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Marité de Vos K
27 juin 2010

Le respect

- Tu l'aimes mon château?

- Oui je l'aime.

- Et son grand parc tu l'aimes?

- Oui, aussi.

- Et mon cimetière tu l'aimes?

- Oui, je l'aime.

- Et mon Église, comment tu la trouves?

- Très belle.

- Et ma rue principale, elle te plait?

- Elle me plait beaucoup oui.

- Et ma librairie? Ma boulangerie? Et ma mairie?

- Oui, oui, elles me plaisent beaucoup aussi.

- Et mes ciels, et mes vents, comment tu les trouves? Et ma neige? Et mes soleils? Et mes champs? Mes chiens, et mes poules qui courent? Comment tu les trouves, hein?

- Très bien, j'aime tout ça aussi.

- ALORS POURQUOI TU L'DIS PAS !!!

Batbourg demande le respect.

Il est vrai que tel que je l'ai écrit et décrit, j'ai pu donner l'impression que c'était un village médiocre, sans charme et nanti d'habitants essentiellement dépourvus de sens critique, résignés et indifférents les uns aux autres.

Alors que Batbourg en tant que village mérite amour et respect.

Alors que chacun de ses résidents mérite amour et respect.

Oui, Batbourg est un village comme tous les villages, avec ses beautés,  ses défauts, ses réussites et ses verrues avec du poil dessus.

Alors pourquoi l'ensemble qu'ils forment produit-il une autre image?

D'où vient le vide qui les abreuve?

D'où vient que l'ensemble ne remplit pas les promesses des individualités?

C'est dans l'eau? C'est dans l'air?

Je ne sais pas répondre à ces questions, tout juste ai-je su voir et écrire.
Ce n'est pas sans intérêt, car, comme le disait Antigone, on fait ce qu'on peut.

Elle ne l'a pas dit exactement comme ça parce qu'Antigone est psychorigide et intégriste, déiste. Elle est du genre à kamikazer pour prouver qu'elle a raison et elle dit (par le truchement d'Anouilh):

- Il faut faire ce que l'on peut.

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28 juin 2010

Géant de jardins

Ah ben ouiche tu parles tu parles que les géants y en a pas dans les jardins que c'est des jardins de lotissement et que les jardins sont petits et que les nains sont petits aussi mais que les géants sont grands et que tu parles qu'on va pas y mettre des géants dans les petits jardins que pourtant ça serait pas mal avec des radis dans une poche des laitues dans l'autre et en cravate des chèvrefeuilles que ça aurait une autre gueule que du petit nain moi je dis et y en a marre des petits et qu'i faudrait les protéger comme si les grands on pouvait tout leur faire et que les petits y seraient tous gentils et pis quoi encore y en a marre hein moi j'en ai marre voilà de m'occuper des mômes tout le temps je préfèrerais les grands qu'i' s'occupent d'eux un peu plus quand même ah mince alors les petits j'en ai par dessus la tête.

Et bien, me demandé-je en ouvrant l'Appartement ce matin, qui est cette personne? Quelqu'un que je connais?
Elle vient de Batbourg d'après la catégorie qu'elle a sélectionnée, mais qui peut-ce être ?
Ah, elle s'occupe des petits, c'est Suzanne Troudy.

- Faut dire son nom maintenant quand on vient causer ici et pis quoi encore !? Mince alors!

- Non, non, Suzanne, je vous en prie, vous êtes chez vous. Je ne m'attendais pas de vous à cette diatribe anti nains, vous les aimez, je crois.

- Pas si tant que la Myrtille Souche.

- Certes, mais votre jardin en abrite quelques-uns.

- Justement, j'ai planté des graines de courge y a deux mois et voilà pas que c'est des courges naines qui sortent ? Et pareils pour mes hortensias que même les glaïeuls y sont nains !
Tout est nain ! Qu'est-ce qui se passe avec les graines ?  Je veux des géants à présent, marre du p'tit.

Suzanne Troudy est grande et opulente, sous ses blouses informes, ses avantages foisonnent.

Dans son jardin miniaturisé, elle est de trop.

- Les nains n'y peuvent rien.

- Y a pas d'fumée sans eux, si les plants sont nains c'est qu'les graines sont naines et si elles sont naines c'est qu'i'sont dev'nus contagieux pis c'est tout.


29 juin 2010

Trésor international

A peine ai-je franchi le seuil du bureau que Rachel m'interpelle.
Elle m'attendait depuis un moment,

- Non, non, pas spécialement vous, quelqu'un, c'est tout, juste quelqu'un pour partager ma découverte ! C'est un truc, mais un truc  inouï, je n'en reviens pas, quelle trouvaille, c'est la première fois, j'en rêvais bien sûr, tout le monde en rêve mais je l'ai trouvé, je l'ai, je l'ai !!!

- Quoi ? Tu as quoi ?

Elle s'agite, elle respire fort, elle sourit, elle arpente la pièce, passe par la cuisine et revient par l'autre porte du bureau, car l'Appartement est très circulatoire. Il a des couloirs, des portes, des accès surprenants, il faut que j'en dresse le plan, je suis sûre d'y trouver des signes que je ne vois pas, des passages ouvrant sur des lieux mystérieux.

Bref, Rachel arpente.

 - Voilà !

Elle brandit un livret mal agrafé, imprimé noir sur blanc, format  petit carnet ou bien mode d'emploi thaïlando-javanais.

- Et alors ? Un nouveau mode d'emploi à traduire, c'est la routine.

- Pas celui-là. Celui-là m'est parvenu par des Voies Obscures.

- Forcément, tu résides dans le manuscrit qui porte ce nom, Par des Voies Obscures, c'est chez toi.

