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Marité de Vos K
dracula
10 avril 2011

L'Enquête

Louise Kowski, dite Louka, a commencé la recherche.

- Vers une heure du matin, La taulière s'est absentée, j'entre dans sa tête.

J'arrive en plein rêve.

Elle est dans un hall d'aéroport.

Trois hôtesses de l'air barmaid ignorent ostensiblement les clients.

La Taulière râle:

- La Sarthe est réputée pour ses andouilles mais là, vous dépassez le niveau, faut arrêter l'entraînement.

-  Je sens que La Taulière sent ma présence, j'évacue les lieux pour ne pas être repérée. Mes premières conclusions sont que La Taulière est en forme.

- C'est un rêve, dit Braise, il faudrait voir dans le réel.

- Comme si on savait ce qu'c'est le réel, comme si quelqu'un au monde savait ce qu'c'est!

- Écoutez Dosltein, réponds-je, agacée, c'est facile de jouer les Zazie, ce serait plus utile de faire un commentaire sensé.

Dolstein s'en fout,

- J'ai dit ce que j'avais à dire, à vous d'en trouver l'usage.

Là-dessus elle s'évapore, mais, bon, elle a raison, c'est quoi le Réel ? C'est où ?

Troudup, les yeux ronds et injectés d'éclairs rouge vif, répond que c'est moi le flic.

- Allez vous coucher, lui dit Dracula, dégouté.

- M'approche pas, vampire, me touche pas !

- Aucun risque, à l'œil nu vous êtes impropre à la consommation.

Mais Troudup s'envole quand même à grande vitesse vers Batbourg.

- Bref, conclut Louka, même s'il faut confirmer, les premières conclusions sont positives, La Taulière va bien.

- C'est à dire, précise Braise, elle va comme avant.

- Je préfèrerais, dis-je à l'intention de Louise Kowski, que vous cessiez vos incursions dans ma tête.

- Je comprends, répond-elle, mais il faut ce qu'il faut.

- C'est ça, ainsi va la cruche et il ne faut pas ce qu'il ne faut pas, assez de clichés, brisons-là.

- Maintenant, dit Braise, on peut dire qu'elle va bien dans le Réel aussi.

- Alors, je continue à enquêter ou on arrête les frais?

- Continuez, dit Frédéric, mais concentrez-vous sur la réalité au lieu d'explorer ses rêves. Laissez ça aux spécialistes.

- Bravo ! s'exclame Dolstein depuis son lointain, voilà des paroles sensées.

- Ah non ! soupire Louka, c'est quoi la réalité, c'est où ?

- Retournez à la base, dit Frédéric, le bloc opératoire, la dissection aortique, le Signifiant outragé.

- Chercher le coupable, chercher à qui profite le crime, le mobile, les suspects, les alibis. C'est OK pour moi, ça c'est du concret, j'y vais.

- Dis-donc, que je dis à Frédéric, il faut que je meure pour que tu te repointes?

- Ben oui, la vie n'est plus notre seul lieu commun.


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29 décembre 2010

Je n'ai pas le Temps

- Le temps... dit Dracula sur un ton alangui.

A demi allongé sur un divan bas, dans le salon atelier de l'Appartement, il joue vaguement avec un des Issus que je lui enlève, ce ne sont pas des jouets.


Dracula me déçoit.

- La neige en hiver, c'est normal.

Il a l'air tellement fatigué. S'il n'était pas si beau, ses yeux noirs étincelants, ses lèvres pulpeuses, le nez droit, le front clair et ce teint lumineux, jamais blafard malgré qu'il soit mort depuis, depuis...  S'il n'était pas si beau il ferait peine à voir.
Je me demande à quoi il a passé sa nuit, je m'inquiète.

- Et Braise ?

- Braise dort.

Il dit ça avec un sourire stupide qui me rassure. Le sourire fat, le voici. Pour la première fois j'utilise ce mot désuet, mais c'est bien un sourire fat qui enlaidit le bien joli Dracula.

Bon, ils vont bien ces deux-là, ce n'est pas une raison pour lancer des conversations stupides sur le temps qu'il fait.

- Je ne parlais pas de ce temps-là dit Dracula.

J'oublie toujours qu'ils peuvent entendre mes pensées, ça amuse monsieur qui précise,

- Le Temps. Ce soit-disant Temps de la soit-disant Éternité, Saturne, Chronos, la Faucheuse et toute cette mythologie de bazar, mais tout de même le Temps ?

