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Marité de Vos K
marite de vos k.
14 mai 2010

Internité

Marité

Mais les brumes envahissent, le monde est ouaté, flouté, débordé de masses denses et informes. La radio ne fonctionne plus, le téléphone est silencieux, l'ordinateur échoué sur le bureau semble rendre ses dernières étincelles, plus de réseaux, les ondes sont figées.

Il fait gris, froid, humide.
Dedans et dehors se confondent, les frontières ont disparu.

Je déplie mes ailes, elles vibrionnent insensiblement puis doucement s'épanouissent autour de ma tête. Dans mon dos je sens la légère douleur enracinée entre les omoplates, comme à chaque fois.

Quoi qu'il arrive, quoi qu'il en soit, je partirai, aspirée par les miens, ceux de l'Appartement, là-bas et ici, ceux de ma lignée, en avant et en arrière.

Le monde a beau se fermer, les volcans  cracher leurs cendres, les vents s'entourbillonner, je pars, moi, transportée dans les énergies puissantes de mes personnes.

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11 mai 2010

La vraie vie

Marité

Pour le dîner, j'ai appelé Alice, j'avais envie de son gâteau au fromage, mais elle n'est pas venue.
Il semble que je sois trop loin de mes bases, moi qui croyais que j'étais mes bases.

J'ai appelé Marianne, elle a décliné, j'ai dû la vexer, je ne sais pas quand.

Rachel Lehmann est toujours là pour moi, mais pas assez expérimentée pour prendre ma place en cuisine.

Frédéric ne se fait jamais prier pour un coup de main en cuisine, mais j'ai trop envie qu'il soit là pour supporter son fantôme.

Je n'ai pas le choix, je vais m'y mettre, avec Felah, Thérèse, Paulette, Esther, Déborah, Aline, Sarah, Catherine, Gisèle et toutes les autres femmes de ma famille qui sont toujours avec moi

Asperges sautées au chorizo fort
Endives citronnées et lamelles de hareng fumé
Beurre de cébettes

Andouillettes au chablis, légumes rôtis à la fleur de thym

Fromages de chèvres d'ici, moelleux, parfums de prairie

Gâteau formidable.

Le gâteau formidable est formidable, Alice ne pourra se priver d'en donner la recette, je pense qu'elle viendra ces jours-ci.
Alice? Pas d'Alice.

Ou Marianne, Marianne viendrait pour offrir une recette.
Marianne?...

Si non, je la donnerai moi-même.

10 mai 2010

Hors monde

Marité

Hors l'Appartement, dans le monde des autres, soleil, lumière, les herbes, les odeurs vivantes, le thym en fleur, les lilas,
nature vibrante, vastes respirations.

En moi l'Appartement trépigne:

- Reviens chez toi. Je suis ton ancrage, ne l'oublie pas, sans moi plus d'asile.

- Je n'oublie pas,  je sais. Tu es mon seul territoire.

Et de me demander de quoi il a peur? Comme si je pouvais devenir habitante de cette planète-là.
Je ne pourrais, non, je ne le pourrais pas.

Et je l'aime, et les gens qui y vivent, je les aime, mes amis, mes compagnons de route, et non, ici je ne pourrais pas vivre.

Quelle étoile dont je suis le plomb m'empêche de respirer l'air tiède de cette Provence et de m'en satisfaire?

Pourquoi l'Appartement?
C'est chez moi, rien, à faire, c'est chez moi.

J'ai transformé le gâteau de Pessah, j'y ai mis l'huile d'olive de l'Aubrespin, fruit de l'olivier et de Fred, mariage ancien, et beaucoup de ciel.
Il a cuit en parfumant l'intérieur d'arômes aussi suaves que ceux du dehors, il refroidit paisiblement.

Je me défends de la paix d'ici, je ne veux être qu'à Ceux de l'Appartement, et mes Issus pour la première fois réclament leur dû.

Les Issus sont mon peuple, nés du manuscrit surnommé AD.

AD, sans aucun doute en fusion organique avec Frédéric et Bienvenue à La Fabrique, et Joseph et la Greffe et Alice, et Louka, Marianne, les Rachel, Hélène, Léah, Hugo, et les Albert, et tous les autres.

Je ne sais par
quelles manœuvres obscures je suis le nœud de leurs existences, sur quelles raisons ils fondent la mienne.

Venue par
une voie térébrante, comment pourrais-je vivre de ciels radieux, de marchés d'épices et de chansons?

7 mai 2010

Intempéries intempestives

Marité

Quand il est mort, les avions tombaient, les bateaux coulaient, les trains déraillaient.

Voilà qu'aujourd'hui c'est le temps qui déraille, suivant une voie erratique, je ne veux pas le voir, je ne veux pas l'entendre.

Moi je monte dans les avions, dans les trains, dans les bateaux, je mets dans la valise des robes légères et des t-shirts sans manches parce que je vais en Provence.