- Oui mais non, c'est encore plus Obscur. Je me suis réveillée ce matin avec, dans la tête, une voix qui me disait, lève-toi, ouvre le livre  qui est en haut de l'armoire. J'ai trouvé la Merveille des merveilles !

- Mais enfin, qu'est-ce que c'est?

Elle me montre solennellement un petit livret imprimé de hiéroglyphes, de runes, de signes dont je ne parviens même pas à imaginer l'origine.

- Je n'y comprends rien.

 - C'est ça ! On n'y comprend rien ! C'est un talisman, Le Mode d'Emploi des Modes d'Emplois: Le MEME. Perfection de l'impénétrable.

Et je comprends enfin ce qui l'excite tant. Elle, dont la spécialité est de décoder tous les langages connus pour en faire des textes banalement pratiques, a enfin trouvé son maître, l'Intraduisible.

- L'Illisible, dit-elle, pas l'intraduisible. Dès que je serai parvenue à le lire, je le traduirai! C'est un Trésor... Mais un Trésor...  Sidéral. C'est ça, il vient peut-être des étoiles!

Je suis blette, blasée et désenchantée, je n'y crois pas une seconde.

Je pense, sans le lui dire, je ne veux pas doucher son enthousiasme, que de l'illisible il y en a des quantités en vente libre sur le Net.


12 juillet 2010

On dirait Marlène et Gabin

- Très cher, dit Braise, très tendue, à la momie qui l'accompagne, vous êtes sûr?

- Oui, répond une voix sourde sous les bandelettes, je veux voir ce que vous voyez.

- Jamais vous ne verrez  ce que je vois.

- Je sors c'est tout.

- Dracula, ce n'est pas prudent.

- En effet,  c'est ainsi que je survis depuis quelques siècles.

- Vraiment, dit Braise, c'est stupide de votre part.

- Non, non, vous aviez raison, je ne sais pas de quoi je parle, je suis confit dans mes habitudes de rapace nocturne. Je vais voir le plein jour et je pourrai juger.

- Je vous le dis encore, c'est un risque inutile.

- Je suis couvert jusqu'aux yeux, jusqu'à des lentilles au cas où je perdrais mes lunettes de soleil.

- Et vous êtes ridicule en homme invisible.

Dracula éclate de rire, la dispute tourne à l'amusette

- Parce que je suis déguisé? Vous voilà bien casanière ? Ridicule ?

Braise le regarde longuement et lui dit de sa voix de tragédienne blessée, celle de Phèdre qui ne veut pas avouer à Œnone qu'elle aime Hippolyte, celle d'Andromaque, cette emmerdeuse, quand elle imprèque sur la tombe d'Hector:

- Très cher, je regrette chaque mot de cet entretien, c'est moi qui suis stupide, et ridicule.
Comme vous je dors le jour, je vis la nuit.
Je vous en prie, quittons ce malentendu, rentrons chez vous.

- Sans que jamais Drakul ne puisse voir le jour?

- Que le jour recommence et que le jour finisse
   Sans que jamais Drakul par le soleil périsse

- Racine pour moi, même massacré, c'est trop d'honneur.

Mais Braise a gagné, ils sont repartis vers la nuit.


1 janvier 2011

Deumille quoi?

Hein ? Quoi ?
Brouhaha dans la rue, silence dans l'Appartement et puis le contraire.
Du monde partout, derrière les portes, sur la table et sous la table, dans le réfrigérateur, sous le lit, jusque dans les angles des plafonds, des regards, des voix, des questions.

- Hein ?

- Deumil quoi?

- Deux mille onze.

- Bon.

Que dire à ces vagues affluentes, est-ce qu'elles sont vraies ces histoires de terre qui tourne sur un axe en biais autour d'un soleil indifférent.

Est-il est vrai que cette rotation autour de celui qui s'en fout durerait trois cent soixante cinq jours et quart.

Et pour finir, je suis agacée par cette situation qui nous met à la merci de qui sait tout ça et nous octroie, tous les jours à la même heure la (bonne) date.

- Bien, conclut Dolstein, cette année commence par des questions auxquelles nul ne répond, quand sommes-nous, où sommes nous, et les étagères.

- Et sommes qui donc nous ? réponds-je facétieuse parce que moi je suis de bonne humeur, mince alors ! dis-je à mes colocataires.

Ils répondent aussitôt, frétillants de leurs joies et impatiences, se rassemblant dans le trop étroit, pour cette foule excitée, Appartement
, et me hurlent dans les intérieurs qu'ils se souhaitent et à moi aussi une année, comment disent-ils ? une nouvelle année, voilà, une autre, et qu'elle soit nouvelle.

En quoi ils et moi montrons notre grande sagacité et tout ça, car il est sûr que cette année sera, oui, et
nouvelle certes, jusqu'à ce soir et un peu plus.


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27 octobre 2011

Chronique de la Gidouille

Ce grand effort de le dire et c'est Troudup qui le dit que le néant ne produit rien que rien ne sort de lui mais qu'il agit à l'intérieur des êtres que par eux il se crée quelque chose de nouveau de pur de fort et que oui même Troudup même lui devient poète et enfanteur mais ça ne dure pas.

- Ouf ! qu'il dit le Troudup, j'ai eu les jetons, j'ai cru que ça allait durer toujours et putain de putain, la trouille que j'ai eu merde.

Moi je me demandais pourquoi l'aspirateur à néant ne soufflait que dans un sens, comme un trou noir absorbant mais ne rejetant rien, et pourquoi personne n'en était sorti.

Est-ce à croire que dans le néant rien ne vit rien n'habite ? Que l'Appartement n'y a pas son négatif, pas son creux ? Mais il y a quelque chose et il faut chercher quoi.

- Quand même dit Fabienne Berman, que ça soit tombé sur Troudup, ça n'est pas de chance.