Ah, ce Temps ! C'est moi l'idiote pour le coup.

- Je ne crois pas à son existence, ce n'est qu'une invention contingente. Pour des raisons commerciales, il fallait bien arriver à faire marcher le monde au pas cadencé. Alors, ils ont inventé le Temps, qui passe, pour tout le monde à la même heure. Le Temps qui encadre la vie, il fallait maîtriser ça aussi, un début, une fin, et personne n'est responsable de rien, de la naissance à la mort, c'est le Temps qui impose sa Loi.
Tu parles! Le Temps n'est rien.

Dracula sourit, toute fatigue effacée, je sais ce qu'il pense moi aussi.
Il est la preuve que le Temps n'existe pas. Ce qui existe c'est le sang, c'est Braise, et la vitalité de leur désir poignant et leur amour comme un oiseau palpitant.

Je n'ai pas le Temps, le Temps ne m'a pas


6 décembre 2010

Neuf moi (s) ?

Première fournée de mes jeunes gens, les trois plus clairs.

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Alors que je les regarde, tâchant de voir qui est homme, qui est femme, et comment ils vont s'appeler, Braise contemple rêveusement les autres habitants de K.

- Si tu regardes bien, me dit-elle, tu verras qu'il y a de moi dans Anna-Magna Kowski, la femme de William Kyjouh.

- Forcément il y a de toi, elle est comédienne. Mais ça n'est pas là que je te trouverais, moi.

- Et où donc ?

- Chez les Kypensz. Tsiporah te ressemblerais si elle était une vraie personne, et pas une créature.

- Mais je suis une créature ma chère, regarde, dit Braise avec la voix de Frida, son amie dont le timbre est aussi chaud et vibrant que celui de Delphine Seyrig.

Braise se plante devant moi et dans une profonde respiration elle grandit.
Pleine de beauté et de terreur, s
es yeux brillent, ses cheveux s'enroulent en sifflant sur ses épaules, ses dents semblent aiguisées, Dracula dit ha! ha! Braise le fait taire d'un regard et lance depuis ses ténèbres enluminées:

- Si je ne suis pas une créature, alors que suis-je ?

D'accord, d'accord, Braise aussi est une créature, ce sont tous des créatures mais je me défausse de toute responsabilité.
Je n'y suis pour rien, tout juste puis-je admettre que je sois leur médium.

Ils passent tous par moi et je constate à quel point je ne maîtrise rien.

Mes derniers-nés en sont l'exemple, ils sont neufs, ils portent ces bébés ramassés dans les fossés et les décombres.
(Ils me manifestent ainsi qu'il n'y en a pas assez, d'accord, je leur en ferai encore.)

les_neuf

Mais, voyons, ces neuf-là, il leur manque quelque chose.


C'est la vie qui manque, que je ne sais où prendre. Je dois attendre qu'ils me le disent et alors, oui, je pourrais poser la flamme.

Finalement, ce n'est pas si mal de n'être qu'un truchement, que leur Dieu se débrouille.


8 novembre 2010

Du flan !

- Ouais, ouais, du flan, on veut du flan on en veut tous!

- Ouais, ouais, du flan, du flan ! Du flan maintenant !

Oh ben dis-donc je me dis, qu'est-ce qui se passe donc ici ?

- Il se passe, répond Léon, il se passe que l'automne tourne à l'hiver.

- Oui, renchérit Braise, Dracula la tient par la taille, oui, oui et oui, nous voulons un foyer, du feu dans la cheminée et du flan dans les assiettes.

Et moi je me dis tiens, tiens, voilà que je comprends de nouveau le Léon ?

Je le regarde à la dérobée, en me demandant pourquoi je fais ça à la dérobée, il n'y a rien à voler et personne ne me regarde en biais pour vérifier si je regarde les gens dans le bon sens.
Donc, je jette un œil au Léon et lui, voilà-t-y donc pas qu'il me renvoie un clin d'œil moqueur.

Ah! Je comprends, c'est ce Léon qui dans la vraie réalité de là-maintenant est en vérité Frédéric.

Bon, si j'étais dans un roman normal et pas dans un blog littéraire, je me laisserais aller à écrire : Là-dessus je me suis réveillée et tiens donc, j'étais endormie et tiens donc encore, tout ça n'était qu'un rêve, Braise, Dracula, Léon, moi, et les autres qui sont peut-être tous là, il y a du monde jusque dans le couloir, je ne les vois pas tous, alors peut-être ils sont tous là.

