourné à la chiennerie ordinaire.

- Comment faire autrement? Léon est un chien.
Je n'absorbe plus l'alcool par la bouche mais par mes autres attributs, la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher, l'alcool est en moi, il est mon horizon, il irrigue ma vie, je ne saurais m'en passer.

Intriguée par cette transformation radicale, j'ai du mal à nommer cet homme nouveau. Il  faudrait un autre nom.

18 juillet 2010

Oh! Oh! Oh!

- Qu'est-ce qui sort de la cheminée?

- Pas la fumée en tout cas, dis-je.

- Hello! Hello! C'est le Père Noël.

- Je vous ai reconnu Troudup, malgré votre déguisement, et la surprise de vous trouver à jeun pour la seconde fois depuis que je vous connais.

- Mmmm, c'est Léon ? dit-il en regardant sévèrement le Léon qui, il est vrai, est piteux. Sa panoplie de renne n'est pas très convaincante.

- Non, non, lui réponds-je, c'est vous que j'ai reconnu. Depuis quelque temps vous êtes  plus quelqu'un qu'autrefois, ça vous rend plus présent.

- Les séances avec le docteur Dolstein me donnent des fondations. Je ne sais pas si c'est si bien, finalement. Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée.

Il s'assoit posément sur le fauteuil de bureau, pose son chapeau rouge et blanc sur la table et dépouille Léon de ses bois en cartons et du nez rouge de Rodolphe.

Et puis il soupire.

Je suis déstabilisée par ce Troudup nouveau.

- Vous ne vous sentez pas en progrès?

- Qu'est-ce que c'est le progrès? Si c'est aller de l'avant, je ne sais pas, si c'est bouger oui, ça bouge.

- Vous devenez plus intelligent, c'est ça le problème?

- Exactement. Avec l'intelligence vient la lucidité. Quand j'étais l'autre, je n'avais aucun doute, j'étais heureux dans mon brouillard. Quoi qu'il arrive, j'avais la clé du bonheur, un séjour au Petit Renard et hop tout s'illuminait.

- On ne peut pas revenir en arrière, c'est la rançon de la connaissance.

- La punition, oui. Mais, dit-il brusquement réjoui, il y a encore de l'espoir, je ne sais pas ce que je suis venu foutre ici ni où j'ai trouvé cette houppelande ridicule et j'ai une forte mais alors très forte envie d'aller m'en jeter quelques-uns dans le gosier. Allez hop, Léon, c'est reparti, en avant la musique!

Ils sont repartis tous les deux et moi je me demande ce qui m'a pris de tenter, et en vain, de me faire de Troudup un père consolateur.


15 juillet 2010

Crapauds, vipères, and so on.

- Les héros négatifs, dit Paulette Dolstein, ne sont ni des paradoxes ni des oxymores. Ce sont des personnalités clivées, non par leur besoin ou leur pathologie mais par ceux de leurs contempteurs.

- Je ne comprends rien, dit Troudup, allongé sur le divan, Léon en train de copiner avec les grands chiens noirs de la Dame.

- Cela n'a aucune importance que vous ne compreniez rien, cela en aurait, par contre, que vous compreniez.

- Wohou, grommelle-t-il, je vais finir par en avoir marre vous savez.

- C'est le travail de la cure mon cher, quand vous en aurez fini de ne rien comprendre, vous comprendrez.

- Et ça me fera une belle jambe.

- Vous ne viendrez plus.

- Je serais guéri?

- Il faudrait d'abord que vous soyez malade.

- Je ne suis pas malade?

- A vous de voir.

- Et c'est reparti !

Carabosse, confortablement installée dans le lustre du cabinet de consultation de Dolstein écoute attentivement. Elle comprend, elle.

C'est simple de son point de vue, elle est moche, elle est vieille, elle fait peur aux adultes comme aux enfants et elle a du temps: elle est la méchante.

C'est pourquoi elle organise des séminaires auxquels assistent de belles assemblées.