- Ou plutôt si, dit Dolstein.

- On a dû en attraper aussi dit Alice, je crois qu'Albert et moi on est enceintes.

 

13 novembre 2011

Cul Bite Couille ou le Détour du refoulé

Membres, adhérents  et compagnons de route du grand parti des culs-bites-couilles, bonjour.

Bonjour si je puis dire, bonjour façon de parler, bonjour pas pour tout le monde je m'en rends compte.

Vous accourez ici en quête ( hé! hé!) de stimulation, cherchant l'excitation bandatrice et vous n'y trouvez que (hé!hé!) dalle. Ne dénéguez pas, la liste des mots clés vous a trahis.

Nombre de visiteurs, après avoir tapé sur leur moteur de recherche les mots qui disent leurs envies, tombent sur l'Appartement et le quittent à peine arrivés.

L'Appartement n'est pas un blog naturaliste, bites couilles et culs y sont présents mais pas en personne.

Vous qui passez sans les voir, même si jamais vous ne les toucherez du doigt ni de l'oeil, pensez qu'ils y sont pourtant... Gardez espoir de ce que la frustration accroit le désir et ne l'éteint jamais.

Mmmmmm....

C'est ma limite pour vous, je n'en ferai pas plus pour les égarés, les erreurs d'aiguillage et les maladroits du bulbe, apprenez à vous servir de votre outil de recherche.

 

23 mars 2010

judas

Judas

- Tu crois que c'est toi qui poses, que tu commandes, que tu choisis? Mais tu sais que ça n'est pas comme ça que ça se passe. Je suis Judas et tu ne t'attendais pas à moi.

- Non, je ne savais pas que tu prendrais une majuscule ni une place dans l'Appartement.

- Et tu te demandes qui je suis.

- Oui, non, j'ai l'habitude de recevoir sans me poser d'abord la question des origines.

- Tu crois avoir la réponse.

- Pas du tout.

- Tu dis tout est "Là", dans ta tête.

- Ah oui, ça oui.

- Tu crois que ta tête est propriété privée, tu y mets ce que tu veux, inventions, souvenirs, apports  innés et acquisitions...

- Je ne savais pas que je croyais ça, mais oui, tu as raison. Judas. Tu dois me trahir?

- Trahir, grand mot, non, je vais faire mon boulot.

- Qui est?

- Je suis le passage, une voie d'échappement, une voie de contemplation, je suis l'écran de  l'ordinateur, je suis l'œilleton qui mène à ta tête, je suis Judas, le brave gars, Judas le lisse, Judas le doux, Judas le discret.

- Un passage a plusieurs sens.

- Ce qui entre peut sortir.

Et bien sûr! s'exclament quelques-uns des Gens, Louka rit, Mademoiselle de Lhéry soupire, Fabienne Berman ricane, d'autres s'insurgent qui, par méfiance, n'étaient pas venus se dire.

C'est par par le Judas que ça passe, ce n'était pas moi.


Je n'avais jamais vu ma tête comme une limite, ou un poulailler dont je serais le renard?

25 mars 2010

Cacadine fouchtra

Marianne Defair

Je m'ennuie, j'ai pensé, oui, c'est ça je m'ennuie, chez moi à Batbourg, dans le salon de ma maison éclairée, face à ce patchwork que j'ai fait il y a longtemps, je m'ennuie!
C'est scandaleux j'ai pensé.

Les enfants sont couchés, Jean-Paul à un séminaire, je fais un saut à l'Appartement, je vais déposer la recette du soir.


Sardine à la sardine, cacadine fouchtra, ma voisine chantait cette comptine quand j'étais petite, elle venait de Roubaix, d'une famille de mineurs polonais.

Je ne sers pas d'amuse-gueules je trouve ça vulgaire, je ne joue pas avec la nourriture. je fais des préparations que je sers sur des toasts grillés.

- Prendre une boîte de sardines à l'huile d'olive, de bonne qualité.
- Ecraser les sardines à la fourchette avec l'huile, le jus d'un demi citron, une pointe d'harissa.
- Mettre au frais, servir à l'apéritf.

C'est bon.

13 mars 2010

Pas moi

Alice

Non, ça n'est pas moi qui suis venue hier chanter à tue-tête dans la cuisine.
J'ai été touchée que Marité de Vos K ait pensé que ça pouvait être moi.
Parce que ça ne peut pas être moi, ça m'a fait de la peine qu'elle me connaisse si mal.
Parce qu'elle a pensé à moi dans la cuisine et que ça m'a fait plaisir qu'elle me connaisse si bien.
C'est pourquoi je suis venue prendre mon tour dans les présentations au Blog.

Je suis Alice, je vis seule, j'ai toujours vécu seule.
Je n'étais pas d'accord avec cette situation, puis j'ai été d'accord, et aujourd'hui
, ça fait si longtemps que je me satisfais de ma compagnie que je ne sais plus ce que je suis prête à vivre.

L'Appartement est fait de chacun de nous, mais la cuisine est mon endroit préféré.
J'aime l'odeur, la couleur, le grain de ce qui se mange, j'aime les transformations du cru au cuit, j'aime manger, sentir, boire, toucher, je juge des états de cuisson à l'oreille, ça grésille, ça bouillotte, ça déborde, ça passe par mes oreilles.
L'état du corps face à la nourriture... je n'irai pas très loin sur le sujet, c'est... trop humain, mais
ce qui entre dans le corps doit en sortir, c'est assez de dire que ne suis pas une constipée.

Hier, pendant qu'Elie chantait dans la cuisine, j'ai fait une compote de calvilles, pommes anciennes presque disparues des marchés.