Ils sont tous là donc et je ne dors donc absolument donc point.

Je suis en pleine donkitude, l'ânerie m'anime ? Alors quoi ? Quoi et r'alors quoi?

- Alors, dit Paulette Dolstein, allez donc faire du flan au lieu de métaphysiquer dans le vide.

J'ai mis le lait à chauffer.

- Et n'oublie pas la fleur d'oranger a dit Braise et Dolstein grommelait que tout le monde savait qu'elle ne tolérait pas la fleur d'oranger.

Léon m'a conseillé de faire du flan nature à côté et les commandes ont jailli,

- Chocolat ! Café ! Vanille ! Verveine ! Violette ! Praliné !

Je faisais celle qui était mécontente de toutes ces demandes, n'empêche, ça sentait bon dans l'Appartement et tout le monde était là à attendre son flan préféré.


13 juillet 2010

R'évolutes partent en fumée

Ils sont surexcités par le feu d'artifice.

- Mais il n'y a pas de feu d'artifice ?

Il va y en avoir un, ça suffit à mettre des bulles dans toutes les têtes.

Moi je dis que les bulles dans le cerveau anévrisent.

- Oh, dit quelqu'un (mais qui?), pourquoi rabats-tu la joie ?

Je reconnais la voix, c'est moi qui cause.

Le 13 juillet ici, c'est donc bal, bal, artifices, fêtes et joie populaire.

- Belle occasion, dit Dracula, d'honorer le sang, têtes tranchées, têtes aux bouts des piques, révolution !

- Que oui, dit le Troudup, le peuple souverain s'avance.

Troudup est à jeun, que se passe-t-il ? J'entends le silence de Dolstein car son sourire vient jusqu'à moi, Paulette en Joconde dit comme elle sait faire, sans rien révéler, que Troudup est capable d'être un autre que ce lui-là.

- Qu'est-ce vous croyez, aboie Léon (quoi? Hein? Léon aboie?), que nous resterons tous ce que nous sommes ?

- Non, non, non, dit Astrid Tayeurt, la révolution c'est pour tout le monde.
Les planètes nous engouffrent dans leur mouvement, ça tourne, ça vire et nous changerons tous.

Parce que demain c'est 14 juillet, ils sont tous en suspension, le monde va changer de face, ceux qui ne sont rien seront tout (qu'ils disaient).

Dracula prétend qu'il ne craint plus le jour, Braise est d'accord avec lui, Alice et son Albert ont mis des chapeaux de paille, Marianne est en bain de soleil, Batbourg rutile, les Voies Obscures térébrantent, La Bernique hurle, Noé navigue en pleine lune, Bienvenue à la Fabrique est sur le point d'avoir son Frédéric et l'Appartement presque moi: tous mes pays trépignent.

Rachel Z. traduit le sentiment général, demain est un autre jour.

Je sais d'où vient l'embrouille, l'orage de la nuit a détrempé les rêves, ils sont délavés, lourds de nuages crevés, et depuis ce matin je ne sais pas qui je suis.

Que leurs volontés soient fêtes: Bingo !


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12 juillet 2010

On dirait Marlène et Gabin

- Très cher, dit Braise, très tendue, à la momie qui l'accompagne, vous êtes sûr?

- Oui, répond une voix sourde sous les bandelettes, je veux voir ce que vous voyez.

- Jamais vous ne verrez  ce que je vois.

- Je sors c'est tout.

- Dracula, ce n'est pas prudent.

- En effet,  c'est ainsi que je survis depuis quelques siècles.

- Vraiment, dit Braise, c'est stupide de votre part.

- Non, non, vous aviez raison, je ne sais pas de quoi je parle, je suis confit dans mes habitudes de rapace nocturne. Je vais voir le plein jour et je pourrai juger.

- Je vous le dis encore, c'est un risque inutile.

- Je suis couvert jusqu'aux yeux, jusqu'à des lentilles au cas où je perdrais mes lunettes de soleil.

- Et vous êtes ridicule en homme invisible.

Dracula éclate de rire, la dispute tourne à l'amusette

- Parce que je suis déguisé? Vous voilà bien casanière ? Ridicule ?

