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Marité de Vos K
28 mars 2010

Batbourg

Marianne

Très agaçant, j'ai pensé, ce commentaire de Marité d.
Se moquer d'une recette de sardines est au moins aussi stupide que la déposer si c'est stupide.

Je m'occupe de la maison, de mes enfants, de mon mari, qui est à un séminaire ce soir, mais je serais faite pour m'ennuyer.

Je ne viendrais au Blog que pour satisfaire aux besoins de Marité d., exposer ici sa clairvoyance, sa créativité, son rapport à la vraie vie des vrais Gens de son Appartement.

J'ai dit je m'ennuie comme je dis aux enfants, j'en ai marre, il ne faut pas confondre l'ennui passager d'un soir où rien ne me plait à la télé et Jean-Paul au travail, avec l'Ennui Existentiel.

A Batbourg il y a les relations sociales autour d'un verre d'alcool, le barbecue du week end, les réunions Tupperware, les parents d'élève, l'association des dames, et au milieu de toutes ces activités il semblerait au lecteur que je m'ennuie.

Mais voyez-vous, à Batbourg, je ne m'ennuie pas, je vis la vie que m'a imposée l'auteur (il faudrait une majuscule peut-être, pour satisfaire l'auteur?).

L'auteur se raconte ce qu'elle veut, mais le fait est que j'existe et que bien après qu'elle ait bouclé son manuscrit, je vis et je mange (aussi) des sardines écrasées avec du citron et de l'harissa.

Est-ce que j'ai dit qu'il fallait assez de jus de citron mais pas trop?

Est-ce que j'ai dit qu'on avait intérêt à y ajouter le parfum de quelque chose qu'on aime? Ou du whisky, ou du gin?

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27 mars 2010

Les chiens

Fabienne Berman

Quand Dosltein
a fait de moi un des fondateurs de Transmen Geneticks, je terminais ma thèse sous sa direction.
Je n'ai posé qu'une question, à laquelle elle a répondu comme à son habitude par une histoire.

Dans les débuts de l'Empire Soviétique, des représentants du Parti évangélisait les provinces, d'usines en kolkhozes ils portaient la bonne parole.
Dans une usine polonaise, l'un d'eux demanda aux ouvriers assemblés:

- Camarades! A votre avis, qui a inventé le communisme? Les prolétaires ou les savants?

- LES PROLETAIRES!
répondit la masse d'une seule voix.

- Bravo camarades! Et pouvez-vous  dire pourquoi?

Après quelques minutes de silence, une voix s'éleva

- Parce que si ça avait été les savants, ils auraient d'abord essayé sur des chiens.

Dolstein vit avec deux dogues dont elle s'occupe avec affection.
Les hommes ne sont pas des chiens, ni des rats, est une de ses phrases récurrentes.

C'est elle qui a choisi mon sujet  "Parcours d'un plan de métro dans un sac à main, parcours d'un sac à main dans le métro".
Ma thèse n'est pas obsolète malgré l'évolution formidable des technologies, il suffit de remplacer "plan de métro" par "i-phone".

La carte n'est pas le territoire, l'i-phone n'est pas la téléportation, il est dans la même dimension plate que le plan du métro.

Et Dolstein est une grande bonne femme.

30 mars 2010

Solitude du chef.

Marité

C'est un type qui tombe d'une falaise, il s'accroche in extrémis à un arbuste.
Il est suspendu, il appelle:

- Au secours! Au secours!

Personne.
Il crie.
Personne.
Il crie plus fort, La Voix (du seigneur à ce qu'il lui semble) lui répond:

- Lâche ce chétif branchage, et  ne crains rien, j'adoucirai ta chute par un souffle divin.

L'homme se tait trois secondes et hurle

- Y a pas quelqu'un d 'autre?!!

ce genre de situation a dû amener le vrai dieu (celui des Nons Gens de l'Appartement),  à créer des machins pour se distraire, le jardin paradis, adam, lilith, ève, le pommier, le serpent.

Après quoi, tout fut dans l'ordre et il créa les majuscules.

Ben voilà, aujourd'hui, il n'y a personne dans l'appartement, je suis le vide et le buisson éteint, je suis la voix du seigneur et je suis aussi celui qui crie

- Y a pas quelqu'un d 'autre?!!

Soi ou rien. Soi et rien.

31 mars 2010

Wouah Wouah

Léon

C'est à cause d'hier, dieu et sa minuscule m'ont ouvert le Blog.
Je suis venu sur ma force intérieure car je suis un chien avec une volonté compacte.

Je suis un chien ordinaire mais On ne sait pas ce qu'est l'ordinaire du chien.

Où est la différence des hommes d'avec les chiens?
Il parait qu'elle serait dans le rituel autour de la mort:
qui enterre ses morts est religieusé, qui est religieusé est Homme Civilisé.

Comment-On sait-Il si je rituelle ou pas sur la mort?
Comment-On sait-il qui je pleure? Qui j'attends?

Mon Troudup navigue entre les règnes, animal sous alcool, humain sous eau.
Je suis toujours avec lui,au point de me demander
 quand je le suis qui je suis ?