Compote de calvilles au laurier

- Eplucher les pommes, les couper en gros quartiers.
- Les mettre à cuire à feu très vif avec de l'eau pour démarrer la cuisson sans brûler, une feuille de laurier, de la badiane,
peu de sucre,un peu de poivre.
- Surveiller, ça déborde, ajouter un peu d'eau quand les pommes sont très vieilles.
- Arrêter la cuisson dès que tous les morceaux ont éclaté sous la force du feu et sont devenus tendres.
- Mettre au frais.

Quand vous la goûterez, vous y trouverez la partie de moi qui vit dans la compote au laurier.

13 avril 2010

Sans blague !

L'intervention de Cassandre agite l'Appartement.
On ne la connaît pas celle-ci, elle ne vient d'aucun manuscrit, elle n'a pas le droit de venir déverser
ses prophéties de malheur sur Le Blog?

Je soupire, abattue par ce coup, c'est moi la responsable n'est-ce pas, qui m'ouvre à qui veut venir, et qui apporte ici Cassandre, et ses mots, et ses peines. Alors pour le principe je m'insurge,

- Oh la la! Cassandre, Catastrophe, et quoi encore? Les Walkyries? Le Walhalla, le Styx qui roulerait mes malheurs éternels?!! Et tant que j'y suis Pazuzu, le démon de l'Exorciste?! J'ai la chance qu'il ne gîte pas dans ma mythologie. Mais comment renvoyer le mauvais qui m'habite? Que faire, que dire?!!

Fabienne Berman d'habitude, arrive à rester dans sa réserve clinique, mais
est elle hérissée,

- Ah je suis d'accord! Alors là, très d'accord, prenez donc des antidépresseurs, Cassandre, des antiprophéties, et sortons le Blog de ce tunnel!

Même Alice la solitaire s'en mêle,

- Merci, madame...?

- Fabienne Berman, de Batbourg, je vous tendrais la main, mais...

- Ah oui, un contact humain, ça me ferait un bien fou, mais merci de votre intervention, vraiment, je n'en pouvais plus. Moi c'est Alice d'Alice.

Marianne propose un peu de sérénité
,

- On pourrait revenir à la vie normale s'il vous plaît? Par exemple remettre les pieds sur terre avec un plat robuste, quelque chose qui tienne au corps.

- Oh oui, quelle bonne idée, s'exclame Denise de Lhéry, un bourguignon, une bonne poêlée de cèpes en persillade! Sortons de ce marasme avec un plat roboratif!

Et Paulette Dolstein qui sait se taire ne peut s'empêcher pourtant d'y ajouter une pincée de sa science,

- C'est insensé. Nier le désespoir est parfaitement vain, en outre, il ne siège pas dans l'estomac.

Monsieur Troudup, rondeur et sourire vague, apporte sa couleur vive,

- Bonjour les filles!
C'est l'histoire d'un mec qui a vachement mal, mais vachement mal. Le docteur lui donne la bonne dose de suppositoires, quatre par jour.
Le mec revient le voir furax, et lui dit, vos trucs, je me les serais foutus au cul que ça m'aurait pas fait plus d'effet!

Alice

-  Le quart d'heure poétique, c'est qui ?

- Troudup! répond Troudup. Et Léon dit Wouahh!

Alice n'entend rien, trop choquée,

- D'où sort-il ?!!

Marité

- Monsieur Troudup vient de Batbourg, et vous Alice, venant d'Alice, vous n'étiez pas censés vous rencontrer un jour.
(En mon for intérieur, j'apprécie l'intervention triviale de Troudup, je trouve qu'il remet Cassandre dans une perspective humaine de la façon la plus efficace, mais tout le monde n'est pas à même d'accepter par quelles voies il y mène.)

Espérandieu.    (ça alors, Espérandieu?! Je ne croyais pas le voir ici un jour, il faut croire que Cassandre est un bon catalyseur, la mort annoncée, ça remue les vivants)

- Et alors quoi? Batbourg ça craint? Faut pas nous mélanger acqu' les autres?
Moi je suis le cantonnier de Batbourg, je connais pas la Cassandre mais le désespoir, je connais, je balaye, je bois, je répare, je bois, j'allume, je bois, j'éteins, je bois, je bois, je bois.

Monsieur Troudup

- Ben et moi, je fais quoi à ton avis, Espérandieu, hein! Je fais quoi?
Dis-y Léon, dis-y!

- Wouah! Wouah!  dit Léon.

Manu

- Des amateurs!  Vous faites le cycle, boire, pisser, vomir, dormir, cuver, et c'est reparti.
Moi, je sais le secret, il y a un génie dans une bouteille, quand j'aurai trouvé la bonne, le monde sera de nouveau enchanté, et je pourrai supporter de vivre.

15 avril 2010

Ne rien faire!!

Marianne

Ouh! De l'air, de la joie, un peu de rien s'il vous plaît!
C'est le printemps, non? Ce soir, apéro dînatoire au jardin.

Légumes crus, sauces variées:

- Tous les légumes  de saison au marché, carottes, radis, champignons, concombre, chou-fleur, navets nouveaux, endives, trévise, plus tout ce qui vous fait plaisir.

- Les éplucher, les rincer rapidement, surtout ne pas les laisser mollir dans l'eau, les couper en bâtonnets, lamelles, bouquets.
Citronner légèrement.

Les sauces:

- Faire une mayonnaise basique, la diviser et parfumer chaque coupelle à son goût, concentré de tomate et piment, poivre et cumin, citron menthe, etc.

- Sur une base de crème fraîche, faire la même chose,  bleu de bresse ou roquefort +   tabasco + cognac, moutarde + vinaigre balsamique + raifort.

- Un ravier de mes sardines à l'harissa.

