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Marité de Vos K

23 novembre 2013

Princesse Cocue

4 heures du matin, samedi, jour de marché, Suzanne Troudup finit de se maquiller.

Elle a un peu poussé sur le rouge, un peu aussi sur le vert et pas mal sur le bleu. On peut dire aussi qu'elle n'a pas négligé le rose ni ce fond de teint un peu violet. 

Ce n'est pas sa faute si la couperose lui couvre tout le visage. Les faux-cils toutefois n'étaient peut-être pas indispensables.

Jusque-là elle ne pensait pas à mal, ni à rien d'ailleurs mais elle a vu dans le tri papier une couverture de magazine qui l'a bouleversée.

"Princesse Cocue", ça disait ça, Princesse Cocue.

Ce n'est pas Princesse qui l'a remuée, ni cocue, mais le e à la fin, qui l'alignait dans l'armée des femmes trompées. Et mon Troudup, toujours dehors, la nuit, le jour, pensa-t-elle pour la première fois de sa vie, et le reste du temps aussi.

A l'intérieur le test: "Est-ce qu'il vous trompe ?"

Elle a coché toutes les cases, elle a compté les points, les triangles, les carrés, les ronds, la Vérité est tombée, son Troudup la trompe, c'est dans le journal.

Après le verdict, le conseil, ces magazines, se dit-elle tout haut, c'est pas des tafioles.

"Ranimez la flamme, rallumez la bête en vous, il sera re conquis": L'Antidote.

Elle a ressorti la panoplie de nuit de noces, bas, porte-jarretelles, soutien-gorge à balconnet, parfum, maquillage.

Tout est trop petit, ça n'en est que mieux pense-t-elle, ses chairs opulentes s'échappent et jaillissent comme un geyser finlandais.

De toute façon, son miroir est trop petit, en équilibre sur un tabouret, elle aperçoit des morceaux par-ci par-là.

Elle se fige aux bruits des pas. Léon entre en premier comme d'habitude, il pousse un gémissement en voyant Suzanne Troudy sur le tabouret, Suzanne s'en fiche, Léon c'est qu'un chien, elle attend l'apothéose: Troudup va entrer et la voir là, offerte...

Well, well, well, comment vous dire.. moi, La Patronne, j'ai besoin d'un peu d'élan pour décrire la suite, et aussi du sucre, un peu d'alcool, et un petit cigare peut-être...

 

 

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28 octobre 2013

Ventes à domicile

- Elles manquent à la pelle, on ne les verra pas.

- Ben quoi, Astrid, dit Suzanne Troudy, tu peux pas dire qu'i sont morts et enterrés comme tout le monde ?

- Le dire comme tout le monde ou bien morts comme tout le monde ? Il faudrait préciser, dit Fabiola Nibard.

- Caisse kem fait celle-ci ? Suzanne s'agace. parler, c'est pas compliqué, chacun dit c'qu'i dit et pi c'est tout, merdalors.

Madame Troudy aurait préféré que son mari fut présent, même si elle n'eut point su l'exprimer ainsi. Troudup aurait cloué la conversation dans son trou, mais il est présentement Au petit Renard en train d'échanger des coups avec Nono.

Des coups, des pots, des pots à boire, pas des châtaignes, euh, des uppercuts ni de la poterie. C'est vrai que c'est agaçant. Et Astrid ne songe pas à faire l'appel, elle dit que celles qui manquent manquent en nombre, elles manquent beaucoup.

- Mais de quoi on parle! dit Astrid, c'est une vente à domicile, pas un enterrement. Tout ce que je dis c'est que j'ai invité six personnes et qu'on n'est que trois, la démonstratrice va râler.

Pfff, je me dis à part moi, et bleah et boeuhhh, l'onomatopée au moins, ça purge l'ambigu. Il y a des jours où je ne devrais pas penser avec des mots, au moins ne pas tenter d'en écrire.

- Tiens, dit Astrid surprise, Mademoiselle de Lhéry.

- Bonjour mesdames, dit la demoiselle. Elle est très excitée et traqueuse en même temps, à quatre-vingts ans, c'est sa première fois. 