Quand il met du pastis dans ma gamelle, je voyage comme lui dans les états,je ne serais pas ici, car je ne sais lire ni écrire.

3 avril 2010

D'où on vient

Astrid

Bonjour, je suis Astrid.

Je savais qu'une porte allait s'ouvrir, c'était dans mon ciel, la même lumière éclairait les  thèmes de tous les Batbourgeois.

Je ne savais pas quand, ni quelle forme prendrait cette ouverture, ce qui s'annonçait est arrivé, c'est le Blog.


Dans Batbourg III je suis rivée à la vie du Lieu, je suis enceinte pour l'éternité du récit.
Ici, je vais avoir un bébé, ce n'est pas extraordinaire d'avoir un bébé après avoir été enceinte, mais je l'aurai attendu longtemps...
Le temps que l'auteur accepte que ça ne vient pas de sa tête même si ça passe par là.


Est-ce que Marité de Vos croit que les maquereaux viennent du réfrigérateur? Du marché? Du camion du forain? Des soutes du bateau? de la mer? de la ponte fécondée? des lois de la biologie? Ou alors de Dieu, si elle croit en Dieu?

Je ne suis pas un poisson dans son frigo ni une vie stockée dans son cerveau jardin arche, je suis une personne.

Les personnes pensent et voyagent, elles vivent, elles meurent, elles bougent, dedans, dehors, autour.
Ainsi je ne suis pas venue
directement à l'Appartement, je suis d'abord passée au marché.

J'en ai rapporté des pommes vertes, un chou-fleur blanc, une betterave crue violet profond et un tract jaune moutarde annonçant une vente de livres au profit des enfants mongoliens.

Je suis une sphère parmi d'autres, plus grandes, plus petites, plus rondes, plus pleines ou moins denses.
Elles m'attirent, je les appelle, nous nous entretenons.


Je porte moi-même une petite sphère palpitante qui tournera  bientôt autour de moi comme je tourne autour du monde, puis s'éloignera, quand le temps sera venu des autres attractions...

Je ne viens pas du frigo, je suis un satellite.

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4 avril 2010

Croire à quoi?

Marité

Astrid?!
Oui, je croyais sans y penser que les poissons venaient, aussi, du frigo, ok, j'avoue que j'ai eu tort, ils viennent (aussi) d'ailleurs.

OK, vous venez tous d'ailleurs que de moi, et moi aussi je viens d'ailleurs, et quoi encore?
Si je crois à ci ou à ça? Qu'est-ce que ça fait en qui je crois, en quoi?

Mais Astrid a posé ces questions, et sous la Halle Martenot, à la pêche aux livres ce matin, au coeur d'un océan de livres poussiéreux, tordus, malheureux, une réponse rassurante est venue.
 
Astrid, je dispose d'un vaste espace que je ne remplirai jamais, où crépitent des milliards d'impulsions électriques qui allument ce qu'on appelle la pensée ou l'âme ou ce qu'on veut.
C'est le lieu merveilleux où git, mollement allongée, mon incurable, incroyable, profonde, profonde Ignorance.
Voilà à quoi je crois aujourd'hui fermement: je crois en mon Ignorance.

Cette certitude m'habite, moi, ma tête, et un peu encore autour de moi me faisant une lumineuse aura d'Idiotie.

Ainsi mon centre toujours vide est ouvert à des nuées d'âmes, de pensées, de personnes, d'images, d'histoires. Un vent intérieur les anime, les attire, les entrechoque, les absorbe et les éjecte, tout vient s'y baigner, s'enliser, s'envoler, se poser le temps d'une becquée, d'une sieste ou d'un rêve.

Alors d'accord, Astrid, vous avez raison.
Mais moi non plus je ne viens pas du frigo.

4 avril 2010

Philosophie de comptoir (des dindes)

Marité

Ignorance comme credo? Comme vous le dites, Paulette, n'exagérons
rien.
Et comme on dit chez Don Camillo, ce ne sont que quelques mots, Monseigneur.

J'ai rapporté une réponse qui m'a sauté au cerveau, je n'ai pas dit que la Vérité venait de me cueillir dans ses bras chitineux.

Pour décrire mieux la chose puisque chose il y a et qui provoque quelques commentaires, mon Ignorance (la mienne, n'est-ce pas) peut se définir, par mon intermédiaire soyons précis, comme
le Je ne sais rien et le Presque quoi de Yankel

6 avril 2010

Vent noir

La porte qui s'ouvre je m'y engouffre, c'est ma porte, je fonce.

Je ne sais pas comment je suis encore là, je suis morte, c'est un fait, je  suis là c'est un autre fait.

J'ai reçu une éducation bourgeoise, très stricte, à une époque où on ne plaisantait pas avec l'éducation des jeunes filles, je vais donc me présenter dans les règles:

Bonjour, je suis Rachel Lehmann.

J'ai 23 ans, c'est définitif depuis 1943.

J'habite un tableau dont je descends, le soir de Pessah, pour rappeler à cette idiote de Marité K que j'existais.