Braise le regarde longuement et lui dit de sa voix de tragédienne blessée, celle de Phèdre qui ne veut pas avouer à Œnone qu'elle aime Hippolyte, celle d'Andromaque, cette emmerdeuse, quand elle imprèque sur la tombe d'Hector:

- Très cher, je regrette chaque mot de cet entretien, c'est moi qui suis stupide, et ridicule.
Comme vous je dors le jour, je vis la nuit.
Je vous en prie, quittons ce malentendu, rentrons chez vous.

- Sans que jamais Drakul ne puisse voir le jour?

- Que le jour recommence et que le jour finisse
   Sans que jamais Drakul par le soleil périsse

- Racine pour moi, même massacré, c'est trop d'honneur.

Mais Braise a gagné, ils sont repartis vers la nuit.


11 juillet 2010

Zoophilie

- Vipères, crapauds, canard, dit Albert à Paulette, batraciens, reptiles, anatidé.

-  C'est cela, répond-elle, pas de mammifères.

-  Mais Peau d'Âne ? songe tout haut Albert, dubitatif, parce que l'Âne est sacrifié dès le début du conte.

Albert Zukolowsky est le frère de Braise et Rachel, il réside comme elles dans Les Voies Obscures, et comme Paulette Dolstein il est psychanalyste.

-  Qu'est-ce que c'est que cette histoire de mammifères? dit Braise passionnée par contes et mythes pour la bonne raison qu'elle est comédienne.

Je lui répondrais bien, moi, si je savais quoi, mais je n'ai jamais pensé à "cette histoire de mammifères".

- Chez les grecs, dit Dolstein, ils sont les supports essentiels aux péripéties d'Aphrodite, Zeus, etc. Io devient vache, le Minotaure dévore les vierges...

- Mais Léda, dit Albert

- Oui, sourit Dolstein, amusée car c'est une Lacanienne, c'est un cygne, et un anatidé, comme La Mère l'Oye.

- Mais qui fait des enfants, dit Braise. Et qu'est-ce que vous dites du monstre surgi de la mer pour dévorer Hippolyte sur l'ordre de Thésée ?

- Moi, dit Dracula depuis son recoin obscur car il fait grand jour, je dirais transition du reptilien au mammifère, le poisson sort de l'eau, les nageoires deviennent des pattes, le règne de l'homme commence.

Ils me fatiguent ces quatre-là, aujourd'hui, parce que moi aujourd'hui je voulais parler des vipères, des crapauds et du vilain petit canard, parce que j'espérais Cendrillon.

Je voudrais sa version, le discours de Javotte et Anastasie est sujet à soupçons, car n'est-ce pas, de leurs bouches, a dit la sorcière, ne sortiront que des crapauds et des vipères, alors que de celle de Cendrillon jailliront des perles et des diamants.

A moins que les contes ne se croisent dans l'Appartement, celui des pieds, celui des bouches?

Javotte et Anastasie sont des menteuses, Cendrillon n'est pas une cruche molle.

Albert et Braise Zukolowsky et Paulette Dolstein sont partis déjeuner en ville, et moi je reste avec Dracula endormi dans son placard et mes questions, dont une, qu'est-ce que c'est que cette histoire de mammifères ?

Oh Mamie, oh Mamie Mamie blue, oh Mamie blue, je ne reviendrai plus jamais, dans cette ville que j'aimais, plus jamais près de toi Mamie, oh Mammie

Est-ce qu'elle m'entend seulement, ma Vieille au Bois Dormant ?


7 juillet 2010

Poussière d'écume

Je dormais? Ah oui je dormais puisque quelque chose vient de me réveiller.

C'est une drôle d'impression que d'être ainsi tirée du sommeil en pleine nuit,  pas en sursaut, très doucement au contraire.

Je glisse d'un état dans l'autre, je deviens partie écoutante d'une conversation étouffée.

Dans le noir deux voix chuchotent, deux personnes rient sans faire de bruit, j'entends leurs mains se toucher, le bruit de leurs vêtements. C'est un couple qui bruisse.

- Tu es complètement dingo... en Grèce ?! A cause du ciel et de la lumière de la mer ! Alors qu'on ne sort que la nuit ?

- La nuit, mon amour, porte toutes les lumières, toutes les odeurs, les parfums des hommes, de la mer, des arbres secs. La nuit est le révélateur, on sent tout plus fort, mieux.

- Oh, susurre Braise, moi je veux bien tout croire sur la nuit qui mange le jour, et d'ailleurs, je l'ai déjà vérifié, mais tout de même, la Grèce, qui est est soi-disant le pays du soleil, ne devrait pas te plaire autant ?