Mes boulettes de viande façon kefta:

- Bifteck haché, un œuf ou deux, les épices que vous aimez, beaucoup de persil haché avec des oignons nouveaux et  de l'ail, une pointe de citron, de la menthe séchée, du piment en poudre, pas trop de sel

- Bien mélanger, moi j'y mets les mains, je n'ai rien trouvé de plus efficace.

- Laisser une heure au frais, pour que  les arômes s'exaltent.

- Façonner des boulettes petites, les saisir vivement à la poêle, les mettre aussitôt dans un grand plat qui ira au four pendant que les invités arrivent.
Les boulettes finiront de cuire, les saupoudrer de coriandre fraîche en dernière minute.

- Couper en cubes un assortiment de pâtes cuites, Cantal, Gruyère, Comté, en poivrer une partie, paprika pour une autre et le reste sans rien pour ceux qui n'aiment pas les épices.

Une corbeille de du pain de campagne, des fruits frais épluchés, coupés, et des sorbets maisons:

- Mixer des fruits congelés, avec très peu de sucre et un blanc d'œuf pour la liaison.

Quelques bouteilles, du blanc, du rouge, de la bière fraîche, des jus de fruits, de l'eau.
Et c'est tout.

Voilà mon programme pour aujourd'hui.

Ce n'est pas compliqué de se faire plaisir et de passer d'agréables moments entre amis et voisins.

Ne Pas Oublier mes cigarillos, et voilà.


16 avril 2010

Taxi ?!

Alice

La route de Batbourg n'est pas encore ouverte, Marianne a invité tout le monde mais je n'ai pas pu y aller, je suis encore restée chez moi.

Je suis la seule il me semble à vivre dans un lieu qui porte mon nom, je suis Alice de chez Alice. Il a fallu que ce Blog existe pour que je réalise à quel point Elle m'a enfermée en moi.

Je n'avais pas vu non plus, avant qu'elles puissent s'exprimer sur ce Blog, à quel point j'agissais sur mes personnes.
Qu'Alice fut fermée et enfermée je le savais, je ne savais pas que je l'empêchais de sortir.
J'aurais pu l'appeler autrement, même si son manuscrit s'appelle Alice, mais je ne lui trouve pas d'autre prénom, elle est Alice.


- Eh bien, me dit Alice, vous êtes un tyran même pas contrit!

- Je vous ai donné une existence, à vous de prendre la suite. Bougez, changez, trouvez vous-même le chemin de Batbourg si c'est là que vous voulez aller.

- Vous ne m'avez pas donné de permis de conduire, ni de voiture, ni le mode d'emploi pour changer de manuscrit.

- Vous n'avez rien demandé. Vous n'avez rien cherché. Ce qui est venu dans Alice, c'est vous. Je l'ai écrit c'est tout.

- Parce que vous croyez  que c'est moi qui ai décidé de tomber amoureuse d'un arbre?!!

- En tout cas, moi, ça ne m'est jamais arrivé.

20 avril 2010

Qu'ai-je fait? Que dois-je faire encore?

Marité

Braise ne peut pas venir souvent ici, elle prend trop de place, elle m'étoufferait ou bien c'est moi qui l'ait reléguée dans ce rôle de flamme lointaine?

Qu'est-ce que ce serait pour toi, Braise, un bonheur de papier?

Un beau rôle, un personnage qui  t'offrirait l'occasion de mettre au dehors ton humanité, ta subtilité, ton passé et ton présent réunis dans l'instant magique?

Une conjonction merveilleuse qui cristalliserait sur une scène un être humain exceptionnel, le regard du public ferait de ce moment une éternité?

Est-ce que si j'éclairais ta vie par l'intérieur, par le miracle d'un amour partagé, tu trouverais que je t'ai ouvert une porte vers le bonheur?

Est-ce que tu peux être heureuse en secret, Braise? Sans public?

Braise est une part de moi qui ne s'éteint pas.


21 avril 2010

Pour qui sont ces serpents?

Braise

Oh Marité, comme tu es rugueuse! Je ne serais que représentation? Je ne me satisferais que de la lumière, et de l'amour du public.

Comme tes mots sont pointus, comme tes regards sont aigus, comme tu as de grandes dents!

Je suis ta part qui brûle, tu ne peux pas me pardonner d'être encore là?

Et quand bien même très chère, tu ne saurais où est mon bonheur et partant ne pourrais me le donner avec certitude, quand bien même, chérie, il me faudrait le privé et le public, pourquoi ne pas m'offrir les deux?

N'oublies pas que tu peux tout.

Alors oui, je me demande pourquoi moi qui peux tout pour Braise, j'hésite à le lui offrir, puisqu'elle est capable de tout vivre, jusqu'à l'héroïque.

Qu'est ce que ça me coûte?


23 avril 2010

Devine qui vient?

Marité

Qui est venu faire ce gâteau?
Alice? Marianne? Ou moi seule?

Qui vient de faire ce gâteau qui embaume l'Appartement?
Rachel L., ou Rachel Z., Braise pourrait, et la grand-mère d'Hélène, et Félah, grande pâtissière devant l'Eternel?

Toutes peuvent l'avoir fait, toutes peuvent le faire, et moi.
Et Thérèse, et Mireille, et Paulette et Aline, Catherine, Esther, Déborah, Gisèle et Arielle, toutes aussi.

C'est le gâteau de Pessah :

Huit œufs, les blancs en neige, les jaunes avec
deux verres d'amandes et leur peau réduites en poudre pas trop fine, 
un verre de sucre,
un citron, une orange, zeste et jus,
un verre pas plein de matze mehl,
45 mn à 180°.

Ah oui c'est moi qui l'ai fait.
Dans la cuisine, je ne suis jamais seule, elles sont toujours avec moi.