Pour la dernière édition, on a projeté en ouverture Le Magicien d'Oz, un  grand drame sorcier. On a pu remarquer la présence des sœurs de Cendrillon, Anastasie et Javotte, de la belle-mère de Blanche-neige, d'Eponine et Azelma, Artémise et Cunégonde, les sœurs Fenouillard (qui ne sont pas à proprement parler des héroïnes négatives), de goules et de vampires et, discrète note masculine, le Génie de la lampe d'Aladin entouré de quelques effrits des Mille et Une Nuits.

On a pu entendre des oratrices comme la femme de l'Ogre du Petit Poucet, la Reine des Neiges de Kay et Gerda ou la sorcière gastronome de Hansel et Gretel.

Tous ces négatifs officiels ont discouru sur la Psychanalyse des Contes de Fées, de Bruno Bettelheim, la nouvelle cuisine et les sortilèges alternatifs.

Ils ne sont pas d'accord entre eux, mais intervenants et participants s'entendent sur l'injustice du jugement toujours renouvelé et toujours critique sur leurs personnes.

- Les siècles passent et rien ne change, résume Dolstein, invitée d'honneur, ce qui prouve l'ouverture d'esprit de Carabosse, une humaine en guest star, tout le monde n'en a pas.

- Ben oui, approuve l'andouille qui n'a pas su contrecarrer le sort de Carabosse sur la Belle au Bois Dormant. Je suis trop sévèrement jugée alors que j'ai fait de mon mieux avec des moyens de débutante. Mais personne ne connait mon nom, ça laisse un peu d'espoir.

- Pourquoi, lance Carabosse à la tribune, n'avons-nous pas droit à la compassion, à la pitié, à la rédemption ?

- Rédemption mon cul, répond Zazie, vous êtes trop moches et trop vieux.

Elle inaugure cette année le Café  Sorcellerie sur le thème retournement de situation.

Chez les HN (Héros Négatif) on veut savoir comment cette sale gosse a réussi à figurer en personnage sympathique alors que c'est une teigne mal élevée. Le portrait craché, et ce n'est pas une image, de Carabosse enfant.

Troudup s'en fout, il s'est endormi comme d'habitude.

Quelqu'un au fond de lui protège sa relation avec Dolstein-maman, et pour ça, comme elle vient de le rappeler, il n'a qu'une seule solution, ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, s'échapper bien avant d'être sur le point de comprendre quelque chose.


13 juillet 2010

R'évolutes partent en fumée

Ils sont surexcités par le feu d'artifice.

- Mais il n'y a pas de feu d'artifice ?

Il va y en avoir un, ça suffit à mettre des bulles dans toutes les têtes.

Moi je dis que les bulles dans le cerveau anévrisent.

- Oh, dit quelqu'un (mais qui?), pourquoi rabats-tu la joie ?

Je reconnais la voix, c'est moi qui cause.

Le 13 juillet ici, c'est donc bal, bal, artifices, fêtes et joie populaire.

- Belle occasion, dit Dracula, d'honorer le sang, têtes tranchées, têtes aux bouts des piques, révolution !

- Que oui, dit le Troudup, le peuple souverain s'avance.

Troudup est à jeun, que se passe-t-il ? J'entends le silence de Dolstein car son sourire vient jusqu'à moi, Paulette en Joconde dit comme elle sait faire, sans rien révéler, que Troudup est capable d'être un autre que ce lui-là.

- Qu'est-ce vous croyez, aboie Léon (quoi? Hein? Léon aboie?), que nous resterons tous ce que nous sommes ?

- Non, non, non, dit Astrid Tayeurt, la révolution c'est pour tout le monde.
Les planètes nous engouffrent dans leur mouvement, ça tourne, ça vire et nous changerons tous.

Parce que demain c'est 14 juillet, ils sont tous en suspension, le monde va changer de face, ceux qui ne sont rien seront tout (qu'ils disaient).

Dracula prétend qu'il ne craint plus le jour, Braise est d'accord avec lui, Alice et son Albert ont mis des chapeaux de paille, Marianne est en bain de soleil, Batbourg rutile, les Voies Obscures térébrantent, La Bernique hurle, Noé navigue en pleine lune, Bienvenue à la Fabrique est sur le point d'avoir son Frédéric et l'Appartement presque moi: tous mes pays trépignent.