- On va commencer alors, dit Sylvie, asseyez-vous, et elle enlève le grand carré de velours rouge qui, sur la table, couvrait tous les accessoires du jour. Elle brandit un braquemart en plastique mauve en clamant: Voici L'Objet du mois! Surprises, hein ? J'appuie sur un bouton et ça vibre.

- Ah dit Suzanne, c'est beau l'amour ! 

Oh, mince, dit Mademoiselle de Lhéry en son for intérieur, où il y a beaucoup, beaucoup de mots, je me suis trompée, ce n'est pas la réunion Tupperware, pour ne pas être l'idiote du jour, il faudrait que je dise quelque chose:

-  Vous avez la version pour gauchère ?

 

27 octobre 2013

Toctoc toc toc

- Mais vous venez d'une carrière d'aliéniste, répond Robert Dieu à Dolstein qui fait oui de la tête, et tout de suite après elle dit

- Maintenant que le monde entier est devenu fou, je dirais plutôt que je suis normaliste.

- J'en tomberais de ma chaise si je ne vous connaissais pas assez pour attendre la suite.

- Bien sûr, je ne vise pas à faire entrer tout le monde dans le moule que nos plus gros clients voudraient utiliser. Je pense que chacun porte sa propre norme, trop souvent sans le savoir. Aujourd'hui, je pense que la psychanalyse est la seule clé utile.

- Chacun sa propre norme...

- L'inventer, la découvrir. La psychanalyse ne peut que la dévoiler, entrebâiller les portes verrouillées, c'est tout, c'est beaucoup.

- Et alors, plus de Morale, dit LVMH Le Lecteur Vivace Mais Hors sujet, Sade, Hitler, El Hassad & Co, salut les copains ?

- D'où vous vient l'idée qu'ils aient été ou soient dans leur réelle et propre norme ? dit Dolstein. 

- Prends ça, LVMH, n'oublie pas que tu n'es pas dans l'Appartement, tu es penché au trou de la serrure.  Pour intervenir vraiment, il faudrait que tu sois un personnage. 

- Et alors, dit-il dit-elle, qu'est-ce que je suis en train de faire sinon prendre place dans la distribution ? et LVMH disparaît avant que j'aie su qui il ou elle...

- Et si, poursuit Dolstein, ils avaient raté leur accomplissement dans une de leurs autres voies ?

- Chercher sa liberté, dit Troudup, c'est pas à la portée de tous, alors la trouver... 

- Vous sortez du bois, mon cher, dit Dolstein.

- Bite et cul, lance-t-il, faut équilibrer, qu'il dit, je veux pas qu'on me pique mon rôle de connard alcoolique. Et tiens, chatte et couille, attrape, c'est ma tournée.

Moi ça me troue. L'Appartement est désormais partout, dedans, dehors, dessus, autour.  Troudup fait un coming out et un Quelqu'un, trop vite nommé peut-être, Lecteur, fait un coming in.

Caramba !! ça bouge vite.

 

26 octobre 2013

Yihah!!

- Rien ne s'oppose à l'ennui dit Dolstein, observant sur l'écran géant le sujet Yvan, vaguement morose.

- Rien ? répond Bruno Ragazzi, vous me surprenez.

- Non, rien, dit Fabienne Berman.

Robert Dieu ne dit rien, sa tête occupée pense ailleurs.

Le staff de Transmen Genetiks est réuni dans l'espace opérationnel de L'Usine et moi, Moi, j'y suis aussi.

Bizarre, je me dis, d'habitude, ce sont eux qui viennent, eux qui décident de se présenter au monde en passant par le blog, mais je suis là, dans ce là où ils sont, hors de mon lieu.

- Rien ne s'oppose à l'ennui, je dis, nothing but le débourrage. Aussi doit-on agir, avec l' existentiel lasso l'enlasser, le chevaucher et galoper jusqu'à épuisement. L'ennui alors s'évanouit, laissant place à un espace vide et frais.

- L'ennui dit Dolstein, est un produit remarquable.

- Nous en avons un stock inépuisable, dit Dieu, revenu d'on ne sait où.

- Reste à trouver comment le vendre, dit Berman.

- Et à qui, dit Ragazzi.