J'y suis, j'ai froid.

Frédéric insiste, il me dit de toutes ces façons:

- Tu n'as pas fini le travail, tu as ce manuscrit à terminer.

Et je persiste à ne pas le faire.

Quand il sera sorti de mes tiroirs, là où nichent les polichinelles, il ne m'appartiendra plus. Hors de l'asile de l'Appartement, je serai bien obligée d'admettre que mon frère n'est plus là.

Avarice, rétention, refus de la réalité, appelez-ça comme vous voudrez, mon frère est Là tant que je le porte, la réalité je m'en fous, le vrai tabou, c'est la mort...

Quoi? Inceste? Qui dit ça? C'est moi, oh là, c'est moi qui cause ici! Pour dire ça...

pff, morale, règles, modes d'emplois, si quelqu'un sait quoi que ce soit sur l'inadmissible et comment ne pas l'admettre, je dis Bienvenue! Bienvenue à La Fabrique!

6 mai 2010

Qui? Quoi? Où?

Marité

En vadrouille dans l'Appartement des autres, ils sont avec moi en bloc.

Compacts, ils se distinguent moins aisément. Où êtes-vous?

J'entends Paulette Dolstein, Denise de Lhéry arriver de loin, les chiens devancent Paulette.

Par là-bas, j'aperçois Troudup, Léon, je vois Marianne occupée à son jardin, le conseil muncipal  en réunion, tout Batbourg au boulot, les nains dans le jardin aux nains, Lapinochio et l'Amigu, sont venus dans ma valise, les Rachel ne sont pas dans mon champ.

Qui encore? ah oui, Joseph se dessine de plus en plus nettement, j'approche du chez lui de l'origine, qui encore? Léah, Hélène, Hélène est toujours là, Alice? non, pas d'Alice, Braise, oui, oui, Braise y est, pas Dracula, et oh là! je me vois moi, en train de taper ce message.

Cette réalité-là prétendrait à plus de vérité que les autres, je lui dis non.

Je suis à Arles, pas plus dans le courant de la vraie vie qu'avec les miens. Une autre réalité c'est tout.

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1 mai 2010

La Dame aux Chiens

Paulette Dolstein

Ah Madame voilà du beau fantasme, il est du pays de celui qui l'a fait! c'est du solide, de l'encadré.
C'est presque satisfaisant de voir à quel point l'invention est rationalisée par la culture et l'éducation.
Pinochio, Cendrillon, Dracula, la modernité s'empare des grands mythes mais n'en a pas encore produit.


- Tout de même
madame Dolstein, dit Louka, je vous trouve gonflée, vous qu'on appelle La Dame aux Chiens, de jouer les chochottes.

- Je ne vois pas que l'avis des Batbourgeois aurait à voir avec l'encadrement des inconscients.

Un feulement qui est un rire, c'est Frida, depuis son loin, qui vient soutenir Louka
- Vos voisins non, mais vos chiens oui.

- Mais oui, dit Dolstein, le mystère des chiens,

et elle rit, c'est rauque, un sanglot, et les grands chiens noirs la suivent, indifférents, hiératiques.

- Je les ai vus, dit Louka, au pied du divan, sous le bureau à vos pieds, devant la porte, gardant la sortie, l'orthodoxie et l'inconscient débordeur du patient allongé.

La Dame aux Chiens, bergère du troupeau et ses auxiliaires à quatre pattes, gardien des ouailles, La Dame aux Chiens s'en fiche, elle est partie.

30 avril 2010

Soupir

Marité

- Quoi?

- Hein?

- Ben oui, quoi?

- Quoi quoi?

- Dracula!

- Quoi Dracula?

- Dracula et toi! Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qui s'est passé? Laisse-moi voir si tu as deux trous rouges au côté droit.

- L'essentiel est invisible pour les yeux.

- Oh ça va, ne me prends pas pour une imbécile. Alors? Alors!

- Il dit tu es mon miroir. Je dis tu es Dracula, et si tu veux tout savoir, je ris! Dracula! Et quoi encore? Satan? Dieu? Il est dingue ce type, c'est tout.

- Je suis déçue.

- Tu as tort, j'adore les dingues.

Oui déçue, je n'en sais pas assez!  Je veux connaître l'histoire, les détails, les mouvements, et là, rien, rien du tout.

Ils me mettent dans la posture de l'écrivain concierge, débusqueuse de ragots, fouilleuse de poubelles.

- Allez quoi, Braise, dis moi quelque chose.

Elle rit.

- Je te préviens, si tu ne dis rien, je te balance dans une autre histoire.

- Mais mas chérie, c'est trop tard.

- Qu'est-ce qui s'est passé?

- Dans ce couloir, là où Celle-qui-crochète a pendu son plaid en formation, son Frankenstein, pour le composer,

00001 je le regarde en face, il me regarde en douce. Voilà où nous en sommes. C'est plein de feu et de respiration, la tension monte...