Rachel Z. traduit le sentiment général, demain est un autre jour.

Je sais d'où vient l'embrouille, l'orage de la nuit a détrempé les rêves, ils sont délavés, lourds de nuages crevés, et depuis ce matin je ne sais pas qui je suis.

Que leurs volontés soient fêtes: Bingo !


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19 juin 2010

Lendemains de fuite

Ambiance molle au Petit Renard:

Troudup est arrimé au comptoir avec Léon au bout de laisse en ancre flottante,Nono, adossé à l'étagère aux bouteilles regarde sans réagir le verre vide de son meilleur client et la cuisinière, occupée à rater une mayonnaise, les yeux cernés par la fatigue d'être, se fout de tout.

Troudup ne hurle pas comme il le ferait en d'autres temps,

- Eh! Patron! Au boulot, kessessê k'cette boîte alors! Y a d'la soif!

Non, Troudup est triste, le Nono abattu, Léon ne pense à rien et la télé même est éteinte.

Troudup, amer, la regarde et il lâche,

- Petits joueurs !

Et si Nono ne leur reproche rien sur leur, comment dire, ah oui, leur "jeu", c'est qu'aux infos il a entendu les bruits de vestiaires, l'injure d'Anelka à Domenech et que son passé de sympathisant situationniste lui monte à la tête, empoisonnant son présent.

- Va te faire enculer sale fils de pute, a dit Anelka, Va te faire enculer sale fils de pute.

Que c'est pauvre, pense Nono qui, s'il en était un autre, enchaînerait par

- C'est un peu court jeune homme, on pouvait dire, ma foi, bien des choses en somme.

Mais non, il pense aux insultes magnifiques, il pense à Debord et puis à Céline, à Desproges, aux hommes quoi, qui en avait ailleurs que dans les mollets et disposaient d'un riche vocabulaire que leur puissance  indignée faisait exploser en bouquets d'étincelles qui allumaient des volcans en éruption.

Il pense, il cherche, mais il ne trouve rien.

Dommage, ce s'rait-y bas beau une scène dans un vestiaire inspirée par ceux-là

Anelka, (buteur étrillé):

- Fils raté de ton père! Croûton moisi de vespasienne!

et le Domenech (en traîneur de terrains vagues) répondrait sous ses cheveux blanchis par les travaux pépères:

- Oh cruel souvenir d'une gloire passée! Œuvre de tant de jours en un jour effacée!

Ce qui serait pour le coup assez court en effet mais digne des grands textes, au moins, et reflet d'un effort désespéré pour hisser la lamentable saynète de la pâle épopounette des Bleus au rang d'une tragédie.

- Et quoi, pense à part soi le plaintif Nono, paraphrasant sans le savoir Georges Fourest en sa Chimène, et quoi, serions-nous  tous des footballeurs, pense-t-il ?

Même le capitaine Haddock eût du inspirer le footballeur vaincu, Pirates! Ectoplasme! Bachibouzouk! Mais non, pourtant, ça aurait eu de la gueule,un peu quoi.

Alors, dans la stupeur de l'hébétude, il sert un pastis baraqué au Troudup et il le boit cul sec et sans eau.

Et Léon?

Léon, vaincu, pleure et sur son crâne incliné, l'angoisse atroce, despotique, ne plante rien du tout et retourne chez Baudelaire, en frétillant mollement de la queue, cuver sa déréliction.


15 juin 2010

Météo

Monsieur Troudy

Qu'est-ce qu'elles foutent les hirondelles, hein ?

Feignasses !

C'est d'accord qu'une hirondelle ne fait pas le printemps mais si elles se mettaient à plusieurs, le boulot serait fait !

Alors quoi, hein ?

Au turf les filles !

Depuis des semaines je suis trempé chaque fois que je sors du Petit Renard, je ne peux quand même pas y dormir !

- Hein, Nono? Je peux pas dormir ici ?

- Tu peux toujours rêver.