Depuis que je suis morte je suis devenue mauvaise, je ne suis pas d'accord, je râle, je sors de mon trou pour la secouer.

Elle n'est pas au meilleur de sa forme ces jours-ci, ça m'arrange plutôt, son état du moment  me donne beaucoup de place.

Je ne suis pas fière de moi. Je suis en contradiction totale avec tout ce qu'on m'a appris.  Premièrement je suis morte, ce qui est déjà un scandale en soi, ensuite je suis agressive alors que j'ai  été très bien élevée, et enfin, je hante, ce qui est très incorrect dans mon milieu.

J'ai dit il y a longtemps à la locataire en titre de cet Appartement, que j'attendais d'elle qu'elle m'écrive. Je l'ai suffisamment envahie pour qu'elle s'en acquitte dans "Pessah", mais elle traîne, elle chipote, ce Pessah m'anime en miniature. Pour me donner de l'espace, il suffirait d'y mettre Fin.

Moi, je ne vis pas dans un placard en attendant les jours meilleurs, je suis dans un tableau qui bouge, qui porte mon nom inscrit sur une plaque de cuivre:

Rachel Lehmann - Paris 1920 - A. 1943   

C'est bien fait si je remplis sa tête dans ses jours de vent noir, mais ça ne tient qu'à elle, qu'elle écrive le mot fin, elle sera débarrassée de moi.

7 avril 2010

Journées portes ouvertes

Marité

Seule aujourd'hui.

Les morts sont merveilleux, ils vous appartiennent pour toujours, Frédéric ne me quitte pas, mais il sort trop rarement de sa Réserve.

Certains de Batbourg sont venus, mais pas tous.
Monsieur Troudup, Léon, Suzanne, Denise de Lhéry, Astrid, Paulette Dolstein, Marianne, Alice,
Rachel Zukolowsky des Voies Obscures, Fabienne Berman, Louka est venue, de passage à Batbourg, Rachel Lehman de Pessah,  ah oui, Joseph de La Greffe est passé aussi, mais d'autres non, qui me manquent comme une famille aimée trop éloignée.

Ce sont eux qui décident, comment les inviter mieux que je ne l'ai fait en ouvrant les portes de l'Appartement?
Les ouvrir plus grandes?
Organiser une réception?

Braise, Hugo, Albert, Fabiola, ces Dames de l'ABB, le Marcel de madame Pons-Lévy, les avatars de moi disséminés dans les mots et les histoires, la Manu et le Michtot d'Ascendant Cancer, Léa, Popaul, Martin et Kowski, le restaurant bizarre, et tant d'autres, tous les autres.

Ils sont mon sang, ils irriguent ma vie, ils me manquent...

Ah! J'entends des voix, des bruits!

Ils se manifestent, mes Idiots, mes Crétins, mes grands et mes petits, mes Issus, mes étranges, mes familiers, ceux que j'ai inventés, ceux qui se sont imposés,  enfin! les voici, ils trépignent derrière leurs portes! Enfermés dans les pages closes de leurs manuscrits, ils manifestent leur volonté:

- Mets les textes en ligne! Mets-nous sur la route!
- Ouvre le réseau! Ouvre! Ouvre! Ouvre!

De l'air, c'est tout ce qu'ils demandent, mes Impatients, et moi, je les ai rangés, à l'abri du monde, à l'abri de tout, l'Egoïste est triste.

Ouvrir mes portes en ouvrant les leurs, mettre en ligne leurs résidences
, les manuscrits où ils vivent leur histoire.
Ils recevront et me rendront visite.

Je suis muselée par mon incompétence technologique, il me faut sortir de cette impasse qui transforme Le Blog en porte coupe feu, qui s'ouvre dans un seul sens et se referme sèchement, sur mes doigts parfois.


8 avril 2010

Hop! Hop! Hop!

Moi je ne dis pas mon nom d'entrée, j'aime le suspense, j'aime trop la vie pour gâcher ses surprises.

C'est drôle d'entrer ici par la grande porte, je suis plutôt du genre discret moi, en général j'arrive sans m'annoncer, et puis doucement je me rassure et une fois au grand jour, je m'épanouis!

J'ai une grande qualité, je suis très sociable, je me plais avec tout le monde, je n'ai pas d'idéal ni d'a priori, franchement, pas l'ombre d'un soupçon de racisme ou de quelconque discrimination, j'aime les gens, tous les gens.
J'aime l'humanité, oh oui! Oh oui je l'aime, sans elle, je ne serais rien, partout j'ai ma place.

Je suis une bonne nature, je me satisfais de peu mais de beaucoup aussi, vraiment facile à vivre tant que ça dure, parce que vous savez ce que c'est, les relations humaines, qui peut dire c'est pour toujours?
Mais je ne me lasse jamais, jamais je ne désespère, toujours je repars au contact.

Je suis plein de vitalité, je suis gai, exubérant, je foisonne, je suis gorgé d'énergies, vraiment.

Je ne comprends pas pourquoi je suis si mal aimé, mais c'est comme ça, la vie est injuste.
Tant pis, je la prends comme elle est, je suis un gars optimiste, pour moi, tout va toujours bien.

Allez,  je peux vous le dire, de toute façon, une fois que vous saurez mon nom, je suis sûr que vous me reconnaitrez!

C'est moi! Le Cancer! Le vrai, le frais, l'universel, l'incontournable Cancer!


10 avril 2010

Le Marché

Fabienne Berman

J'aime bien aller sur le terrain un jour comme aujourd'hui, soleil radieux, chaleur diffuse, air limpide.

Je me suis installée derrière la tour de guet du douzième siècle, à l'entrée du marché de Jolibourg,  pour attendre Marianne Defair, c'est ma préférée.

La crise est arrivée jusqu'ici, a pensé Marianne D. en passant devant un étalage de chefs de projet en solde, mais qui fait des projets aujourd'hui?

Comme prévu, elle a acheté les premières fraises de la saison, un chou fleur, des carottes.
Elle a pensé, tiens, je vais faire une jardinière, elle a donc pris aussi des navets, des oignons nouveaux, des petits pois, un peu de grenaille de Noirmoutiers.

Je me suis postée derrière l'étal de la vendeuse d'herbes, près du Camelot.
Il parle très fort, bouge la tête, les bras,
remue de l'air, il retient un bel attroupement, il vend à tour de bras. 

Paulette Dolstein, un peu en retrait prend des notes, elle est aujourd'hui sur chalandise et stratégie primaire et moi, sur mon sujet favori: résistance ou étanchéité. 

Avec un peu de mal, Marianne D. a réussi à s'approcher, elle voulait ,à l'évidence, voir ce qu'il vendait, ce qui est impossible, la consigne étant que le produit doit être invisible: Le Camelot vend des "trucs et des machins" en sacs thermocollés.

- A chacun selon ses moyens! Des surprises, des surprises! Que des bonnes surprises!

Jésus Christ dît à ses Apôtres:
Tout pour moi, rien pour les autres!

Et ben ici c'est l'contraire!
Tout pour vous! Tout pour vous!

Surprises, surprises! Les vraies aubaines! De la surprise à 1 euro, à 2 à 5 à 10 euros, à 30, à 50, tout pour vous!
Cette pôv' petite dame a 20 centimes dans son petit porte monnaie, mais qu'il est mignon, mais qu'il est mignon, le tout petit porte monnaie de ma petite vieille ! Zyva Mamy,  allez, allez, no souçaï, elle a vingt centimes, c'est bon, y'en a, y'en a, de la surprise à 20 centimes!
En veux-tu en voilà! N'en veux-tu pas, n'en voilà quand même!

Vive la liberté, vive le marché, ici c'est la démocratie, y'en a pour tout le monde, de la grande, de la moyenne, de la petite consommation!

Aux gros moyens, les gros sacs, aux petits les petits sacs, zéro sou, zéro sac! Pas de malaise! ici tout le monde est content!

Y' en a pour tout le monde! pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!Pour tout le monde!
Il déraillait, mais l'expérience était bouclée, on était en fin du marché, plus qu'à remballer le Camelot dans sa boîte, avec ses "machins et ses trucs".
Puis débriefing à l'Usine, Albert, Paulette et moi: la Sainte Trinité de Transmen Geneticks....

Moi, je devais finir Marianne D. avant de rentrer.
J'ai noté qu'elle repartait, assourdie, elle est retournée à sa voiture un peu ébranlée, mais elle n'avait rien acheté.

Cette femme est une mine, il semble qu'elle ne réponde à aucun stimuli, c'est un sujet remarquable pour la consommation de  marge, d'autant qu'elle est  classée en +++. J'ai eu du nez en la préemptant, mais la chance fait partie du talent.

Je l'ai suivie de loin jusqu'à Batbourg, elle a rentré la voiture dans le garage, elle ne ressortira plus aujourd'hui, je suis rentrée à l'Usine.

17 avril 2010

Candidature spontanée

Basile M. Toquard, héros d'un roman de Leila Marouane, La vie sexuelle d'un islamiste à Paris, quarante ans, cadre très supérieur dans une banque, habite chez sa mère et me contacte parce qu'il voudrait changer de vie.

- Je n’ai pas besoin d’une vie imaginaire.

- Tout le monde a besoin d’une vie imaginaire.

- Oui, mais je veux que ce soit sorti de mon imaginaire, pas de celui de quelqu’un d’autre.

- Je comprends ça.

- Leila a été vraiment super, elle m’a offert l'existence, mais je ne veux pas d’une carrière de personnage littéraire, je veux vivre une vraie vie, la mienne de préférence.

- Je vais voir ce que je peux faire.

J’ai réfléchi au cas de Basile M. Il a raison, il faut le sortir de l’imaginaire de la littérature sinon il ne parviendra jamais à vivre sa propre vie, il sera toujours traversé par les perturbations des lecteurs et des lectrices qui le placeront malgré lui dans des situations qui leur appartiennent. Il est pour l’heure un sujet de roman, il va passer au stade d’objet de fantasme en masse, le roman de Leila marche très bien, il a avoir du mal à s’en échapper.

La première indication est de le sortir de là mais ça ne peut pas se faire en un clin d'œil, il y a quelques précautions à prendre.

- Basile, je vous propose de commencer par un stade intermédiaire, que diriez-vous d’être un ami de Louise Kowski ?

- Qui c’est ?

- L’héroïne de mon roman en cours.

- Ah non alors ! Je viens vous chercher pour sortir de là !

- Vous devez passer par des paliers de décompression sous peine d’explosion. Dans ce livre, vous ne seriez présent que par téléphone dans un rôle très secondaire.

- Mais ça va durer longtemps ?

- Non, non, ce passage-là va vous amener assez vite à vous-même. D’abord vous allez retrouver votre vrai prénom (Basile s'appelle en réalité Mohamed), votre existence sera banalisée.

- Ça a l’air bien comme ça, mais...

- Suivez mon avis puisque vous l’avez demandé! Vous allez voir que ça va se mettre en place très vite.

- D’accord, Louise Kowski vous dites ?

- C’est ça, ses proches l'appellent Louka, elle est commissaire de police, elle mène une enquête un peu rude sur un meurtrier en série.

- Elle est jolie, elle est libre, c'est quel genre ?

- Basile, gardez bien en tête que vous cherchez à réintégrer la vraie vie.

- Bien sûr, mais la littérature, quand vous êtes dedans, c’est dur d’en sortir.

- C’est pourquoi vous êtes venu me chercher.

- OK. Je fais quoi alors ?

- De temps en temps, vous donnez un coup de fil à Louise, vous lui parlez de vous. Le reste viendra seul, vous verrez, la vie, c’est très naturel quand on la laisse faire. Au fait, pourquoi moi?

- J’ai pensé que vous étiez la bonne personne, vous avez des interférences que je partage, vous êtes moi, une génération après.

- Pourquoi pas un homme ?

- J’ai besoin de tendresse, avec une femme, je peux imaginer qu’on m’aime un peu.

C’est la première fois qu’un personnage me fait une candidature spontanée. Je n’ai pas pu résister.

Voilà comment Mohamed est entré dans l'Appartement.

18 avril 2010

Toute puissance de l'auteur

Après ce tout petit échange avec Joseph, Alice a un coup de blues.

Assise à son bureau face à son écran noir, elle est abandonnée à elle-même une fois de plus, elle pleurerait bien, elle pleure un peu.

Comme elle a installé son bureau en face d'un grand miroir, elle se voit si triste, comme elle est bien triste! Elle ébouriffe ses cheveux, ça rajeunit, elle essuie trois larmes, elle se met du  mascara, du rouge aux lèvres, et alors, elle ne sait pas d'où ça lui vient, elle éclate de rire.

Abandonnée à moi-même ce n'est pas une telle punition, dit-elle au miroir qui lui vient de son père.

Puisque c'est comme ça elle fait une énorme tarte Tatin, caramélisée, fondante, qui embaume tout l'escalier de son immeuble, rue de Bagnolet.

Au moment où elle la sort du four, tous les voisins sont à la porte, emballés par la bonne odeur.

Ils ont apporté du thé, du café, et une bouteille de champagne, dit Albert, ce monsieur du troisième, qu'Alice avait remarqué, qui est charmant vraiment, enfin, elle est charmée, et il ajoute, je vais la mettre au frais, elle sera bien  tout à l'heure.

Alice sort les assiettes à dessert, les fourchettes à gâteau, on déguste la tarte, on félicite et se réjouit, puis tout le monde s'en va. Sauf Albert qui va chercher la bouteille au frais pendant qu'Alice sort deux flûtes.

Ils s'assoient sur sa petite terrasse pour boire le champagne.

C'est du Ruinart.

Du Ruinart dit Alice?

Oui je réponds, moi, l'auteur, parce que le Ruinart, c'est mon champagne préféré.

Mais Albert n'a rien entendu, Alice s'en rend bien compte, parce qu'il est un personnage secondaire, dont on ne sait pas encore s'il va s'installer dans l'histoire.

Alice me coule un regard pressant, oh oui! dit son regard, faites-en un personnage de premier plan, s'il vous plait.

Alors bon, oui, je vais lui faire une vie, et je promets après ça de ne plus m'en mêler.

Albert Schwantz, 48 ans, son métier c'est jardinier de balcons et terrasses, divorcé depuis cinq ans, il aime le rock, la chanson française, les soirées entre amis et les vacances gaies.

Il a repéré Alice il y a un bon moment, il attendait une occasion favorable.

C'est fait.


19 avril 2010

Impuissance de l'auteur

Marité

J'ai promis de ne plus m'en occuper, mais voilà, j'y pense.
Est-ce que ça va bien se passer?
Est-ce que ça va se passer?
Ce que je sais d'Alice ...
Non, je ne dirai pas ce que je sais d'Alice.

Ah, mais qu'est-ce qui se passe chez Alice?
Est-ce qu'ils sont encore sur le patio, au champagne?

Quelle heure est-il chez eux?

Après tout, si le présent d'Alice et Albert est leur éternité, est-ce qu'ils ne sont pas dans le meilleur moment d'une relation?

J'étais si contente hier, de ma bonne action, je me disais oh comme c'est bien, je vais écrire de belles histoires pour tout le monde, ça rejaillira sur moi, une belle histoire m'arrivera aussi.
Mais  aujourd'hui
 je suis tourmentée par mon intervention, je crains le pire pour Alice.

Je n'ai qu'une chose à dire à ceux de l'Appartement:
Ne me demandez pas de changer vos vies, ni d'y intervenir, j'en ai assez fait.

20 avril 2010

Un bonheur en papier

Braise

Qu'est-ce que je lis!? Des scénarios à la demande, une page d'écriture et hop Le BONHEUR!
Ah oui! Oui...

Bonjour, donc,


Je suis Thérèse Zukolowsky, dite Braise, la sœur de Rachel (et d'un Albert qui ne s'est pas encore montré ici...). Je viens des Voies Obscures mais ça fait bien longtemps que je prends les voies d'échappement, je suis comédienne, j'habite bien d'autres lieux.
J'ai vécu dans quelques tragédies, en Hermione, en Camille, chez Marivaux aussi, un peu de Shakespeare, Brecht, Bernhard etc....


Depuis quelques années, j'aborde aux grands territoires, Phèdre, Nora, Elvire, et les autres.
Et bien sûr, je réside régulièrement dans la "modernité" comme disent auteurs et réalisateurs.

- Tu comprends, c'est une femme  quittée pour une plus jeune, elle psychote, pour se venger elle monte les enfants contre le père,  elle déménage à l'étranger, il ne peut plus les voir.
Tu comprends le personnage?

- Ben oui, c'est Médée.

Et deux fois sur trois j'entends, Médée? Non, c'est Laurence, Marielle ou Pascale.

Mais quand même, Marité de Vos K. auteur moderne, si vous aviez envie de m'offrir à moi aussi, le bonheur d'une histoire et d'une scène, allez-y!

Je suis jalouse d'Alice, un Albert, un patio, du champagne au frais. Et j'adore le Ruinart!

Ah là là, si ce blog était connu, j'en recevrais une caisse en remerciement!
Ah mais non, tant qu'à rêver, j'en recevrais dix!

Tchao! Tchao! C'était Braise, Braise...

22 avril 2010

A l'attaque!

Corinne Mars

Ce que ça coûte?
Moi je peux vous le dire ce que ça coûte: 3 euros 45
au lieu de 6.90, en promo à L'Heureux Marché!
C'est exactement le prix de l'ambition, mesdames, et une petite ambition, il n'y en a que dix dans le paquet.
 
Il faut risquer, c'est ça le truc, il faut oser y aller pour tâter de l'homme.

J'en ai rencontré un, on buvait un verre par ci par là, un jour, il m'invite chez lui, c'était pas mal, un peu trop bien rangé, pas au top point de vue déco, mais pas mal
.

On boit un verre, deux verres, je vais aux woua woua, et qu'est-ce que je vois? Un mur entier de boîtes de suppositoires?!
Ça m'a refroidie je peux vous le dire, je suis rentrée chez moi direct, pas au revoir pas merci.

Il n'y a pas que des bonnes surprises, mais il y en a, faut se remuer.

C'est pas dans les contes de fées qu'on va chercher une vie d'amour, ou une année, une nuit, ou un peu d'amour, c'est dans la vie, moi je vous le dis.

nt face="tahoma, arial, helvetica, sans-serif">Je n'ai pas encore trouvé l'oiseau rare, mais je le cherche et pas dans les pochettes surprises.

Alors pour commencer, au moins faites comme moi, achetez la boîte de dix capotes en promo, c'est un début.

BOU-GEZ-VOUS!!!

25 avril 2010

Le tri, c'est lectif

Alice,

Bonjour à Rachel Z., j'ai quelque chose pour vous, non?

Je viens d'acheter une poêle en céramique, la notice est... la voici:

Conseil à l'utilisation:
Graissez la moule toujours et encore légère et soigneuse.
Laver la moule à l'eau chaude contenant un peu de détergent et sécher.

Je le trouve poétique ce mode d'emploi, ça égaye plus que ça n'informe.

J'ai trouvé qu'il manquait quelque chose, une poêle à musique, une poêle à voix qui me dise quoi faire, et je saurais, à entendre son accent, d'où viennent les mots qui dansent.

Je suis prosaïque (joli mot), j'ai lavé la poêle, je l'ai séchée, je l'ai graissée, un peu, je l'ai rangée et j'ai jeté la notice à la poubelle réservée au tri papier.

Tri papier, a dit Albert, parce qu'il n'existe pas de tri bêtises.

On a ri.

26 avril 2010

A cause d'Albert ?

Marité

Je croyais que c'était à Marianne, cette histoire de poêle, mais c'est Alice qui est venue.

J'ai voulu changer le prénom, je pensais à une erreur, j'ai collé Marianne à la place d'Alice,  il a fallu changer Albert, j'ai changé Albert, j'ai mis Jean-Paul, le mari d'Alice, un homme très discret, presque absent de sa vie privée, très présent au travail.

Mais la plaisanterie sur le tri à bêtise ne lui va pas, Jean-Paul est indifférent aux autres, c'est pourquoi la bêtise ne le dérange pas, il ne la perçoit pas.
Et il ne s'intéresserait pas à la notice d'une poêle, même pour en rire.

J'ai cherché un autre proche de Marianne, je n'en ai pas trouvé qui ait sa place dans ce contexte.

Non, c'était bien Alice, c'était bien d'elle finalement, je ne m'y attendais pas.
Alice change, sans moi, elle m'échappe en s'épanouissant.

A cause d'Albert?

Elle a raison, c'est moi qui l'ai enfermée dans un cadre rigide, à cause de moi qu'elle ne respirait le grand air.

Ce que j'écris a des conséquences que je n'étais pas prête, jusqu'à l'Appartement, à supporter.

8 mai 2010

Wouah...

Léon

Wouah! Wouah! Wouah! Wouah! Wouah!
Wouah? ... Wouah? ... ?...

Les chiens d'ici ne sont pas comme chez moi.
C'est l'accent on dirait, j'ai l'aboi parisien, vu que je suis né vers les Batignolles. Batbourg, c'est après.

Wouah?

Qu'est-ce que je fous là au fait?
C'est pas Batbourg, c'est grand, c'est vallonné, il y a des oliviers, des lilas, des jardins frais, c'est quoi ici? C'est où?

Je lui dis Léon, qu'est-ce que tu fiches ici? Je ne suis pas ton Troudup!  tu n'es pas censé me suivre partout, je suis en Provence.

Je suis un chien qu'il répond, je suis, c'est ma nature: Wouah!

Il n'est pas content, il faudrait le renvoyer chez lui, je ne sais comment faire, téléportation?

Wouah!  Wouah! Wouah!

C'est fait, il est parti.

   

9 mai 2010

Management de crise

Au Petit Renard

Sacré chambard au Petit Renard, le patron est furax.
Le Norbert ne décolère pas, par les yeux il lance des éclairs, par la bouche il marmonne, par le corps il jugule sa rancune: c'est un silencieux.
Même le Léon ne lui arrache pas un rictus. D'habitude, ils causent


- Salut mon Léon, ne lui dit pas le Norbert aujourd'hui, je te sers un canon?

- Oui, que répondrait Léon, vas-y mon Nono.

et le Norbert de lui servir une belle bassine d'eau fraîche au pastis, mais juste une pointe, le Léon est en désintoxication terminale.

Léon a passé la tête, il a senti l'orage et il est reparti en balade dans les rues de Batbourg, vidées par la télé, c'est l'heure du film.

Norbert a mal mangé, le dîner était infect, il faut  virer la cuistote, Norbert n'est pas un vireur.

Mais il va devoir sévir, le scandale déborde, ils en ont mangé, le ver est dans les clients.

Tarte desséchée  aux légumes bouillis, pâte feuilletée à la graisse de synthèse, achetée toute faite à l'Heureux Marché, trop cuite, refroidie aux courants d'air de la rue, réchauffée au micro onde.

Bourguignon pas cuit.
Tarte encore au dessert,  fraises pas mûres, pâte brûlée, trempée de jus de fraises cuites au micro ondes et en bouquet, un "moelleux" au chocolat plus farineux que chocoleux, écrasé par la honte au fond de son ramequin.

Norbert est un gentil, ça dure depuis deux mois, s'il n'arrive pas à l'éjecter de la cuisine, il va être obligé de la tuer.

11 mai 2010

La vraie vie

Marité

Pour le dîner, j'ai appelé Alice, j'avais envie de son gâteau au fromage, mais elle n'est pas venue.
Il semble que je sois trop loin de mes bases, moi qui croyais que j'étais mes bases.

J'ai appelé Marianne, elle a décliné, j'ai dû la vexer, je ne sais pas quand.

Rachel Lehmann est toujours là pour moi, mais pas assez expérimentée pour prendre ma place en cuisine.

Frédéric ne se fait jamais prier pour un coup de main en cuisine, mais j'ai trop envie qu'il soit là pour supporter son fantôme.

Je n'ai pas le choix, je vais m'y mettre, avec Felah, Thérèse, Paulette, Esther, Déborah, Aline, Sarah, Catherine, Gisèle et toutes les autres femmes de ma famille qui sont toujours avec moi

Asperges sautées au chorizo fort
Endives citronnées et lamelles de hareng fumé
Beurre de cébettes

Andouillettes au chablis, légumes rôtis à la fleur de thym

Fromages de chèvres d'ici, moelleux, parfums de prairie

Gâteau formidable.

Le gâteau formidable est formidable, Alice ne pourra se priver d'en donner la recette, je pense qu'elle viendra ces jours-ci.
Alice? Pas d'Alice.

Ou Marianne, Marianne viendrait pour offrir une recette.
Marianne?...

Si non, je la donnerai moi-même.

13 mai 2010

Crise de foi(e)

Paulette Dolstein

Cette accumulation de considérations culinaires est assommante.
Serait-ce un tournant, un symptôme de solidarité femelle?

"Entre nous, on se comprend" dit-elle.

Marianne, Alice, Marité, Rachel et les autres seraient une seule âme dans plusieurs corps.

Où êtes-vous donc mesdames?

Pas dans vos estomacs, aucun doute, dans l'exaltation des sens, certes, mais, alibi usé: c'est pour les autres.

Personnellement, cette logorrhée de recettes me dégoûte, je me sens transformée en beignet poisseux.
Vous me plongez dans un méli mélo de tripes, de crème, de fruits de saisons, de sucre et de sel, de pluies indécentes en mai, de nuages comestibles, de nez qui sentent et qui coulent.

A Batbourg, fort heureusement, je suis au calme avec mes chiens dans le retrait de mon cabinet.

- A la semaine prochaine Astrid.

Il y a des jours, comme ceux qui viennent de passer, où je m'en trouve spécialement satisfaite.

- Oui monsieur Troudy... sur le divan, non, Léon ne dérange pas.

- Commençons:

14 mai 2010

Internité

Marité

Mais les brumes envahissent, le monde est ouaté, flouté, débordé de masses denses et informes. La radio ne fonctionne plus, le téléphone est silencieux, l'ordinateur échoué sur le bureau semble rendre ses dernières étincelles, plus de réseaux, les ondes sont figées.

Il fait gris, froid, humide.
Dedans et dehors se confondent, les frontières ont disparu.

Je déplie mes ailes, elles vibrionnent insensiblement puis doucement s'épanouissent autour de ma tête. Dans mon dos je sens la légère douleur enracinée entre les omoplates, comme à chaque fois.

Quoi qu'il arrive, quoi qu'il en soit, je partirai, aspirée par les miens, ceux de l'Appartement, là-bas et ici, ceux de ma lignée, en avant et en arrière.

Le monde a beau se fermer, les volcans  cracher leurs cendres, les vents s'entourbillonner, je pars, moi, transportée dans les énergies puissantes de mes personnes.

27 mai 2010

Grève de moi

Marité

Ils s'en fichent pas mal, tous, de la grève, des services publics, de la vie quotidienne des gens, des vrais gens, des faux, des travailleurs et des salaires, des chômeurs, des retraites, des SDF.

Ils s'en fichent, ils voyagent sans autre moyen de transport que des connexions neurologiques,  ils se nourrissent de leurs imaginaires, emprunté au passage aux miens, eux-mêmes empruntés à tous, en direct où en souvenir de cette vie où d'autres, de plusieurs générations avant, après...


Ils n'ont besoin que de l'existence d'un monde où se mouvoir,
les Gens de l'Appartement sont anarchie et individualisme.
Ils n'ont aucune solidarité, ils n'apportent rien au monde que leur image qui ne se reflète dans aucun miroir ni aucun événement.

Les Gens de l'Appartement ne sont d'aucune société que la leur, volatile et changeante.


Aujourd'hui, comme les autres jours, ils vont et viennent, seuls ou en cohorte, ils ne lisent pas les informations, ils s'en créent à mesure, si ça les arrange.


Moi je ne suis pas comme eux, m
ais je les entends s'insurger et se moquer.

- Ah oui, pas comme nous?


- Qu'est-ce que tu crois être Marité de Vos K? Qu'est-ce que tu crois être d'autre que nous?


- Tu n'es pas provisoire? Tu n'es pas invention? Tu n'es pas volatile?


Et je dois d'admettre qu'ils ont raison, je ne suis rien d'autre qu'eux, animée des mêmes indifférences, des mêmes incapacités à penser le monde.

Oui, il y a grèves aujourd'hui, ici, en France, et ici à Paris je ne sais pas si le métro sera là.
Je ne m'en fiche pas mais s'il n'est pas là, quoi de neuf?


28 mai 2010

Un monde étroit

Marité

En route vers en endroit oublié de l'ADSL, je ne sais comment Ceux de l'Appartement pourront sortir, mais ils vont entrer, aller et venir comme à leurs habitudes.

Je serai toujours la nef de leurs voyages, mais ces jours-là, enfermée en eux, ils seront mon sang, mes nerfs.


Arrêtée à Bourges, pour quelques heures avant de franchir le pas du monde sans technologie je prends mon élan pour quelques jours.


Traduction:

L'Appartement se délocalise en Lozère, dans un hameau où vivent trois habitants et des vaches Aubrac, où l'ADSL ne parvient pas.

Pas moyen avec le bas débit d'alimenter correctement les mouvements de mes personnes et de mes personnages.

L'imaginaire va continuer à ramifier ses tentacules dans ma tête.

Si ce sera dangereux, oui.

Si j'en sortirai indemne, non.

Mardi au plus tard, je rejoindrons le monde occidental.


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Marité de Vos K
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