Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Marité de Vos K
braise
12 juillet 2010

On dirait Marlène et Gabin

- Très cher, dit Braise, très tendue, à la momie qui l'accompagne, vous êtes sûr?

- Oui, répond une voix sourde sous les bandelettes, je veux voir ce que vous voyez.

- Jamais vous ne verrez  ce que je vois.

- Je sors c'est tout.

- Dracula, ce n'est pas prudent.

- En effet,  c'est ainsi que je survis depuis quelques siècles.

- Vraiment, dit Braise, c'est stupide de votre part.

- Non, non, vous aviez raison, je ne sais pas de quoi je parle, je suis confit dans mes habitudes de rapace nocturne. Je vais voir le plein jour et je pourrai juger.

- Je vous le dis encore, c'est un risque inutile.

- Je suis couvert jusqu'aux yeux, jusqu'à des lentilles au cas où je perdrais mes lunettes de soleil.

- Et vous êtes ridicule en homme invisible.

Dracula éclate de rire, la dispute tourne à l'amusette

- Parce que je suis déguisé? Vous voilà bien casanière ? Ridicule ?

Braise le regarde longuement et lui dit de sa voix de tragédienne blessée, celle de Phèdre qui ne veut pas avouer à Œnone qu'elle aime Hippolyte, celle d'Andromaque, cette emmerdeuse, quand elle imprèque sur la tombe d'Hector:

- Très cher, je regrette chaque mot de cet entretien, c'est moi qui suis stupide, et ridicule.
Comme vous je dors le jour, je vis la nuit.
Je vous en prie, quittons ce malentendu, rentrons chez vous.

- Sans que jamais Drakul ne puisse voir le jour?

- Que le jour recommence et que le jour finisse
   Sans que jamais Drakul par le soleil périsse

- Racine pour moi, même massacré, c'est trop d'honneur.

Mais Braise a gagné, ils sont repartis vers la nuit.


Publicité
11 juillet 2010

Zoophilie

- Vipères, crapauds, canard, dit Albert à Paulette, batraciens, reptiles, anatidé.

-  C'est cela, répond-elle, pas de mammifères.

-  Mais Peau d'Âne ? songe tout haut Albert, dubitatif, parce que l'Âne est sacrifié dès le début du conte.

Albert Zukolowsky est le frère de Braise et Rachel, il réside comme elles dans Les Voies Obscures, et comme Paulette Dolstein il est psychanalyste.

-  Qu'est-ce que c'est que cette histoire de mammifères? dit Braise passionnée par contes et mythes pour la bonne raison qu'elle est comédienne.

Je lui répondrais bien, moi, si je savais quoi, mais je n'ai jamais pensé à "cette histoire de mammifères".

- Chez les grecs, dit Dolstein, ils sont les supports essentiels aux péripéties d'Aphrodite, Zeus, etc. Io devient vache, le Minotaure dévore les vierges...

- Mais Léda, dit Albert

- Oui, sourit Dolstein, amusée car c'est une Lacanienne, c'est un cygne, et un anatidé, comme La Mère l'Oye.

- Mais qui fait des enfants, dit Braise. Et qu'est-ce que vous dites du monstre surgi de la mer pour dévorer Hippolyte sur l'ordre de Thésée ?

- Moi, dit Dracula depuis son recoin obscur car il fait grand jour, je dirais transition du reptilien au mammifère, le poisson sort de l'eau, les nageoires deviennent des pattes, le règne de l'homme commence.

Ils me fatiguent ces quatre-là, aujourd'hui, parce que moi aujourd'hui je voulais parler des vipères, des crapauds et du vilain petit canard, parce que j'espérais Cendrillon.

Je voudrais sa version, le discours de Javotte et Anastasie est sujet à soupçons, car n'est-ce pas, de leurs bouches, a dit la sorcière, ne sortiront que des crapauds et des vipères, alors que de celle de Cendrillon jailliront des perles et des diamants.

A moins que les contes ne se croisent dans l'Appartement, celui des pieds, celui des bouches?