- Ouais, je peux rêver, mais le rêve ça fait pas parapluie que je sache. Remet-z-y  moi donc un pastis, et la même chose au Léon.

Je disais donc, qu'il suffirait que ces feignasses d'hirondelles se regroupassent en association, ou en société, je sais pas moi ou  qu'elles se mettent chacune en auto entrepreneur et qu'elles se bougent la couenne pour faire le printemps!

Moi j'dis y a de l'a demande, et quand il y a de la demande,faut que le marché réponde!

- Toi, dit Nono, tu t'es encore endormi sur la chaîne au Bloomberg.


17 mai 2010

cul, bite, couille

Fabienne Berman

Ah! je déteste quand Dolstein prend son ton de Mémère à ses chiens!
Les orifices sont des trous, OK!
Oui il a du Ça dedans, mais on n'est pas toujours en uniforme, on peut se lâcher en civil non? On est dans le Blog de l'Appartement, pas à la Sorbonne!

Corinne est bien d'accord, il y a toujours ce moment où on la regarde de travers, elle rit trop fort, elle est  trop ci, trop ça, il faudrait qu'elle mette une culotte sur la tête pour tout fermer, ça l'énerve.

 

- Les princesses vont aux toilettes, les princesses pètent! Et la salle de bains, c'est pour se laver le troufignon aussi! Troufignon, con, nénés, jouir, baiser, rigoler!

Fabienne approuve

- Heureusement que le Troudup s'endort, et heureusement qu'il y met de lui, le pauvre gars.

- Ben tiens, dit Corinne, Satan l'habite, ah! ah!

- Oh ben oui, que répond le Troudup, oh ben oui, y a pas qu'le cul dans la vie, y a aussi la bite et les couilles. Allez hop, le Léon, on file au Petit Renard, le Nono va croire qu'on est fâchés.

Devant le Petit Renard, un couple hésite, tout en noir, costume cravate et robe informe. Nono les regarde de travers par la fenêtre du bar, il préfèrerait qu'ils s'abstiennent ces deux-là,  des Témoins de Jéhovah, c'est sûr. Mais ils entrent.

- Qu'est-ce que j'vous mets? leur dit-il, laissant percer son désir de leur en mettre une, au moins.

Bien sûr, pense Berman, acte manqué très clair, et elle note, c'est une consciencieuse.

- La Boassonn Lokâl, répond le type avec un accent que Nono ne parvient pas à identifier.
Le marketing moderne est entré chez les Témoins, aujourd'hui, ils se fondent dans les coutumes indigènes pour passer le message en douceur. Berman note, fructueuse occurrence pense-telle.

- Et deux pastagas tassés, deux!

Troudup, surpris par cette clientèle inhabituelle, mais aussitôt rassuré, appelle son petit déjeuner:
- Le café calva, et le croissant.

Nono les pose sur le comptoir avant que Troudup ait fini sa commande,
- et le p'tit blanc sec pour la maison.

- Ah merci, ça décape, j'en ai besoin! Alors les gars, lance-t-il, fraternel, aux deux Témoins, la vie est belle?

- Oh Ui! répondent-ils en chœur, très heureux de tomber sur un vrai croyant, Ui, La Viye Eye Twès Bêl, sous l'effet de la joie, ils avalent cul-sec leur pastis baraqué.

- Allez, c'est la mienne! balance le Troudup.

Et le Nono de servir la même, au fond des yeux un grand sourire et des étincelles dans la moustache.

Et Fabienne Berman de changer ses plans, à la table du fond, elle range son bloc et sort son Mac, le met en mode enregistrement, son et image. La journée commence bien, elle en a les neurones qui crépitent.


16 mai 2010

Orifices

Paulette Dolstein

Nous venons du néant, nous y retournons, nous en venons et nous y finissons, pas moyen de sortir de ce ça-là: l'orifice est le début et la fin.
Salle de bains, si on veut, évacuation, égouts, il ne s'agit toujours que du trou.

- Oh là là, c'est pas la peine de tortiller pour dire pipi caca!

Léon vient d'entrer dans le champ, au bout de la laisse, évidemment, sonTroudup, le nez enluminé.