- Eh oui, je dis,toujours étonnée d'être mêlée à leur échange, l'ennui, tout le monde en a.

- C'est le mode d'emploi qu'il faut vendre, conclut Dolstein.

- Que s'appellerio Psychanalyse! claironne l'agaçante petite fille de la publicité arrivée à L'Usine sur son cheval d'ennui.

 

20 octobre 2013

Wo es ist ? Hier und da, aber da ist zeyer gitt.

Par la Voie du café, retour de La Patronne, de La taulière, de la Marité de Vos K.

Retour par le jaillissant pouvoir des stimulants.

Café ! Café ! K fée.

- K'a tell fait La Patronne ?

- Où donk  était La Taulière ?

- Et la Marité Kasse kell faisait ?

La Trinité, voilà ce qu'elle cherchait, et ne le savait point, La Trinité !

Et surtout l'Une dans les trois espèces.

L'espèce d'idiote  L'espèce de cruche  L'espèce d'imbécile 

- L pose des questions

- L n'admet pas les réponses

- L boit le lait et le vin des révélations (L n'aime pas le miel, c'est du vomi d'abeille)

Que Vivent désormais dans un seul Corps-Esprit l'Idiote, la Cruche et L'Imbécile! Car ICI Je suis.

- Elle se pose là.

-Mais Elle suit aussi n'est-ce pas. Quant à Moi, j'y reste.

- Où ?

- Sur mon quant à Moi, tiens !

- Euh, ICI, Elle est. Mais Moi aussi j'y suis.

- C'est-à-dire que Je, Elle et Moi, nous y sommes. Là, dans le Là d'ICI.

Amen.

Résumé des épisodes précédents:

   Das soll wohl ein Witz sein!

-    Ja.

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14 août 2013

Mistake de cheval

- My very characters don't go with the wind. They camp here (they portrait themselves, ah!ah!ah !) I'm so hilarious !

- Ah mince! Une crise de langue, que faire? C'est à cause des vacances? La mondialisation attaque The Appartment? Je ne sais pas, je résiste.

- Non, c'est le souffle du vent sous les aspects de courants d'air, qui emporte les paroles, en camouflant sa hargne sous les jupons frangés des éthers

- Diantre ! Encore une attaque, de la poaisie en plus, mince, one more zut 

- Foutregland, bite et couille, kêssyspasse ici ?

- Ah! Troudup, vous me sauvez la mise, merci d'être là.

- T'inquiètes! Taulière de mon coeur, j'vais leur zy montrer aux tripoteurs de langue! Kêssycroivent? What are they glauben ! Ah putain, moi zaussi j'y suis pris. Taïaut! Taïaut! V'là qu'on d'vient internationaux !

- Zu spät, Troudup-san, too late Taulière-sana, ich bin arrivée trop tard, they all sprechen autre chose.

- Arrêtez La Babel! Commencez la rentrée !

Ouf, les voici revenus, ils scandent la chanson du retour, merci les Gens !

 

23 juillet 2013

Concaténation ? Sublimation ? Mélasse !

Dans la chaleur de la canicule nos fluides s'expriment, coulent et se confondent.

Voilà que Ceux de L'Appartement sont liquéfiés, formant lentement des rus irisés, des rivières colorées, des fleuves lourds, des lacs artificiels retenus par des barrages qui vibrent, trémulent et explosent comme un volcan généreux.

Et la mer, et l'océan et le ciel pleins de Tous, ça s'emmêle, ça palpite, ça s'interplace et ça s'agglomère par des liens si fins qu'on ne les voit pas, si puissants qu'ils nouent le monde entier à la cellule unique du Soi, Eux, Nous:  Ceux de L'Appartement.

Bref, j'ai chaud.

12 juillet 2013

Suzanne en Tongs sur Internet

- Un kilomètre à pied, ça use, ça use...

- Et une valse chez Proust, si tu n'as pas de guêtres, c'est impossible, dit Dracula, très élégant, comme d'habitude.

