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Marité de Vos K
les gens de l'appartement
1 avril 2014

Je ne suis plus comédienne je suis commissaire de police

- L'Orient Express, il passait dans le golfe persique, dit Le Personnage Sans Nom, accoudé au comptoir chez Nono.

Nono s'en fiche du golfe persique, il lui dit ça,

- J'm'en fiche pas mal du golfe persique.

- T'as tort dit Troudup, le persique c'est bon dans les carottes râpées.

Moi, j'avais dit que j'y serais et bien j'y suis. Au moment de remettre l'ouvrage sur le métier, au moment juste où je suis quasiment presque prête à reprendre L'Apocatastase, voilà donc pas que je réalise que mes personnages ne sont plus dedans ?

Ils sont partis faire un tour, j'avais laissé ouverte la porte du manuscrit, ils se sont tous précipités dans L'Appartement et je dois battre le rappel.

Troudup, Fabiola, melle de Lhéry, Nono, Laprune, Chauze, Espérandieu, Phouettard, Louka, et tous les autres encore, et Bondiou, et Misère, jusqu'au substitut du procureur que je dois aller chercher.

Certains ont changé de noms, certains ont changé de vies, et tous, tous, ils ont continué à vivre et sont devenus plus costauds que moi.

Allez, Ho ! Ho ! Holà, tous, retour à la maison, c'est La Taulière qui vous le dit, Marité de Vos K est de retour.

Et bien sûr ils reviennent, pour reprendre le cours de leurs vies, là où elle est née, mais moi, j'ai un fichu trac.

D'ailleurs, d'où est-ce que je sors cette expression de scribouilleuse ? (et scribouilleuse, d'où je prends ça ?) Fichu trac, pourquoi pas mince de trouille ?

Ils reviennent dans l'instant où je les appelle et moi, je traîne les pieds sous prétexte que j'ai vaguement la nausée, le vertige, oui, le trac, avant de m'envoler.

Attachez vos ceintures, éteignez vos portables, les issues de secours sont situées à droite et à gauche de mon cerveau reptilien, elles donnent toutes sur L'Appartement, et sur le vide nourrissant de l'espace libre. A tout moment vous pourrez vous y réfugier (tu parles, comme si j'allais les laisser faire).

Et hop, ça y est, le tapis volant vient de décoller...

 

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29 décembre 2012

Quoi ? Hein ?

- Y a quelqu'un ?

- Y a personne ?

- C'est qui ? Hein ?

Bizarre, se dit le Passant, on dirait qu'il n'y a personne, moi, je dirais y a personne, et pourtant, ça ne sent pas le vide, ça ne sonne pas le creux et je jurerais voir quelqu'un là, en face.

- Eh ben oui, eh Crétin, c'est toi que tu vois ! C'est toi dans le reflet de l'écran, ah la truffe, non mais j'te jure, y en a des copieux !

- Bonjour, dit le Passant, bonjour monsieur Troudup.

Et Troudup en reste coi, qui est ce type sorti de nulle part et qui connait son nom ?

- Qu'est-ce que se passe-t-il ? se demande Troudup dans cet espace très large, très large de son cerveau, son for intérieur qui lui offre une vaste étendue de vide où pourtant il ne se sent jamais seul, lui non plus.

- Ah! J'éclate, dit Troudup, c'est ça, j'm'y sens pas seul parce que j'y suis plusieurs! Le Passant c'est moi ?!

J'avais oublié, moi, que mes personnages perçoivent dans le même temps que moi ce que je pense.

- Vous avez raison Troudup, le Passant, c'est un vous.

- C'est un moi ?! Bonjour moi, dit Troudup au Passant. Comment tu vas mon pote ?

- Ben ça va mieux se répond le Passant tout en se fondant en Troudup, je ne savais pas qui j'étais.

- Et moi donc, réponds Troudup, depuis l'temps que la Patronne nous a laissé tomber, chavais pu qui j'étais moi non plus. A force de pas exister on perd substance.

- Nous en sommes tous là, réponds-je à Troudup, être ou ne pas être. 

- Pas besoin de Shakespeare, dit Paulette Dosltein, soyons ce que nous sommes au moment où nous sommes, ce sera suffisant.

