judas
Judas
- Tu crois que c'est toi qui poses, que tu commandes, que tu choisis? Mais tu sais que ça n'est pas comme ça que ça se passe. Je suis Judas et tu ne t'attendais pas à moi.
- Non, je ne savais pas que tu prendrais une majuscule ni une place dans l'Appartement.
- Et tu te demandes qui je suis.
- Oui, non, j'ai l'habitude de recevoir sans me poser d'abord la question des origines.
- Tu crois avoir la réponse.
- Pas du tout.
- Tu dis tout est "Là", dans ta tête.
- Ah oui, ça oui.
- Tu crois que ta tête est propriété privée, tu y mets ce que tu veux, inventions, souvenirs, apports innés et acquisitions...
- Je ne savais pas que je croyais ça, mais oui, tu as raison. Judas. Tu dois me trahir?
- Trahir, grand mot, non, je vais faire mon boulot.
- Qui est?
- Je suis le passage, une voie d'échappement, une voie de contemplation, je suis l'écran de l'ordinateur, je suis l'œilleton qui mène à ta tête, je suis Judas, le brave gars, Judas le lisse, Judas le doux, Judas le discret.
- Un passage a plusieurs sens.
- Ce qui entre peut sortir.
Et bien sûr! s'exclament quelques-uns des Gens, Louka rit, Mademoiselle de Lhéry soupire, Fabienne Berman ricane, d'autres s'insurgent qui, par méfiance, n'étaient pas venus se dire.
C'est par par le Judas que ça passe, ce n'était pas moi.
Je n'avais jamais vu ma tête comme une limite, ou un poulailler dont je serais le renard?