Le respect
- Tu l'aimes mon château?
- Oui je l'aime.
- Et son grand parc tu l'aimes?
- Oui, aussi.
- Et mon cimetière tu l'aimes?
- Oui, je l'aime.
- Et mon Église, comment tu la trouves?
- Très belle.
- Et ma rue principale, elle te plait?
- Elle me plait beaucoup oui.
- Et ma librairie? Ma boulangerie? Et ma mairie?
- Oui, oui, elles me plaisent beaucoup aussi.
- Et mes ciels, et mes vents, comment tu les trouves? Et ma neige? Et mes soleils? Et mes champs? Mes chiens, et mes poules qui courent? Comment tu les trouves, hein?
- Très bien, j'aime tout ça aussi.
- ALORS POURQUOI TU L'DIS PAS !!!
Batbourg demande le respect.
Il est vrai que tel que je l'ai écrit et décrit, j'ai pu donner l'impression que c'était un village médiocre, sans charme et nanti d'habitants essentiellement dépourvus de sens critique, résignés et indifférents les uns aux autres.
Alors que Batbourg en tant que village mérite amour et respect.
Alors que chacun de ses résidents mérite amour et respect.
Oui, Batbourg est un village comme tous les villages, avec ses beautés, ses défauts, ses réussites et ses verrues avec du poil dessus.
Alors pourquoi l'ensemble qu'ils forment produit-il une autre image?
D'où vient le vide qui les abreuve?
D'où vient que l'ensemble ne remplit pas les promesses des individualités?
C'est dans l'eau? C'est dans l'air?
Je ne sais pas répondre à ces questions, tout juste ai-je su voir et écrire.
Ce n'est pas sans intérêt, car, comme le disait Antigone, on fait ce qu'on peut.
Elle ne l'a pas dit exactement comme ça parce qu'Antigone est psychorigide et intégriste, déiste. Elle est du genre à kamikazer pour prouver qu'elle a raison et elle dit (par le truchement d'Anouilh):
- Il faut faire ce que l'on peut.