- Ah merde et pute, la v'là qui refout tout en l'air, j'avais presque été là et j'm'y r'trouve plus!

- Vous êtes là, Troudup, pas de doute. Je vous vois, vous m'entendez, non ?

- Ben oui, c'te question. Ah oui, ça y est, la Patronne est de retour! Quand le chat n'est pas là les souris dansent, mais sans Taulière, on a plus assez de vie pour exister.

- Bienvenue, dit Braise.

- Il était plus que temps,  ajoute Marianne, j'étais presque effacée.

- Et ce n'est pas peu dire, approuvent Berman et Ragazzi.

Oui, oui, oui, ils bruissent, soupirent et se réjouissent, ils accourent, tous: les Fred, la Suzanne, le père Phouettard, Corinne, Dracula, les Souche, Tristan, Gorgiette, Ünternix, Droopy, et  le Bougnat pas encore investi, ils affluent pour m'enlacer, me féliciter, m'encourager à exister pour qu'ils retrouvent une place dans le monde. Il vient même des inattendus, qui n'habitent pas l'Appartement, j'aperçois Sarah, j'aperçois le père de François et d'autres que je ne reconnais pas. le monde revient.

- Ouvrez la fenêtre ! Ouvrez la porte ! Ouvrez quelque chose, qu'on puisse respirer !

- OK :

"    

 

4 juin 2012

Allez hop, au charbon !

Ils sont venus, ils sont tous là. Il y a même un frère de Dracula dont nous ignorions, lui compris, l'existence. Il est tout petit, il lui manque les dents de devant, et il se nourrit encore de bouillies de cerises au piment d'espelette. 

- Bref ! Bref ! hurle l'assemblée réunie dans la très grande salle où ils sont pressés les uns contre les autres.

- Oui, bref, coupe Marie Téka, je suis mandatée par Les Gens de l'Appartement, en tant que représentante la plus crédible de l'autorité romanesque, donc, moi, j'annonce le retour officiel de La Taulière.

- Et tous, dit Braise, oui tous, même les inconnus, les figurants, les pas encore nés, tous, se joignent à moi pour dire:

- Bienvenue! Bienvenue à La Taulière!

- Et surtout, ajoute Dracula, remettez-vous sérieusement au boulot.

- C'est vrai ça, dit Troudup, des mois qu'on est sans rien boire, sans manger ni rien, sans boire et sans boire, des mois qu'on attend.

- Euh... réponds-je, concise. Leur attente me donne le trac, alors je me retire un peu, je prends mon élan et j'annonce:  demain, demain, je retourne au charbon.

Certains se plaindraient de ma réponse s'ils ne craignaient mes humeurs, car il ne tient qu'à moi de leur faire vivre bonheur, malheur, et surtout, pour Troudup, abstinence.

- Tu te berlures, La Taulière dit le type en bleu, tu écris et nous, on fait c'qu'on veut.


29 février 2012

We need le Ça-Qui-Pousse

Le Ça-Qui-Pousse a disparu.

- Mais où est-il ? demande La Taulière.

- Il n'est pas en fuite dit Dolstein, il a simplement échappé à notre attention.

- Mais où ? Comment ?

- Dans le déménagement il a pu s'affoler dit Dracula, tout en s'aiguisant les canines en prévision du printemps qui s'annonce.

- Oh ! dit La Taulière un tantinet dramatique (moi je trouve qu'elle en fait juste presque trop, mais enfin, moi, je ne suis que N. le Narrateur anonyme). Oh ! donc dit-elle, pas lui !

L'affaire est d'importance, le Ça-Qui-Pousse n'est pas une chignole, le Ça-Qui-Pousse n'est pas un vilebrequin ni un Ça-Qui-Pousse: le Ça-Qui-Pousse est Le Ça-Qui-Pousse, Le Grand Ça-Qui-Pousse, le Seul Ça-Qui-Pousse.

- Sans lui, pense La Taulière, sans lui, je ne saurais poursuivre.

- We don't need a hero, hurlechante Tina Turner, we don't need a hero, we need le Ça-Qui-Pousse.

- Poursuivre quoi disent en choeur Les Gens de l'Appartement, poursuivre quoi ?

Et c'est le silence qui répond.