24 avril 2010

Vroum, vroum

Noé

Nulle inquiétude, lecteur, je viens en paix, je suis un voyageur du temps.
J'arrive des années 70, tout droit de Son époque symboliste où tout avait sens.

Alors je ne pouvais pas être juste l'homme qui a foutu le souk dans l'ordre des planètes, le sale con qui a explosé la terre parce qu'il avait envie de pisser, oh non! Elle m'a appelé Noé et m'a fourré l'humanité dans la caboche, Noé mon cul!
Entre parenthèse, l'envie de pisser, c'est son idée.

Merde aux femmes !
MERDE AUX FEMMES !!!

Elle m'a envoyé dans les chiottes du bistrot, jusque là, ça va, hein, mais après! quelle emmerdeuse, mais quelle em-mer-deuse !!!

En fait de chiottes, c'était une pièce carrée, blanc aveuglant, rien qui dépasse, des murs et c'est tout, une rangée de boutons, pas de chiottes, même pas une putain d'ardoise d'urinoir, rien.
J'ai appuyé sur les boutons et voilà.

C'est tout ce qu'on peut me reprocher, j'ai appuyé sur les putains de boutons de MERDE !!!

Depuis je suis en orbite autour d'une boule de feu.
Et j'ai toujours pas pu pisser.

MERDE A MARITE DE VOS !!!

27 avril 2010

Voyageur

Dracula

Je viens de loin, je ne sais pas comment je suis tombé ici, c'est un de ses trucs, elle m'envoie dans des drôles d'endroits.

Moi aussi je suis né dans les années 70, de ses années symboliques, mais sur une scène, le symbole vibre et suce le sang, il y avait à boire et à manger, oh là oui!

J'ai aimé cette expérience, mais je sens que je vais aimer encore plus celle qui vient, le net, c'est la liberté!

Plus besoin de me protéger du jour, ici, c'est toujours la belle nuit numérique.

Dans la musique des processeurs, le cliquetis des puces, la galopade des bugs et la sombre reptation térébrante des virus, je suis dans un bain de jouvence.
Mes cheveux repoussent, mes ongles brillent, mes dents s'allongent, j'entre dans une ère nouvelle, juteuse et pleine de surprises...
 
Vive ce Blog qui m'a grand ouvert les autres portes.

J'adore cette époque! J'adore cette époque!

4 mai 2010

Mémoire

Hélène

Autrefois, je cuisinais tous les jours, ah! Comme j'aimais mes gourmands.

Aujourd'hui j'ai presque tout oublié mais les odeurs, les goûts, les appétits sont toujours là, ils me tiennent compagnie.

Je me souviens des carottes piquantes,  je ne me souviens plus du foie haché.

Quand la lumière du jour revient tôt le matin, quand je sens la chaleur du soleil sur mon visage tard dans l'après-midi, tout mon corps sent le printemps, alors je me souviens des oignons nouveaux, des radis et des asperges, je me souviens de la vie.

Les carottes piquantes

Les éplucher, les cuire entières  à l'eau bouillante salée.
Les sortir tendres de l'eau.
Les couper en
grosses rondelles  quand elles sont encore très chaudes.
Dans un plat un peu creux, les assaisonner de jus de citron, harissa, huile d'olive, cumin en poudre (pas trop fine) et d'une botte de persil plat haché.
Servir très frais à l'apéritif, ou bien avec le couscous.

Les oignons nouveaux au beurre et aux œufs durs

Hacher tout le blanc des oignons et un bon tiers des tiges vertes.
Mélanger avec du beurre fin assez mou pour être manié aisément, deux œufs durs, ou trois, écrasés à la fourchette.
Saler, mettre au frais.
Ne pas les préparer plus de trois heures avant le repas.

Pour le foie haché, demandez-donc à Rachel, ma sœur, c'est la reine des zibeless.

10 mai 2010

Hors monde

Marité

Hors l'Appartement, dans le monde des autres, soleil, lumière, les herbes, les odeurs vivantes, le thym en fleur, les lilas,
nature vibrante, vastes respirations.

En moi l'Appartement trépigne:

- Reviens chez toi. Je suis ton ancrage, ne l'oublie pas, sans moi plus d'asile.

- Je n'oublie pas,  je sais. Tu es mon seul territoire.

Et de me demander de quoi il a peur? Comme si je pouvais devenir habitante de cette planète-là.
Je ne pourrais, non, je ne le pourrais pas.

Et je l'aime, et les gens qui y vivent, je les aime, mes amis, mes compagnons de route, et non, ici je ne pourrais pas vivre.

Quelle étoile dont je suis le plomb m'empêche de respirer l'air tiède de cette Provence et de m'en satisfaire?

Pourquoi l'Appartement?
C'est chez moi, rien, à faire, c'est chez moi.

J'ai transformé le gâteau de Pessah, j'y ai mis l'huile d'olive de l'Aubrespin, fruit de l'olivier et de Fred, mariage ancien, et beaucoup de ciel.
Il a cuit en parfumant l'intérieur d'arômes aussi suaves que ceux du dehors, il refroidit paisiblement.

Je me défends de la paix d'ici, je ne veux être qu'à Ceux de l'Appartement, et mes Issus pour la première fois réclament leur dû.

Les Issus sont mon peuple, nés du manuscrit surnommé AD.

AD, sans aucun doute en fusion organique avec Frédéric et Bienvenue à La Fabrique, et Joseph et la Greffe et Alice, et Louka, Marianne, les Rachel, Hélène, Léah, Hugo, et les Albert, et tous les autres.

Je ne sais par
quelles manœuvres obscures je suis le nœud de leurs existences, sur quelles raisons ils fondent la mienne.

Venue par
une voie térébrante, comment pourrais-je vivre de ciels radieux, de marchés d'épices et de chansons?