Javotte et Anastasie sont des menteuses, Cendrillon n'est pas une cruche molle.

Albert et Braise Zukolowsky et Paulette Dolstein sont partis déjeuner en ville, et moi je reste avec Dracula endormi dans son placard et mes questions, dont une, qu'est-ce que c'est que cette histoire de mammifères ?

Oh Mamie, oh Mamie Mamie blue, oh Mamie blue, je ne reviendrai plus jamais, dans cette ville que j'aimais, plus jamais près de toi Mamie, oh Mammie

Est-ce qu'elle m'entend seulement, ma Vieille au Bois Dormant ?


7 juillet 2010

Poussière d'écume

Je dormais? Ah oui je dormais puisque quelque chose vient de me réveiller.

C'est une drôle d'impression que d'être ainsi tirée du sommeil en pleine nuit,  pas en sursaut, très doucement au contraire.

Je glisse d'un état dans l'autre, je deviens partie écoutante d'une conversation étouffée.

Dans le noir deux voix chuchotent, deux personnes rient sans faire de bruit, j'entends leurs mains se toucher, le bruit de leurs vêtements. C'est un couple qui bruisse.

- Tu es complètement dingo... en Grèce ?! A cause du ciel et de la lumière de la mer ! Alors qu'on ne sort que la nuit ?

- La nuit, mon amour, porte toutes les lumières, toutes les odeurs, les parfums des hommes, de la mer, des arbres secs. La nuit est le révélateur, on sent tout plus fort, mieux.

- Oh, susurre Braise, moi je veux bien tout croire sur la nuit qui mange le jour, et d'ailleurs, je l'ai déjà vérifié, mais tout de même, la Grèce, qui est est soi-disant le pays du soleil, ne devrait pas te plaire autant ?

- Mon amour, répond Dracula sèchement, je me demande si notre rencontre ne nous rend pas prosaïques et ennuyeux. Si on se déchirait un peu? Qu'en dis-tu?

Braise lui dit c'est une bonne idée en effet.

Et aussi qu'elle veut bien partir dans des nuits de villes, dans les nuits de montagnes, mais que la mer, la mer, non! Elle ne peut l'imaginer sans l'écume, les nuages bougeant dans le vent, sans les gens qui la regardent sans rien comprendre.

- La mer... la mer...

- Quoi la mer ? demande Dracula.

- La mer peut te boire, elle peut nous dissoudre. La mer seule peut nous détruire. De là nous venons, là nous finirons, et certainement pas à la poussière.

Et moi je ne les écoute plus, je rêve. Ah tiens, c'est donc que je dors.


5 juin 2010

Deux trous rouges au côté droit

Braise sort du noir en fredonnant

- Comme un chagrin qui pleure mais c'est du sang qui coule, parce qu'il tombe des hallebardes...  

Et Dracula en écho avec la voix de Nick Cave,

I called her a wild rose but her name was Braise Braise Braise

Je m'inquiète bien sûr,

- Braise! Braise? Qu'est-ce qui se passe?

Elle avance vers moi et je crie

- Tu as deux trous rouges au côté droit!

- Oui, qu'est-ce que tu en penses?

- Je n'en sais rien.

- Regarde, dit-elle en faisant un geste à Dracula, qui reste dans l'ombre.

J'ai fermé les volets mais il fait grand soleil, un baiser de jour lui serait fatal. Il tend un écrin à Braise qui en sort deux boucles d'oreilles, une plus petite que l'autre, des Créoles en or piquetées d'améthystes et d'émeraudes.

- Quelle splendeur!

Dracula répond, très heureux et son bonheur fait peur car il dévoile largement ses canines,

- Mes aïeules les portaient, dont la grande duchesse des Carpates  qui fut une très belle femme. Braise lui ressemble en beaucoup  plus belle, plus vivante, et si chaude.

Je soupire, cette histoire d'amour me fait peur pour Braise, et pour lui aussi après tout.

- Marité, souffle Braise dans un sourire éclatant, nous sommes heureux.