Mais quand même enfin quoi et alors enfin ? Poursuivre quoi, c'est vrai quoi, mince, poursuivre quoi ?


29 janvier 2012

Un, deux...treize, cinquante-trois, quatre-vingt-dix--sept...

- Kévin Hyckse.

- Hein ?

- Je suis Le Recenseur.

- Ah oui, je lui tends la feuille couverte de signes. C'était un peu juste je lui dis, parce qu'il y a du monde ici.

- Fallait me dire, j'ai des fiches annexes.

- Oh alors, il faut peut-être recommencer.

- Oui, qu'il dit, faut tout refaire au propre, je ne peux pas rendre ça.

La feuille est illisible, on dirait une écorce desséchée, mais j'avais mis tout le monde il me semble.

- Ah oui, dit une voix inconnue, et moi, hein, j'y suis ?

Ça dépend, je réponds, vous êtes qui ?

- Oh mère ingrate, oh la vache, renier sa créature à la première rencontre, putain, merde, c'est pas bien.

- Troudup a un fils ?

- Hein ? Quoi ? J'ai rien fait dit Troudup, il parle en dormant.

- Je suis Mandrake, dit l'inconnu.

-  Ah oui, Mandrake. Vous êtes gonflé ! Je ne vous ai même pas encore écrit, faut pas exagérer, attendez d'exister avant de vous plaindre.

Il se trouve que Mandrake est prévu dans Bourg-Les-Nains, un manuscrit presque bientôt terminé, mais enfin, pas encore.

- Ben c'est qui alors, s'il n'existe pas, demande Kévin Le Recenseur, c'est qui le type-là que vous dites qu'il est pas encore là ? J'y comprends rien moi.

- Et moi alors, dit un drôle de corps à l'accent slave.

Il parle mal mais il a du mérite, étant donné qu'il n'a pas de tête, à faire valoir son existence.

Il lui manque aussi un bras ou deux mais ce n'est pas ce qui gêne le plus pour parler. Lui aussi il arrive de Bourg-Les-Nains.

Je crois qu'il est temps de finir leur histoire, ça déborde.

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23 décembre 2011

Crise de loose

- I beg your pardon, but i was before you.

- Oh, là, là, i beg too, euh, two ? Or to. Bref, j'm'en fous qu't'était là avant moi, de toute façon, on fait pas la queue.

- Coupez ! Coupez ! Putain Troudup, apprends ton texte !

- Mais c'est un texte de merde, caisse tu veux que j'y foutasse !

Atmosphère, atmosphère. L'Appartement tâte de la VO. L'idée est partie de je ne sais où, personne en s'en vante, de faire un clip pour l'étranger alors ils tentent l'anglais.

- Ce n'est pas tout à fait ça, rectifie Paulette Dolstein, la chose est fondée sur le projet de voyager à Noël.

- Comme tout le monde, dit Fabienne Berman.

- Nous, dit Alice, Albert et moi, nous ne voulons pas du tout voyager.

- Nous sommes très bien chez nous, dit Myrtille Souche.

- Absolument, dit Troudup.

Moi je suis très inquiète, voilà que Troudup et la Myrtille ne savent plus parler leur langue, la traduction les aseptise.

- Pas la traduction, dit Dolstein, c'est le traducteur qui fait défaut ici.

- Moi, dis-je, moi ? Je fais défaut ?

- Vous n'êtes pas maître de tout, répond Dolstein.

- Mais c'est moi qui traduis.

- Si c'est ce que vous croyez, dit Dracula, il ne fallait pas nous donner de libre arbitre.

- Ils sont possédés par l'Anglische, dit Braise, il faut les exorciser.

- L'Anglische ? L'Anglische ? entonne le choeur de tous les gens de l'Appartement, surpris par l'incursion d'un nouveau.

- Je le connais l'Anglische, dit Robert Dieu, c'est le fantôme rémanent de tous les cours de lycée, le reste ectoplasmique de la figure du Wall Street English. On ne torture pas impunément les mots, mêmes étrangers, ils se vengent, L'Anglische est leur Golem. Je ne crois pas à  l'exorcisme, je préconise un repas à la française.

- Dinde aux marrons ? Foie gras ? Huitres, bûche ? propose Fabienne Berman.