21 mai 2010

Aiguillages

Marité

Je suis figée par la sensation d'une présence inhabituelle, je me retourne vivement et je tombe nez à nez avec Romario, fasciné par l'écran de mon ordinateur où les mots s'alignent, accrochés en rames à la traîne de mes idées.

- Oh Romario !? Contente de te voir, mais qu'est-ce que tu fais ici?!

- Je cherche Vava, tiens!

- Mais... Vava  ne fait pas partie des Gens de l'Appartement, ni toi, tu t'es trompé d'histoire. C'est chez Eric Téhard que tu habites, dans Avel.

Romario s'est perdu dans les méandres du cerveau de son auteur. Comment le remettre sur les bons rails, je n'en ai aucune idée. Je lui donne quelques pistes, mais saura-t-il se repérer à travers le réseau d'Internet, dans les sites, les blogs, les e-mails et quoi encore?

- Si tu te perds, demande ton chemin sur WBE, il y aura du monde pour t'aider,Tichapo y est souvent, tu peux même tomber directement sur lui.

Mais il regarde le défilé des mots sur l'écran, ne note rien et part en rigolant, ravi de l'aventure, il s'est perdu? Egaré sur le Net?

- Ben dis-donc, on peut voyager comme ça? Tu parles d'une histoire, c'est Vava qui va être épatée !  Oh ben didon didon!

Nos imaginaires seraient poreux? C'est inquiétant, je veux bien de Romario, de Vava et tous les autres, mais j'en connais que je maintiens loin de moi dont je ne voudrais pas dans l'Appartemente

- Romario, par où es-tu venu? Par qui es-tu passé?

- Oh ben je sais pas moi, y a Salomé qui me sourit, je vais entrer à l'Avalons, je croise le regard de Tichapo qui en sort, et hop, je suis ici.

- Voilà! Tu es passé par Eric, ça ne m'étonne pas plus que ça. Et co...

Pas le temps de finir de lui demander comment il comptait s'en sortir, il a disparu, son sourire en premier, contrairement au chat du Cheshire.


23 mai 2010

Froide Vague

- Quoi? Hein? Qui?

- Ian Curtis est mort.

- Ah, euh, désolé, chuis désolé, oh là là, c'est triste hein, oh là là, oui c'est triste.

- C'était, euh, un ami, hein?

- Ben non, c'est le chanteur de Joy Division,

- Goy Division? Goy Division? Putain! Une agression antigoy?

- Joy Division, c'est de la cold wave, il s'est pendu, je ne le connaissais pas.

- Quoi hein? Pendu, la vache, pendu, hein? Oh là là, désolé, désolé.

- Ben, c'est la vie, quoi, enfin, la mort, enfin, bon, ça fait trente ans.

- Ah ouais, trente ans, évidemment, trente ans.

- Trente ans.

- Oui, bien sûr trente ans, mais, je veux dire, quand même, trente ans, bon, mais il est mort quoi.

- Ça, il est mort.

- Alors bon, c'est pareil non?

- C'est ça, c'est pareil. Le fan de Curtis préfère changer de crèmerie, il s'évapore, c'est un soir sans à La Bernique.

- Quoi? y a eu un mort? dit le type, ébahi. Il sort fumer son clope, il revient, y'a un mort.

- Mais d'où qu'i' sort lui, il fait le beau, là, y a eu un mort ouh là là!

- Ben oui il fait beau, c'est pas trop tôt!

- Mais c'est pas de ça qu'on cause, qu'est-ce qu'il vient foutre sa merde celui-là!

- Quand même un mort c'est un mort. Les apéros géants, ça fait des cuites géantes!

- Mais c'est pas à l'apéro qu'il est mort, merde!

- Ben tu dis ça mais il était dans sa cuisine, qu'est-ce qu'i' foutait dans sa cuisine?

- Il se pendait.

- On n'a pas besoin d'être dans la cuisine pour se pendre, mais pour sortir une bière du frigo, oui.

- Oh mais qu'il est con sui-ci!

- Cool, il fait beau, c'est le printemps.

- Ouais, alors qu'est-ce tu viens nous faire chier avec des histoires de cuisine, pourquoi pas la Fête des Mères tant que tu y est.

- Oh merde, la Fête des Mères, c'est aujourd'hui?

- Nan, c'est le week-end prochain.

- Qu'est-ce que tu lui offres toi, à ta mère?

- Des fleurs.

Et c'est sorti de ma tête. Je n'aime pas jouer les échangeurs d'autoroutes pour des zozos en vadrouille, mais je peux rien faire aux twists on my porosité.

Quand ils ne s'évaporent pas, je les trouve dans les coins de ma tête, endormis, cuvant je ne sais quels rêves.

Les rêves des autres pèsent plus lourd.  


26 mai 2010

Ouvrages de dames

Sabine et moi avons en commun une chirurgienne qui a dû tout faire toute seule. Les couturiers au moins ont des premières d'atelier, des petites mains et des mannequins de cabine.

Nous n'avions que nos seins, Sabine pour une réduction de cent-trente à quatre-vingt-quinze et moi pour une amputation anti cancer et reconstruction pro esthétique. 

- Il faudrait une pince, dit Sabine. Là, regarde, ce serait mieux non, et puis ici, oui, là, regarde mieux, là, oui, une reprise, non?

Elle a raison, je suis avec elle dans la cabine d'essayage, elle a raison, une pince,

- Ou bien, dis-donc, je dis, peut -être un soufflet plutôt, une pièce ici, oui, là en dessous, un soufflet pour donner un peu d'aisance, pris dans la couture.

- Ah oui, tu crois, peut-être, je sais pas.

Devant le miroir elle soulève un sein, puis l'autre.

- Oh pis non, une pince, c'est ça qu'il aurait fallu.

