Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Marité de Vos K
frederic
7 juin 2010

La Bonne Maison

Marité

Tu te souviens, Frédéric, de la Bonne Maison? Ce restaurant qu'on allait monter à Rennes quand tu sortirais de cette saloperie de cancer du pancréas? Tu t'en souviens?

Et des menus qu'on a établi tous les jours que tu étais à l'hôpital?

Y avait des frites maison, ça nous rappelait les frites à la graisse de cheval que faisaient papa et maman?
Tu te souviens?

Tu te souviens qu'on était belges et on ne le savait pas, on mangeait des frites à la graisse de cheval, du cheval, des crêpes à la bière, on s'appelait de Vos mais on ne savait pas qu'on était belges, le grand-père de notre père était né en Belgique.

Le restaurant, on l'a bien préparé, les plats étaient choisis, le lieu, et comment on travaillerait.

On aurait acheté une maison en ville, on habiterait les étages, on aurait fait restaurant au rez de chaussée, on aurait un jardin derrière, avec une terrasse, et après la terrasse, le potager, les arbres fruitiers, les salades, les herbes.

On allait faire des pois gourmands, des capucines pour nos salades de toutes les couleurs, des fruits rouges, de la coriandre.

Tu te souviens des graines vertes, juteuses, de la coriandre fraîche après que les fleurs ont fané? On les mettrait dans le lapin sauté, en hiver, avec des tomates séchées.

Tu te souviens de la vie?
Hein, dis, tu t'en souviens?

Moi je suis là.
Et tu me manques.

 

Publicité
7 mai 2010

Intempéries intempestives

Marité

Quand il est mort, les avions tombaient, les bateaux coulaient, les trains déraillaient.

Voilà qu'aujourd'hui c'est le temps qui déraille, suivant une voie erratique, je ne veux pas le voir, je ne veux pas l'entendre.

Moi je monte dans les avions, dans les trains, dans les bateaux, je mets dans la valise des robes légères et des t-shirts sans manches parce que je vais en Provence.

J'y suis, j'ai froid.

Frédéric insiste, il me dit de toutes ces façons:

- Tu n'as pas fini le travail, tu as ce manuscrit à terminer.

Et je persiste à ne pas le faire.

Quand il sera sorti de mes tiroirs, là où nichent les polichinelles, il ne m'appartiendra plus. Hors de l'asile de l'Appartement, je serai bien obligée d'admettre que mon frère n'est plus là.

Avarice, rétention, refus de la réalité, appelez-ça comme vous voudrez, mon frère est Là tant que je le porte, la réalité je m'en fous, le vrai tabou, c'est la mort...

Quoi? Inceste? Qui dit ça? C'est moi, oh là, c'est moi qui cause ici! Pour dire ça...

pff, morale, règles, modes d'emplois, si quelqu'un sait quoi que ce soit sur l'inadmissible et comment ne pas l'admettre, je dis Bienvenue! Bienvenue à La Fabrique!

15 mars 2010

Jean Ferrat est mort aussi.

Frédéric

Je ne devrais rien raconter  de  personnel avant de m'être présenté officiellement au Blog, tant pis.

Au début des années 60, on était une bande dans une cité d'urgence,  des gosses de pauvres comme tout le monde aux Emouleuses, à Créteil.             

A la maison on écoutait Brassens, Brel, Ferrat, Colette Deréal, Aznavour, Piaf, Bourvil...

Quand Ferrat a sorti Ma Môme, elle joue pas les starlettes, elle porte pas des lunettes, de soleil... on a d'abord été sidérés parce qu'il parlait de nous, elle travaille en usine, à Créteil!

Ce qu'on a été épatés d'exister!

On est allés aux infos, c'était quoi cette usine, à Créteil, où sa môme travaillait, hein!? On voulait guetter la môme de Ferrat à la sortie, celle qu'aurait pas de lunettes de soleil et qui serait belle quand même.
On a trouvé, ça nous a fait mourir de rire, on avait 6, 8, 10 ans, on était des mômes (nous aussi), il y avait bien une usine, à Créteil, qui fabriquait des thermomètres!
Ah! Ah! Ah! Quelle rigolade, sa môme, elle était mannequin chez thermomètre! Ferrat il était amoureux de Miss Mercure.

C'est ça aussi, Ferrat, les tranches de rigolade des gosses, pas seulement le chanteur, le bon gars, avec une voix qui nous faisait comprendre que la lutte des classes, c'était pour nous, et plein la gueule.

Je ne sais même pas si cette usine a vraiment existé ou si c'est une invention d'un plus malin que nous.

Moi je suis mort, Jean Ferrat est mort aussi. A quoi bon.

9 mars 2010

Codes et matricules

Frédéric

C'est étrange, il faut un code pour parler sans se voir?

J'ai d'abord eu une réaction d'humeur, non alors, les codes, les numéros, les droits d'accès, fini pour moi mais je ne suis pas en position de faire le difficile,  alors oui, je vais accepter le progrès pour exister par ici.

Tu devais laisser la machine allumée? Qu'est-ce qui s'est passé, tu as oublié de me laisser l'accès.
Je ne maîtrise pas mes incursions chez Vous, il faut la conjonction de certaines circonstances que pour diverses raisons je ne peux pas t'énumérer.
Le Blog est finalement une bénédiction, mais pour ce que j'en comprends, tous pourront lire ce que je n'écris qu'à toi?

Il y a encore cinq ans, je n'aurais pas supporté cette contrainte,  c'est à ce genre de signes que je sais que je ne suis plus celui d'avant.
Je suis dans un drôle d'état tu sais,difficile à définir, immatériel disent certains, mais mes doigts sur ton clavier tapent des mots, je suis mort et je dis je suis.

Tu es peut-être, Marité, la responsable de cet événement, parce que tu m'as installé dans Bienvenue à la Fabrique.
D'ailleurs, si tu pouvais finir ce manuscrit, ce serait bien, je voudrais savoir si à la fin...

Publicité
<< < 1 2
Marité de Vos K
  • Ce blog reçoit les GENS DE L'APPARTEMENT, qui arrivent tout droit des manuscrits où ils sont nés. Les textes d'où ils viennent seront mis en ligne dès que les aspects techniques de leur diffusion seront réglés.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité