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Marité de Vos K
1 juin 2010

Ontologique Bordel

Marité

Ah oui, le retour c'est le bordel!

Pour quoi la femme dont nul ne connait le prénom, seulement nommée Femme de Loth, n'aurait pas  dû se retourner, et pourquoi elle le fit tout de même.
Pour ce que ses filles étaient dans l'embrasement, divin dit-On, de Sodome et Gomorrhe, n'ayant pu suivre leurs parents, car la femme suit son mari, non ses parents, disait Sa Loi.

La Loi dit c'est simple, fais-ci, fais-ça.

A quoi elles obéirent et pour quoi elles sont mortes.

C'est simple dit La Loi, ne te retourne pas.

A quoi madame Loth n'obéit pas et pour quoi elle fut transformée en statue de sel.

Comment faire pour bien faire?
Moi je suis revenue et c'est le bordel dans l'Appartement.

Le Troudup copinant avec une Rachel, l'Albert d'Alice se trouvant des points communs avec l'Albert des Voies Obscures.
La Tatave, que j'avais laissée sur une frite molle est en train de zombiner Rosaria causant, au Père Lachaise, avec Plidec Storma qui considère d'un oeil critique le flirt de
Jésus et Gentiane.
Et tous les autres!

Pourquoi ce jour est-il spécial?
Pourquoi sommes-nous tous au coude à coude?

Ah oui, ah oui, le bordel, p
arce qu'ils peuvent se passer de moi.
D'abord furieuse, ensuite résignée et maintenant je me réjouis de regarder vivre mes gars et mes garces, mes gentils, mes méchants, mes Tout.

Sur eux je me suis retournée, me voilà donc toute retournée.


C'est le bordel,
j'aime le Bordel.

Bonjour à tous et à chacun, (disait autrefois, à tous et à chacun, Clara Candiani par la radio nationale),

je suis de Retour.


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3 juin 2010

Il en est revenu

Jésus

- J'ai hésité un certain temps.

- Hésité à quoi faire?

- A venir ...ici.

Il dit "ici" avec un dégoût insultant.

-Il ne fallait pas vous forcer mon bon, personne n'est obligé de venir ici.

- Vous m'y avez contraint.

- Alors ça, c'est un mensonge éhonté, je ne contrains personne, j'en suis incapable, si je pouvais! Ah si je pouvais! 

- Vous avez écrit sur moi, vous avez écrit mon nom.

- Moi? Moi!! Moi j'ai écrit sur vous? Moi?!
Ah oui, c'est vrai, une petite nouvelle. Écrit sur vous, c'est beaucoup dire pour quelques pages. Alors c'est comme ça que ça marche? Avoir écrit ouvre L'Appartement au sujet?

- Moi, un sujet?

- Eh bien oui, ou aux personnes si vous préférez, ou je ne sais pas comment vous nommer moi, Jésus? Vous êtes bien Jésus, c'est ça? Le Jésus?

- Soi-même,
et il me tend sa carte de visite:

Jésus Christ,
Fils de Dieu,
reçoit sur Rendez-Vous

- Ah,  ce Jésus-là! (si j'avais su qu'il y aurait des suites, je lui aurais donné plus de bon sens) Mais dites-moi, vous ne viendriez que sur invitation?

- C'est un fait, je ne serais pas "ici" autrement.

- Comme les vampires alors, qui ne pénètrent un lieu que s'ils y ont été formellement invités?

Il me regarde, agacé, il ne sait pas ce qu'est un vampire, il chasse une mouche qui lui tourne autour, Tatave?

- Eh Tatave? C'est vous?

- Vous parlez aux mouches?

- Je parle à qui je veux, je vous parle bien, à vous. Qu'est-ce que vous venez faire ici?

- Je viens voir du monde! Quelques apôtres, ça me ferait du bien, je m'ennuie, vous ne pouvez pas savoir! Vous m'avez laissé avec Ponce se moquant de moi, et depuis, rien.

- Pilate? Alors lui  aussi il pourrait faire un tour par ici?

- Je ne crois pas, vous savez ce que c'est, une région à gérer, l'occupation romaine, ce genre de choses. 

- Mais vous aussi vous aviez des trucs à faire.

- J'aurais eu si vous m'aviez pourvu des attributs de mon mythe au lieu de me projeter en  fils à papa qui a déçu son Père.

- C'est vrai, mais je vous ai donné le choix d'échapper à la suite.

- Vrai aussi, j'ai renoncé à la fin traditionnelle mais du coup, je n'ai plus d'histoire.

- Et alors? Des apôtres?

- Si c'était possible, ça serait pas mal.

- Bon, je vais voir ce que je peux faire.


4 juin 2010

Mère abusive

Ce matin j'ai trouvé une lettre sur l'écran de mon ordinateur,

Bonjour à tous, et bonjour vous, la propriétaire du lieu,

Nous ne voulons pas rester enfermées dans notre histoire, nous ne voulons pas être pour toujours dans les Larmes de l'espoir de Maria Luna. Nous voulons être libres!

Mais nous ne savons pas comment faire, notre créatrice ne veut pas nous lâcher, elle nous interdit de sortir dans le monde, elle nous interdit de rencontrer qui que ce soit, elle dit je vous ai inventées, j'ai droit de tout sur vous.


Si quelqu'un a une idée?

signé Océane et Aurore.

Elles sont venues dans la nuit se promener sur le blog, elles voulaient voir du monde mais cette nuit, personne d'autre qu'elles deux.

Salut les filles! je vous réponds ici puisque vous avez trouvé le chemin.

Personne ne peut rien vous imposer, vous existez.
Vous êtes venues ici de votre propre chef, votre créatrice n'a pas su vous en empêcher, elle ne sait même pas que vous pouvez vous promener à votre guise, alors, allez-y, baladez-vous, amusez-vous, rencontrez qui vous voudrez!

Si ça vous dit, changez de prénom, appelez-vous Eponine et Azelma, ou Jeanne et Marthe, ou Artémise et Cunégonde Fenouillard, ça vous donnera de l'air.

Et ne vous inquiétez pas, beaucoup de mères sont comme ça, ça ne dure jamais, les enfants se libèrent toujours, c'est ce qu'ils peuvent faire de mieux pour leurs créateurs.


8 juin 2010

Les Rois Mages

Marité

Le payeur des allocations familiales.

Il est annoncé par des cris

- Voilà le payeur! Voilà le payeur!

et par les cavalcades des gosses qui courent prévenir leurs mères, ils avalent les étages pour lui dire il est là! je l'ai vu! ça y est!

On surveille sa progression à la fenêtre, il sort du bâtiment A, le B est en cours, il a fini, ça y est, c'est à nous!

Les mères se recoiffent, débarrassent la table, font chauffer le café et elles attendent le monsieur rond à la sacoche. Veste en cuir, débonnaire, il répand la joie dans la cité.

Il paye en liquide, il pose l'argent sur la table, c'est quelque chose, il est souriant.

Un jour on lui a volé la sacoche, il a eu un gros pansement sur sa tête chauve, il ne souriait plus, il n'aimait plus son boulot.

La cité était catastrophée, elle avait honte, qui avait osé attaquer l'argent des allocs ? Les temps changent, on n'y peut rien.

Peu de temps après l'argent est arrivé par la poste, puis il est arrivé à la banque.

Aujourd'hui il n'y a plus de payeur avec le vrai argent dans la sacoche, il y a de moins en moins de postes où aller retirer l'argent des mandats, il y a beaucoup beaucoup de banques.

Les témoins de Jéhovah.

C'était une visite. Ils nous portaient leur bonne parole. Ils étaient polis, ils venaient en couple, ils ne parlaient jamais fort. Ils s'asseyaient, caressaient la tête des enfants, il y en avait toujours un à portée de main, et ils repartaient comme ils étaient venus, pleins de la bonne parole et nous les oubliions aussitôt.

Monsieur Tout l'Univers.

Ma mère lui a acheté son encyclopédie parce qu'il lui a dit que la culture et la connaissance étaient les clés de la réussite.

Tous les mois on a reçu par la poste un gros livre bleu plein d'images qui s'appelait Tout l'Univers. On a cru posséder tout le savoir du monde.

Aujourd'hui mon frère tourne ses pages pour se souvenir de la vie d'autrefois, quand la réussite  était à portée de main et promettait le bonheur.

C'était nos Rois Mages, douze fois par an, le payeur, deux fois par an, les Témoins de Jéhovah, une fois dans notre vie monsieur Tout l'Univers.

Ils nous ont porté leurs cadeaux sans jamais se croiser, nous ne les avons jamais vus ensemble.

Quatre, vingt et un, je devrais les jouer au loto, mais ça ne fait que trois chiffres, il aurait mieux valu raconter les sept nains.

10 juin 2010

Expliquez-moi les gars!

Noé

Je suis toujours en orbite autour de la terre, de ce qu'il en reste.

J'ai tout fait pété, j'ai tout vu partir en éclats,  poussières d'étoiles, atomes, mais je suis encore là.

Le temps passe lentement là d'où je vous regarde, ça donne de l'espace de réflexion.

Vous allez me trouver con, je viens juste de me rendre compte que je n'étais qu'un personnage, que tout ça n'était pas de ma faute, je fais ce que je suis obligé de faire.
J'ai été programmé.

Vous allez me trouver con, je viens juste de me rendre compte que tout ça, l'orbite, la terre explosée, c'est pas possible.

Si la terre est en vrac, je ne peux plus orbiter autour, non?

Je me trouve con, je viens juste de me rendre compte que je ne suis pas obligé de rester là, dans ce vaisseau spatial qu'Elle a inventé dans les chiottes du Tabac Loto de la rue Dupin.

Je suis là depuis... depuis ... et j'aurais pu sortir bien avant!
J'aurais pu sortir tout de suite!

On va me trouver con mais je viens juste de comprendre la fin d'Alice au Pays des Merveilles, je viens juste de comprendre Vous n'êtes qu'un jeu de cartes!

Putain de merde, je viens juste de comprendre peut-être toute ma vie, seulement juste aujourd'hui, merde!

Je suis con je viens juste de comprendre que ça ne sert à rien d'avoir compris!

Chais pas quoi faire.


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11 juin 2010

Seule

Marianne

Figurez-vous que je sais ce qui se passe.

Parfaitement.

Je suis une femme agaçante, moi-même je m'agace et je n'y peux rien.

Je suis cette femme douce et tranquille, l'eau qui dort, l'eau du lac, l'eau de l'étang, pas  l'eau du ruisseau ou de la mer, encore moins le fleuve puissant.

Je suis cette face mouvante qui ne se défait jamais.

C'est comme ça.

La lune ne me soulève pas en marée, ce qui m'agite reste enfoui.

Vous autres, vous comprenez tout, tout de suite, moi non.

Je suis lente, je mets longtemps à mettre des mots sur les sentiments de ce que j'ai vu.

Il suffit de passer le temps et tout affleure en bulles venues des fonds.
Elles explosent longtemps après.

Ma vie est une étoile morte depuis longtemps dont la lumière trop vive ferait croire qu'elle est encore là.

Et la vôtre aussi, c'est votre impuissance que vous voyez en moi, et qui vous agace.

Je le sais parfaitement.

Je fume un cigarillo en regardant défiler La Queue passant devant chez moi, les figurants me regardent fumant, comme si j'étais une héroïne de télé réalité, parce qu'ils n'ont rien à voir là où ils sont, à espérer je ne sais quoi.

Je les regarde à travers la fumée mouvante et parfumée,  et encore une fois, je ne comprends pas ce que je vois.


12 juin 2010

Odeurs qui puent

Marité

Une odeur nauséabonde m'amène... comment dit-on venir avec quand c'est votre nez qui vous prend par la main?... m'amène donc devant une des portes du Blog.

Surprise du jour, un troupeau de pingouin pingouine devant l'ordinateur, se bousculant pour voir les images qui défilent sur l'écran.

Il n'y a pas de pingouins dans mon entourage, aucun pingouin dans mes manuscrits,  nul pingouin n'habite mes rêves, aucun fantasme d'alcidé, ni de pôle ni même de Banquise Moon (qui est le  secrétaire général de l'ONU),
mon seul pingouin intime est celui de Linux sous lequel je suis, by the way, alors?

Et d'où vient qu'ils puent autant? Est-ce leur nature?

- Doùkipudonktan?
leur demandé-je en hommage à Raymond Queneau et m'attendant, un peu, à ce qu'ils répondent:

- Barbouze, de chez Fior.

et me demandant à moi-même si le pingouin est susceptible hostile ou agressif.

Ma question provoqua un remue-pingouin de première grandeur, ils gigotaient, tournaient, se cognaient en bruissant:

- D'où? D'où! D'où? Dou dou dou doudoudoudou ouh ouh ouh!

Le waï dans l'Appartement,  un set de quilles en folie, qui puent,  transforme le Blog en piste de bowling géante et je n'ai pas de boule.

Est-ce un hommage au quinzième degré à John Kennedy Toole, qui,
dans les débuts de La Conjuration des Imbéciles, parle du bowling par la voix d'une mère pratiquante ?

Ou bien quoi?

Le temps que je reformule une question plus urbaine: D'où venez-vous? la bande de quilles s'envole, (c'est le manchot qui ne vole pas) et 
me lance avant de traverser les murs de l'Appartement :

- On vient de chez
 Pascalino  woo o oo ooo woo !!!

14 juin 2010

Tu dors ?!!

Marité

- Si je dors? Tout le monde dors. Ben quoi, c'est quoi cette question, je dors? Oui, je dors!

Non, je ne dors plus, bien sûr, cette question m'a réveillée en sursaut. Je dormais. Je ne dors plus.
D'où vient cette voix? Il n'y a Personne que moi dans l'Appartement ce matin.

Ciel gris, ciel clair,  soleil et grêle, même le climat s'invente. Ils ne sont pas revenus après leur balade d'hier, pas repassés par ici en tout cas.

Où sont-ils?


Je suis allée vérifier dans leurs manuscrits, est-ce qu'ils s'y invitent?
Ce serait le bordel pour le coup.

Si mes personnages se mettent à rentrer les uns chez les autres, à déménager dans les histoires, je ne vais pas m'en sortir.

Je travaille mes textes, la construction, le style, enfin, le boulot quoi, mais s'ils viennent y mettre le souk, je ne réponds plus de rien, tout va sombrer!

J'ai rien vu. Ils sont rentrés chacun chez soi.

Ouf.

L'Appartement est leur seule échappatoire, je suis contente, je reste maître de quelque chose, je suis l'hôtesse ici.


- Mais oui je dormais, qui me demande? Qui pose la question?

- C'est Nous.

- Qui Nous?

- Nous le général, Nous qui suis une Arche de Noé dans une capsule qui contient tous ceux de tes textes. Nous te demande, est-ce que tu dors?

- Mais c'est une obsession! Nous veut savoir quoi?

- Est-ce que parfois ton cerveau se repose?

- Ah, voilà une question. Je ne sais pas. Je suppose que c'est dormir, poser la cervelle, éteindre un peu la lumière, figer les étincelles.

- Nous se demande s'il t'arrive de ne penser à rien.

- Je crains que non, d'ailleurs, vous êtes en train de me parler, je vous réponds alors que j'avais prévu d'aller jouer dehors. Mais vous?

- Nous non.

- Non quoi?

- Nous ne pense pas à Toi, c'est Toi qui nous pense.

Pff, métaphysique virtuelle et psychologie de comptoir, et on n'est que lundi ?!

Je sors.


17 juin 2010

Des Réponses !

Marité

- D'où viens-tu gitan?

- De l'Appartement.

- Où suis-je?

- A l'Appartement.

- Où se retrouve-t-on?

- A l'Appartement.

- Tu fais quoi?

- L'Appartement. A fond.

- A quoi tu penses?

- A l'Appartement.

- Ah! Merci! dit Rachel Z. enfin des réponses simples. Si c'est ça, je pose la mienne: Où est-ce que j'en suis?

- Ben, que je lui dis, à l'Appartement!

- Oh alors, dit Marianne, dans ce cas, moi aussi: Quel est le sens de la vie?

- L'Appartement, réponds-je sobrement, car en Vérité je vous le dis, l'Appartement est partout et contient Tout.

- Si c'est ça, dit Ariane depuis une plage à marée basse, sa pelote de fil à la main, j'y vais de la mienne: il est passé où Thésée?

Et cette fois c'est un chœur qui lui répond en cœur et en canon, depuis les basses profondes d'Espérandieu et Nono aux clairs soprani d'Astrid Tayeurt et Marianne en passant par les alti en mineur de Braise et Alice, le grommelot éraillé du Troudup de Léon soutenu par les trilles enflammés de Fabiola Nibard qui s'est coincé les doigts dans le clapet de son portable et contrepointé par la toux en arpège de Mademoiselle de Lhéry:

- A l'Appa a a a  à l'Appapapapapa, à l'Appa l'Appa, l'Apa a rtement !


26 juin 2010

Plus tard

En plein midi radieux, dans le soleil d'été, quelqu'un vient dans l'Appartement pour se dire, qui apporte avec lui un vent froid étreignant tous ses habitants, mais qui s'échappe vite par nos ouvertures géographiques.

- C'est vous? Jacques Laprune?

Je ne suis pas sûre que ce soit lui, je ne le vois pas, puis je l'entends, c'est bien lui: Jacques Laprune, maire de Batbourg.

Je croyais que je ne sentirais plus rien, je croyais qu'après c'était terminé, qu'il n'y aurait pas de "plus tard".

Pourtant je sens le vent, il me rafraîchit, je sens l'odeur froide de l'eau des arroseurs automatiques qui se mettent en marche, dans les jardins de Batbourg, avec  le jour qui se lève.

Je sens l'odeur du soleil, je n'avais jamais senti ça.

Voilà qu'il m'est venu un après qui m'apporte ces secrets-là.

Les odeurs que je ne percevais pas, je les sens, les sons que je n'entendais pas, je les entends, et dans ma tête en direct, des sensations étrangères me parviennent.

Les fleurs de Michel Misère ont pour lui des couleurs nouvelles, je vois comme il voit jusqu'à leurs  fines racines dans la terre, chaque gouttelette d'humidité qui forme les nuages de son ciel définitif, à travers sa serre je la vois comme lui.

Je sens ce que sens Fabiola, loin, loin, je pense les pensées du Léon.

Oh! Je sens tant de choses et tant et tant, malgré que mon cerveau pourrisse,  parce que je suis mort et que la décomposition me mange à toute vitesse.

Et cette chose qui me possède me dit:


Tu vas t'emputréfier, tes fluides pestilentiels

s'écoulant lentement nageront dans les flots

vibrants jaillissant des autres morts.

Tu disparaîtras de l'esprit et du cœur des

hommes et jamais, jamais tu ne perdras

la conscience d'être.


- Ah, gémit ce qui subsiste de ce Jacques, c'est donc ça l'Enfer?


2 juillet 2010

Solufactions

Ils ne sont pas solubles.

Ni dans l'eau ni dans l'air, même quand il fait très chaud.


Ils voyagent librement et ne me demandent plus de leur montrer le chemin pour sortir de l'Appartement.


Je me demande si je ne les ai pas croisés, si je ne les croise pas rue Saint Malo, place des Lices, dans le marais, autour du BHV, rue Violette à Forcalquier, dans le restaurant
de Norbert, In Vino.

Est-ce que ça n'est pas Ces Dames, que j'ai aperçues hier chez IKEA ? Et au loin vers la Place de la Concorde, les silhouettes floues de Marianne et Lili ? Et Troudup sans Léon, il me semble, maraudant hier autour de La Bernique ?

Je me demande si j'ai la trouille qu'ils s'en aillent.

Et s'ils vont revenir.

Je me demande si ce sont mes amis, des relations, mes enfants ou rien du tout.


Il fait si chaud, je me liquéfie.

Je suis soluble dans la chaleur, de l'air, du feu, de la lave, moi je vais disparaître et me défaire, mais pas eux.

Et dans la chaleur mes questions mêmes s'évanouissent en vagues brûlantes avant de s'éparpiller.
Il fait si chaud qu'elles ne s'évaporent pas, l'humidité les retient.

Je crains que mon corps malgré ses os durs ne soit point thermocompétent et que là-haut dedans, ça ne chauffe trop, sans savoir si je dispose d'une soupape à vapeurs.


14 juillet 2010

Les ci devants

Comme ils sont tous en goguettes, en embuscades, en arrière, en avant, n'importe où sauf ici, avec moi dans l'Appartement, je décide de commencer une nouvelle dynastie grâce au réseau.

Vive le Net !

Sur un site très ouvert, je choisis des personnages, ils ont déjà leurs rôles et je ne prends pas n'importe qui.
Des rois, des reines, des magiciens, des héros, des chevaliers, quelques dames d'honneur.

Du beau monde, vraiment.

Fi des habitants de lotissements, des représentants de commerce, traductrice, inspecteur de police, médecins, comédiennes et autres psy, halte aux ménagères, infirmières, barmen, gondolières et autres livreurs et vendeurs à domicile, non, non, ça suffit comme ça, j'ai choisi le haut du panier.

Ils se sont présentés dans leur ordre d'arrivée, c'était pas mal du tout, ils ont joué leur partie sans s'opposer en rien à mes volontés.

Ma tentative de putsch n'a pas été une réussite.
J'ai perdu.

J'ai fumé un cigarillo tout
en réfléchissant, le bruit de mon souffle rejetant la fumée faisait pff, pff, comme si je me fichais bien du pouvoir créateur, alors que pas du tout.


16 juillet 2010

Réalité

Elles sont toutes là, venues spécialement, certaines des Voies Obscures, mais aussi Hannah, et la plupart venaient du Journal, dans une grande maison où l'on en attendait une venue de très loin.

Toutes sont les femmes de la famille.

Un grand oiseau a cogné à la fenêtre, immense aigle, fatigué, déplumé, est-ce que c'était elle? On a ouvert la baie mais le grand oiseau est reparti.

Non, ça n'était pas elle.

Tous les cousins sont arrivés en jeunes gens dissipés.

Je ne connais pas cette maison qui est La Maison de  ma Famille, elle est vendue, cette grande fête est la dernière.

J'étais là, venue de loin dans tout mes états, en bébé, en petite Thé, en jeune fille, en cousine, en fille, en sœur et toutes les autres, c'est mon anniversaire.

Jeannette était belle, bien habillée et fardée comme une vedette de cinéma d'autrefois.

Jeannette qui fut secrétaire, chef de service, actrice occasionnelle, je me souviens de sa casquette quand elle était taxi, de son beau visage, de son sourire, de ses yeux clairs.

Jeannette m'a donné une liste pour  y mettre mon nom et le moyen de m'appeler quand elle voudrait, mais aussi quand moi je voudrais.

- Quand tu veux, ai-je dit, je suis toujours libre pour toi.

J'ai compris à son sourire qu'elle n'était pas cette Jeannette mais aussi  l'Ange Heurtebise qui viendrait me chercher.

Il aurait fallu que je porte les vêtements posés au pied du lit, il aurait fallu que je me coiffe des couronnes de feuilles, que je me maquille, il aurait fallu que je dise oui à tout ça, et que je chante.

J'ai dit non et je me suis réveillée, entière et seule dans l'Appartement.


19 juillet 2010

La Grande Vadrouille

- Nous,  les Gens de l'appartement, nous sommes réunis ce jour, ou cette nuit, bon, et nous avons pris la décision de partir en vadrouille.

- Oui, mais... et ils m'interrompent aussitôt.

- Pas de mais qui tienne, plus de mais, restons-en à oui.

J'ai fini ma phrase malgré leur opposition ferme à toute objection

- ... où est la vadrouille?

Ah oui alors, c'était une bonne question, mais une objection trop raisonnable.  Léon, l'expert du sujet, a donné la réponse, il connait la chanson.

- La vadrouille est partout, la vadrouille est nulle part.

- Oui! Oui! Oui! entonnèrent-ils tous d'une même voix, et moi avec, entraînée par leur élan, partons en quête de La Grande Vadrouille.

Puisqu'aussi bien c'est la saison des estives et des changements de rythme, je partirai, moi aussi, par les chemins, par les trains et les voitures, mais pas par les avions c'est comme ça, et je trouverai La Voie de la Vadrouille.

Bref, je pars en vacances.

Mais je ne peux pas finir ma valise tout de suite ainsi que je comptais faire parce que Dracula me dit

- Avant de partir, ne pourriez-vous procéder à un léger ajustement ?

- Lequel ?

- Ne pourriez-vous, je vous prie, et là il a souri, ça faisait froid au cou, changer cette petite chose: je souhaiterais supporter la lumière du jour.

-  C'est trop dangereux, je ne peux pas faire ça.

- Rappelez-vous, dit-il d'une voix d'outre-tombe (et oui), que vous pouvez tout. Dans le même temps que vous me ferez tolérant aux rayons du soleil, faites-moi  végétarien.

- Que cela soit écrit et que cela soit accompli (comme dit Yul Brunner dans les Dix Commandements). Et hop, je l'ai fait.

Alors, ça a été le défilé, pour l'Albert d'Alice j'ai créé une voiture neuve, confortable avec le budget qui va avec, pour Troudup j'ai créé des alcools sans gueule de bois, Braise m'a rappelé que je lui devais un grand rôle, ah oui, il va falloir, Jésus m'a demandé des apôtres, ah oui, je me souviens, j'avais promis d'y penser.

Marianne m'a prise à part, elle voulait que je la change en femme heureuse,

- Je ne sais pas faire ça,

- Alors faites-moi gaie.

J'ai fait Marianne gaie, j'ai fait Paulette Dolstein optimiste (bien qu'elle ne m'ait rien demandé),  j'ai fait Robert Dieu rigolo, j'ai fait Louise Kowski amoureuse, j'ai fait le Nono du Petit Renard bavard, j'ai fait Fabiola aimable.

Et ça continue, Joseph veut un micro climat sur ses terres, Seth veut parler toutes les langues, Rachel Zukolowsky veut rencontrer Rachel Lehmann qui veut revenir en chair et en os,

- Je ne veux plus être un fantôme.

Et le défilé continuait, alors j'ai dit, stop!

- Voilà du papier, voilà des crayons et voilà le clavier, choisissez où et comment vous voulez écrire votre demande. Tout le monde sera servi par ordre d'entrée en scène.

Quand je suis partie, ils commençaient tout juste à écrire, écrire, écrire.

Il est dit, dans une histoire Yiddish, qu'au Jour du Jugement, chacun se présentera devant Dieu, lui dira sa maladie et en sera délivré, afin que dans sa résurrection, il soit en parfaite santé.

Tous seront guéris, sauf les imbéciles, car ils seront les seuls à ne savoir dire leur mal.

Et moi qui ne demande rien et me suis inscrite sur aucune liste, je crains d'être cette imbécile qui ne saurait pas dire sa maladie.


9 septembre 2010

Noël! Noël!

Shana Tova dit Rachel Lehman et bon, oui, Shana Tova réponds-je, et c'est une bonne façon de revenir.

Ils ne sont pas tous rentrés de leur vacance.

Certains sont perdus dans les grèves du Nord, sur les plages vides, dans les ciels qui s'embrument en frontière de Cévennes, ils errent, c'est par choix.

Léon aboie que son Troudup est dans une phase nouvelle mais ne veut pas donner de détail.
Léon ne parle plus ma langue ou c'est moi qui ne l'entend plus de cette oreille?

Que s'est-il passé durant l'été?
Qu'est-il arrivé?

Je le saurai en lisant les prochains épisodes.

Pour l'heure, me dis-je, contente-toi de l'actualité du jour: Shana Tova.

Prépare cette journée qui va venir à te demander ce que tu as fait de ton temps.

Oui, oui, oui, ne finasse pas à coup de citations, de Où suis-je et qu'ai-je fait, ou que dois-je faire encore.

Non, non, non, toi aussi tu es sortie de l'été autrement que tu n'y es entrée et il va bien falloir que par ces Voies Obscures tu te donnes des nouvelles.

Sinon il va t'arriver de la famille...


31 octobre 2010

Varwuss ??

- Bon anniversaire ! Eh ! Eh ! Bon anniversaire !!!

Je fais le tour de l'Appartement, je cherche, je cherche encore, il n'y a personne.

La voix vient de loin, je la reconnais mais je ne sais pas qui c'est.


- Oh ! Oh! Eho !

Je crie fort, je crie très fort, j'appelle et je l'appelle mais personne ne répond.

Silences, silence.

Cette voix familière, où voyage-t-elle? D'où vient-elle?

D'un monde disparu?
D'un autre monde?

Ou bien de la cinquième dimension, la toute petite dimension infinie du souvenir.


Alors, je murmure avec tendresse pour qui peut l'entendre,

- Bon anniversaire,

9 novembre 2010

Beuhhh

Et bien ça n'était pas une bonne idée, rien d'autre à dire.

Nous en avons tous mangé, tous les parfums, tous les arômes et vraiment ça sentait bon.

Mais ça n'était pas une bonne idée, voilà, que voulez-vous que j'en dise, rien d'autre, pas une bonne idée.

Analyser la chose, je ne sais pas où ça peut mener.


Sur le fond je pense que nous avons eu tort de mélanger ce qui ne devait pas l'être, du flan réel dans des estomacs imaginaires, ça n'a pas donné le résultat escompté.


Nous sommes tous dépités, ou épuisés, ou vidés, ou un peu triste.


Demain nous aurons digéré tout ce flan, beurk, tout ce flan.

Le flan ce n'est pas si bon, c'est flasque et tremblotant, c'est pâle et mou.

Demain, demain ?


Demain, voyons, demain j'écrirai, voilà, oui, j'écrirai au lieu de cuisiner des mots qui ne finissent pas dans les bons registres.

11 novembre 2010

Art Kaïque

Une bande de gamins s'est éparpillée dans l'Appartement, des fillettes, des garçonnets, des nourrissons, des filles et des garçons de toutes couleurs, de toute origines, de tous genres,  avec lunettes, qui en couches culottes, qui en langes, sanglés comme autrefois, d'autres bébés tout nus.
Il y a des fillettes aux nattes si serrées qu'elles tirent leurs yeux vers les tempes, d'autres aux cheveux noués de satin pâle, avec des franges, sans franges.

Est-ce ma partie K qui se manifeste avec fra-K ?

Que non, ça vient de plus loin, car il y en a une, plantée devant moi, que je reconnais .

Elle a les cheveux courts, en vrac, un pantalon de garçon, de grosses chaussures de montagne, elle a un pull en V trop grand, un col blanc douteux là-dessous, elle a le regard triste et le sourire franc,  c'est moi à dix ans.

- D'où est-ce que vous sortez tous?

- Ben, on vient de ton rêve de cette nuit.

- Ah! C'était vous ces colonies d'enfants abandonnés que je devais convoyer je ne sais où, remettre à des gens dont je ne savais pas ce qu'ils feraient de vous. C'est vous la honte et la peur?

- Ah, non, dit-elle, pas la honte, pas la peur, nous sommes ceux d'avant.

- Ceux d'avant quoi?

- Ceux d'avant ceux de ton rêve, nous sommes tes archaïques, des ancêtres bénins.

Elle ne sait pas ce qu'elle dit cette petite moi, ancêtre bénin, c'est joli mais ça n'a pas de sens.

- Ce que tu ne comprends pas peut avoir du sens, me répond-elle.

J'oublie toujours que dans l'Appartement n'importe qui peut lire mes silences sans obstacle.

- Je ne suis pas n'importe qui me rappelle moi.

Et elle enchaîne pour m'expliquer, puisqu'il faut m'expliquer ce que je sais déjà puisqu'un de mes moi le sait.

- Nous sommes bénins, nous ne transmettons aucune des conséquences que nous portons Nous  ne sommes que des passeurs de relais, nous avons disparu dans les adultes que nous sommes devenus.

- C'est bien facile ça, vous n'êtes pas que des supports, vous vous êtes faits aussi. Ne fais pas l'innocente.

Elle me regarde avec ses yeux tristes, je lui ai parlé comme à une adulte elle ne peut pas comprendre.

- Bien sûr que je comprends, je me demande qui est cette personne que je suis devenue. Tu as oublié qui tu es?

- Non, je soupire, non je n'ai rien oublié, mais j'ai parfois envie de ne rien savoir. C'est qui tout ce monde?

- Tu n'as qu'à leur demander.

Ils m'ont répondu en rafale, il y avait là Michel Troudy, Mani, Rachel Z. et Rachel L. les Albert, Alice, Paulette Dolstein, Suzanne Troudy, Frida, Louise Kowski, Astrid T., Jacques L., Robert Dieu, Bruno Ragazzi, Léon, et tous les autres. La cohorte de mes personnages, enfants, bébés, certains dans plusieurs étapes. Frédéric était le plus nombreux, avec mes moi aussi.

- Qu'est-ce que ça veut dire?

Leur réponse n'a été que leurs yeux vides fixés sur moi, et tout de même, la compassion d'un moi.

La Marité de dix ans m'a dit, si tu veux vraiment savoir, pense à autre chose. Ou revient demain, si on est encore là, peut-être qu'on pourra se dire quelque chose ?

Un embryon de réponse (ah, m'a soufflé un moi nourrisson) a filé dans un coin de mon cerveau, aussitôt évaporé, dont je n'ai retenu que ces mots obscurs: un numéro de sens.

 

18 mars 2011

Rappel au règlement

Hello visiteurs du soir, du matin, hello passants intéressés ou pékins vagant à leurs vagues occupations, hello mous curieux, hello vous tous.

Je prends la parole ici, car voici que l'Investigation m'appelle au front.

Car oui, La Taulière a disparu de l'Appartement depuis des semaines.

Magnifique excuse au silence des semaines passées, remarquable aventure, incroyable évènement, La Taulière rapportera bientôt le récit de la Chose.

Alors quoi ?

Où était-elle?

Que faisait-elle?

Ne manquez pas les révélations imminentes.

Et à défaut de ses propres commentaires, je livrerai les résultats de l'Enquête.


5 avril 2011

Everybody but me

La troisième personne

J'ai écrit un titre: La troisième personne, et j'ai coché la case brouillon pour y revenir plus tard,

Dans l'instant

Je n'ai pas le temps,

Je pars

Pour un' prise de sang.

La machine me répond: Erreur. Votre message est vide. Le titre ne suffisait pas, tant pis.

Je pars au labo

Il fait beau

ou bien

Il fait beau

Je pars au labo ?

24 heures après, je relis mes vers pas assez libres, et j'y vais, fini les détours, c'est pour aujourd'hui.

La raison de la troisième personne du titre, c'est mettre hors jeu la personne qui cause.

Non, Je n'est pas un autre, Je est je mais Soi c'est n'importe qui, sauf moi.

Moi et mon Soi donc, étions attablés dans un restaurant vietnamien, en conversation avec RL, le psychanalyste qui mena mon analyse.

Je reprochais à la psychanalyse en général et à ce groupe d'excellentes personnes que RL organise et anime, de ne pas mettre le corps à sa juste place.

Le corps, disai-je, est au moins aussi important que le langage. Mon corps je ne l'ai pas, je le suis, sans corps je ne suis pas née, quand mon corps mourra je disparaitrai en même temps que lui.

A cet instant mon Soi et moi avons senti des papillons dans notre oesophage. Mon moi dit Je ne me sens pas bien, à quoi RL ne répondit pas, buvez un verre d'eau ça va passer mais, j'appelle les secours.

Quand les secours arrivèrent, mon corps gisait sur le carrelage, mon Je, très objectif et presque parfaitement détaché du Réel de l'évènement, s'appliquait à décrire les symptômes, très alarmants, et à informer les pompiers que ce corps ne souffrait d'aucune allergie.

Mon Soi, goguenard il me semble, observait la scène, mais pas de très haut contrairement à ce que décrivent les revenants de Near Death Experience.

Pas de lumière vive, pas de vision d'ensemble depuis le plafond, pas d'appel du Ciel, pas de haie d'honneur des chers disparus. Mon Soi savait peut-être que j'étais en train de mourir mais pas moi.

Nous n'étions pas trop de trois pour vivre cette expérience.

Point, fin de la première partie. Le drame est en cours.

Tout comme Phèdre a lancé sa tragédie en avouant son amour incestueux, lui donnant ainsi corps (ah tiens, corps hein!), j'avais ouvert la voie à la mienne en donnant corps, par la parole aussi (damned!), à ma mort.

Tiens, m'a-t-il renvoyé dans son langage de corps, tu ne crois pas à la primauté du Signifiant?  Tiens ! Prends celle-ci dans ta face.

Traduction: voici qu'est déclarée une dissection aortique aigue, affection autrefois mortelle à coup sûr mais qui tue encore vite et beaucoup.

Aux urgences de l'hopital Cochin le diagnostic a été fait très vite. Nous avons, le corps, moi et mon soi, été envoyés tous les trois au bloc opératoire de La Pitié Salpêtrière où nous avons été accueillis par un homme masqué et une piqûre. Arrivée sur la table d'opération, Je lâchai prise.

C'est dans ce lieu et dans ce temps que je suis morte. A l'instant et au lieu Là, ce Soi a pris les rênes.

Pour mieux dire: Je est morte, un Elle/Soi a pris la suite.

L'instant de ma naissance est précis, 6h45, Paris 12ème, celui de ma mort tout aussi précis, 1h30, Paris 13ème. Une vie commencée dans un hôpital après une nuit de bal de 14 juillet, terminée dans un hôpital après une soirée, avortée (eh oui) au restaurant, c'était très cohérent.

Ce qui l'est moins, c'est que ce soit en train de s'écrire.

Que S'est-il passé, que Se passe-t-il ?  A la première personne, à la troisième ? Au singulier ou au pluriel ?

Bref: y-a t-il un narrateur dans le récit ?

 

13 avril 2011

Une vie en kit

Trouvé sur ebay cette annonce dans une rubrique Tout faire soi-même: une vie en kit.

Fin de la vente, minuit ce soir, 595 euros 50, quarante-sept enchérisseurs.

Je l'ai mise dans mes affaires à suivre.

Depuis je cherche sur Internet combien ça vaut,  je ne veux pas me faire avoir. Contrairement à ce que disent morales et religions, toutes les vies ne se valent pas.

J'en ai trouvé une masse incroyable, dans des blogs de tous genres, dans les sites des journaux et radios, au rayon faits divers, dans les sites people, partout, partout, partout les vies s'offrent en vrac au passant connecté.

Je constate que la vie (des autres) ne vaut rien, il y en a trop.

Je vais garder la mienne qui ne vaut ni plus ni moins que celle des autres, et je ne vais pas la laisser se faner dans les dossiers médicaux, procès verbaux d'audition, extraits de naissance, de mariage, écrits certifiés conformes et autres compte rendus d'enquêtes.

Ma vie, c'est moi qui l'écris.

 

27 mai 2011

Héroïque fantaisie

Schyzophrénie civile.

Louka n'est pas d'accord avec le titre au dessus mais elle ne dit rien. Elle range le dossier rose anthracite sur lequel est écrit en noir satiné le mot Taulière, et elle s'attable au bureau avec le Professeur Übernix.

Monsieur Troudy est moins délicat, il est comme ça Troudup, tout en sensation.

- C'est quoi c'turbin ? Ê m'fout d'ma gueule la cafetière, euh, la Taulière ?   J't'en foutrais des fyzokrénie civile ? 

Dolstein sourit, elle est Troudy-sensible, sans quoi elle ne le recevrait pas deux fois par semaine depuis des années. Mais elle reste neutre, lacanienne frigide pense Übernix, Carabosse pense Louka pendant que Troudy ne pense rien, comme d'habitude.

- Qui est schyzo ici ? demande Braise.

- Certainement pas nous, disent les gens de l'Appartement.

- Messieurs, mesdames, mesdemoiselles, jeunes gens, tous les particuliers de l'Appartement dont Léon, les nains de jardin, le lombric de Marianne (qui n'est jamais venu mais que je sens se tortiller tout de même dans l'Appartement) et tous les autres, c'est bien sûr de moi qu'il est question.

- La Taulière ?

-  Qu'est-ce qui se passe ici ? demande Fabienne Berman qui ne comptait pas passer mais qui a été emportée par l'arrivée en masse des Gens de l'Appartement.

C'est Louka qui répond sur l'indication du professeur Übernix

- La Patronne prend des vacances.

- Oh ben, dit la Myrtille Souche, y avait pas besoin d'un dictionnaire pour nous chanter ça.

- Ah ben oui, franchement, dit Astrid, et son mari le docteur hoche la tête, franchement !

- Ce qu'il y a dit Ragazzi, ou plutôt ce qui manque ici, c'est le contre pouvoir.

- Contre pour voir ? dit Corinne Mars en se collant à lui.

- La presse, l'oeil du Grand Autre lui répond Robert Dieu.

- Arrêtez les digressions, laissez-moi faire mon annonce !

Ils se taisent enfin mes bavards.

- Schyzo Civile, ni religieuse, ni militaire, laïque et non systématique, moi sans uniforme et sans sur moi (censure-moi, je ne peux pas m'en empêcher), sans dogme ni doctrine. Moi-Celle-Qui-Ecrit, je me suis engagée dans un manuscrit de longue haleine à longue alène. Les autres Celles-Qui assureront l'interim de la Régence.

- C'est tout ? la rumeur les enrobe tous, ils craignaient un abandon, la démission. Ils avaient peur que Marité de Vos K. les lâche. Au contraire, elle les lâche.

- Bref, dit Celle-Qui-Coud entourée d'un petit bataillon de Celles-Qui, souriantes et pas du tout prise de tête comme la Marité de Vos K. qui écrit, qui pense et qui pèse trois tonnes, bref, nous prenons la Régence du Blog, l'Appartement est à nous. Première décision, réaménagement du grand salon. Dès demain, visite de l'Atelier.

Ils ont tous un vague sourire incrédule. Braise passe son bras sous celui de Dracula, Fabiola prend discrètement la main de Dolstein, Ragazzi se rapproche de Corinne, le lombric change de poche et moi je me réjouis de me laisser la place.

Il n'y a qu'Übernix pour songer que le contraire de Schyzophrénie Civile c'est Fantaisie Militaire.

 

16 juin 2011

Où ? Quoi ? Hein ?

- Caisse tu dis ?

- Ben où qu'elle est ?

- Elle est à Paris.

- Ben elle est gonflée, ê se tire et elle nous laisse ?

- C'est la nouvelle Taulière, caisse tu veux que j'te dise !

- Toi rien, mais elle pourrait nous causer de temps en temps.

- Ê va sur d'aut'blogs.

- La Taulière elle va voir ailleurs !

- C'est à cause de son truc.

- ?

- Son speculhomme.

- ????

- C'est un machin qu'avec elle peut voir partout.

- Ben c'est pareil qu'avec nous.

- Nan, parce que c'est nous qu'on est dans elle et qu'c'est elle qui nous sort, alors que les autres elle va dedans grâce à son truc.

- C'est pas un peu dégueulasse?

- Nan, pas si c'est bien fait.

- A r'vient quand?

Je reviens quand je veux, non mais dis-donc ! Ces deux-là n'ont même pas dit leurs noms.

- Tu sais très bien qui ils sont me réponds-je.

- Bien sûr que je sais, c'est la Myrtille Souche et son mari buvant le café sous la pluie, sous la marquise de leur toute petite maison. Ils surveillent leurs nains occupés dans le jardin à jouer aux cartes, à pêcher dans la baignoire de bébé...

Et à parler de moi eux aussi, j'imagine.

- C'est bien possible, dit Fabienne Berman, concentrée sur les Souche en plan américain sur son écran géant.

- Tu penses à quoi ? demande Bruno Ragazzi.

- Pas besoin d'être devin, dit Robert Dieu, elle pense aux nains.

- C'est à creuser en effet, dit Dolstein, des nains de jardin parlant, ça pourrait ouvrir un marché.

- N'oubliez pas, dit Dieu, que c'est là qu'on a mis les capteurs des sujets Souche.

 

29 septembre 2011

A la demande générale

- Hein ? Caisse tu dis ? Hein ? Hé ! Ho! Je comprends rien! Quoi ?

- C'est pas moi, c'est la Taulière, elle dit qu'on est nazes, l'Appartement tourne plus, elle va rev'nir.

- Quand ça ?

- Demain qu'elle dit.

Demain, demain, c'est tout de suite oui. La couture c'est pas mal, la cuisine, aussi, crochet, tricot, bien, bien, bien, mais en contrepoint, pas en trame. C'est contagieux la tension de fil, il ne s'agirait pas que je sombre dans l'ourdissage.

En attendant, dîner, purée minute:

Cuire une grosse pomme de terre épluchée dans l'eau avec une feuille de laurier, saler.

Quand ça sonne, et  ça sonne: c'est cuit.

Ecraser à la fourchette, avec une grosse cuillère à soupe de crême fraîche au lait cru.

Manger.

La métaphysique et les productions intellectuelles vont revenir et la vie ne va pas disparaître:

Sonnez hautbois, et d'ailleurs non, jouez saxo, claquez batteries, hurlez guitares électriques, la Taulière est de Retour.


2 décembre 2011

Des ménages

- 35 mètres cube, dit le type.

- Bon, répond-elle, j'attends le devis.

Il est parti, elle est restée.

Cette étape est habituellement ellipsée, que le type s'en aille on le sait, il est venu faire un devis, il va en faire un autre ailleurs. Que la cliente reste chez elle, on le sait aussi. Même quand on la retrouve quelques minutes plus tard dans la rue, on sait qu'elle est d'abord restée chez elle, elle a mis son manteau par exemple, elle a fermé la fenêtre de la chambre en pensant c'est assez aéré, elle est sortie, elle a descendu l'escalier et la voilà dans la rue.

Le type a descendu l'escalier, il a fumé une cigarette dehors et il est remonté dans son deux tonnes, c'est le nom de sa voiture, déformation professionnelle.

L'ellipse, c'est supposer sans dire, mais quand on déménage, on ne suppose rien, on compte et on porte.

- 43 mètres cube, dit un autre.

- Bon, que je réponds interloquée, j'attends le devis.

- 49 mètres cube.

- J'attends le devis.

Je suis rassurée, je ne sais pas qui  qui dit n'importe quoi mais du coup ça devient léger. Jusqu'à ce que je me demande si l'un d'eux n'aurait pas vu traces des Gens de l'Appartement, pesé leurs âmes aux aguets, additionné les ombres tapies dans les coins, dans les creux,  les lignes effacées de leurs mains sur les murs courbes et, sur les plafonds hauts les reflets de leurs cerveaux luisant à travers les scalps.

J'ai fait le tour et je n'ai rien vu que d'invisible pour les yeux. Ouf.

Je regarde mes meubles avec amitié, vous êtes gonflés les gars.


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Marité de Vos K
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