- Mais quand, mais quand, mais quand est-ce que les chirurgiens feront des stages chez les grands couturiers!?

- J'aurais pas eu les seins en portefeuille, dit Sabine, non j'te jure, on dirait la fiancée de Frankenstein.

- Moi j'ai une belle cicatrice, balafrée comme une écharpe de maire, Miss Cancer. Mais les dauphines ne se bousculent pas pour le titre.

Elle veut voir, je lui montre.

- Ah oui,  Sabine trouve  mes seins pas mal, sacrée cicatrice mais l'ensemble est harmonieux, c'est pas comme moi avec la peau en trop par là qui fait un bourrelet.

- Oui, une pince, c'est ça qu'il fallait. Mais toi tu peux mettre des soutiens gorge, moi je ne peux plus.

- Ben pourquoi ?

- Le tissu ne glisse plus sur ma peau, peut-être parce que la prothèse est toujours froide,  ou bien je ne sais pas quoi mais c'est toujours ondulé, pas moyen d'habiller ma balafre en dentelle.

- On devrait envoyer les anciennes de chez Lacroix dans les hôpitaux, dit Sabine sérieusement, comme consultantes coupe et couture au bloc opératoire.

- Alaïa aussi il fait bien.

- Alors là moi je veux bien défiler.

- Me to si c'est comme ça!


2 juin 2010

Bzzz bzzz bzz

Mademoiselle Tatave

La Dieu des Tatave, l'Impératrice des mouches pouvait me faire n'importe quelle vie et elle me finit,
bzz bzz, sur une frite molle, froide, bzz, avalée sans y penser par un employé de bureau à la cantine du Ministère!

Les Dieux ne méritent pas leurs créatures.

J'ai passé du temps dans ce type, je ne savais pas ce qui se passait, je ne comprenais rien à l'histoire.
Jusqu'à mon identité impossible à fixer, bzz, bzz, bzzz, mademoiselle Tatave! Je suis un monsieur à qui on dit mademoiselle.


Etre un personnage impose parmi beaucoup de contraintes, bzz, bzz, celle de n'avoir accès qu'au contexte de l'auteur, bzz, bzz.
Mon contexte est très étroit, la cantine, une frite, avalé par le type, et c'est tout.

Si la Dieu n'était pas partie chez Les Oubliés de l'ADSL, je n'aurais jamais pu sortir de ce corps.
Mais, bzz, bzz, grâce au blog, je peux balader dans le temps et l'espace, bzz, bzz.


Cette Tatave est d'une ingratitude crasse, je lui ai donné la vie, je lui ai donné une histoire et là où je l'ai envoyée, beaucoup de chercheurs m'auraient suppliée d'aller!

Oui il y a la frite froide, oui, il y a la cantine sauf qu'elle n'a pas fini dans un système digestif mais dans un cerveau en pleine activité.

Elle a eu l'occasion unique d'observer de l'intérieur le Grand Mystère, et elle se plaint? me reproche de lui avoir donné du mademoiselle alors qu'il aurait fallu l'appeler monsieur? Trouve sa vie trop petite?

Cette mouche est une idiote.
Va te plaindre ailleurs Tatave, ton Dieu n'a pas besoin de toi.

Tatave est saisie par ma diatribe.

Saisie que son Dieu s'adresse à elle directement, et surtout, pénétrée de la Vérité que je viens de lui révéler, elle ne sait que faire pour se faire pardonner.

Elle supplie, elle bzz à tout va, elle fait des arabesques, des looping, elle rit, elle dit

- Appelez-moi comme vous voulez, oh Dieu Tout Puissant, Tout sSchant, Dieu Tout Tout,je serai le Mouche Demoiselle, ici Tatave, le Travelo de Dieu!

Je lui pardonne sans trop d'hésitation, Dieu a besoin de toutes ses créatures.

En son for intérieur
 Tatave se réjouit, bzz, bzz, mais elle a peur aussi. I

nvestie d'une énorme mission, explorer le cerveau de monsieur Machin, elle découvre la responsabilité, le libre arbitre, la conscience.

C'est beaucoup pour une mouche.


6 juin 2010

Vapeurs

Alice

- Il fait beau. Le Liquidambar pousse dehors des feuilles repliées sur elle-même comme des fœtus. Feuillettes, feuillasses, le soleil de juin va les tuer, elles sont sorties trop tard.

Alice imagine l'agonie des feuilles, elle est déprimée, elle prend des tisanes, des gélules d'herbes, elle attend que ça fasse effet.
Mais le seul effet notable est qu'elle a l'impression de passer sa vie aux toilettes.

Alice ne veut pas d'une analyse elle dit c'est trop tard.
Peut-être c'est trop tard, mais trop tard pour quoi?

- Trop tard pour être heureuse.

- Ah, être heureuse?

- Comme tout le monde.

- -Être heureuse comme tout le monde, ça ne me dit rien.

- Paroles de nantie, me dit-elle, et elle boude.

Bon.
Je ne comprends pas son histoire d'arbres et de fœtus, aujourd'hui est un jour sans, je n'y suis pas.

- Qu'est-ce qui ne va pas Alice?

- Rien ne va pas, et rien ne va, c'est tout. Je suis venue déposer une recette mais je ferai ça plus tard.

- C'était quoi la recette?

- Salade asperges, endives, hareng fumé et chorizo fort, avec une mayonnaise légère à l'harissa et citron.

- Il me semble qu'aujourd'hui était plutôt un jour pour une recette de gâteau au fromage, ou de salade de fraises aux fleurs d'acacia.

- Avec une pointe de pastis?

- Oui, celle-là.

- Et bien non.

Et hop, elle s'est évaporée.
Elle est vraiment déprimée, car jamais elle ne s'évapore.


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Marité de Vos K
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