Education sentimentale
Paul est passé ce week-end.
Je ne le comptais pas parmi les Gens de l'Appartement parce qu'il ne vient pas d'un manuscrit. Qui ne vient pas d'un manuscrit n'est pas un personnage pensais-je stupidement.
Paul mène une vie secrète dans un sac, c'est un animal de sac.
Il s'est posé tranquillement sur une étagère, il avait des questions, sur la littérature, comment écrire, jusqu'où aller, par quels moyens. Moi, je ne voyais pas quoi lui dire.
Mais nous avons vite compris tous les deux que sa demande n'était pas du tout de cet ordre.
Ce qu'il venait vraiment chercher dans L'Appartement c'est un sens à sa vie, et même le sens de la vie et d'abord, l'amour, c'est quoi l'Amour, c'est quand c'est où c'est qui ?
Quelques éléments de réponse l'ont laissé sur sa faim. Quelle voie choisir, Jane Austen, San Antonio ?
Je ne réponds pas à ce genre de question. Ils ne sont pas là pour mon éducation sentimentale mais pour le style.
Austen et Antonio bordent un univers dans lequel je trace ma ligne.
Ça ne faisait pas l'affaire de Paul, perplexe devant une supposée révélation qui ajoutait des questions sans répondre à rien.
Paul, peux-tu appréhender la complexité de la vie ?
Il y a un temps pour Jane Austen, et un temps pour San Antonio.
La fréquentation de Bérurier pourrait faire grand bien à cette cruche de Fanny Price qui est très, très, énervante.
Il l'assouplirait, il lui donnerait le sens de la relativité, et un peu d'humour si possible. Ah! de l'humour! C'est trop demander à Fanny Price.
Paul est-il trop jeune ou trop chiffon pour comprendre la frustration? Pour ne pas s'effrayer de la perspective de l'acte ?