Paulette Dolstein lui désigne le divan sur lequel il s'échoue, plongeant aussitôt du commentaire critique aux ronflements.
Elle considère Troudup, l'œil objectif, où se trouve ce qui peut aider cet homme à sortir de son trou à lui, profond et rempli d'alcool?

Et tout en cherchant, elle ne peut s'empêcher de finir sa péroraison:

- L'Homme est fasciné par ses orifices, c'est une constante, ce qui rentre, ce qui sort, mettre dans le mille, en boucher un coin...


Léon s'amuse, en spécialiste du trou, de l'ignorance  de la Dame aux Chiens. Il sait, lui, que le trou sent, le trou parle, il dit sa vraie nature, d'ailleurs, Troudup, dans un sommeil agité, pète et éructe,   il hurle soudain:

- Trou du cul! Trou du cul!

et  se rendort, soulagé. Il ne ronfle plus, il rêve. Il flotte entre terre et nuages, léger, heureux, il s'envole, de plus en plus haut, ballotté par le vent taquin, il voit Dolstein dans son fauteuil, il voit Léon et ses chiens Gardiens des Trois Trous, la porte, la fenêtre, l'inconscient. Sur le point de s'évaporer dans le ciel, un fort coup le ramène au sol, tiré par un long cordon arrimé à son ventre .

- Le nombril, poursuit Dolstein en regardant du coin de l'œil le rêve de Troudup, est un trou obturé dès la naissance.
Elle s'arrête une seconde, le temps de voir Troudup se poser sur le divan et son cordon se ré enrouler dans son ventre avec le bruit de l'aspirateur, vloup, ça y est il est rangé, elle termine:

- Le trou doit être comblé, manger, boire, fumer, écouter, voir, sentir, entendre, baiser. Ce qui rentre doit sortir: peindre, créer, écrire, composer, sculpter, inventer, vomir, pisser, chier, accoucher.

Et enfin elle se tait et attend.

Le plus fructueux de la cure de Troudup est produit quand grâce au sommeil, son inconscient  muselé par l'alcool se faufile par tout les orifices.

Et Il dit: Fais ton orifice, bourreau.

10 mars 2010

Me voici

Denise de Lhéry, Monsieur Troudup, Léon (figuration).

Bonjour à tous,

Puisque la chose s'installe, je suis venue me présenter: Denise de Lhéry, secrétaire de mairie à la retraite, mais je continue en bénévole pour Batbourg, je vis moi aussi dans l'Appartement. Passer par le mail et l'identité de Madame de Vos K m'ennuie un peu, mais nous n'avons pas d'autre solution pour l'instant.

- Au fait! Au fait! Arrêtez de bavarder!

- Ah! Monsieur Troudup, justement! Je vous rappelle que vous n'avez pas le droit de toucher à l'ordinateur quand vous êtes sous l'emprise de l'alcool!

- Ah c'est donc ça! Qu'est-ce que je suis allé foutre sur ce commentaire de tricot de bonne femme! J'étais saoul! vous me rassurez Mademoiselle.

- Je préfère quitter cette page que supporter vos commentaires macho monsieur Troudup.

- Et alors quoi! Le macho est celui qui sait plaire aux femmes, y a pas de quoi critiquer. Allez, à plus tard.

Elle est partie pas contente la Denise. Elle m'énerve cette vieille fille, jamais boire un coup, jamais rigoler. C'est fatigant les gens parfaits.

Bon, ben, bonjour les gens!

Moi j'habite pas l'Appartement, je passe souvent, je promène mon chien, je vois du monde, pas que du beau mais je vois du monde quoi.

Je suis de Batbourg, comme Mademoiselle de Lhéry. Elle m'énerve mais elle est native du village, ça donne des droits.

Mon vrai nom c'est Troudy,  Troudup je sais pas d'où ça vient.

Ah dis-donc, midi et demi, i' s'fait tard, déjà l'heure de l'apéro. Allez, viens mon Léon, on va aller boire un coup au Petit Renard, de l'eau dans ta gamelle et pour moi un blanc sec pour commencer.

 

 

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