- Pour nous, dit Dracula, la lune de miel c'est l'éternité,  le  jour seul est dangereux.

Et ils sont partis tous les deux, lui, l'aidant à enfiler la seconde créole, plus petite que la première, elle, lui enlaçant la taille de son bras si blanc.

Juste avant qu'ils ne se fondent dans les murs de l'Appartement, elle m'a lancé,

- Souviens-toi, Marité, tu m'as faite femme de nuit!

- C'est vrai. Braise c'est la nuit et elle vient des Voies Obscures.

Et puis, de toute façon, c'est leur vie, je n'y suis plus.


30 avril 2010

Soupir

Marité

- Quoi?

- Hein?

- Ben oui, quoi?

- Quoi quoi?

- Dracula!

- Quoi Dracula?

- Dracula et toi! Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qui s'est passé? Laisse-moi voir si tu as deux trous rouges au côté droit.

- L'essentiel est invisible pour les yeux.

- Oh ça va, ne me prends pas pour une imbécile. Alors? Alors!

- Il dit tu es mon miroir. Je dis tu es Dracula, et si tu veux tout savoir, je ris! Dracula! Et quoi encore? Satan? Dieu? Il est dingue ce type, c'est tout.

- Je suis déçue.

- Tu as tort, j'adore les dingues.

Oui déçue, je n'en sais pas assez!  Je veux connaître l'histoire, les détails, les mouvements, et là, rien, rien du tout.

Ils me mettent dans la posture de l'écrivain concierge, débusqueuse de ragots, fouilleuse de poubelles.

- Allez quoi, Braise, dis moi quelque chose.

Elle rit.

- Je te préviens, si tu ne dis rien, je te balance dans une autre histoire.

- Mais mas chérie, c'est trop tard.

- Qu'est-ce qui s'est passé?

- Dans ce couloir, là où Celle-qui-crochète a pendu son plaid en formation, son Frankenstein, pour le composer,

00001 je le regarde en face, il me regarde en douce. Voilà où nous en sommes. C'est plein de feu et de respiration, la tension monte...

- Et?

- Et je ris, je montre mes dents, il sourit, il cache les siennes.

Elle s'est arrêtée là, je ne l'ai pas vue partir.

Je suis allée à l'endroit, ce couloir où ils ont été là.

J'ai cherché une trace, leur ombre incrustée sur le mur, rien.

Mais des babouches?

00002Braise! Tu veux jouer Cendrillon?

Vraiment non, Cendrillon et Dracula, c'est ridicule.

Ou bien elles sont à lui, ces chaussures rouges. Ou à n'importe quel passant de l'Appartement.

Peut-être miennes, je suis si désappointée que je ne reconnais plus rien.

Soupir.


Publicité
28 avril 2010

Chaud effroi

Marité

C'est arrivé, il a changé.

Son image se dessine comme le sourire du chat d'Alice disparaît, comme la photo nait dans le bac du révélateur.
Il est beau! Quelle catastrophe!

Il me plaisait tant autrefois, je n'ai plus voulu, je l'ai mis sur scène en inadapté, en maladroit.
Qu'est-ce qui s'est donc passé?
Je le scrute, il attend, ironique et intéressé par ce que je vais découvrir. Vais-je le découvrir?

Ah oui, je vois, il a mangé Don Juan et Sganarelle, ses deux compagnons de scène, il est porté par la vie, plein de leurs appétits.
Quel mélange!

Quand Braise a rencontré Dracula dans le couloir de l'Appartement, elle n'a pas été séduite, non, qui séduira Braise au premier coup d'œil n'est pas encore né, mais elle a été surprise, puis touchée.
Son souffle s'est arrêté quelques secondes pendant qu'elle pensait:

- Oh! Comme il a changé, (car tout comme moi elle l'a connu enfant) et: comme il me plaît! 

Elle a dit aussi

- Dracula, qui l'eût cru.

et lui, il a répondu: Braise, qui l'eût dit.

Moi je n'y peux rien, Dracula est plus fort que moi.