- Je vous trouve bien prosaïque Fabienne, dit Bruno Ragazzi, ce n'est pas normal, vous n'êtes pas toujours originale, mais là... Ah oui ! C'est l'effet Anglische !

- Non,  répond Robert Dieu, camembert barraqué, bourgogne ou bordeaux, de la gnôle de contrebande (la gnôle pascale), des noix, des pommes, des chataignes au feu de bois, du pain au levain, une omelette aux cèpes. Et du riz au lait.

Ça ne suffira pas, je médite une opération de sauvetage pour les gens de L'Appartement, un jeu de rôle pour les remettre dans leurs vies, et pour effacer la tentative de clip, un tournage à la française, avec Pierrot aux projecteurs, Michel aux dialogues, Carette et Carmet en parrain de Troudup, Arletty pour Louka, la mère Sardou pour Myrtille ...

- Et tout à lavement, dit Bérurier Alexandre venu en urgence depuis San Antonio.

Moi je dis merci à Frédéric Dard, dans ces circonstances, Bérurier est un allié de poids.

- Oh my God, dit l'ectoplasme, you are so desesperating, you are so horrible, bleah on you! You are so... so... so French !

- Ta gueule L'Anglische !

Ouf. Troudup est guéri.

 

1 décembre 2011

Le Marché éclairant Le Progrès

C'est une fresque trouvée dans une grotte sous marine. On a pu la dater grâce à ses pigments très épais.

Leur matière est très riche en minéraux et éléments indégradables, les matériaux nucléaires notamment sont très présents, il s'agit sans aucun doute de la période qui va des années 1950 à 2050.

L'assemblée frémit, c'est un siècle dont il ne reste que très peu de traces, une découverte de cette ampleur est  un évènement unique.

A la base de la paroi qui porte la fresque, une séquence sémantique est inscrite: Le Marché éclairant Le Progrès.

L'orateur sourit et se tait, il n'a plus rien à dire.

L'assemblée est perplexe, le silence s'installe pour longtemps, Marché, éclairant, Progrès, quel peut être le sens de ces signes ?

Ceux de l'Appartement ricanent. Pas tous en réalité, Ceux-qui-savent ricanent, ça fait pas mal de monde. Je réalise à l'instant que la majorité de mes personnages sont des sachants.

Je suis bien embêtée, tous mes personnages sont plus intelligents que moi. Ils me disent tous: ça t'apprendra, bien fait pour toi, pour qui tu te prends.

- Alors quoi, je leur dis, mon histoire ne vaut rien parce que d'autres ont eu des idées avant moi ?

- C'est pas la question, répond Chauze, le légiste de l'Apocatastase.

- La question, dit Mani, c'est que La Planète des Singes, 1984, c'est très, très bon.

- La question, dit le pape aveugle (il vient du même manuscrit que Mani, il ressemble à l'acteur Michel Robin et Mani à Sami Frey vers trente ans), la question c'est de faire autre chose.

- C'est ça dit Troudup, c'est ça !

- C'est ça quoi, je lui réponds, c'est ça quoi , vous les avez lus ?

- Nan, qu'i dit le Troudup, j'ai vu les dessins animés, c'est vachement bien.

Pff, je me dis, c'est vraiment dur de vivre avec eux tous. Mani et le pape viennent du moyen âge, ils découvrent tout juste dans "Mani" que la terre tourne. Qu'ils aient pu lire 1984, et La Planète des Singes, c'est une distorsion temporelle inadmissible,  et qu'ils me reprochent de venir après Orwell et Pierre Boulle, c'est de la grande mauvaise foi, merdalors.

-  A propos de mauvaise foi, dit Dolstein, n'oubliez pas que c'est vous qui avez fait les règles.

Ah oui, je les ai faites, moi je les pense et vous les vivez. Je ne contrôle pas grand chose, le seul paramètre que je maîtrise c'est la naissance des nouveaux occupants. Et encore, les personnages évoluent sans moi, je n'avais pas prévu que Troudup  devinsse (tiens, prends ça) intelligent, à sa manière. (Sans compter ceux qu'ils pourraient ramener mais ils ne l'ont pas encore fait, fermez la parenthèse s'il vous plait, je préfère qu'ils ne lisent pas ça)

Michel Troudy alias Troudup était un archétype du con mais dès qu'il a eu la liberté de ses actes et de ses pensées, grâce à l'Appartement, il s'est mis à penser son existence. Heureusement que les manuscrits sont bouclés sinon, il pourrait s'échapper de son personnage et mes livres se déferaient tout seuls.

