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Marité de Vos K
30 octobre 2010

Fool foule

Panique à l'Appartement, une foule de Michel s'y presse, entourant le clavier et l'écran, assis sous le bureau, jouant dans les étagères, y en a plein le couloir, plein la chambre, dans la cuisine, ils font la queue pour les toilettes.
Inflation de Michels, pléthore, surpopulation, superlatifs michéliques.
Bref, il est trop !

- Michel ! rentre à la maison, Michel ! Michel !

- Oh, Michou, t'es dans la lune ou quoi ?

- Eh la Miche, t'es où ?

- Michel ?! Michou ? Mimiche ? Michéri, La Miche, Mimonchou, Mimi ?!!

- Ouah ! Ouah ! glapissent les Léons, eux aussi en plusieurs modèles de tailles mais sur moins de temps. Disons qu'il a une petite dizaine d'années de Léon représentés par des Léons.

Pff, je ne comprends ni ce que je vois, ni ce que je pense.

- Oh, eh ! Monsieur Troudy, que se passe-t-il ?

Et comme bien sûr il est là lui aussi, parmi les autres, il est bien embêté:

- Je suis désolé, c'est à cause de Dosltein, alors...

- Alors quoi ?

- Alors je ne sais que faire. Elle m'a laissé en pleine panade, tout afflue, je ne sais pas comment j'ai fait, tous mes mois se télescopent, je ne sais pas lesquels je suis. Il y en a même que je ne reconnais pas, celui-ci, là, en pipe et moustache, il ne me rappelle rien du tout, pourtant, c'est un moi, c'est sûr. Le petit gars, là, le Michto, c'est moi, et lui, c'est moi, ils sont tous moi ! Je ne me savais pas si nombreux.

- Quel rapport avec Dolstein ?

- Elle est en vacances.

- C'est pas gentil ça.

- Non, hein, on pourrait compter que son analyste ne vous plante pas en pleine crise de soi.

- Il faut faire quelque chose, on ne peut pas laisser tout ce monde ici.

- Ah là là, je vous jure, c'était bien plus simple quand j'étais ch'val, la vie d'épave c'est pépère.

- Je compatis, mais là, vous allez faire quoi ?

- Je n'en ai aucune idée, c'est la fin du moi,

me répondit Troudup avec un sourire que je ne lui connais pas, charmant, charmeur, et je me suis contentée de cette réponse.


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10 novembre 2014

Les Sang-papiers

- Des sans-papiers ? Ce n'est pas possible, dit Mademoiselle de Lhéry.

- Et pourquoi ? je demande, sincèrement étonnée.

Je suis effectivement surprise, je me préparais à recevoir les nouveaux dans L'Appartement quand la vieille demoiselle est apparue, bloc et stylo à la main pour me dire la loi.

- On ne fait pas ce qu'on veut, nous sommes dans un état de droit, les sans-papiers, c'est impossible, c'est tout, c'est la loi, on ne peut rien dire à ça.

Denise de Lhéry est secrétaire de Mairie de Batbourg mais,

- Mais, Mademoiselle, lui dis-je, Batbourg est un village inventé, la mairie de Batbourg est un lieu virtuel, l'environnement de Batbourg, les champs, les rues, les maisons, les jardins, et la Mairie, est un environnement virtuel. Batbourg n'est qu'un manuscrit parmi les autres.

- Et alors ? dit-elle, le corps dressé en figure de proue, et alors ?

- Alors, on fait ce qu'on veut dans la littérature.

- Vous voyez bien que non, dit-elle, puisque je m'y oppose et que je suis la secrétaire de Mairie, et que monsieur le maire, je peux vous l'assurer s'y opposera aussi. Et tout Batbourg s'y opposera. Et Bourg-lez-Nains, et les Voies Obscures, La Greffe, Bienvenue à la Fabrique, et tout les lieux, toutes les sources, tous, nous sommes tous issus d'un manuscrit, nous venons tous du papier et aucun sans-papiers n'a sa place ici. Il faut être né !!!

- Ils viennent d'un manuscrit mes Issus, ils sont même déjà venus ici, Mordechaï, Anna-Magna, oui, j'en suis presque sûre, ils sont déjà venus. Là : Anna-Magna

- Ah bon ! Pourquoi vous avez dit sans-papiers ?

- Sang papier.

- Ah la la, il fallait préciser. Parce que vous comprenez, ici, c'est du sérieux, tout un chacun doit venir de quelque part, d'un endroit identifiable et tangible, nous devons trouver pour chacun l'origine, le manuscrit. D'où viennent-ils ?

- A l'origine de L'Autobiographie de Dieu, mais maintenant d'un manuscrit en cours dont je n'ai pas le titre, disons qu'ils habitent dans Mercredi 10 septembre 1941, ou qu'ils sont issus de Page 69.

- Page 69 c'est très bien, je note et voilà, bienvenue aux habitants de Page 69 .

 

 

8 septembre 2017

Hello ma bande !

Chers vous-moi,

Je ne vous oublie pas, vous vivez dans votre monde quand je n'y suis pas.

Mais je ne suis pas sans vous, je suis avant vous, dans l'espace de votre invention, là où, sous forme de rêves, de croyances, d'espoirs et de contraintes, vous êtes nés. Dans mon enfance.

Troudup, tu es un avatar de ce type de Richebourg mais tu es devenu la représentation d'un visage de mon père.

Léon, tu es tous les chiens de ma famille, tous ses oiseaux aussi et le dinosaure qui tous les soirs venait me rassurer dans mon lit. Il passait sa tête par la fenêtre du quatrième étage, son long cou la menait jusqu'au lit superposé, celui du haut où je l'attendais. C'est pourquoi tu sais parler.

Braise tu es moi et ma mère en moi.

Marianne, tu es ma résignation, mes échecs, mon ombre libre, tu es ma flamboyante obscurité.

Corinne s'est échappée de Rachel, Mandrake est Richard, La Rumeur est la voix sourde des Emouleuses, Dracula est mon Dracula, celui que j'étais à dix ans, allongée sous le banc de béton, saisissant au hasard la cheville d'un enfant qui jouait à prier pour mon salut.

Il n'y a pas d'enfant dans l'Appartement, pas d'enfant dans mes manuscrits-mondes, l'enfant c'est moi éternellement, vous êtes ensemble cet enfant complet.

Je compte que vous vous déployiez pour me donner le spectacle de mon épanouissement. Je coupe aujourd'hui solennellement le dense cordombilical-fibre optique qui nous maintenait dans le même corps cérébral.

Vivez ! Volez ! Créez ! Imaginez ! Inventez ! nous serons liés par la peau, par les yeux, par l'élan, le désir et la joie ! Envolez-vous, je saurai nous rassembler,

La Patronne 

 

10 mars 2010

Me voici

Denise de Lhéry, Monsieur Troudup, Léon (figuration).

Bonjour à tous,

Puisque la chose s'installe, je suis venue me présenter: Denise de Lhéry, secrétaire de mairie à la retraite, mais je continue en bénévole pour Batbourg, je vis moi aussi dans l'Appartement. Passer par le mail et l'identité de Madame de Vos K m'ennuie un peu, mais nous n'avons pas d'autre solution pour l'instant.

- Au fait! Au fait! Arrêtez de bavarder!

- Ah! Monsieur Troudup, justement! Je vous rappelle que vous n'avez pas le droit de toucher à l'ordinateur quand vous êtes sous l'emprise de l'alcool!

- Ah c'est donc ça! Qu'est-ce que je suis allé foutre sur ce commentaire de tricot de bonne femme! J'étais saoul! vous me rassurez Mademoiselle.

- Je préfère quitter cette page que supporter vos commentaires macho monsieur Troudup.

- Et alors quoi! Le macho est celui qui sait plaire aux femmes, y a pas de quoi critiquer. Allez, à plus tard.

Elle est partie pas contente la Denise. Elle m'énerve cette vieille fille, jamais boire un coup, jamais rigoler. C'est fatigant les gens parfaits.

Bon, ben, bonjour les gens!

Moi j'habite pas l'Appartement, je passe souvent, je promène mon chien, je vois du monde, pas que du beau mais je vois du monde quoi.

Je suis de Batbourg, comme Mademoiselle de Lhéry. Elle m'énerve mais elle est native du village, ça donne des droits.

Mon vrai nom c'est Troudy,  Troudup je sais pas d'où ça vient.

Ah dis-donc, midi et demi, i' s'fait tard, déjà l'heure de l'apéro. Allez, viens mon Léon, on va aller boire un coup au Petit Renard, de l'eau dans ta gamelle et pour moi un blanc sec pour commencer.

 

 

10 juillet 2010

Et quoi encore !?

Carabosse, furieuse du titre d'hier, atterrit  en tempête dans l'Appartement.

- Daube de fées, non mais quoi et quoi encore?

- Comment ça quoi et quoi ? Je ne suis pas la patronne des titres, la patronne des fées et de leurs comptes ! Qu'est-ce que j'y peux, moi, à la mythologie occidentale ?!

Je ne suis pas l'auteur de toutes les Bibles de l'Univers, non mais quoi et quoi encore !

-  Personne ne contrarie Carabosse,
hurle-t-elle, personne ne s'oppose à Carabosse sans lourdes conséquences !

- Je n'ai aucune intention de provoquer quelque conséquence que ce soit, mais si on me cherche, on peut me trouver tous les jours ici!


- Où ?


- Ici ! A l'Appartement!


- Ah oui ? AH OUI ! AH OUI ?


- Je ne suis pas un nourrisson,
Carabosse, ni La Belle au Bois Dormant. Parlons simplement, qu'est-ce qui vous a tant choquée?

- Vous demandez pourquoi? POURQUOI ?? Daube! Daube de fées!

Que lui dire?  Rien n'apaise les susceptibles, ni excuses, ni explications, et les tyrans s'en renforcent. Alors j'ai choisi ma tactique:

CACA RARA BOBOSSE !!! Par Saint Francis Blanche et par Saint Desproges : Carabosse écoute et obéisBaisse la tête, contemple ta Défaite : je suis la Grande Maîtresse, l'Over Prêtresse, je suis l'Alpha et l'Omega +, je suis le Grand Tout et le Petit!  Bref: prend garde à mon courroux (coucou)!

Elle fut prise à contre-pied, s'attendant à la peur, à la soumission, au pardon madame je ne le ferai plus.

Je crois au pouvoir des mots, mais ils n'auraient  pas suffi à la neutraliser si je n'avais pris la précaution de cacher son balai et sa baguette.

Elle a fait un rapide tour de la question, sa tête a viré trois fois sur son cou, mais j'ai vu l'Exorciste, ça ne m'a pas du tout impressionnée (j'ai juste eu une intense trouille).

Elle s'est soulevée de terre, mais enfin, à peine d'un mètre, l'Appartement est très haut de plafond mais Prudence a dicté sa Loi.

Après quoi elle s'est assise et m'a dit:

- N'en faisons pas un fromage, nous avons toutes nos opinions.

- Un petit rhum?

- Avec plaisir.


J'ai sorti deux verres, nous avons lancé les toasts en nous gardant bien de laisser à l'autre le terrain des formules magiques:
J'ai opté pour la plus puissante et n'en ai pas varié:


- Lé haïm! (A la vie!)


- Qu'il en soit ainsi, répondait-elle, mais je lisais sur ses lèvres, et que le cul te pèle.

Carabosse est une personne rassurante, quelles que soient les circonstances, elle reste elle-même.

Et la bouteille de Mathusalem n'a pas fait long feu.

 

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16 mai 2010

Orifices

Paulette Dolstein

Nous venons du néant, nous y retournons, nous en venons et nous y finissons, pas moyen de sortir de ce ça-là: l'orifice est le début et la fin.
Salle de bains, si on veut, évacuation, égouts, il ne s'agit toujours que du trou.

- Oh là là, c'est pas la peine de tortiller pour dire pipi caca!

Léon vient d'entrer dans le champ, au bout de la laisse, évidemment, sonTroudup, le nez enluminé.

Paulette Dolstein lui désigne le divan sur lequel il s'échoue, plongeant aussitôt du commentaire critique aux ronflements.
Elle considère Troudup, l'œil objectif, où se trouve ce qui peut aider cet homme à sortir de son trou à lui, profond et rempli d'alcool?

Et tout en cherchant, elle ne peut s'empêcher de finir sa péroraison:

- L'Homme est fasciné par ses orifices, c'est une constante, ce qui rentre, ce qui sort, mettre dans le mille, en boucher un coin...


Léon s'amuse, en spécialiste du trou, de l'ignorance  de la Dame aux Chiens. Il sait, lui, que le trou sent, le trou parle, il dit sa vraie nature, d'ailleurs, Troudup, dans un sommeil agité, pète et éructe,   il hurle soudain:

- Trou du cul! Trou du cul!

et  se rendort, soulagé. Il ne ronfle plus, il rêve. Il flotte entre terre et nuages, léger, heureux, il s'envole, de plus en plus haut, ballotté par le vent taquin, il voit Dolstein dans son fauteuil, il voit Léon et ses chiens Gardiens des Trois Trous, la porte, la fenêtre, l'inconscient. Sur le point de s'évaporer dans le ciel, un fort coup le ramène au sol, tiré par un long cordon arrimé à son ventre .

- Le nombril, poursuit Dolstein en regardant du coin de l'œil le rêve de Troudup, est un trou obturé dès la naissance.
Elle s'arrête une seconde, le temps de voir Troudup se poser sur le divan et son cordon se ré enrouler dans son ventre avec le bruit de l'aspirateur, vloup, ça y est il est rangé, elle termine:

- Le trou doit être comblé, manger, boire, fumer, écouter, voir, sentir, entendre, baiser. Ce qui rentre doit sortir: peindre, créer, écrire, composer, sculpter, inventer, vomir, pisser, chier, accoucher.

Et enfin elle se tait et attend.

Le plus fructueux de la cure de Troudup est produit quand grâce au sommeil, son inconscient  muselé par l'alcool se faufile par tout les orifices.

Et Il dit: Fais ton orifice, bourreau.

23 octobre 2011

Rien

- Viens voir ! dit Dracula à Braise. Elle dit non d'abord mais elle vient quand même.

- Oh, c'est vrai, dit Braise, il y en a. Elle s'écarte rapidement, ça fiche la trouille, elle dit.  Tu es sûr qu'il n'y a pas de risque ?

- Comment veux-tu !

- Comment quoi ?

- Comment veux-tu que je sache si le rien s'attrape ?

Je m'en suis aperçue au retour du marché mais le vendeur était parti et le gamin introuvable. Je n'ai pas pu rendre le morceau coincé au fond du caddie.

C'est un problème spécifique, je n'en savait rien car je n'ai pas d'expérience du néant. Ce problème est la quasi parfaite adéquation du néant au rien, il s'y colle et se confond.

On a beau regarder, fixer et épier l'endroit précis où le néant s'est calé, on a les yeux dans les yeux du rien, on voit, et qu'est-ce qu'on dit, pauvres crétins que nous sommes ? On dit Y a rien.

Le mal est fait. je ne sais comment débarrasser l'Appartement de ce morceau de rien, du tout petit bout de néant qui y est attaché.

Dracula est ravi.

- C'est une porte, c'est une ouverture, c'est la liberté !

- C'est un trou, dit Braise, rien qu'un trou, même pas rond, et effiloché.

- Pourquoi un trou devrait-il être rond ? je demande.

- Un trou pur est rond, dit Braise, un brave trou, un honnête représentant de sa race. Un trou rectangulaire, dit-elle, c'est une tombe, un trou triangulaire est prétentieux. Seul le trou rond est parfait.

- Il est noir, dit Dracula, et le noir est beau.

Mais moi, je ne me laisse pas embobiner par le premier trou venu, je retourne le sac écossais et le rien change de couleur, et de forme, ce n'est plus un rond déformé.

- C'est un trou caméléon, conclut Braise, un faux rien, à peine une miette de néant. Tu as eu de la chance, pour un peu, tu payais le prix fort pour même pas rien.

A peine une miette, pensé-je à part moi, on dirait qu'ils ne savent pas que le néant est infini, incommensurable, inimaginable.

Un peu de rien ou un monde de rien, c'est pareille même chose. Non ? Oui ? Ou alors non ?

 

22 juin 2017

Quarante douze degrés dans la tête

Chaud, chaud, ai chaud, suis chaud, chaud.

Chaud, tout s'évapore, la sueur, les pensées, la salive, les larmes, tout s'envole en séchant.

Bizarre je m'dis, les Gens de l'Appartement sont évaporés eux aussi ?

Non je me dis, mais je ne les entends pas, je ne les vois pas, pourtant si, je les sens.

L'évaporation les a littéralement concrétisés, ils sont devenus petits cailloux, perles rondes, épines de pierre, ils communiquent dans une langue minérale que je ne comprends guère, moi j'ai trop d'eau dans le corps, mon cerveau irrigué ne bout pas, il soupire.

Et tiens justement, chaque soupir produit une bulle de vie qui sèche instantanément mais l'air, hein, l'air ? C'est vivant ça, c'est quelque chose ça, l'air.

Ils sont là, en suspension, leurs esprits échappés de leurs corps déshydratés, ils attendent l'embellie, la pluie, l'eau.

Ne vous inquiétez plus Les Gens, je ne vous laisse pas tomber.

J'insuffle la pensée de l'eau,  ça vous suffit pour frétiller, vous gonfler d'humidité, rejoindre vos corps redevenus pulpeux, vous respirez à nouveau, la vie reprend dans vos mots, dans vos manuscrits, tout reprend espoir.

- Tu causes, tu causes, tu ferais mieux d'écrire.

- T'as raison mon Troudup, ouvre le Petit Renard, Nono, sors les glaçons, les boissons fraîches, de l'eau, de l'eau, des bulles, de la bière, c'est ma tournée !

Et que tous Les Gens de tous les manuscrits affluent à Batbourg !

- Ah quand même, dit Nono, elle a mis du temps, La Patronne, à payer son coup !

Une foule fleurit instantanément au bar, dans la salle, sur les terrasses ombragées, Corinne Mars, Marianne Defair, Le Souche et Laprune passent derrière le comptoir pour aider Nono et c'est parti, tout le monde revit, ça fuse et ça pousse comme les fleurs dans le désert sous l'averse miraculeuse, et tiens, j'ajoute des ventilateurs géants au plafond, Nono y suspend des grands sacs Ikea pleins de glaçons dans un peu d'eau salée, fraîcheur, fraîcheur.

- Merci La Taulière ! dit La Rumeur, Merci disent tous les Gens de l'Appartement.

- De rien, c'est enfin ma tournée.

 

18 avril 2010

Embrouilles

Joseph

Joseph ne comprend pas Alice.
Est-ce qu'on est pas tous enfermés?
J'ai commencé dehors, on m'a trouvé dans la rue.
Plus tard, il a fallu trouver un rein? C'est ahurissant, trouver un rein? Et bien, je l'ai trouvé dans une rue, oui.

Le monde est étroit et mon domaine immense, entre les murs du jardin qui entoure la maison où je vis, entre des murs encore.
Je suis mené par mes forces, je cultive et j'entretiens ce que je peux tenir de mes mains, bien incapable d'embrasser la nature au delà du cercle de mes bras.

Mais Joseph, dit Alice. Comment faites-vous?
Je ne tiens rien, moi, je travaille à Paris, je suis dans la foule et je ne connais personne.
Les limites de mon existence sont tracées mon auteur, je n'ai pas le choix.


Pfff!  L'auteur de qui, de quoi? Et moi-même de qui suis-je le pantin?
J'écris Alice, Joseph, Troudup, Denise, Espérandieu, Marianne, Corinne, et les autres, et alors?!
C'est vous qui m'enfermez, vous qui occupez ma tête, vous qui encore aujourd'hui parlez avec mes voix.

Alice m'agace, elle est trop seule, c'est sa couleur, mais je ne suis pas responsable de tout, elle a un bon salaire, un métier où elle voit du monde, elle avait un chouette appartement, c'est elle qui a décidé de partir, je n'avais pas prévu ça.

- Vous auriez pu me donner un compagnon...

- Ah voilà, la solitude, c'est moi, la solitude? Je n'avais pas prévu, moi, que Joseph ramène Seth à Forcalquier.

Aujourd'hui rien n'ira, j'ai un poids sur le cœur, sur l'estomac, sur les poumons.

Je n'ai plus qu'à écrire un conte de fées, ou bien, tiens, une histoire pour Alice, je vais lui offrir un bonheur, puisque-je-suis-l'auteur-qui peut-tout.


27 avril 2010

Séduire assez

Marité

Ah ce Dracula, je l'avais presque oublié, pourtant, c'est quelqu'un.

Quand j'étais petite, je jouais à lui, j'étais toujours Dracula, jamais les voleurs.
La vie Dracula: manger ou être mangé.

Celui-ci arrive directement de l'enfance.
Le Dracula de la Pomme Maudite était un vampire placide, gourmand, maladroit et toujours démasqué.

- Tiens donc, Dracula en brave homme!

C'est une Rachel qui vient de pointer le bout du nez,  laquelle?

- Celle qui n'a plus peur de rien.

- Ah Rachel Lehman. Pourquoi Dracula vous attire ici?

- J'aime les monstres. Le Golem, Dracula, les dinosaures, les yétis, tout ce que j'aurais voulu sortir de moi pour massacrer tous ces salauds.

- Aimer les monstres, ou bien les séduire pour se mettre à l'abri de leur puissance?

- Disons alors que je n'ai pas été assez séduisante.

J'espère qu'il n'a pas trop changé, maintenant qu'il est dans le sabot, greli grelo.
Qu'est-ce que ça va donner un Dracula embusqué dans les coins obscurs de l'Appartement?

28 avril 2010

Chaud effroi

Marité

C'est arrivé, il a changé.

Son image se dessine comme le sourire du chat d'Alice disparaît, comme la photo nait dans le bac du révélateur.
Il est beau! Quelle catastrophe!

Il me plaisait tant autrefois, je n'ai plus voulu, je l'ai mis sur scène en inadapté, en maladroit.
Qu'est-ce qui s'est donc passé?
Je le scrute, il attend, ironique et intéressé par ce que je vais découvrir. Vais-je le découvrir?

Ah oui, je vois, il a mangé Don Juan et Sganarelle, ses deux compagnons de scène, il est porté par la vie, plein de leurs appétits.
Quel mélange!

Quand Braise a rencontré Dracula dans le couloir de l'Appartement, elle n'a pas été séduite, non, qui séduira Braise au premier coup d'œil n'est pas encore né, mais elle a été surprise, puis touchée.
Son souffle s'est arrêté quelques secondes pendant qu'elle pensait:

- Oh! Comme il a changé, (car tout comme moi elle l'a connu enfant) et: comme il me plaît! 

Elle a dit aussi

- Dracula, qui l'eût cru.

et lui, il a répondu: Braise, qui l'eût dit.

Moi je n'y peux rien, Dracula est plus fort que moi.

- N'aie pas peur, me dit Braise, moi aussi je suis plus forte que toi.

Voici venir le grand rôle qu'elle demandait.

3 mai 2010

Carré blanc

Corinne Mars

Hier soir à La Bernique, qu'est ce que je rencontre? Un grand costaud, frisé, blond roux, seul.

Bon, ne t'emballe pas Corinne. Je bois mon P'tit un, c'est un cocktail sans alcool, je commence la soirée comme ça, parce que sinon...

Du coin de l'oeil, je scrute, il a pris un verre de lait, avec du miel, bizarre. Si ça se trouve, c'est pareil pour lui, il commence soft, sinon...

Il monte à l'estocade, il m'offre un verre, allez hop, je passe aux mojitos, ils sont super à La Bernique, un peu chargé mais bon.

Il prend la même chose, ça va bien, je lui plais, je vois ça. Il est pas mal plus jeune, ça ne me dérange pas.

- Je préfère les femmes mûres, il dit.

Faut pas exagérer je pense, mais je ne dis rien.

- L'expérience, y a rien de plus excitant qu'il répond à mon rien, genre Depardieu quand il fait son dingue, glapissant un rire aigu et saccadé.

- Oh là ! Mon lapin, je lui dis, je suis trop jeune pour toi, j'ai pas la carte vermeil !

Il cligne des yeux, il remet deux mojitos, j'en remets deux, et après,  je ne sais pas combien il y en a eu.

Vers la fin de la soirée, il m'appelle sa Fée Bleue, il pousse ses petits cris, c'est rigolo, et puis... il s'est passé des trucs bizarres, et puis je ne me souviens plus de rien.

Je me suis réveillée avec une migraine olympique, et dans la main un lapin en costume à carreau.

Faut que je freine sur les mojitos, je me dis.

Le type, je ne sais même pas comment il s'appelle.

Lapinochio ! disent en chœur Anne-So et Garance, les patronnes de La Bernique, il s'appelle Lapinochio le grand rouquin aux incisives.

Mais Corinne n'entend pas, elle a replongé dans un rêve over ouf ! Le rouquin cause et cause, et il a le truc qui grandit, qui grandit, ça prend toute la place,

- Euh là ! cache ta joie, Lapin, qu'elle lui dit, mais rien à faire, il cause et ça pousse, ça compresse à la Bernique, et Corinne de dire, bander ça va, mais là, mon lapin, c'est du terrorisme ! Le mieux est l'ennemi du bien.

- Le pire est l'ennemi de tout qu'il répond.

- Tu parles d'un rêve dit Corinne sans se réveiller.

 

15 mai 2010

Hygiène de la virtualité

Il paraît que je reçois dans l'Appartement trop de monde pour que tous ces mouvements échappent aux règles des établissements ouverts au public.

Suzanne Troudy a un point de vue de femme de ménage, elle est femme de ménage.

- Une seule salle de bains, moi je dis qu'c'est pas assez, y a trop de monde pour que ça puisse aller comme ça !

Astrid voit la chose de plus haut, elle est astrologue,

- La salle de bains, c'est la maison de l'eau, verseaux, cancers, serpents d'eau...

- Ah ben ouiche! dit Suzanne, c'est bien c'que j'disais, c'est dégoûtant.

- Mais non, répond Astrid, tout sort de la salle de bains, tout s'écoule, comme la voie lactée dans le ciel nocturne.

- Par le tout à l'égoût oui qu'ça découle, et que le trou i'soye assez gros, sinon quoi bonjour le plombier, et les grilles hein? qui c'est qu'i' faut qu'i' les nettoye les grilles, c'est la Suzy!

J'ai beau dire que les Gens de l'Appartement sont de passage, venus de leurs manuscrits, où ils disposent de tout ce qui est nécessaire à leurs vies, rien n'y fait, un contrôle de l'hygiène s'annonce, il va falloir parler salle de bains.

Monsieur l'Inspecteur des Services Vétérinaires mandaté par la DDASS pour vérifier la conformité aux règlements européens de l'hygiène de l'appartement, voici quelques précisions:

S'il est vrai que l'Appartement ne jouit que d'une salle de bains, veuillez considérer qu'elle bénéficie d'une surface variant (selon mes nécessités imaginaires) de 6 mètres carrés à plusieurs centaines d'hectares.

Elle ouvre par une porte dérobée  (il y a plus de quatre mille ans, il y a prescription) sur la mer Rouge, Morte, sur la Méditerranée, sur tous les Océans, et par une lucarne aveugle, elle bénéficie d'un accès tous les vingt-huit jours sur la mer de la Tranquillité.

Veuillez également noter, je vous prie, que le plafond s'ouvrant de façon très pratique, bien qu'aléatoire, la salle de bains considérablement aérée reçoit les rayons cosmiques divers et évacue toute humidité résiduelle, et qu'en période de mousson elle quitte les tropiques pour le continent européen.

Pour finir, cher monsieur le vétérinaire des services d'hygiène de la DDASS, prenez bien conscience de la virtualité de votre existence qu'il ne tient qu'à moi de concrétiser. Ou pas.

Veuillez donc concevoir, monsieur, l'expression de mes sentiments les plus douteux.

Soyez prudent,

bien à moi,

Marité de Vos K

Astrid approuve, Suzanne a une crise de doute, est-ce que par hasard elle aurait compris quelque chose? Non. Ouf.

22 mai 2010

Rirette

Bruno Ragazzi

Il est absorbé par l'image, sur l'écran géant, de Marianne revenant du marché de Jolibourg, son panier plein de pommes. Il se met à chanter, très content de ce qu'il voit

- Pompompompom... Pompompompom...

Fabienne Berman, Paulette Dolstein et Robert Dieu n'y prêtent pas la moindre attention, ils sont habitués à ces accès imprévisibles.

Mais il a envie cette fois de leur expliquer pourquoi un panier de pommes le met en joie:

- C'est l'histoire du banquier à qui on demande comment il a fait pour parvenir au sommet, il répond volontiers:

-  Comme vous savez, l'Amérique est le pays de la libre entreprise. A six ans, j'ai trouvé une pomme par terre. Je l'ai lavée, frottée, et quand elle a été brillante, je l'ai vendue un cent. Avec mon cent, j'ai acheté deux pommes, une fois lavées, frottées, je les ai revendues quatre cents, et puis...

- C'est magnifique! s'écrie le journaliste, une telle réussite à partir d'une pomme!

- Eh oui, et puis, donc, mon père est mort et j'ai hérité de sa fortune.

- Merci, monsieur Rothschild pour cette histoire exemplaire qui j'en suis sûr va encourager nos jeunes.

- On la connait Bruno, dit Berman, on la connait par cœur!

Elle est en train de noter la référence de Marianne Defair qui vient de démarrer, son panier calé sur le siège avec la ceinture de sécurité: 2.60.02.35.0.2.IND.EXO.3.  Type réfractaire.

Et Dieu de noter lui aussi, dans sa tête: caler les courses, truc pour caler les courses, produit, besoin.

- Je ne m'en lasse pas, répond Bruno Ragazzi.

Il adore l'histoire des pommes, elle contient tout ce qu'il aime, les fruits associés à l'argent, l'industrieuse activité récompensée par la chance, l'héritage, la fortune, la pérennité.

Il sourit.

Dolstein quitte l'écran, elle finit de noter la liste des achats de Corinne Mars et se tourne vers Ragazzi, elle a été alertée par son sourire:

- Allez-y, Ragazzi, développez.

Et Ragazzi développe son sujet préféré.

- L'argent est vivant. L'argent bouge, il va et vient, il attache, on s'attache, mais il ne me décevra jamais parce qu'il ne meurt pas. J'aime l'Argent et elle m'aime aussi, elle ne me quittera pas, c'est une chose qui me tient, que je sais. Je lui donne la vie, je l'anime, je la fais voyager, je lui offre tout, elle me le rend au centuple, l'aventure, le risque, la réussite, la peur mais l'audace.

Il s'arrête là, ému, sans aller au bout, sans dire que dans son intime il lui a donné un nom, sans dire que ça a commencé, pour lui aussi, tout petit. A six ans il a eu une tirelire, les pièces tombant dedans faisaient de la musique, les billets n'en faisaient pas, leur silence était un soupir. La nuit il regardait par la fente pour voir si son argent dormait bien, s'il ne faisait pas de cauchemars, et pour lui parler il lui a donné un nom, devenu ridicule peut-être, un enfant de six ans ne va pas chercher très loin ce dont il a besoin. Rirette. Rirette, c'est son petit nom, le doux petit nom de l'Argent, vivante, chaude, toujours accueillante.

Dolstein a tout vu et tout noté, ce qu'il a dit et ce qu'il n'a pas dit. Elle s'éloigne en hochant la tête, confirmée dans ce qu'elle sait, Bruno Ragazzi est un tendre, sous des dehors froid et calculateur, qui ne pense jamais en chiffres mais en amour.

Elle a toujours su que l'homme aura beau chercher de nouvelles ressources, de nouvelles technologie, de nouvelles motivations, il n'y aura jamais rien d'autre que Amour, Passion, Talent.


5 juin 2010

Deux trous rouges au côté droit

Braise sort du noir en fredonnant

- Comme un chagrin qui pleure mais c'est du sang qui coule, parce qu'il tombe des hallebardes...  

Et Dracula en écho avec la voix de Nick Cave,

I called her a wild rose but her name was Braise Braise Braise

Je m'inquiète bien sûr,

- Braise! Braise? Qu'est-ce qui se passe?

Elle avance vers moi et je crie

- Tu as deux trous rouges au côté droit!

- Oui, qu'est-ce que tu en penses?

- Je n'en sais rien.

- Regarde, dit-elle en faisant un geste à Dracula, qui reste dans l'ombre.

J'ai fermé les volets mais il fait grand soleil, un baiser de jour lui serait fatal. Il tend un écrin à Braise qui en sort deux boucles d'oreilles, une plus petite que l'autre, des Créoles en or piquetées d'améthystes et d'émeraudes.

- Quelle splendeur!

Dracula répond, très heureux et son bonheur fait peur car il dévoile largement ses canines,

- Mes aïeules les portaient, dont la grande duchesse des Carpates  qui fut une très belle femme. Braise lui ressemble en beaucoup  plus belle, plus vivante, et si chaude.

Je soupire, cette histoire d'amour me fait peur pour Braise, et pour lui aussi après tout.

- Marité, souffle Braise dans un sourire éclatant, nous sommes heureux.

- Pour nous, dit Dracula, la lune de miel c'est l'éternité,  le  jour seul est dangereux.

Et ils sont partis tous les deux, lui, l'aidant à enfiler la seconde créole, plus petite que la première, elle, lui enlaçant la taille de son bras si blanc.

Juste avant qu'ils ne se fondent dans les murs de l'Appartement, elle m'a lancé,

- Souviens-toi, Marité, tu m'as faite femme de nuit!

- C'est vrai. Braise c'est la nuit et elle vient des Voies Obscures.

Et puis, de toute façon, c'est leur vie, je n'y suis plus.


3 juillet 2010

Intime inconnu

Celle-ci je ne la connais pas.

- Je suis un personnage de fond, je suis toujours là.

- Mais je ne t'ai pas créée, tu viens d'ailleurs.

- Non, non, je suis en toi
, c'est indéniable. Je suis un de tes monstres, tu ne veux pas me montrer.

- Pourtant te voilà qui me parle et que je te vois presque.

- Ce presque t'empêche de me lâcher la bride.

- Quelle bride?  Il n'y a rien.

- Je suis celle qui sent, celle qui sait sans qu'on lui dise.

- Ah, celle-là. Tu es le malaise, tu es l'intuition des trahisons, des mensonges. Je te connais va, tu te trompes aussi souvent que tu dis vrai.

- Je ne me trompe jamais.

- Tu es cette Cassandre. Tu es si lourde.

- Laisse-moi partir.

- Hélas, Cassandre, je dois te garder, nous portons tous nos propres drames.

- Pas tous, dit Droopy (le psy) que je n'attendais pas là.

- Pas tous, insiste-t-il parce qu'il me sait têtue, nul n'est obligé de porter ses drames.

- C'est facile pour ceux qui ne les tutoient pas, moi je les connais, ils sont là.

-
Le monde existe, dit-il de sa voix basse, atonale pour m'empêcher de rien interpréter, le monde existe que vous ne portez pas, tout existe que vous ne portez pas.

- Si je suis Cassandre, je ne peux être que moi.

- Cassandre est une autre, Cassandre est morte.

- Oh, dit-elle à Droopy, comme vous y allez ! Je suis là n'est-ce pas, et vous me voyez tout entière, corps et âmes. Cassandre comme moi, nous sommes de la même famille.

Je les laisse à leurs débats mythologiques, c'est Laurent Terzieff qui est mort aujourd'hui.


7 juillet 2010

Poussière d'écume

Je dormais? Ah oui je dormais puisque quelque chose vient de me réveiller.

C'est une drôle d'impression que d'être ainsi tirée du sommeil en pleine nuit,  pas en sursaut, très doucement au contraire.

Je glisse d'un état dans l'autre, je deviens partie écoutante d'une conversation étouffée.

Dans le noir deux voix chuchotent, deux personnes rient sans faire de bruit, j'entends leurs mains se toucher, le bruit de leurs vêtements. C'est un couple qui bruisse.

- Tu es complètement dingo... en Grèce ?! A cause du ciel et de la lumière de la mer ! Alors qu'on ne sort que la nuit ?

- La nuit, mon amour, porte toutes les lumières, toutes les odeurs, les parfums des hommes, de la mer, des arbres secs. La nuit est le révélateur, on sent tout plus fort, mieux.

- Oh, susurre Braise, moi je veux bien tout croire sur la nuit qui mange le jour, et d'ailleurs, je l'ai déjà vérifié, mais tout de même, la Grèce, qui est est soi-disant le pays du soleil, ne devrait pas te plaire autant ?

- Mon amour, répond Dracula sèchement, je me demande si notre rencontre ne nous rend pas prosaïques et ennuyeux. Si on se déchirait un peu? Qu'en dis-tu?

Braise lui dit c'est une bonne idée en effet.

Et aussi qu'elle veut bien partir dans des nuits de villes, dans les nuits de montagnes, mais que la mer, la mer, non! Elle ne peut l'imaginer sans l'écume, les nuages bougeant dans le vent, sans les gens qui la regardent sans rien comprendre.

- La mer... la mer...

- Quoi la mer ? demande Dracula.

- La mer peut te boire, elle peut nous dissoudre. La mer seule peut nous détruire. De là nous venons, là nous finirons, et certainement pas à la poussière.

Et moi je ne les écoute plus, je rêve. Ah tiens, c'est donc que je dors.


9 juillet 2010

Daube de fées

Javotte dit à Anastasie,

- On peut dire qu'on s'en est drôlement bien sorties.

- C'est justement ce que je pense, répond Anastasie, parce que si tu compares, ouh la la!

- Oh oui! C'est facile de dire ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, mais après, il y a tous les jours.

- Qui aurait cru que ce Prince Charmamt changerait à ce point!

- Mais que la Cendrillon tournerait mégère! ricane Javotte, on le savait, mais on était les seules à le savoir.

- Une si gentille fille.

- Ah! Ah! Ah! A!

- Quand même, dit Anastasie, on a dû marner sec, ça ne s'est pas fait...

- ... d'un coup de baguette magique, hein!

Je les écoutais en silence mais je suis intervenue.

- Je suis curieuse, vous avez les avez réussies comment, vos vies ?

Javotte alors de me raconter sa carrière débutée dans l'obscurité, c'est le cas de le dire,

- J'étais technicienne de surface dans un parking, pendant qu'Anastasie accumulait les petits boulots en interim,

- Comme tu dis, hôtesse, caissière, distributrice de tracts, toiletteuse pour chiens et encore bien d'autres pas mieux payés.

- Pour faire court, continue Javotte, on n'a pas eu le choix mais on a eu de la chance, je suis devenue caissière du parking, gérante, directrice du développement et aujourd'hui, PDG du groupe Rembrandt International Parking's.

- Et moi, dit Anastasie, j'en ai eu assez des CDD, j'ai vendu des sandwiches mais comme je ne savais même pas faire une mayonnaise, j'ai dû apprendre la cuisine. J'ai ouvert un petit restaurant, puis un moyen et puis un grand, j'ai rencontré plein de gens intéressants, et voilà quoi!

- Je n'aurais jamais cru que vous pouviez changer autant, et en bien.

Pfff, soupire Javotte, et Anastasie me regarde avec commisération.

- C'est terrible les rumeurs, nous n'avons jamais été des harpies, ni jalouses, ni mauvaises!

- Au contraire, dit Anastasie, c'est Cendrillon. Elle a un caractère de cochon, elle est bête à pleurer, même pas bonne à rien, on a tout essayé pour lui toruver uen occupation, le ménage elle s'en tirait mal, mais elle était "si" jolie.

- Et elle pleurait sur commande, ajoute Javotte, déjà toute petite c'était une pure manipulatrice. Bref, elle n'a eu aucun mal à nous écarter.

- On était toutes amoureuse du Prince, et pas seulement nous, dit Anastasie, toutes les célibataires en rêvaient.

- Bien sûr, avec la campagne média autour du casting de ce mariage, on aurait eu du mal à vouloir autre chose. Cendrillon a remporté le gros lot, parce qu'elle était la plus jolie, ça c'est vrai. Mais elle est restée molle, et le mariage ne l'a pas rendue plus intelligente.

- Côté vie privée, dit Javotte, on n'a pas eu mieux que les autres.

- Ah oui, dit Anastasie, on a été jeunes et seules, moins jeunes et seules, pas jeunes et seules. On n'était pas jolies et ça console.

- Parce que les jolies, commente Javotte, se reprochent tout. Puisqu'elles sont jolies c'est que le problème est ailleurs.

- Elles se croient trop bêtes

- Trop naïves

- Trop pauvres

- Trop ci et ça

- Et c'est sans fin.

- Nous, on est comme on est, seules aujourd'hui comme hier mais nous nous avons l'une l'autre.

- Je suppose, dit Javotte, que Cendrillon est heureuse entre son alcoolisme mondain, son mari mou du genou et leurs sept enfants.

- Oh ben moi, dit Anastasie, je m'en contenterais, les garden partie chez Blanche Neige, les vacances d'hiver chez Aladin et Jasmine, l'été au Pôle avec le Père Noël, c'est pas si mal.

- Comme quoi, disent-elles, les contes de fées c'est de la daube, la méchanceté, la bêtise et l'hypocrisie ne sont pas toujours punies.


18 juillet 2010

Oh! Oh! Oh!

- Qu'est-ce qui sort de la cheminée?

- Pas la fumée en tout cas, dis-je.

- Hello! Hello! C'est le Père Noël.

- Je vous ai reconnu Troudup, malgré votre déguisement, et la surprise de vous trouver à jeun pour la seconde fois depuis que je vous connais.

- Mmmm, c'est Léon ? dit-il en regardant sévèrement le Léon qui, il est vrai, est piteux. Sa panoplie de renne n'est pas très convaincante.

- Non, non, lui réponds-je, c'est vous que j'ai reconnu. Depuis quelque temps vous êtes  plus quelqu'un qu'autrefois, ça vous rend plus présent.

- Les séances avec le docteur Dolstein me donnent des fondations. Je ne sais pas si c'est si bien, finalement. Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée.

Il s'assoit posément sur le fauteuil de bureau, pose son chapeau rouge et blanc sur la table et dépouille Léon de ses bois en cartons et du nez rouge de Rodolphe.

Et puis il soupire.

Je suis déstabilisée par ce Troudup nouveau.

- Vous ne vous sentez pas en progrès?

- Qu'est-ce que c'est le progrès? Si c'est aller de l'avant, je ne sais pas, si c'est bouger oui, ça bouge.

- Vous devenez plus intelligent, c'est ça le problème?

- Exactement. Avec l'intelligence vient la lucidité. Quand j'étais l'autre, je n'avais aucun doute, j'étais heureux dans mon brouillard. Quoi qu'il arrive, j'avais la clé du bonheur, un séjour au Petit Renard et hop tout s'illuminait.

- On ne peut pas revenir en arrière, c'est la rançon de la connaissance.

- La punition, oui. Mais, dit-il brusquement réjoui, il y a encore de l'espoir, je ne sais pas ce que je suis venu foutre ici ni où j'ai trouvé cette houppelande ridicule et j'ai une forte mais alors très forte envie d'aller m'en jeter quelques-uns dans le gosier. Allez hop, Léon, c'est reparti, en avant la musique!

Ils sont repartis tous les deux et moi je me demande ce qui m'a pris de tenter, et en vain, de me faire de Troudup un père consolateur.


16 septembre 2010

Vision périphérique

Décidément, mon divan attire.

- Qu'est-ce que vous faites-là?

- Je ne sais pas.

- Quand même, c'est chez moi et c'est mon salon, c'est mon divan.

Le type est ahuri c'est vrai, l'air de ne pas savoir ce qu'il peut bien faire chez moi, sur mon divan, etc.

- Vous êtes venu comment?
 
- Chais pas.

- Par où êtes-vous entré?

- Chais pas.

- Vous habitez où?

- Hein?

- Vous venez d'où? De quel manuscrit enfin !

Rien de rien, il ne sait rien du tout.
Je devrais le reconnaître ce bonhomme, il vient forcément de quelque part chez moi, d'un roman, d'une pièce, d'une nouvelle, d'un texte que j'ai écrit.

- Aidez-moi un peu, je lui demande, vous vous appelez comment?

- Jacquot, je m'appelle Jacquot.

- Jacquot comment?

- Jacquot c'est tout.

- Comment voulez-vous qu'on s'en sorte! Donnez-vous un peu de mal quoi!

-  Non mais c'est le comble alors! C'est vous qui ne faites pas votre boulot et c'est moi qui doit rattraper le coup! Non mais je rêve!

-  Quel boulot? Qu'est-ce que j'aurais dû faire que je n'ai pas fait?

- Me dessiner mieux, me donner une identité, un nom de famille, une adresse, une couleur de cheveux, un physique, de quoi faire une existence, merde!

- Débrouillez-vous, servez-vous !

- C'est facile à dire hein, mais moi, je ne suis pas le sujet central, moi, je ne suis pas le héros, ni la sœur du héros, ni son père, j'habite loin du bourg moi, je suis le secondaire du dernier rang, le ixième, je suis personne! J'ai même pas de texte, il m'arrive rien. Vous m'avez planté là, pour tenir le décor, je tiens à peine debout!
Voilà ce que je fous sur votre putain de divan sans savoir comment j'y suis arrivé ni par où je suis passé!

- Mais vous savez pourquoi finalement.

Il s'est tu brusquement, saisi. Ouf!
 
- Ce qui vous manque, mon cher, je ne l'ai pas.

- Quoi? Je vais rester le Personnage Inconnu alors?

- Comment saurai-je ce que vous ignorez, c'est vous le personnage pas moi.

- Et ben, conclut-il en croisant les bras, on n'est pas sortis de l'auberge.

En silence j'ai noté, auberge, auberge... Où ai-je donc installé une auberge?

25 septembre 2010

Dans le noir on voit mieux

- Alors quoi? dit-il et je réponds

- Quoi alors?

Il répète et je ne peux rien répliquer. J'attends.

Il dit Marité voyons, tu sais bien que je ne suis pas ce que tu crois.

- Oui, je réponds, à tout hasard, parce qu'il faut répondre à cette question.

- Alors pourquoi cette posture ?

- Euh, ben, parce que, euh.

J'allume la lumière et je ne comprends plus rien.

- Wouah! Wouah! qu'il fait et ça ne me dit rien du tout, hein.

Dans le noir je voyais mieux, alors j'éteins et j'entends.

- Je ne suis pas celui que tu crois.

- Ben non.

- Et pourtant tu persistes.

- Ben oui.

J'en ai marre
, je vais me coucher.

C'est qui alors si ce n'est pas Léon?

En me rendormant j'ai attrapé la réponse, mais je ne rêvais pas, sa voix m'a réveillée,

- Dans la réalité, tu sais.

Je me suis entendue répondre,

- Evidemment oui je le sais, tu es Frédéric.

Mais Léon alors,
 c'est qui?


27 mars 2011

Exister.com

Ambiance d'émeute dans l'Appartement, ça crie la honte à sa Majesté la Taulière qui ne daigne pas se remettre à l'ouvrage, ça renaude, ça crépite, ça revendique, ça hurle à l'existence.

Ils sont tous là, Marianne, Troudup, Suzanne, les Souche, Mani et Dinarzade, Joseph, Plidec Storma, Corentin et sa soeur, leur mère et le directeur du cinéma, Ava Gardner, Dracula et Braise, Antonin, les deux Rachel, Hugo, King Kong qui ne s'était jamais montré, tenant à la main sa Blonde, et qui encore?

Encore Robert Dieu, Berman, Espérandieu, tous les habitants de Batbourg, jusqu'au boucher avec les moutons écorchés du barbecue, Corinne et le Jésus, descendu de sa croix pour venir aux nouvelles, et Frédéric, le professeur Übernicht, le poulet d'anniversaire, rôti et appétissant, la libraire, le Père Noël étripé, Mandrake, tous ceux de Bourg-les-Nains, Martin Martin et son associée, les Issus, jaillis tout droit de l'Autobiographie de Dieu, le village des Polly Pockets, le Ça-Qui-Pousse

Et moi, Louise Kowski, comme eux, avec eux, encadrée par mes deux Fred, et Fabiola  venue aussi, qui n'a pas pris le temps de nettoyer sa tempe ensanglantée, et Paulette Dolstein qui la couve du coin de l'oeil, et d'autres, et d'autres que je ne connais pas ni ne reconnais.

Chacun dans cette foule vient réclamer la dignité, le respect de son existence, car, oui, nous craignons tous que La Taulière se défile.

Elle n'est pas réapparue pour expliquer l'affaire, la grande affaire: pourquoi elle est absente depuis deux mois, ce qui lui est arrivé et comment elle a failli partir définitivement.

Ils m'ont engagée pour enquêter, et  raconter, si Marité de Vos K. persiste à jouer l'Arlésienne.

D'accord, ils ont raison, je dois cesser de ne plus être là.

Je veux restaurer leurs existences, je ne veux pas continuer à me terrer dans le silence de la  prétendue discrétion.

Je n'avais pas pensé à eux, pas pensé qu'ils n'existeraient que par moi. Indifférente à leur sort, j'étais concentrée sur ma (sur)vie, mon moi, mon corps.

Pas une pensée pour eux alors.

Mais c'est fini, je suis Marité de Vos K., La Taulière est de retour, je vais tout dire: de ma NDE, la Near Death Experience.


24 mai 2011

Il va t'arriver de la famille

- Y a quelqu'un ici ? Hein, y a quelqu'un ?

D'où sort-il celui-ci ? Vient pas de chez moi, aucun manuscrit ne le contient, je n'ai pas fabriqué cet homme-là. Alors comment est-il venu ? Par quelle voie est-il entré dans l'Appartement ?

- Ah, bonjour Marité.

Il est étonné d'être là, content de m'avoir trouvée, comme si c'était l'exécution d'une corvée, un ordre à satisfaire et décidément, moi, je ne le reconnais pas.

Mais l'odeur me saisit, ça sent la saumure de cornichon, l'ail, le poivre, le koper et le hareng, ça sent les tonneaux dans le grenier, ça sent l'oncle Jacques W. de Nancy qui est l'oncle de mon oncle Jacques L.

Mais, oncle Jacques, tu ne viens pas de mes écritures, je ne t'ai pas fabriqué !

Non, c'est toi qui viens de moi et de mes non écritures, toi qui viens de l'autre monde que moi j'ai fabriqué.

Quel autre monde ?

Celui d'avant ton existence, le monde perdu de notre Kalisz, le monde dont le temps s'est usé.

Tout le monde peut venir chez moi ? Tout ce que je ne vois pas, que je ne peux classer, que je ne sais nommer ? Mince alors, tout va comme ça veut.

- Alors, dit Übernix à Paulette Dolstein, vous voyez ce que je veux dire maintenant.

- Mais oui Lucien, j'en conviens, cet évènement a transformé le monde, mais c'est cetet transformation qui l'a changée, pas l'évènement en soi.

- Ah non Paulette, pas de mauvaise foi, s'il vous plaît.

- Le même évènement, même s'il produisait le même changement, n'entrainerait de transformation identique sur personne, pas plus que sur elle s'il se reproduisait.

- Pas utile de faire des dissections exploratoires ? C'est ça que vous pensez ?

- C'est ça. Ce n'est pas par ce moyen que vous trouverez une solution au Projet.

- Frédéric n'est pas là.

- Non plus.

Je ne comprends pas grand chose à cet échange, à part qu'il y est question d'un moi que l'Evènement DA (Dissection Aortique) aurait changé.

Je n'aurai pas plus d'information, l'oncle Jacques W. n'est plus là, je ne peux pas lui demander par où il est passé.

- Pas par où, m'envoit-il de je ne sais où, son accent yiddish estompé par la distance, tu ferais mieux de chercher d'où je viens que par où je suis venu.

Il a raison. S'il ne vient ni de mes manuscrits, ni de Nancy où il vivait, ni de son Kalisz, ni de son temps qui a disparu, d'où vient-il alors ?

 

19 octobre 2011

Ici. Ou là.

- J'ai pas aimé, j'reviens. Et plus vite que la Taulière, moi. dit Troudup qui se repointe à l'automne. Il tombe avec les feuilles celui-ci.

- Caisse ta pas aimé? lui demande la Myrtille Souche.

- Carhaix dans l'Oigne, c'est mort, pire que Batbourg j'te l'dis. Y a pas d'bistrot, y a pas de place de la Mairie, y a pas d'église du Xème, XIIIème, etc. Y a rien de rien. La Taulière m'a envoyé aux pelotes !

- Pas du tout, je lui dis. Et absolument pas encore, je vous ai envoyé quelque part, comment en seriez-vous revenu, sinon ?

- J'ai pas trouvé, alors quoi ?

- Alors vous n'avez pas trouvé c'est tout.

Je suis allée, moi, quelque part. C'est laqué, blanc et vaste. Il y règne une présence magnétique, elle se signale par des bruits cliquetants et bipants et une langue inconnue,  parlée par des servants. Ils sont en blanc, en bleu ou vert non tissé. Ils portent des calottes, des objets de culte aux noms exotiques: stéthoscope, cathéter, ECG. Parfois les servants parlent en langue, et là je comprends. Ils disent:

- Comment ça va ce matin ? Comment ça va ce soir ? Comment ça va, là, hein, hein, hein ?

 

23 décembre 2011

Crise de loose

- I beg your pardon, but i was before you.

- Oh, là, là, i beg too, euh, two ? Or to. Bref, j'm'en fous qu't'était là avant moi, de toute façon, on fait pas la queue.

- Coupez ! Coupez ! Putain Troudup, apprends ton texte !

- Mais c'est un texte de merde, caisse tu veux que j'y foutasse !

Atmosphère, atmosphère. L'Appartement tâte de la VO. L'idée est partie de je ne sais où, personne en s'en vante, de faire un clip pour l'étranger alors ils tentent l'anglais.

- Ce n'est pas tout à fait ça, rectifie Paulette Dolstein, la chose est fondée sur le projet de voyager à Noël.

- Comme tout le monde, dit Fabienne Berman.

- Nous, dit Alice, Albert et moi, nous ne voulons pas du tout voyager.

- Nous sommes très bien chez nous, dit Myrtille Souche.

- Absolument, dit Troudup.

Moi je suis très inquiète, voilà que Troudup et la Myrtille ne savent plus parler leur langue, la traduction les aseptise.

- Pas la traduction, dit Dolstein, c'est le traducteur qui fait défaut ici.

- Moi, dis-je, moi ? Je fais défaut ?

- Vous n'êtes pas maître de tout, répond Dolstein.

- Mais c'est moi qui traduis.

- Si c'est ce que vous croyez, dit Dracula, il ne fallait pas nous donner de libre arbitre.

- Ils sont possédés par l'Anglische, dit Braise, il faut les exorciser.

- L'Anglische ? L'Anglische ? entonne le choeur de tous les gens de l'Appartement, surpris par l'incursion d'un nouveau.

- Je le connais l'Anglische, dit Robert Dieu, c'est le fantôme rémanent de tous les cours de lycée, le reste ectoplasmique de la figure du Wall Street English. On ne torture pas impunément les mots, mêmes étrangers, ils se vengent, L'Anglische est leur Golem. Je ne crois pas à  l'exorcisme, je préconise un repas à la française.

- Dinde aux marrons ? Foie gras ? Huitres, bûche ? propose Fabienne Berman.

- Je vous trouve bien prosaïque Fabienne, dit Bruno Ragazzi, ce n'est pas normal, vous n'êtes pas toujours originale, mais là... Ah oui ! C'est l'effet Anglische !

- Non,  répond Robert Dieu, camembert barraqué, bourgogne ou bordeaux, de la gnôle de contrebande (la gnôle pascale), des noix, des pommes, des chataignes au feu de bois, du pain au levain, une omelette aux cèpes. Et du riz au lait.

Ça ne suffira pas, je médite une opération de sauvetage pour les gens de L'Appartement, un jeu de rôle pour les remettre dans leurs vies, et pour effacer la tentative de clip, un tournage à la française, avec Pierrot aux projecteurs, Michel aux dialogues, Carette et Carmet en parrain de Troudup, Arletty pour Louka, la mère Sardou pour Myrtille ...

- Et tout à lavement, dit Bérurier Alexandre venu en urgence depuis San Antonio.

Moi je dis merci à Frédéric Dard, dans ces circonstances, Bérurier est un allié de poids.

- Oh my God, dit l'ectoplasme, you are so desesperating, you are so horrible, bleah on you! You are so... so... so French !

- Ta gueule L'Anglische !

Ouf. Troudup est guéri.

 

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Marité de Vos K
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