- N'aie pas peur, me dit Braise, moi aussi je suis plus forte que toi.

Voici venir le grand rôle qu'elle demandait.

21 avril 2010

Pour qui sont ces serpents?

Braise

Oh Marité, comme tu es rugueuse! Je ne serais que représentation? Je ne me satisferais que de la lumière, et de l'amour du public.

Comme tes mots sont pointus, comme tes regards sont aigus, comme tu as de grandes dents!

Je suis ta part qui brûle, tu ne peux pas me pardonner d'être encore là?

Et quand bien même très chère, tu ne saurais où est mon bonheur et partant ne pourrais me le donner avec certitude, quand bien même, chérie, il me faudrait le privé et le public, pourquoi ne pas m'offrir les deux?

N'oublies pas que tu peux tout.

Alors oui, je me demande pourquoi moi qui peux tout pour Braise, j'hésite à le lui offrir, puisqu'elle est capable de tout vivre, jusqu'à l'héroïque.

Qu'est ce que ça me coûte?


20 avril 2010

Qu'ai-je fait? Que dois-je faire encore?

Marité

Braise ne peut pas venir souvent ici, elle prend trop de place, elle m'étoufferait ou bien c'est moi qui l'ait reléguée dans ce rôle de flamme lointaine?

Qu'est-ce que ce serait pour toi, Braise, un bonheur de papier?

Un beau rôle, un personnage qui  t'offrirait l'occasion de mettre au dehors ton humanité, ta subtilité, ton passé et ton présent réunis dans l'instant magique?

Une conjonction merveilleuse qui cristalliserait sur une scène un être humain exceptionnel, le regard du public ferait de ce moment une éternité?

Est-ce que si j'éclairais ta vie par l'intérieur, par le miracle d'un amour partagé, tu trouverais que je t'ai ouvert une porte vers le bonheur?

Est-ce que tu peux être heureuse en secret, Braise? Sans public?

Braise est une part de moi qui ne s'éteint pas.


20 avril 2010

Un bonheur en papier

Braise

Qu'est-ce que je lis!? Des scénarios à la demande, une page d'écriture et hop Le BONHEUR!
Ah oui! Oui...

Bonjour, donc,


Je suis Thérèse Zukolowsky, dite Braise, la sœur de Rachel (et d'un Albert qui ne s'est pas encore montré ici...). Je viens des Voies Obscures mais ça fait bien longtemps que je prends les voies d'échappement, je suis comédienne, j'habite bien d'autres lieux.
J'ai vécu dans quelques tragédies, en Hermione, en Camille, chez Marivaux aussi, un peu de Shakespeare, Brecht, Bernhard etc....


Depuis quelques années, j'aborde aux grands territoires, Phèdre, Nora, Elvire, et les autres.
Et bien sûr, je réside régulièrement dans la "modernité" comme disent auteurs et réalisateurs.

- Tu comprends, c'est une femme  quittée pour une plus jeune, elle psychote, pour se venger elle monte les enfants contre le père,  elle déménage à l'étranger, il ne peut plus les voir.
Tu comprends le personnage?

- Ben oui, c'est Médée.

Et deux fois sur trois j'entends, Médée? Non, c'est Laurence, Marielle ou Pascale.

Mais quand même, Marité de Vos K. auteur moderne, si vous aviez envie de m'offrir à moi aussi, le bonheur d'une histoire et d'une scène, allez-y!

Je suis jalouse d'Alice, un Albert, un patio, du champagne au frais. Et j'adore le Ruinart!

Ah là là, si ce blog était connu, j'en recevrais une caisse en remerciement!
Ah mais non, tant qu'à rêver, j'en recevrais dix!

Tchao! Tchao! C'était Braise, Braise...

Publicité
<< < 1 2 3 4
Marité de Vos K
  • Ce blog reçoit les GENS DE L'APPARTEMENT, qui arrivent tout droit des manuscrits où ils sont nés. Les textes d'où ils viennent seront mis en ligne dès que les aspects techniques de leur diffusion seront réglés.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité