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Marité de Vos K
8 juillet 2010

Nuit chaude

- Quelqu'un? Ohé? Quelqu'un ici?

C'est une jeune femme nue. 

Je sais que dans l'Appartement vient qui veut et qui vient est chez soi, mais je suis surprise.
Pourtant je suis nue moi aussi au milieu de la nuit chaude, et ça me semble naturel.

Cette jeune femme se sent chez elle, manifestement.

Elle est nue donc, les jambes longues, la taille fine, les hanches rondes, ses seins frémissants.

Animée par un souffle rapide, la jeune femme est étonnée d'être là, ou bien émue, je ne sais.

Ses yeux sont noirs ou marron très foncé, ses cheveux mi-longs en boucles souples.

Dans la semi pénombre, son corps lumineux est presque phosphorescent.

Sa bouche est crispée par un sourire débutant ou bien c'est la fatigue? 

- Bonjour, dit-elle , je suis Marguerite. Je ne sais pourquoi ni comment je suis ici, mais, joute-t-elle avec un vrai sourire cette fois et qui l'habille de douceur, j'ai pris ces jours-ci l'habitude de ne rien comprendre et de bien m'en trouver.
Le Maître est ici?

- Ah, vous êtes cette Marguerite! Le Maître peut venir quand il veut.

- Oh, dit-elle avec une voix rauque et ce léger accent slave, il ne peut pas grand chose encore.

Je la vois mieux à présent que je sais qui elle est, son corps éclaire l'Appartement, comme une torche dans une caverne, comme le filament de l'ampoule.
La puissance de l'onguent à l'âcre odeur de racines et de fleurs fraîches diffuse sa présence,
sa peau scintille.

Elle est devant moi, je la vois, je la sens, et je la devine présente dans tout l'Appartement, là où l'on rêve, là où l'on dort, là où tard le soir on verse le thé dans des verres à anses, avec des gâteaux au pavot et au miel, je la devine et je la sens dans les couloirs et dans l'entrée, par les fenêtres et dans le ciel, Marguerite est partout par la force du Diable de Boulgakov.

Marguerite est la sorcière provisoire, l'amoureuse aux attributs magiques.

- Sans doute est-ce moi qui vous ai attirée ici, car je vous aime.

- Ah ?  Tout le monde doit donc m'aimer cette Nuit. Où est Le Maître?

J'ai très envie de le lui dire, mais l'histoire du Maître et Marguerite ne m'appartient pas, Je ne suis qu'une qui a reçu l'émotion, l'admiration, le plaisir et le bonheur que Mikhaïl Boulgakov a offert à tous ses lecteurs.

Je ne peux pas lui dire, ne t'inquiète pas Marguerite.

- Mais oui,  dites-le moi!  

Je ne songeais plus que c'était la Nuit où Marguerite verrait tout, entendrait tout, saurait tout.

- Ne vous inquiétez pas Marguerite.

Enfin j'ai retrouvé mon bon sens et offert à Marguerite un bon tchaï avec du gâteau de madame Hollander.

- Comme c'est bon cette pause dans une longue nuit.

Assises dans les fauteuils jaune d'or sombre (j'ai pensé que nos corps seraient ensuite tatoués de  piquetis de velours), nous avons bu du thé brûlant dans des verres à anse.

Quand l'ombre du Maître s'est brièvement dessinée à nos côtés, ils se sont effacés.

Dans le salon empli du parfum de l'onguent magique, les verres à thé sur la table basse resteront là encore un peu.

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