- Et?

- Et je ris, je montre mes dents, il sourit, il cache les siennes.

Elle s'est arrêtée là, je ne l'ai pas vue partir.

Je suis allée à l'endroit, ce couloir où ils ont été là.

J'ai cherché une trace, leur ombre incrustée sur le mur, rien.

Mais des babouches?

00002Braise! Tu veux jouer Cendrillon?

Vraiment non, Cendrillon et Dracula, c'est ridicule.

Ou bien elles sont à lui, ces chaussures rouges. Ou à n'importe quel passant de l'Appartement.

Peut-être miennes, je suis si désappointée que je ne reconnais plus rien.

Soupir.


29 avril 2010

Alors là, non

Marité

Je m'attendais à la suite de l'histoire Braise Dracula: où ils se sont rencontrés, comment, où ils sont allés et voilà ce que j'ai à la place: Lapinochio!

Amigu_et_lapinochioLapinochio demande à être traité en personnage normal, qui revendique des droits, des accès.
Il dit

- Vous êtes ma Fée Bleue madame de Vos K, vous avez le pouvoir de faire de moi un homme un vrai.

- Mais Lapinochio, tu es un lapin! Un lapin en tissu, rempli de bourre faite de déchets textiles! UN LA-PIN!

Et le machin d'à côté, dont, je ne sais pas ce que c'est

- Je suis un amigurimi madame de Vos K.

Ah! ça parle!

- Et alors, glapit Lapinochio, moi aussi je parle, on n'est pas des bêtes quand même!

Lapinochio, Amigu, je ne sais que faire de vous, je ne connais pas la psychologie des lapins et des amigurimis!


- Justement, répond Lapinochio, et l'Amigu de remuer frénétiquement la tête de haut en bas, transformez-nous en hommes et vous saurez ce qu'on a dans la tête: un cerveau humain.

Un cerveau humain?! Je serais capable de produire un cerveau humain, alors que j'ai du mal avec le mien.

J'ai l'impression qu'il se passe quelque chose d'étrange dans l'Appartement, et que ce Quelque chose cherche à prendre le pouvoir.

- Oh! Oh! Fée Bleue, petite Fée Bleue, fais de nous des humains!

Oh là là !! Alors là...
 

28 avril 2010

Chaud effroi

Marité

C'est arrivé, il a changé.

Son image se dessine comme le sourire du chat d'Alice disparaît, comme la photo nait dans le bac du révélateur.
Il est beau! Quelle catastrophe!

Il me plaisait tant autrefois, je n'ai plus voulu, je l'ai mis sur scène en inadapté, en maladroit.
Qu'est-ce qui s'est donc passé?
Je le scrute, il attend, ironique et intéressé par ce que je vais découvrir. Vais-je le découvrir?

Ah oui, je vois, il a mangé Don Juan et Sganarelle, ses deux compagnons de scène, il est porté par la vie, plein de leurs appétits.
Quel mélange!

Quand Braise a rencontré Dracula dans le couloir de l'Appartement, elle n'a pas été séduite, non, qui séduira Braise au premier coup d'œil n'est pas encore né, mais elle a été surprise, puis touchée.
Son souffle s'est arrêté quelques secondes pendant qu'elle pensait:

- Oh! Comme il a changé, (car tout comme moi elle l'a connu enfant) et: comme il me plaît! 

Elle a dit aussi

- Dracula, qui l'eût cru.

et lui, il a répondu: Braise, qui l'eût dit.

Moi je n'y peux rien, Dracula est plus fort que moi.

- N'aie pas peur, me dit Braise, moi aussi je suis plus forte que toi.

Voici venir le grand rôle qu'elle demandait.

27 avril 2010

Séduire assez

Marité

Ah ce Dracula, je l'avais presque oublié, pourtant, c'est quelqu'un.

Quand j'étais petite, je jouais à lui, j'étais toujours Dracula, jamais les voleurs.
La vie Dracula: manger ou être mangé.

Celui-ci arrive directement de l'enfance.
Le Dracula de la Pomme Maudite était un vampire placide, gourmand, maladroit et toujours démasqué.

- Tiens donc, Dracula en brave homme!

C'est une Rachel qui vient de pointer le bout du nez,  laquelle?

- Celle qui n'a plus peur de rien.

- Ah Rachel Lehman. Pourquoi Dracula vous attire ici?

- J'aime les monstres. Le Golem, Dracula, les dinosaures, les yétis, tout ce que j'aurais voulu sortir de moi pour massacrer tous ces salauds.

- Aimer les monstres, ou bien les séduire pour se mettre à l'abri de leur puissance?

- Disons alors que je n'ai pas été assez séduisante.

J'espère qu'il n'a pas trop changé, maintenant qu'il est dans le sabot, greli grelo.
Qu'est-ce que ça va donner un Dracula embusqué dans les coins obscurs de l'Appartement?

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Marité de Vos K
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