Au fait, la grotte sous-marine, ce n'est pas une grotte sous-marine, c'est le un pour cent culturel d'une entreprise du CAC 40 (qu'est-ce que ça peut bien pouvoir dire ces signes ?). La fresque couvre tous les murs du hall du siège social rue Simon-Crubellier à Paris. Rachel Zukolowsky, qui vit dans "Des Voies Obscures", traduit des modes d'emploi pour cette Société Anonyme.

C'est pas de ma faute si ça existe, ça existe et c'est tout, je ne suis pas responsable de l'invention du monde, c'était déjà là.

 

27 octobre 2011

Absence de l'inconnu

Mais il est là, et me regarde dans la glace. A mon insu le Néant m'a ... Il m'a quoi je ne sais pas, il rôde et si dans le miroir j'ai dérobé sa vue, c'était sans savoir.

- Oh là là, gnagna et gna, dit Astrid. Pourtant elle est astrosensible. Elle pourrait admettre l'étrange antagonisme de l'absence.

- Euh là c't'affaire, enchaîne la Myrtille Souche, associée pour la première fois il me semble à Astrid Tayeurt. Elle a raison la femme au docteur, ça suffit avec la met-ta-physique.

- Eh bien oui, dit à son tour Alice.  N'est-ce pas Albert ?

- En effet, complètement, c'est clair, dit Albert que je ne parviens pas à typer. Il ne m'intéresse pas ce bonhomme,  Alice l'a suscité et je ne sais d'où il vient.

Alice blémit, elle se tourne vers moi pour chuchotter, furieuse, qu'il vient de son désir.

Pour une qui renie la métaphysique, je la trouve bien versée dans l'abscons.

Les Celles-qui demandent du concret, je veux bien, le concret est éphémère, en veux-tu, le voilà:

- Ce matin, du marché j'ai rapporté six artichauds, douze oeufs, une scarole, sept grosses pommes, deux fois cinq avocats, pas douze sardines à griller, pas une araignée à court-bouillir, pas trois joues de boeuf à dauber, pas un poulet à rotir.

- Ah mais non ! pas de conceptualisation indirecte, on n'est pas complètement idiotes ! Alice s'insurge, Astrid la soutient et Myrtille est dans l'incertitude (est-elle idiote ?).

- Qu'est-ce qui vous prend, c'est le coming out des personnages en quête de non auteur ?  Allez-y, hein, faites à votre idée.

- Chaque fois que je pense, dit Braise, je me demande si ça vient de moi. On ne sait pas où on existe !

- Quand vous avez raté votre sortie, dit Dracula, entre Zist et  Zest, nous nous sommes atomisés.

Tiens donc, Dracula n'ose pas articuler les frontières, est-ce pudeur de vampire ou tabou religieux ?

- Entre vie et mort, je n'étais nulle part, comme vous il me semble.

- Fallait pas nous avoir, dit Myrtille.

- Fallait pas inventer l'Appartement, dit Léon en VO doublé par la voix de Bruno Ragazzi.

C'est surprenant, la voix de Ragazzi donne à Léon une aura virile, il est moin chien, mais Bruno Ragazzi m'est devenu moins homme.

- Stop! stop! crie Alice hors d'elle, on retourne à l'obtus, je préfère la liste des commissions.

- Très bien je dis : les artichauds seront cuits à l'eau, la scarole deviendra salade avec oeufs durs et avocat, et les pommes seront croquées crues en onomatopée.

- Dommage pour le négatif, dit Troudup, moi j'aime la viande.

- Peut-être la semaine prochaine, je dis.

 

27 octobre 2011

Chronique de la Gidouille

Ce grand effort de le dire et c'est Troudup qui le dit que le néant ne produit rien que rien ne sort de lui mais qu'il agit à l'intérieur des êtres que par eux il se crée quelque chose de nouveau de pur de fort et que oui même Troudup même lui devient poète et enfanteur mais ça ne dure pas.