- Comme c'est vrai, dit Braise, très belle en Gilda, robe de soie rouge sombre, longs gants noirs, sa peau blanche, ses cheveux ondulés. Oui, dit-elle, en suivant le regard de Marcel sur ses chaussures à talons très hauts, je ne suis pas raccord avec l'époque,

- Une splendeur, dit Marcel, quelle beauté ces chevilles, cette courbure, le cou de pied décolleté comme par un corset, ces gants-là sur cette peau-là. Il n'a jamais vu ça, il se dit qu'il rêve une femme, il prend des notes.

- Et que seraient mes Nuits dans les Mille et Une, dis-je, si je ne portais pas mes babouches de fin cuir rouge, qui exhalent la fleur d'oranger, la verveine et la pointe du Chanel Numéro 19. 

- Et lire un Harlequin sans tongs ? dit Suzanne Troudy, si vous croyez que c'est facile de marcher dans le sable.

- Et 3 nuances de Gris pour une femme seule, hein! Fabiola est abonnée à un club qui édite des digest. Elle se demande ce qui se passe dans les 47 qui manquent.

Comme à son habitude, Robert Dieu prend note: vendre des chaussures adaptées aux lectures, vendre des lectures adaptées aux chaussures, créer des modèles assortis aux événements, talons brisés modèle tsunami, cuir brûlé modèle canicule, chaussures éponges modèle inondation.

- Pfff, vous ne pourriez pas vous détendre, dit Fabienne Berman, prenez des vacances ! Ou au moins inventez sans contrainte !

- Chaussures tatouées modèle sans contrainte, dit Dieu alors qu'à l'intérieur de sa tête les talons pointus de Braise écrasent délicatement le petit orteil de Marcel Proust recroquevillé dans des mules de brocard. Douleur exquise, la beauté doit être cruelle, dit-il.

 

11 juillet 2013

Odeurs, parfums, plaisir d'essences

Les parfums imprègnent l'air de L'Appartement. Ils sont ailleurs pourtant.

Quelque chose d'eux reste là qui fait lien, comme un arc, comme un pont entre ici et là-bas.

Benjoin, myrte et savon de Pilate.

Encens, fleur d'oranger, et ces huiles parfumées qu'on met dans les cheveux.

Thé, bergamotte, et l'odeur âcre et musquée de la crème que le Diable a donné à Marguerite, mélangée à l'enivrant parfums des sueurs de son corps nu.

Et flottant légèrement par dessus tout, les fumées de papier d'Arménie léchant le liège de la chambre de Marcel P.

Moi je suis en Perse, dans les Nuits, et je suis aussi ici, dans L'Appartement. Je respire tout, j'entends tout, musiques d'Orient, de Russie, musiques de chambre, parfums capitons qui m'enrobent et me protègent, comme une camisole de force douce.

-Eh! Eh! lance Troudup depuis l'hamac, faut pas oublier le pastis, parce que que le pastis, c'est la vie aussi, comme le reste.

Oui, l'anis aussi avec le parfum bizarre des glaçons.

 

10 juillet 2013

Et tout le reste (n')est (que) littérature

- Je suis prête, dit Braise, je suis prête, dépêche-toi, vite, on va rater le début.

- Il n'y a pas de début, dit Dracula, ni début, ni fin, rien à rater.

Et hop, ils s'envolent.

- Bonnes vacances, dit Louise K. dans le vide.

Elle attend son tapis volant pour partir elle aussi.

- Le voilà !

Et hop, envolée.

- Bonnes vacances, je lui lance, et moi aussi j'attrape le rêve qui passe et je pars.

Braise et Dracula sont partis pour La Recherche du Temps Perdu, ils espèrent rencontrer Proust, ils ont choisi l'option manuscrit, avec les paperolles et l'odeur encore prégnante des fumigations de Marcel.

Louise K. part pour Le Maître et Marguerite, une édition ordinaire, ce qui l'intéresse c'est l'histoire, les mots, l'enquête. Est-ce que Ponce Pilate avait cette migraine, est-ce que Le Maître était fou, jusqu'où Marguerite l'aimera-t-elle?

Et moi, pas besoin de réserver, je repars pour Les Mille et une Nuits, Shariar, Shéhérazade et Dinarzade. Je me suis raconté mille et une fois l'histoire, j'y suis allée, j'y suis retournée et pourtant, elle me manque encore.

 

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