Lourds
A la grande braderie il y avait deux personnages en mannequins, nus, seuls, posés sur un socle en aluminium, lourds, lourds.
Il m'a semblé que je devais les animer, leur donner une histoire.
Mais en les portant, lourds, lourds, j'ai su qu'ils en avaient déjà une.
Des années dans cette vitrine, dans ce magasin qui disparaît, déposant son bilan. Les regards se sont échangés entre les passants passant et les miens, qui n'ont pas de tête.
Axolotl.
Leur corps entier porte leurs cerveaux, leurs sens et leur vision du monde.
Voilà ce qui les rend lourds, lourds.
J'ai les bras affaiblis et le cœur ému.
Je ne sais pas d'où ils viennent, je ne sais pas qui ils sont.
Ceux-là m'ont choisie avant que je ne les invente.
Je les ai installés dans l'Appartement et j'attendrai.
Jusqu'à ce qu'ils viennent à leur tour dire ici leur nom.
Est-ce que ce jour est celui de la naissance de nouvelles vies ?