- Ouf ! qu'il dit le Troudup, j'ai eu les jetons, j'ai cru que ça allait durer toujours et putain de putain, la trouille que j'ai eu merde.

Moi je me demandais pourquoi l'aspirateur à néant ne soufflait que dans un sens, comme un trou noir absorbant mais ne rejetant rien, et pourquoi personne n'en était sorti.

Est-ce à croire que dans le néant rien ne vit rien n'habite ? Que l'Appartement n'y a pas son négatif, pas son creux ? Mais il y a quelque chose et il faut chercher quoi.

- Quand même dit Fabienne Berman, que ça soit tombé sur Troudup, ça n'est pas de chance.

- Ou plutôt si, dit Dolstein.

- On a dû en attraper aussi dit Alice, je crois qu'Albert et moi on est enceintes.

 

26 octobre 2011

Où suis-je qui ?

Manifestation cette nuit dans l'Appartement.

- Non, dit l'Inconnu,  c'est un coming out rencontrant un coming in qui a provoqué un choc de pressions.

- Exactement dit le professeur Übernix, basses pressions, hautes pressions, rencontre de flux contraires, réaction épidermiques, agitations, échanges flux, fluides.

- Je ne comprends rien, je leur dis, que pasa ?

-  C'est le bout de néant,  dit Braise, que tu as rapporté du marché samedi dernier.

- Je l'ai jeté.

- Erreur ! Il a giclé en gidouille, il s'est échappé dans l'Appartement. Jusqu'à hier on en a repéré trois éclats.

Cinq fait Dracula avec sa main gauche, doigts écartés, cinq.

Cinq éclats de néant aujourd'hui dans l'Appartement, cachés ou pas, dans les coins, sur les murs, ils se rejoignent, ils se recoupent, Dracula ajoute l'autre main, trois doigts, il y en a huit morceaux, ah non, neuf ! Mince, ça va s'arrêter quand ?

- Le problème dit Frédéric, c'est pas quand, c'est où.

- Pas de panique, lance Carabosse, dans les cas graves, on peut compter sur moi.

Alors, il faut bien que je m'y mette, j'enfile ma robe noire, mon chapeau pointu, mes chaussures à clous, j'empoigne le manche de l'aspirateur de néant et hop, j'enclume, je fouire, j'asparte et j'explane l'Appartement. Un siècle passe et tout est propre, tout est neuf, tout est... mince, tout est vide !

Où sont les meubles, les portes, les miroirs, les tissus ? Où sont les personnages ? Où sont les fenêtres ? Où sont passées mes vies ? Où suis-je qui?

J'ai inversé la mécanique à souffle, tout est parti dans le mauvais sens mais la pompe à rien s'est avalée, plus moyen de faire machine arrière.

- T'inquiètes EtiraM, dit CirédérF, je vais pliquer l'inverseur de rien.

- ????, je  réponds.

A peine je sens l'aspiration de la Grande Ventouse, sitôt j'entends le bruit de La Tornade, et nous sommes emportés dans un vortex de chiffons, de chaises, de vaisselle, toutes les touches de l'ordinateur se sont envolées, s'entrechoquent les mots, des méchants et des bons, des mots de pouvoir et de haine, des mots d'amour et de la poésie.

Tout roule, tout flotte entre deux airs, tout bouscule et tout hurle et stop:     silence brutal. 

Je me retrouve en train de taper sur le clavier, Frédéric est assis sur l'imprimante, Braise ranime Dracula, plat comme une feuille de journal, Alice et Albert sont dans le placard, sur le canapé Troudup serre Léon dans ses bras et tous les autres, Dolstein, Ragazzi, Astrid et Fabiola, Mani, les latin lovers et les trois psy du Petita, Parsinabule, Mandrake et les nains, tous, tous, et tous ceux que j'avais oubliés, Plidec Storma, Antonin et la Chimère, Gentiane, le danseur amputé des deux jambes, et les autres. Tous ils sont là, éparpillés sur le plancher, sur les murs, au plafond, sur les vitres, partout, secoués, défaits mais surtout surpris d'en être revenus.

- Ouf, que je dis, résumant magistralement le sentiment général, je vais faire des pâtes.

Bref, pensé-je en mon for intérieur légèrement effondré, Nous l'ont échappé belle.

 

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Marité de Vos K
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