- Mon amour, répond Dracula sèchement, je me demande si notre rencontre ne nous rend pas prosaïques et ennuyeux. Si on se déchirait un peu? Qu'en dis-tu?

Braise lui dit c'est une bonne idée en effet.

Et aussi qu'elle veut bien partir dans des nuits de villes, dans les nuits de montagnes, mais que la mer, la mer, non! Elle ne peut l'imaginer sans l'écume, les nuages bougeant dans le vent, sans les gens qui la regardent sans rien comprendre.

- La mer... la mer...

- Quoi la mer ? demande Dracula.

- La mer peut te boire, elle peut nous dissoudre. La mer seule peut nous détruire. De là nous venons, là nous finirons, et certainement pas à la poussière.

Et moi je ne les écoute plus, je rêve. Ah tiens, c'est donc que je dors.


5 juin 2010

Deux trous rouges au côté droit

Braise sort du noir en fredonnant

- Comme un chagrin qui pleure mais c'est du sang qui coule, parce qu'il tombe des hallebardes...  

Et Dracula en écho avec la voix de Nick Cave,

I called her a wild rose but her name was Braise Braise Braise

Je m'inquiète bien sûr,

- Braise! Braise? Qu'est-ce qui se passe?

Elle avance vers moi et je crie

- Tu as deux trous rouges au côté droit!

- Oui, qu'est-ce que tu en penses?

- Je n'en sais rien.

- Regarde, dit-elle en faisant un geste à Dracula, qui reste dans l'ombre.

J'ai fermé les volets mais il fait grand soleil, un baiser de jour lui serait fatal. Il tend un écrin à Braise qui en sort deux boucles d'oreilles, une plus petite que l'autre, des Créoles en or piquetées d'améthystes et d'émeraudes.

- Quelle splendeur!

Dracula répond, très heureux et son bonheur fait peur car il dévoile largement ses canines,

- Mes aïeules les portaient, dont la grande duchesse des Carpates  qui fut une très belle femme. Braise lui ressemble en beaucoup  plus belle, plus vivante, et si chaude.

Je soupire, cette histoire d'amour me fait peur pour Braise, et pour lui aussi après tout.

- Marité, souffle Braise dans un sourire éclatant, nous sommes heureux.

- Pour nous, dit Dracula, la lune de miel c'est l'éternité,  le  jour seul est dangereux.

Et ils sont partis tous les deux, lui, l'aidant à enfiler la seconde créole, plus petite que la première, elle, lui enlaçant la taille de son bras si blanc.

Juste avant qu'ils ne se fondent dans les murs de l'Appartement, elle m'a lancé,

- Souviens-toi, Marité, tu m'as faite femme de nuit!

- C'est vrai. Braise c'est la nuit et elle vient des Voies Obscures.

Et puis, de toute façon, c'est leur vie, je n'y suis plus.


28 avril 2010

Chaud effroi

Marité

C'est arrivé, il a changé.

Son image se dessine comme le sourire du chat d'Alice disparaît, comme la photo nait dans le bac du révélateur.
Il est beau! Quelle catastrophe!

Il me plaisait tant autrefois, je n'ai plus voulu, je l'ai mis sur scène en inadapté, en maladroit.
Qu'est-ce qui s'est donc passé?
Je le scrute, il attend, ironique et intéressé par ce que je vais découvrir. Vais-je le découvrir?

Ah oui, je vois, il a mangé Don Juan et Sganarelle, ses deux compagnons de scène, il est porté par la vie, plein de leurs appétits.
Quel mélange!

Quand Braise a rencontré Dracula dans le couloir de l'Appartement, elle n'a pas été séduite, non, qui séduira Braise au premier coup d'œil n'est pas encore né, mais elle a été surprise, puis touchée.
Son souffle s'est arrêté quelques secondes pendant qu'elle pensait:

- Oh! Comme il a changé, (car tout comme moi elle l'a connu enfant) et: comme il me plaît! 

Elle a dit aussi

- Dracula, qui l'eût cru.

et lui, il a répondu: Braise, qui l'eût dit.

Moi je n'y peux rien, Dracula est plus fort que moi.

- N'aie pas peur, me dit Braise, moi aussi je suis plus forte que toi.

Voici venir le grand rôle qu'elle demandait.

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Marité de Vos K
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